Au PCF, Mélenchon divise profondément, Chassaigne rassemble
9 Juin 2011 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Élections
Envoyé par André Gerin
Le cœur et la raison.
Si j’en crois l’Huma du 30 mai dernier, qui reprend les propos d’un camarade de Marseille et en fait un titre, André Chassaigne serait le candidat du cœur, et J-L Mélenchon celui de la raison, sous-entendu le bon.
Cela me conduit à quelques remarques.
Une première d’ordre général : l’opposition entre le cœur et la raison. Cette opposition me semble factice. Pour avancer et agir, les humains et en particulier les militants, ont besoin du cœur ET de la raison. Les deux sont nécessaires, c’est ainsi que naît la conviction. Et pour plagier Robespierre, dans un important discours sur la Terreur et la Vertu, j’estime que : sans la raison le cœur est impuissant, sans le cœur la raison est funeste.
Donc J-L Mélenchon serait le « candidat de la raison ». Pour moi (comme pour tout le monde d’après l’Huma) il n’est pas le candidat du cœur, mais il n’est pas non plus le candidat de la raison, Il est même celui de la déraison.
Ensuite, quatre remarques plus spécifiques.
1er aspect : que signifie être le « candidat de la raison » ?
Ne s’agit-il pas, pour ceux qui le soutiennent, de celui qui serait apte à obtenir le meilleur résultat électoral immédiat ? J’ai le sentiment que les tenants de la candidature de J-L Mélenchon, considèrent comme une évidence, que dans le cadre du système électoral que nous subissons, un candidat communiste, (celui du cœur), ne peut, par principe, obtenir un bon résultat et qu’il doit donc laisser la place à un non communiste (candidat de la raison). Pour seuls arguments, ils citent à l’envi les 3.3 % de Robert Hue et les 1, 8 % de M-G Buffet. A l’encontre de ces chiffres on peut choisir les 22 % de J. Duclos en 1969 (le PS obtenait lui 5 %) ou même les 16 % de G. Marchais, ou les presque 10 % de R. Hue en 1995. Je constate simplement que la participation, de 1997 à 2002, au gouvernement Jospin (qui n’a pas répondu aux attentes des Français), n’a jamais fait l’objet d’une véritable analyse. N’a pas été faite, non plus, l’analyse du fonctionnement des CUAL, et des conditions dans lesquelles le choix de M-G Buffet, pourtant soutenu par la majorité des participants aux CUAL, a été ensuite refusé au nom du principe du double consensus. Sa candidature, au titre du parti, a été décidée, très tardivement, presque à contrecœur.
Je ne tirerai pas de conclusion définitive de ces résultats très divers. Cette diversité prouve simplement que l’essentiel n’est pas dans le système électoral, mais dans la capacité à développer des idées de rupture avec le capitalisme, à être compris des citoyens, à les aider à entrer dans l’action et dans le vote pour un vrai changement.
Mais le m’interroge : nos dirigeants ont-ils encore confiance dans l’avenir d’un parti communiste en France ? …Je crains fort que la réponse soit négative.
2ème aspect : sur le programme.
Nous avons avec J-L Mélenchon des différends très sérieux, très lourds : deux exemples parmi d’autres.
- Sur l’énergie. Cette question mérite un débat serein et approfondi. Or, avant tout débat, J- M Mélenchon se place immédiatement aux côtés des ayatollahs de l’antinucléaire.
- Sur la question, véritablement fondatrice du parti communiste, de la lutte pour la paix.
Au Conseil de l’Europe, J-L Mélenchon, a voté la guerre néocoloniale en Libye, avec toutes les droites et la social-démocratie, à la différence d’autres membres du groupe GUE/NGL. La décision préalable de l’ONU de déclencher cette guerre, les pratiques politiques insupportables de Kadhafi n’y changent rien, sauf à considérer que Saddam Hussein était lui un personnage très recommandable, ou bien que nous avons eu tort de nous opposer à la guerre du golfe en 1991.
3ème aspect : sur les institutions.
Depuis 1958, nous n’avons cesse de combattre un régime ultra présidentiel, presque monarchique, Nous n’avons cesse de combattre la personnalisation du pouvoir. Or là aussi, J-L Mélenchon, en contradiction avec ses déclarations sur une 6ème République, utilise à fond la personnalisation, et sa présence dans les médias apparaît chez certains camarades comme l’argument décisif en sa faveur.
Allons-nous laisser les médias nous imposer le candidat de leur choix ?
4ème et dernier aspect : rassembler les communistes.
Au-delà des divergences d’analyse sur tel ou tel point, sur telle ou telle prise de position, il est important de rassembler les communistes autant que faire se peut.
Dans ces conditions, qui peut rassembler ? La candidature de Dang-Tran ne le permet pas. Celle d’André Gérin ne le permettait pas non plus. A ce propos, il faut noter la décision hautement responsable d’André Gérin qui a retiré sa candidature au profit d’André Chassaigne.
Quant à la candidature de J-L Mélenchon, elle divise profondément.
Un seul choix rassemble, celui d’André Chassaigne. Il a toutes les compétences pour conduire une campagne sans effets de manches, sans effets de tribune, une campagne ancrée dans le peuple, proche de ceux qui souffrent.
Je fais le choix de soutenir cette candidature qui seule peut motiver et mobiliser l’immense majorité des camarades, J’appelle à faire de même toutes celles et tous ceux qui pensent que l’option communiste n’est pas morte, que le peuple de France à besoin d’un parti communiste.
Après des années de renoncements et de reculs idéologiques, cette candidature marquera un vrai début de redressement.
Robert Malclès
Cellule Flora Tristan
Section de Nimes,
Fédération du Gard
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