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Réveil Communiste

La gauche doit proposer une politique d'arrêt des migrations pour retrouver la confiance de la classe ouvrière

1 Août 2019 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Positions, #Economie, #Qu'est-ce que la "gauche"

 

La percée des néo-franquistes en Espagne et la déroute de Podemos seront sans doute le ennième avertissement dont la gauche de  la gauche ne tiendra pas plus compte que des précédents ... à moins que? (ndgq, 29 avril 2019)

 

Un honorable commentateur d'un texte de Marx ici publié sur Réveil Communiste vient de m'accuser de m'abriter derrière cette autorité pour propager un discours xénophobe. Je commence à en avoir assez de ce genre d'amalgames provenant de communistes dont le communisme se borne à produire des grandes phrases. Marx énonce une constatation : l’immigration irlandaise en Angleterre est nuisible à la classe ouvrière des deux pays, et à sa cause. Et rien ne peut la rendre fausse !

 

Rapproché du contexte actuel, cela donne à penser. Pourquoi en effet les prolétaires sont-ils tentés depuis plus d'une génération par le vote xénophobe, ou au moins par le non-vote pour les organisations « de gauche de gauche » qui prétendent les représenter mais sont qui sont toutes bien davantage mobilisées pour la cause des migrants ? Au mieux cette cause leur est indifférente, et souvent ils y sont hostiles. On dira que les prolétaires sont aliénés et qu'il faut les éduquer. Et on s'attelle à cette tâche depuis trente ans, avec un résultat quasi-nul ! Alors il faut se poser des questions sur l'échec total de ces tentatives d'éducation ! Moi, je me pose des questions sur ces militants de papier mâché qui ne se posent jamais de question sur leurs échecs ; peut être que c'est justement ça qu'ils veulent, l'échec ?

 

Mao disait : « l'œil du peuple voit juste » ! Les classes populaires ont-elles raison de s’opposer aux migrations ? Sachant que ce n'est pas la même chose que s’opposer « aux immigrés », et que cette nuance de taille n'est pas du tout une subtilité de langage !

 

Les migrants, nouveaux arrivants, ne sont pas des prolétaires encore : si pauvres soient-ils, ils sont encore dans les limbes de l'ordre social, dans la situation ouverte de ceux qui rêvent en individualistes de promotion sociale individuelle. Personne n'a jamais considéré les dizaines de millions de migrants vers l'Amérique, au XIXème siècle, comme des héros de l'émancipation ouvrière, bien au contraire, c'étaient des candidats à la réussite bourgeoise, que certains, minoritaires mais assez nombreux , purent atteindre au prix de ce déracinement ; et aujourd'hui, cet aspect des choses est demeuré inchangé. Les migrants ne viennent pas ici pour participer à des luttes sociales mais pour devenir riche. Ils ne s'intègrent au prolétariat qu'après la désillusion sur la nature de ce paradis capitaliste que nous leur offrons généreusement, au bout d'un certain temps, parfois jamais. Dans la plupart des cas il est totalement inexact de les définir comme des réfugiés, ce sont plutôt des aventuriers, qui sont à l'initiative de leur mise en mouvement, et qui ont tenté de prendre leur vie en main en suivant la ligne d'action préconisée par l'idéologie dominante.

 

Les nouveaux migrants actuels sont bien souvent noirs, ou musulmans, mais au niveau de leurs motivations ils ne diffèrent aucunement des juifs, des Irlandais ou des Italiens débarquant à New York et triés à Ellis Island il y a un siècle. Critiquer les migrations, ce n'est donc nullement critiquer « des noirs et des musulmans », mais c'est une critique indispensable du trafic de main d'œuvre dans le monde globalisé du néo-libéralisme, une nouvelle traite des esclaves qui manipule les rêves de l’ascension sociale et de la richesse diffusés par nos médias bourgeois à l'échelle du monde.

 

Les migrants ne viennent pas ici pour fuir la misère, mais pour y trouver l'exploitation la plus brutale, "pour occuper les emplois que les Français ne veulent pas exercer". Comme ces choses-là sont aimablement dites !

