Ça tangue au NPA
Une tendance dite "claire" du NPA nous a envoyé ceci que nous publions pour faire jouer leurs contradictions. Leur analyse du résultat comme poursuite du déclin du PCF est tout à fait erronée, mais pour le reste elle contient des données sociologiques intéressantes. GQ
Le refus de voter des travailleurs et des jeunes est un acte de défiance
contre l'UE capitaliste, ses gouvernements et leurs partis
Pour que cette défiance débouche sur une lutte de classe victorieuse, il
faut une orientation ouvrière et révolutionnaire
Refus de vote massif des travailleurs et des jeunes
Comme prévu, les élections européennes du 7 juin ont été marquées avant
tout par une abstention massive partout en Europe, atteignant près de 60% en
France. Le refus d'aller voter a été encore plus fort dans les classes
populaires : 75% des employés, 77% des ouvriers, 79% des chômeurs, selon un
sondage Opinion Way réalisé le jour du vote. Ce n'est pas
l'indifférence politique qui explique la majorité des abstentions, mais
il s'agit à l'évidence d'un acte de défiance contre les institutions
de l'Union européenne capitaliste, ses gouvernements et leurs partis : les
travailleurs savent que le Parlement européen n'a aucun pouvoir (encore
moins que les Parlements nationaux), ils n'ont guère d'illusions dans la
capacité de l'Union européenne et des gouvernements nationaux à les
protéger de la crise et un nombre croissant d'entre eux ne fait plus
confiance aux politiciens de droite comme de gauche qui servent ces
institutions .
Victoire en trompe-l'œil pour l'UMP et déroute du PS bourgeois
De ce point de vue, l'apparente « victoire » des partis de droite dans les
principaux pays de l'UE est un leurre. En France, par exemple, la soi-disant
« majorité présidentielle » se glorifie d'avoir recueilli près de 28%
des suffrages exprimés, mais cela ne correspond en réalité qu'à 11% des
électeurs, confirmant l'impopularité massive de Sarkozy et de son
gouvernement. Mais surtout, partout en Europe et plus encore en France, les
principaux partis bourgeois de gauche (PS, SPD, Labour Party, etc) paient
leur incapacité à proposer une quelconque politique alternative à celle
des partis bourgeois de droite : les travailleurs ne sont pas dupes des
nuances qui les distinguent à peine de leurs rivaux, ils savent que les
gouvernements de gauche n'ont pas fait, ne font pas et ne feront pas une
politique substantiellement différente. En particulier, le séisme
électoral qui frappe le PS (16,4% des voix) confirme la désaffection des
travailleurs à son encontre depuis des années, avec maintenant le
franchissement d'un palier supplémentaire : la majorité des travailleurs
ne croit même plus au prétendu « vote utile » auquel le PS a réduit son
ambition après son échec de 2002, dont il ne s'est toujours pas remis.
Le succès du vote écologiste en France (16,2%) est spectaculaire, mais
largement superficiel : s'il signifie indéniablement la montée des
préoccupations écologistes parmi les bourgeois de gauche et les couches
supérieures du salariat (Cohn-Bendit fait 25% des voix dans ces catégories
et par exemple 30,5% dans le Ve arrondissement de Paris !), il témoigne plus
encore du désarroi de ces électeurs traditionnels du PS ; ces couches
sociales intermédiaires et supérieures continuent de se faire des illusions
sur la possibilité de construire une Europe progressiste et écologique sans
remettre en cause le capitalisme. D'ailleurs, nombre de ces électeurs ont
hésité entre la liste écologiste, le PS et le MODEM et il est
symptomatique que Cohn-Bendit, le soir du scrutin, ait profité de sa
victoire en appelant à un front commun avec le PS, e Modem et le Front de
gauche au Parlement européen.
Même si le FN recule par rapport aux dernières élections européennes de
2004 avec 6,3%, il repart à la hausse par rapport aux législatives de 2007.
La composition de son électorat est toujours très populaire et il rassemble
environ 12% des ouvriers et employés qui ont voté.
