Le Covid-19 va-t-il mettre le feu à la plaine? (24 avril 2020)
1 Janvier 2021 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Positions, #États-Unis, #A gerber !, #Economie, #Mille raisons de regretter l'URSS

Pour réflexion cette nouvelle année, ce texte écrit à chaud en mars avril dernier.
Covid-19 Quelles premières conclusions politiques à tirer ?
L’épidémie a révélé de la part des autorités françaises un niveau d’impréparation sidérant : pénurie prolongée de fournitures vitales, pas de masques ni de gels désinfectants, non pas seulement pour le grand public mais pour le personnel soignant, pas assez de place en soins intensifs et en réanimation, aucune réquisition du secteur privé. Disparition des stocks de matériel ou de médicaments, malades laissés sans soin chez eux, tri des malades en état critique pour l'accès aux respirateurs, incapacité à produire des tests de dépistage, la liste des manquements graves de ce gouvernement et de ceux qui l’ont précédé depuis 2012 au moins semble sans fin.
La gestion de l’épidémie en Chine, malgré la tentative des médias occidentaux de lancer à l’occasion une campagne de dénigrement de plus contre le grand pays d’Asie, semble avoir été un fulgurant succès, après quelques retards initiaux dus à la nouveauté du phénomène. Mais la vraie norme de comparaison à retenir pour juger - et condamner - l’action de nos gouvernants semble être plutôt la Corée du Sud, celle d’un capitalisme au minimum prévoyant et soucieux d’ordre public au sens large. Et qui dispose de réserves de sécurité en suffisance.
Cependant la Chine va pouvoir se positionner comme le pays qui aide le monde entier, ce qui est en grand pas en avant dans la lutte contre l’impérialisme et dans le changement pour le moment pacifique des rapports de force dans le monde. A un moment où c'est Cuba qui vole au secours de l'Italie et d'un grand nombre d'autres pays.
Le confinement généralisé et le langage autoritaire du pouvoir français, qui succède sans transition au laxisme et à la minimisation au plus haut niveau crée une ambiance nécessaire pour essayer de faire oublier les manquements caractérisés et les responsabilités qui peuvent être retracées ad hominem.
La posture guerrière dont se délecte le chef de l’État, déjà ridicule en temps normal, est infantile dans sa manière d’accuser le public d’une légèreté coupable, dont il est le principal promoteur.
Sur la gestion de la crise sanitaire, on peut déjà observer qu’il tente sans vergogne d’en profiter, comme par l’épisode peu glorieux du 49.3 pour faire passer la réforme des retraites en pleine épidémie, et dans la généralisation à toute la population de l’arbitraire policier et des abus judiciaires dont les Gilets Jaunes ont fait les frais depuis seize mois. Il leur a fallu interdire la rue à tout le monde pour parvenir enfin à la vider, provisoirement.
Vu les présupposés et l’information qu’il avait ou qu'il devait avoir, il aurait dû décréter le confinement au plus tard au moment où il a fermé les écoles, c’est à dire cinq jours plus tôt, le jour où son ministre en charge déclarait qu’il n’en était pas question. Le pic de l’épidémie n’est pas prévisible avec la précision souhaitable, mais le moment de saturation des moyens médicaux de l’Hôpital public, si. Il a décrété un confinement dans la double contrainte, où une foule de gens doit sortir pour travailler, et comme les confinés n’ont pas de moyens de protection pour aller se ravitailler, c’est un barrage plein de trous contre l’épidémie, que ses sous-fifres se sont empressés de traduire en termes insultants et répressifs.
Déjà, le pouvoir cherche à en profiter pour faire avancer son agenda antisocial. Congés, horaires, règles de sécurité, statuts des personnels, financement de la sécurité sociale, tout est remis en cause. Sans même parler des professions de santé, la condition des précaires, des employés des transports et du commerce, et des travailleurs manuels en devient d’un coup insupportable. La promesse de compensations s’associe déjà à l’organisation d’obstacles de toute sorte pour y prétendre.
Le ministère de l’Éducation nationale cherche à en profiter pour généraliser ses conceptions idéologiques malthusiennes d’une école sans classe, sans prof, et en définitive sans école.
Mais l’idéologie néolibérale déjà bien malade qui a cours chez nous à contretemps de l’évolution dans le reste du monde pourrait en prendre un coup décisif. La « start-up nation » a montré ses limites en moins de 48 heures.
Sur le front économique, les pouvoirs occidentaux n’ont pas attendu le pic de la crise pour débloquer à fond la planche à billet, mais au profit direct des entreprises plutôt que des consommateurs.
Le point crucial à observer sera les effets de la crise économique et sanitaire sur la société aux États-Unis où les conditions subjectives de la révolution commencent à apparaître ; la crise boursière en elle-même n’est pas un indicateur suffisant, et elle peut comme on l’a vu en 2009 être jugulée par ces moyens classiques, au prix d’une fuite en avant dans l’accumulation des déficits. Mais ce moyen est-il encore praticable, même à court terme? Vingt cinq millions d'Américains se sont inscrits au chômage en trois semaines.
Le peuple Américain va-t-il enfin s’éveiller ? La ruée vers les armes ne signifie pas forcément qu’il ait l’intention de s’en servir pour s’entre-tuer. Le déblocage soudain de sommes considérables et impensables quelques jours auparavant, destinées à la redistribution de pouvoir d’achat est un signe de panique en haut lieu. Le confinement exacerbe les contradictions économiques et sociale du pays de manière intolérable.
Les pouvoirs en place chercheront à utiliser l’occasion à contre-sens pour avancer des réformes dans l’esprit qu’ils souhaitent : une société de moins en moins solidaire, et pourtant de moins en moins libre, dont tous les défauts et tous les manquements sont imputés aux fautes individuelles des exploités, et dont la redistribution sociale minimale est entièrement gérée par le bon vouloir et la loi du cœur des profiteurs, des monopoleurs et des escrocs.
Mais ils risquent d’avoir maille à partir avec une explosion sociale générale et mondiale.
GQ, 22 mars 2020, relu le 24 avril
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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