 

Le racisme n'est pas une cause des phénomènes historiques ! Il est causé par les conditions sociales ; lorsque l'on peut faire coïncider l’aggravation de la condition du prolétariat avec l'arrivée d'un groupe ethnique fortement différencié de la majorité autochtone, la croissance du racisme est inévitable, et les sermons moralisateurs ne serviront à rien pour l'empêcher, au contraire, il aboutiront au rebours des bonnes intentions à stigmatiser encore plus noirs et musulmans. La petite bourgeoise d'extrême gauche fait inconsciemment ce que fait cyniquement Emmanuel Macron quand il feint de prendre la défense des juifs, des homosexuels, des étrangers, contre la "foule haineuse" des Gilets Jaunes pour s'en servir comme paratonnerre en détournant sur eux la colère populaire !

 

La représentation misérabiliste des migrants à l'extrême gauche est parfaitement complémentaire de la faim de main d’œuvre exploitable du capital. Les petits frères « antifas » de la grande bourgeoisie affichent dans les rues de Belleville « Bienvenue au migrants » parce que les grands frères ont peur de manquer d'esclaves.

 

L'extrême droite exploite le rejet populaire des migrations depuis les années 1970 ; elle demandait l'expulsion des immigrés, et notamment des immigrés noirs et musulmans déjà intégrés. Son discours à cet égard est du registre des tactiques de longue durée de la bourgeoisie qui ont toujours eu pour objectif d'opposer les prolétaires entre eux. L'importation d'un prolétariat surexploité sert aussi cet objectif. Mais souvent l'extrême droite a recruté précisément dans les milieux, comme les DRH et la maîtrise de l'industrie automobile, qui géraient ce prolétariat et organisaient son immigration. L'extrême droite est contre les immigrés, et pour les migrations. Et c'est logique : rien de tel qu'une nouvelle migration pour fragiliser la condition de la vague précédente, et en poursuivre la sur-exploitation !

 

La gauche, si elle veut être de gauche en réalité et non en paroles doit défendre la classe ouvrière, sans distinction ethnique, et pour cela elle doit aussi demander l'arrêt des migrations qui ne se font que dans l'intérêt des patrons. Elle doit demander que les passagers de l'Aquarius soient secourus, puis renvoyés dans leur pays d'origine, dans le cas où il n'est pas en guerre, ce qui est le cas de la grande majorité d'entre eux. Et tant pis pour le narcissisme moral gauchiste. Sur la question de l'immigration c'est la ligne de George Marchais qui était juste !

 

L'union au delà des clivages ethniques et religieux de la classe ouvrière, et des classes populaires en général, est nécessaire, et elle se fera, malgré les migrations, et non grâce aux migrations. Les organisations ouvrières n'ont pas les moyens de les empêcher car elles sont organisées par les forces qui représentent les intérêts du capital international, mais elle peuvent en réclamer l'arrêt, au nom de l'intégration et de l'assimilation des migrants qui sont déjà implantés, et pour soulager la pression sur l'emploi et les services sociaux. Ce faisant, elles enverraient un message clair pour montrer qu'elles se trouvent bien et sans équivoque dans le camp des exploités. L'accusation de "xénophobie" de la part de la "gauche morale" envers les classes populaires est un symptôme de son mépris de classe inconscient qui refuse d'envisager les conditions vécues par les masses, y compris celles des migrants d'ailleurs, réduits au bout de tout cet "accueil" et de toutes cette "solidarité" à mendier dans toutes les rues d'Europe lorsqu'ils n'ont pas pu trouver un patron "de gauche" assez humanitaire pour les exploiter.

 