Le Front de Gauche (PC-PG), malgré un appareil beaucoup plus fort,
n'obtient pas plus de voix que le NPA et LO réunis
Les partis réformistes du mouvement ouvrier, unis dans le « Front de gauche
», réalisent un score de 6% qui confirme la très petite dynamique créée
par le lancement du Parti de gauche de Mélenchon après sa rupture avec le
PS (même s'il faut rappeler que le PCF seul avait obtenu un résultat
similaire en 2004, avec 5,9% des voix). Mais cela ne suffira pas à enrayer
de manière significative le déclin historique du PCF, dont l'appareil et
les militants ont fourni les principales forces pour la campagne commune. Et
surtout, si l'on rapporte ses résultats à ceux du PCF lors de scrutins
comparables (municipales, cantonales, régionales, précédentes
européennes), le Front de gauche a très peu profité de la faillite du PS.
Il est en outre significatif que le Front de gauche n'ait pas un électorat
particulièrement populaire : 4% des ouvriers et employés selon CSA, 6% selon
Opinion Way et 3% (selon CSA) ou 4% (selon Opinion Way) des salariés du
privé qui ont voté ! C'est que les partis qui le constituent ne peuvent
se présenter de manière crédible comme une alternative au PS : après
avoir fait partie des gouvernements dirigés par celui-ci entre 1981 et 2002,
ils continuent de participer avec lui à la gestion bourgeoise des régions,
des départements et des municipalités, à voter des budgets qui incluent
des subventions au patronat, des coupes dans les services publics, etc. En
outre, ce refus du PCF et du PG de rompre avec le PS a été confirmé durant
la campagne par leur volonté assumée de reconstituer une alliance avec le PS
dès les prochaines élections (les régionales de 2010), voire pour un
éventuel gouvernement de gauche en 2012...
Si le Front de gauche devance le NPA, il n'obtient pas plus de voix que les
deux organisations d'extrême gauche réunies (le NPA ayant 4,9% des voix
et LO 1,2%). Et si, comme le préconisait la Tendance CLAIRE du NPA, le NPA
et LO avaient voulu s'allier pour ces élections (comme en 1999 et 2004),
cela aurait créé une dynamique qui leur aurait permis de battre clairement
les réformistes du Front de gauche. Au-delà, si l'ex-LCR avait
privilégié la recherche d'une convergence avec LO lors du processus
constituant du NPA (au lieu de donner la priorité à des altermondialistes
réformistes comme Raoul Marc Jennar), et si LO n'avait pas adopté une
position sectaire à l'égard du processus NPA (tout en s'alliant avec le
PS pour les municipales de 2008 !), les travailleurs auraient pu disposer dans
les luttes comme dans les élections d'une nouveau parti anticapitaliste
beaucoup plus grand et dont l'identité de classe aurait été beaucoup
plus claire.
Bilan de la campagne de notre parti : des potentialités sous-utilisées
faute d'une orientation communiste et révolutionnaire
Le résultat de notre parti est mitigé (conforme malheureusement notre
pronostic ), malgré la campagne généralement très active que nous avons
faite. D'une part, une fraction croissante des travailleurs et des jeunes
sont sensibles à l'anticapitalisme défendu par le NPA, confirmant la
possibilité de construire un parti anticapitaliste : c'est ainsi que 9%
(selon CSA) à 12% (selon Opinion Way) des ouvriers qui se sont exprimés
aient ont voté pour le NPA (score plus de deux fois supérieur à celui du
Front de gauche). Mais, d'autre part, la campagne du NPA n'a pas réussi
à convaincre les millions de travailleurs frappés par la crise à voter
pour lui : 73% de ceux qui avaient voté pour Olivier Besancenot en 2007 -
sans craindre alors l'étiquette « communiste révolutionnaire », mais en
appréciant la dénonciation radicale du système capitaliste et de ses
serviteurs de droite comme de gauche ! - se sont abstenus le 7 juin, selon
le sondage TNS Sofres/Logica déjà cité. En revanche, la campagne NPA qui a
été la plus prolétarienne et lutte de classe, celle conduite par le
camarade ouvrier Yvan Zimmerman dans la région Est, n'a nullement «
effrayé » les travailleurs et les jeunes ; bien au contraire, la liste NPA
a recueilli 5,65% des suffrages exprimés, soit 2,3 fois plus de voix que la
liste LO-LCR en 2004 (2,45%), bien que LO ait dans le même temps recueilli
1,5% des voix : cela porte le score total de l'extrême gauche dans cette
région à plus de 7%, loin devant les 3,9% du Front de gauche.
