Socialisme et négatif, suite (Dépasser la démocratie bourgeoise, 8/12)
27 Octobre 2023 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Front historique, #Théorie immédiate
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8 : Socialisme et négatif (suite)
On pourrait prouver sans difficulté que la seule bonne chose à faire pendant 70 ans, pour un vrai démocrate, était de soutenir l’URSS sans conditions contre les menaces venues d’Allemagne puis des États-Unis (sauf dans le cas de la querelle avec la Chine), jusque last but not least, sa présence en Afghanistan. Mais ça ne sert plus à rien, c’est une sagesse tardive et bien inutile (je n’en ai pris conscience pour ma part de cette évidence qu’en assistant interloqué et scandalisé en décembre 1989 à l’assassinat de Ceausescu à la télévision, ce qui m’a réveillé à l'âge de trente et un ans de mon sommeil de « démocrate » petit bourgeois et d'électeur communiste occasionnel). Cela dit, un réexamen point par point de l’état de la question historique et une mise en perspective de tous les crimes attribués au communisme serait un travail utile, de l’exécution de la famille impériale en 1918 à Tien an Men en 1989. voyons cela brièvement.
Falsifications : la pseudo « famine politique » en Ukraine, en1932 et 1933; mensonges : les bilans de la répression stalinienne établis par Khrouchtchev, Medvedev, et Soljenitsyne; délires : la définition du "Goulag" comme système esclavagiste; affabulations, l'antisémitisme soviétique; idiotie, la transformation du pacte de non agression de 1939 en alliance Hitler Staline; hypocrisie, l"inexistence des complots et des oppositions internes …, et bien autre chose encore, le silence sur les opérations de déstabilisation occidentales, les calomnies sur la Révolution Culturelle chinoise et sur Cuba, et la complaisance pour cette organisation criminelle, au sens du procès de Nuremberg, qu'est la CIA.
Mais c’est une chose plus difficile qu’il s’agit de faire aujourd’hui, il faut sortir de la fatalité de la dictature sans se priver d’emblée d’armes nécessaires pour combattre le capitalisme. Comprendre qu'elle n'est qu’un procédé temporaire, et se souvenir que pour les romains qui l’ont inventée, c’était une magistrature d’exception pourvue en cas de danger grave pour l’État dont l’efficacité réelle se borne peut-être à la période d’exercice prévue par la loi, c'est à dire je crois seulement six mois.
Parce que c’est le traitement policier qui en définitive aboutit à cette incapacité à recycler le négatif qui ronge de l’intérieur le socialisme réellement existant. Il est vrai qu’on peut aussi considérer que l’action continue de l’impérialisme et de la contre-révolution, sous des formes diverses (y compris celles de la surenchère gauchiste) accélère certainement l’usure du pouvoir et de la structure sociale qui en est la cible. Mais l’hostilité de la société de classe mondiale est une donnée de la réalité objective qu’il s’agit de transformer, et non une excuse extérieure que l’on peut invoquer pour atténuer l’amertume de la défaite. D'autant plus que le socialisme loin d'être un échec technique ou économique, a su triompher militairement, de Stalingrad au Viet Nam, sur le principal terrain d’affrontement que lui imposèrent ses adversaires successifs en créant de formidables armées populaires à partir de zéro, précisément parce que ces adversaires endossaient le rôle du négatif. Mais la gravité des défaites politiques qu’il a subi par la suite, entre 1970 et 1995 environ ne fait pas de doute.
Peut-être le hasard, la malchance y ont-ils joué leur rôle : un ou deux grands États industriels, deux ou trois grands pays pauvres de plus, et le socialisme aurait gagné la partie, sans doute, ou au moins existerait-il toujours un vrai camp socialiste, avec ses contradictions. On peut rêver que si l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, La Corée réunifiée, l’Indonésie, L’Amérique Latine, l’Iran, etc . avaient construit le socialisme, les choses auraient été différentes. Mais cela ne s’est pas produit. Peut-être est-ce une bonne chose lorsqu’on pense que le socialisme avait à faire face à la menace globale d'une démocratie libérale militarisée prête à faire Hiroshima après qu'il avait dû combattre et vaincre dans la plus cruelle des guerres de l'histoire, la contre-révolution qui avait fait Auschwitz. Un ou deux États socialistes de plus auraient sans doute fait l’objet d’une guerre d’extermination nucléaire auprès de laquelle l’opération Barbarosa de la Wehrmacht contre l’URSS aurait paru une plaisanterie.
Mais à supposer qu’un camp socialiste plus solide ait existé et subsisté, la dynamique interne, la lutte des classes interne aurait prévalu sur la dynamique externe, sur l’opposition aidée et manipulée de l’extérieur. La perestroïka n’aurait pas viré au sabordage. Le grand pays socialiste le plus durable, la Chine, doit à sa masse la relative inefficacité des tentatives de déstabilisation des services occidentaux.
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GQ, 17 juin 2023
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
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Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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