GQ, 27 janvier 2019, relu le 1er juillet 2019

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C
s'en prendre aux victimes des migrations au lieu de mettre en cause...la cause ! la propriété capitaliste de l'économie, des deux côtés de la Méditerranée , provoque les mêmes dégâts. En nationalisant en France le CAC40 et les autres, on sauvera l'Afrique. Bolloré peut en parler. l'Afrique rapporte 400 milliards à la France (dixit Chirac) chaque année.
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G
Le texte ne s'en prend pas aux migrants, il pose la question suivante : "quelle politique de migrations doit proposer une organisation de gauche qui veut renouer avec la classe ouvrière," et il propose une réponse; quant au mesure pratiques pour diminuer les migration, celle que je propose sont d el'ordre de la répression des patrons qui les emploient et qui les font venir pour les exploiter.
X
Une critique de ta position sur le forum Humanité Rouge https://humaniterouge.alloforum.com/communistes-question-refugies-t7198-1.html#p60774
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G
Je crois qu'il est important de traiter une à une les questions dites "sociétales" car ce n'est pas comme si elles formaient un tout cohérent qu'il suffirait de rejeter en bloc. Le fait que les capitalisme travaille à déconstruire les classes populaires pour les transformer en communautés minoritaires séparées ne signifie pas que ces minorités ne peuvent pas avoir de revendications légitimes. Il se trouve que ces minorités (qui dans le cas des femmes, est majoritaire !) sont souvent celles qui ont le plus à perdre économiquement dans les contre réformes néo-libérales, et même lorsqu'elles ne se concentrent pas à la base de l'échelle sociale, elles ont tout à perdre dans la dégradation du lien social. En ce qui concerne l'écologie, je renvoie à mon article sur écologie et socialisme.
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G
Voici l'article sur écologie et socialisme : http://www.reveilcommuniste.fr/2018/09/une-these-ecolo-socialiste-de-gq.html<br /> <br /> Pour résumer, je pense que la transition écologique est nécessaire mais qu'elle ne peut se réaliser que dans le cadre du socialisme.
J
Ah, j'ai oublié de mentionner un autre dogme dévastateur qui plombe toute véritable perspective socialiste: celui du dénigrement de l'URSS et particulièrement du "stalinisme" (Staline = Hitler= horreur). Ce dogme est à peu près universellement repris chez les intellectuels de gauche et n'est jamais remis en cause malgré les démentis que lui inflige l'historiographie récente. Vous vous attaquez aussi (courageusement) à cet autre dogme et je vous en remercie.
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J
Cher Gilles Questiaux,<br /> Je vous suis très reconnaissant pour cet article qui, à mon sens, a une grande importance et avec lequel je suis d'accord à 100%.<br /> La loi des blogs veut que, bien que daté du 29 janvier, il se trouve déjà en page 2, donc hors de visibilité. Et c'est bien dommage.<br /> Une grande importance? Pourquoi? Parce qu'il s'attaque courageusement à un des dogmes partagés par la quasi-totalité de la gauche d'aujourd'hui et qui placent cette gauche à l'écart du peuple et, pire même, contre lui. Les 12 semaines de Gilets Jaunes donnent un exemple éclatant de ce hiatus et laissent augurer de graves conséquences politiques. Déboulonner ces dogmes est donc une tâche bien plus importante que des appels faciles et consensuels à soutenir Assange ou Maduro.<br /> <br /> La plupart des dogmes sociétaux de la gauche radicale sont de nature à hérisser le peuple (communautarismes, LGBT, néo-féminisme, écologisme ...) et à faire passer le social (et le socialisme) au second plan. Mais le soutien inconditionnel aux migrations est particulièrement dévastateur car il frappe de plein fouet les ouvriers qui, eux, souffrent bel et bien de la mise en concurrence des mains d'oeuvre. D'où l'opportunité toute particulière de votre article.<br /> <br /> Il y a d'autres dogmes encore plus dévastateurs qu'il faudra bien aussi déboulonner. C'est le cas, par exemple, de la "transition énergétique" (ou écologique) que toute la gauche et tous les syndicats (en particulier la CGT) vantent en boucle pour, implicitement, contrer les revendications de base des gilets jaunes. Toutes les études s'accordent pour dire que cette transition doublerait (au bas mot) le prix de l'électricité et renchérirait fortement le prix de toutes les énergies donc du chauffage, des transports et par suite de tous les produits courants. La voiture (seul moyen de transport réaliste pour les Français périphériques) serait persécutée et réservée aux plus fortunés. Comment des gens de gauche peuvent-ils réclamer à cor et à cris un tel carnage pour le peuple? Et le peuple peut-il soutenir des gens qui lui veulent du mal à ce point?<br /> <br /> Ma propre expérience de 40 ans de SNES et 10 de PCF (du temps de Marchais, justement) me rend très pessimiste quant à la capacité des bases de rectifier les orientations politiques et syndicales déviantes. Mais la période actuelle est propice aux révisions déchirantes. Ce que je lis et ce que j'entends actuellement me semble traduire un double mouvement parmi les sympathisants de la gauche radicale face aux gilets jaunes. Certains (gauchistes, bobos, artistes, marginaux ...) se réfugient dans leurs petites identités, s'éloignent du peuple davantage et fourniront la prochaine fournée du vote Macron au second tour. D'autres se rapprochent des revendications populaires et pour eux, le débat que vous lancez est fort utile.
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G
Défendre Maduro ou Assange ce n'est pas du tout facile ni consensuel.