Au-delà de la question des résultats électoraux, une campagne communiste et
révolutionnaire (telle que notre Tendance l'avait proposée dès le
congrès) aurait fait progresser la conscience politique de centaines de
milliers de travailleurs frappés par la crise, les licenciements,
l'arrogance du patronat et les attaques gouvernementales et aurait ainsi
nourri la recrudescence des luttes. Elle aurait dénoncé l'exploitation et
l'oppression quotidiennes de la classe ouvrière, affirmé l'unité
d'intérêts entre les travailleurs de tous les pays, mis en évidence le
lien entre l'orientation bourgeoise du PS, le réformisme du Front de
Gauche et les trahisons des directions syndicales qui ont bloqué la
dynamique des luttes et les ont conduites à des défaites, fait une
propagande active pour la grève générale à partir de l'exemple des
Antilles, montré l'impasse des prétendues solutions réformistes,
expliqué la nécessité d'exproprier les capitalistes pour ne pas payer la
crise, attaqué les institutions de l'UE capitaliste tout en soulignant
qu'elle repose sur des États nationaux au service de la bourgeoisie et
ouvert une perspective ouvrière et socialiste, pour le gouvernement des
travailleurs et les États-Unis socialiste d'Europe...
Il revient aux militants du NPA de tirer collectivement les leçons d'une
campagne nationale largement erronée. Si cette campagne a certes permis de
dénoncer le capitalisme, le gouvernement et le PS, et si elle s'est fait
l'écho des luttes, elle est restée trop proche du réformisme et a
glissé vers l'électoralisme . En fin de campagne, la direction du parti
est allée jusqu'à présenter le vote pour le NPA comme un « vote utile
», prétendant que notre parti était le mieux placé pour avoir des élus
parmi ceux situés à la « gauche du PS », alors que, tout au contraire,
plus la campagne avançait, plus les intentions de vote pour le NPA
reculaient. Force est de constater, en effet, que l'orientation du NPA ne
répond que trop partiellement aux aspirations des travailleurs et des jeunes
qui luttent aujourd'hui, aux espoirs de celles et ceux qui veulent en finir
avec le capitalisme, mais sans savoir comment faire. La raison en est que la
seule réponse juste à ces aspirations et à ces espoirs réside dans le
programme de la révolution socialiste accompli par le pouvoir des
travailleurs auto-organisés : entre ce programme et celui du réformisme, il
n'y a pas de compatibilité, il est plus que temps de trancher ! C'est ce
qu'enseigne toute l'histoire du mouvement ouvrier et c'est encore plus
évident face à la crise mondiale du capitalisme, dont les effets vont être
de pire en pire au cours de la prochaine période : tout prouve que des
centaines de milliers de licenciements supplémentaires vont être décidés
et que Sarkozy et son gouvernement, tentant de s'appuyer sur leur
prétendue victoire électorale, vont redoubler la violence de leurs coups
contre les travailleurs, les diviser au maximum et réprimer encore plus ceux
qui luttent. La lutte de classe va s'aiguiser, devenir de plus en plus dure
: il ne doit plus y avoir de place pour la confusion programmatique et
stratégique.
Et maintenant, que faire ?
La direction (comité exécutif) du NPA ne semble pas près de revoir son
orientation, mais veut au contraire la poursuivre et l'aggraver. Elle
conclut ainsi son communiqué du 7 juin à 20h15 : « Nous continuons à
proposer à toutes les formations de la gauche antilibérale et
anticapitaliste un accord durable valable dans les échéances sociales et
politiques à venir, pour encourager la convergence des luttes, plus que
jamais nécessaire. » Si l'unité doit se faire immédiatement sur les
revendications des travailleurs (notamment sur le refus de tous les
licenciements), il n'y a aucun « accord durable » possible entre
l'anti-capitalisme conséquent et cohérent, c'est-à-dire
révolutionnaire, et l'anti-libéralisme, ce réformisme de l'époque
actuelle, qui caractérise les bureaucraties syndicales collaboratrices du
patronat et du gouvernement, politiquement liées les unes au PS, les autres
au PCF ou au Parti de gauche ! Il n'y a aucun « accord durable » possible
entre ceux qui ont privatisé à tour de bras, cassé les droits ouvriers,
subventionné le patronat, expulsé les sans-papiers, trahi les grèves,
mené des guerres impérialistes (Yougoslavie, Afrique, Afghanistan), et ceux
qui combattent pour que les travailleurs se libèrent de toute exploitation et
de toute oppression.
La Tendance CLAIRE propose, quant à elle, que le NPA, nationalement et dans
tous ses secteurs, mobilise tout le potentiel militant qui s'est manifesté
durant la campagne électorale pour l'intervention dans la lutte de classe
directe, avec la même intensité et le même niveau de centralisation. Le
NPA doit aussi lancer un appel à le rejoindre aux travailleurs et aux jeunes
qui ont voté pour lui comme à ceux qui ont refusé de voter pour manifester
leur défiance à l'égard du système politique.
Les travailleurs ont besoin d'un parti anti-capitaliste qui tire jusqu'au
bout les leçons des échecs et des trahisons des réformistes rancis. Seule
la perspective révolutionnaire, qui doit faire l'objet d'une propagande
systématique dans la presse et les discours du parti, permet de s'orienter
correctement dans la lutte de classe immédiate. Seule une orientation
anti-réformiste aide les travailleurs à ne compter que sur eux-mêmes, à
démasquer et combattre les directions syndicales et réformistes qui
trahissent les luttes, à avancer des mots d'ordre qui partent des
revendications immédiates et leur permettent d'aller le plus loin
possible, sans se préoccuper des impératifs du système capitaliste, en
aidant à la convergence et à l'unification des luttes jusqu'à la
grève générale - laquelle permettrait de chasser Sarkozy et ouvrirait
une situation prérévolutionnaire.
Paris, le 10 juin 2009
Le refus de voter des travailleurs et des jeunes est un acte de défiance
contre l'UE capitaliste, ses gouvernements et leurs partis
Pour que cette défiance débouche sur une lutte de classe victorieuse, il
faut une orientation ouvrière et révolutionnaire
Refus de vote massif des travailleurs et des jeunes
Comme prévu, les élections européennes du 7 juin ont été marquées avant
tout par une abstention massive partout en Europe, atteignant près de 60% en
France. Le refus d'aller voter a été encore plus fort dans les classes
populaires : 75% des employés, 77% des ouvriers, 79% des chômeurs, selon un
sondage Opinion Way réalisé le jour du vote. Ce n'est pas
l'indifférence politique qui explique la majorité des abstentions, mais
il s'agit à l'évidence d'un acte de défiance contre les institutions
de l'Union européenne capitaliste, ses gouvernements et leurs partis : les
travailleurs savent que le Parlement européen n'a aucun pouvoir (encore
moins que les Parlements nationaux), ils n'ont guère d'illusions dans la
capacité de l'Union européenne et des gouvernements nationaux à les
protéger de la crise et un nombre croissant d'entre eux ne fait plus
confiance aux politiciens de droite comme de gauche qui servent ces
institutions .
Victoire en trompe-l'œil pour l'UMP et déroute du PS bourgeois
De ce point de vue, l'apparente « victoire » des partis de droite dans les
principaux pays de l'UE est un leurre. En France, par exemple, la soi-disant
« majorité présidentielle » se glorifie d'avoir recueilli près de 28%
des suffrages exprimés, mais cela ne correspond en réalité qu'à 11% des
électeurs, confirmant l'impopularité massive de Sarkozy et de son
gouvernement. Mais surtout, partout en Europe et plus encore en France, les
principaux partis bourgeois de gauche (PS, SPD, Labour Party, etc) paient
leur incapacité à proposer une quelconque politique alternative à celle
des partis bourgeois de droite : les travailleurs ne sont pas dupes des
nuances qui les distinguent à peine de leurs rivaux, ils savent que les
gouvernements de gauche n'ont pas fait, ne font pas et ne feront pas une
politique substantiellement différente. En particulier, le séisme
électoral qui frappe le PS (16,4% des voix) confirme la désaffection des
travailleurs à son encontre depuis des années, avec maintenant le
franchissement d'un palier supplémentaire : la majorité des travailleurs
ne croit même plus au prétendu « vote utile » auquel le PS a réduit son
ambition après son échec de 2002, dont il ne s'est toujours pas remis.
Le succès du vote écologiste en France (16,2%) est spectaculaire, mais
largement superficiel : s'il signifie indéniablement la montée des
préoccupations écologistes parmi les bourgeois de gauche et les couches
supérieures du salariat (Cohn-Bendit fait 25% des voix dans ces catégories
et par exemple 30,5% dans le Ve arrondissement de Paris !), il témoigne plus
encore du désarroi de ces électeurs traditionnels du PS ; ces couches
sociales intermédiaires et supérieures continuent de se faire des illusions
sur la possibilité de construire une Europe progressiste et écologique sans
remettre en cause le capitalisme. D'ailleurs, nombre de ces électeurs ont
hésité entre la liste écologiste, le PS et le MODEM et il est
symptomatique que Cohn-Bendit, le soir du scrutin, ait profité de sa
victoire en appelant à un front commun avec le PS, e Modem et le Front de
gauche au Parlement européen.
Même si le FN recule par rapport aux dernières élections européennes de
2004 avec 6,3%, il repart à la hausse par rapport aux législatives de 2007.
La composition de son électorat est toujours très populaire et il rassemble
environ 12% des ouvriers et employés qui ont voté.
Le Front de Gauche (PC-PG), malgré un appareil beaucoup plus fort,
n'obtient pas plus de voix que le NPA et LO réunis
Les partis réformistes du mouvement ouvrier, unis dans le « Front de gauche
», réalisent un score de 6% qui confirme la très petite dynamique créée
par le lancement du Parti de gauche de Mélenchon après sa rupture avec le
PS (même s'il faut rappeler que le PCF seul avait obtenu un résultat
similaire en 2004, avec 5,9% des voix). Mais cela ne suffira pas à enrayer
de manière significative le déclin historique du PCF, dont l'appareil et
les militants ont fourni les principales forces pour la campagne commune. Et
surtout, si l'on rapporte ses résultats à ceux du PCF lors de scrutins
comparables (municipales, cantonales, régionales, précédentes
européennes), le Front de gauche a très peu profité de la faillite du PS.
Il est en outre significatif que le Front de gauche n'ait pas un électorat
particulièrement populaire : 4% des ouvriers et employés selon CSA, 6% selon
Opinion Way et 3% (selon CSA) ou 4% (selon Opinion Way) des salariés du
privé qui ont voté ! C'est que les partis qui le constituent ne peuvent
se présenter de manière crédible comme une alternative au PS : après
avoir fait partie des gouvernements dirigés par celui-ci entre 1981 et 2002,
ils continuent de participer avec lui à la gestion bourgeoise des régions,
des départements et des municipalités, à voter des budgets qui incluent
des subventions au patronat, des coupes dans les services publics, etc. En
outre, ce refus du PCF et du PG de rompre avec le PS a été confirmé durant
la campagne par leur volonté assumée de reconstituer une alliance avec le PS
dès les prochaines élections (les régionales de 2010), voire pour un
éventuel gouvernement de gauche en 2012...
Si le Front de gauche devance le NPA, il n'obtient pas plus de voix que les
deux organisations d'extrême gauche réunies (le NPA ayant 4,9% des voix
et LO 1,2%). Et si, comme le préconisait la Tendance CLAIRE du NPA, le NPA
et LO avaient voulu s'allier pour ces élections (comme en 1999 et 2004),
cela aurait créé une dynamique qui leur aurait permis de battre clairement
les réformistes du Front de gauche. Au-delà, si l'ex-LCR avait
privilégié la recherche d'une convergence avec LO lors du processus
constituant du NPA (au lieu de donner la priorité à des altermondialistes
réformistes comme Raoul Marc Jennar), et si LO n'avait pas adopté une
position sectaire à l'égard du processus NPA (tout en s'alliant avec le
PS pour les municipales de 2008 !), les travailleurs auraient pu disposer dans
les luttes comme dans les élections d'une nouveau parti anticapitaliste
beaucoup plus grand et dont l'identité de classe aurait été beaucoup
plus claire.
Bilan de la campagne de notre parti : des potentialités sous-utilisées
faute d'une orientation communiste et révolutionnaire
Le résultat de notre parti est mitigé (conforme malheureusement notre
pronostic ), malgré la campagne généralement très active que nous avons
faite. D'une part, une fraction croissante des travailleurs et des jeunes
sont sensibles à l'anticapitalisme défendu par le NPA, confirmant la
possibilité de construire un parti anticapitaliste : c'est ainsi que 9%
(selon CSA) à 12% (selon Opinion Way) des ouvriers qui se sont exprimés
aient ont voté pour le NPA (score plus de deux fois supérieur à celui du
Front de gauche). Mais, d'autre part, la campagne du NPA n'a pas réussi
à convaincre les millions de travailleurs frappés par la crise à voter
pour lui : 73% de ceux qui avaient voté pour Olivier Besancenot en 2007 -
sans craindre alors l'étiquette « communiste révolutionnaire », mais en
appréciant la dénonciation radicale du système capitaliste et de ses
serviteurs de droite comme de gauche ! - se sont abstenus le 7 juin, selon
le sondage TNS Sofres/Logica déjà cité. En revanche, la campagne NPA qui a
été la plus prolétarienne et lutte de classe, celle conduite par le
camarade ouvrier Yvan Zimmerman dans la région Est, n'a nullement «
effrayé » les travailleurs et les jeunes ; bien au contraire, la liste NPA
a recueilli 5,65% des suffrages exprimés, soit 2,3 fois plus de voix que la
liste LO-LCR en 2004 (2,45%), bien que LO ait dans le même temps recueilli
1,5% des voix : cela porte le score total de l'extrême gauche dans cette
région à plus de 7%, loin devant les 3,9% du Front de gauche.
Au-delà de la question des résultats électoraux, une campagne communiste et
révolutionnaire (telle que notre Tendance l'avait proposée dès le
congrès) aurait fait progresser la conscience politique de centaines de
milliers de travailleurs frappés par la crise, les licenciements,
l'arrogance du patronat et les attaques gouvernementales et aurait ainsi
nourri la recrudescence des luttes. Elle aurait dénoncé l'exploitation et
l'oppression quotidiennes de la classe ouvrière, affirmé l'unité
d'intérêts entre les travailleurs de tous les pays, mis en évidence le
lien entre l'orientation bourgeoise du PS, le réformisme du Front de
Gauche et les trahisons des directions syndicales qui ont bloqué la
dynamique des luttes et les ont conduites à des défaites, fait une
propagande active pour la grève générale à partir de l'exemple des
Antilles, montré l'impasse des prétendues solutions réformistes,
expliqué la nécessité d'exproprier les capitalistes pour ne pas payer la
crise, attaqué les institutions de l'UE capitaliste tout en soulignant
qu'elle repose sur des États nationaux au service de la bourgeoisie et
ouvert une perspective ouvrière et socialiste, pour le gouvernement des
travailleurs et les États-Unis socialiste d'Europe...
Il revient aux militants du NPA de tirer collectivement les leçons d'une
campagne nationale largement erronée. Si cette campagne a certes permis de
dénoncer le capitalisme, le gouvernement et le PS, et si elle s'est fait
l'écho des luttes, elle est restée trop proche du réformisme et a
glissé vers l'électoralisme . En fin de campagne, la direction du parti
est allée jusqu'à présenter le vote pour le NPA comme un « vote utile
», prétendant que notre parti était le mieux placé pour avoir des élus
parmi ceux situés à la « gauche du PS », alors que, tout au contraire,
plus la campagne avançait, plus les intentions de vote pour le NPA
reculaient. Force est de constater, en effet, que l'orientation du NPA ne
répond que trop partiellement aux aspirations des travailleurs et des jeunes
qui luttent aujourd'hui, aux espoirs de celles et ceux qui veulent en finir
avec le capitalisme, mais sans savoir comment faire. La raison en est que la
seule réponse juste à ces aspirations et à ces espoirs réside dans le
programme de la révolution socialiste accompli par le pouvoir des
travailleurs auto-organisés : entre ce programme et celui du réformisme, il
n'y a pas de compatibilité, il est plus que temps de trancher ! C'est ce
qu'enseigne toute l'histoire du mouvement ouvrier et c'est encore plus
évident face à la crise mondiale du capitalisme, dont les effets vont être
de pire en pire au cours de la prochaine période : tout prouve que des
centaines de milliers de licenciements supplémentaires vont être décidés
et que Sarkozy et son gouvernement, tentant de s'appuyer sur leur
prétendue victoire électorale, vont redoubler la violence de leurs coups
contre les travailleurs, les diviser au maximum et réprimer encore plus ceux
qui luttent. La lutte de classe va s'aiguiser, devenir de plus en plus dure
: il ne doit plus y avoir de place pour la confusion programmatique et
stratégique.
Et maintenant, que faire ?
La direction (comité exécutif) du NPA ne semble pas près de revoir son
orientation, mais veut au contraire la poursuivre et l'aggraver. Elle
conclut ainsi son communiqué du 7 juin à 20h15 : « Nous continuons à
proposer à toutes les formations de la gauche antilibérale et
anticapitaliste un accord durable valable dans les échéances sociales et
politiques à venir, pour encourager la convergence des luttes, plus que
jamais nécessaire. » Si l'unité doit se faire immédiatement sur les
revendications des travailleurs (notamment sur le refus de tous les
licenciements), il n'y a aucun « accord durable » possible entre
l'anti-capitalisme conséquent et cohérent, c'est-à-dire
révolutionnaire, et l'anti-libéralisme, ce réformisme de l'époque
actuelle, qui caractérise les bureaucraties syndicales collaboratrices du
patronat et du gouvernement, politiquement liées les unes au PS, les autres
au PCF ou au Parti de gauche ! Il n'y a aucun « accord durable » possible
entre ceux qui ont privatisé à tour de bras, cassé les droits ouvriers,
subventionné le patronat, expulsé les sans-papiers, trahi les grèves,
mené des guerres impérialistes (Yougoslavie, Afrique, Afghanistan), et ceux
qui combattent pour que les travailleurs se libèrent de toute exploitation et
de toute oppression.
La Tendance CLAIRE propose, quant à elle, que le NPA, nationalement et dans
tous ses secteurs, mobilise tout le potentiel militant qui s'est manifesté
durant la campagne électorale pour l'intervention dans la lutte de classe
directe, avec la même intensité et le même niveau de centralisation. Le
NPA doit aussi lancer un appel à le rejoindre aux travailleurs et aux jeunes
qui ont voté pour lui comme à ceux qui ont refusé de voter pour manifester
leur défiance à l'égard du système politique.
Les travailleurs ont besoin d'un parti anti-capitaliste qui tire jusqu'au
bout les leçons des échecs et des trahisons des réformistes rancis. Seule
la perspective révolutionnaire, qui doit faire l'objet d'une propagande
systématique dans la presse et les discours du parti, permet de s'orienter
correctement dans la lutte de classe immédiate. Seule une orientation
anti-réformiste aide les travailleurs à ne compter que sur eux-mêmes, à
démasquer et combattre les directions syndicales et réformistes qui
trahissent les luttes, à avancer des mots d'ordre qui partent des
revendications immédiates et leur permettent d'aller le plus loin
possible, sans se préoccuper des impératifs du système capitaliste, en
aidant à la convergence et à l'unification des luttes jusqu'à la
grève générale - laquelle permettrait de chasser Sarkozy et ouvrirait
une situation prérévolutionnaire.
Paris, le 10 juin 2009
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