L'Union européenne sans les États-Unis peut-elle faire la guerre aux Russes en Ukraine ?
12 Mars 2025 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ukraine, #États-Unis, #Impérialisme, #A gerber !, #Russie, #L'Europe impérialiste et capitaliste, #Front politique intérieur, #Mille raisons de regretter l'URSS
l’Europe (l'UE plus la Grande Bretagne) peut-elle prendre la suite des États-Unis dans le financement et le soutien militaire à l’Ukraine – du régime de Kiev - contre la Russie ? Voire pourrait-elle engager directement ses soldats sur le terrain ?
Au vu des statistiques économiques et démographiques brutes, cela semble parfaitement possible. Les armées européennes sont paraît-il dans un sale état, mais la remise à niveau en temps de guerre, comme on a vu jusqu’à présent dans tous les conflits du passé – contrairement à ce que répètent partout beaucoup de gens qui ont fait beaucoup de guerres sur Internet – c’est l’affaire de quelques mois.
Les performances mitigées de l'armée russe sur le terrain prouvent qu'ils ont le temps de le faire et encouragent leurs tartarinades.
Depuis que la guerre économique a échoué, le plan militaire cogité contre la Russie par l’UE , le Royaume Uni, et la clique de Zelensky a toujours été le même : par un processus d’escalade progressif, débusquer la Russie, la contraindre à disperser ses moyens et à s’engager sur de nouveaux fronts, la pousser à commettre des transgressions du droit international qui obligeraient l’Oncle Sam à intervenir en mettant « des bottes sur le terrain et des avions dans le ciel », comme a dit cette paillasse de Starmer dans le bureau ovale de la Maison Blanche en s'attirant les moqueries de l’hôte. Pour le moment une telle intervention est exclue, mais en provoquant une invasion russe dans la Baltique par exemple, cela pourrait changer. Après tout les Américains ont attendus trois ans et demi avant de s’engager en Europe dans la seconde guerre mondiale, de 1939 à 1942.
En attendant l’arrivée de la cavalerie, les Européens sont dans la perspective complexe de faire la guerre vraiment aux Russes, ce qui n’a pas l’air du tout de gêner les politiciens roses, vers, bleu horizon ou arc-en-ciel qui sont aux manettes dans les principaux pays et à Bruxelles.
Von der Leyen, la présidente de la Commission, prétend avoir trouvé dans son chapeau 800 milliards d’euros pour ça. C’est à dire au-delà de la volonté évidente de ponctionner les retraites et les budgets sociaux, l’intention d’imprimer autant de papier monnaie, au rebours de toute la prudence prussienne dans la gestion des déficits. L’Europe a-t-elle encore tout ce crédit ? Surtout si l’Amérique ne garantit pas en dernier recours ? en tout cas plus le temps passe moins elle l’aura, donc si elle veut cette guerre c’est le dernier moment pour la lancer. Et elle a bien l’air de la vouloir.
Sinon on peut comprendre d’où provient leur illusion : il est parfaitement plausible en examinant les chiffres respectifs de l’économie et de la population de penser que l’UE peut remplacer les États-Unis dans le financement et l’armement de l’Ukraine, et que celle-ci en attendant le pactole, conformément à l’idéologie nazie professée par les cadres de son armée pourra contraindre le peuple à continuer la lutte jusqu’au dernier bunker, comme l’avait fait son modèle historique en 1945 à Berlin.
La France et l’Allemagne à elles seules et chacune dépassent considérablement le PNB russe, calculé en dollars au taux de change courant, et aussi la population de la Russie. Si on ajoute les autres pays de l’UE, la richesse cumulée dans l'UE est sans doute d’un ordre de grandeur, calculé en parité de pouvoir d’achat, triple de celle de la Russie, même en y adjoignant la Biélorussie. Ce calcul simple et simpliste est la raison fondamentale de l’arrogance stratégique des Européens. Mais la mobilisation de ces ressources pour la guerre implique de militariser l’économie et de mettre au pas des sociétés, qui d’ailleurs ne se font pas tellement prier, ni remarquer par leur résistance aux aventures militaires déraisonnables – tant qu’elles ne se sentent pas directement concernées ; au fond, c’est là un pari sur le degré d’abrutissement des masses, qui a l’air de croître de manière exponentielle en ce moment. Une masse de la petite bourgeoisie des lemmings semble croire que puisque les Russes sont méchants, et qu’on leur dit qu’ils vont attaquer "l'Europe", il faut leur faire la guerre. C’est vraiment dommage d’avoir fait vingt ans d’études du CP au doctorat pour en arriver à ce degré zéro de la pensée : le néonazisme des innocents.
Le parapluie nucléaire Français non seulement n’est pas très crédible comme instrument pour mener une guerre tactique aux confins de la Pologne ou de la Roumanie, mais il les mettra bien plus en danger que toute la perversité attribuée à l’Ours des steppes. Et il est déjà en soit très inquiétant de voir un déséquilibré notoire comme Macron évoquer de l’étendre sur l’Europe. Il est clair qu’il transforme la France en objectif ultime pour les missiles nucléaires russes. Cet homme est très dangereux.
Une guerre ouverte avec la Russie dans la Mer Noire et la Baltique risquerait, il est vrai, de provoquer une défection générale en Europe centrale dans les pays de l’ancienne Autriche Hongrie (avec aussi Slovaquie, Bulgarie, Roumanie, Croatie, peut-être la République tchèque, etc.) et peut être de l’Italie qui est bien plus atlantiste qu’européenne en terme d’alliance militaire.
Les arguments que Macron avance pour désigner la Russie comme un ennemi existentiel sont incroyablement légers, sans parler même du fait qu’ils sont faux ; il faudrait affronter militairement la première puissance militaire du continent, loin de nos bases, parce que celle-ci se serait ingérée dans des élections en Moldavie et en Roumanie ? Parce qu’ils postent de la propagande sur Tik Tok ou sur Télégram ? parce qu'ils hackent nos hôpitaux ? c’est vraiment un test de la bêtise du public ! Et pour le moment, plutôt réussi.
Il n’apporte évidemment aucune preuve des mauvaises intentions russes à notre égard. Mais il précise bien à qui il parle, et à qui il pense : « nous, Européens ! » L’intérêt national de la France pour lui est une cause caduque, et la France un cadre dépassé pour ses ambitions. L’Ukraine est la nouvelle Alsace-Lorraine du bourrage de crâne qui sera prétexte à un conflit absurde et sanglant à l’intention des patriotes européens biberonnés au programme Erasmus, où s’exprime clairement l’inconscient suprématiste des classes dirigeantes du Vieux continent, – parfois pas inconscient du tout !
L’Europe ne pourra pas davantage que l’Ukraine sous perfusion de l’OTAN vaincre la Russie, et ne sera sans doute pas détruite par le feu nucléaire – en tout cas c’est le pari qu’ils font, à la grande horreur de l’équipe de Trump qui garde un peu de bon sens élémentaire, on ne peut pas lui retirer cela. Elle peut causer la mort d’un million de soldats supplémentaires, ruiner toutes les libertés publiques par l'instauration d'un état de siège permanent, elle peut même y perdre un certain nombre d’États périphériques , soit neutralisés par l’armée russe, soit en sécession, mais pour le projet fédéraliste de la bourgeoisie européenne (française, allemande, belge, hollandaise), qui caresse ce rêve depuis les années 1920, ce ne sont que des détails sans importance. A l’arrivée, unifier politiquement en un seul État l’Ouest du continent autour du noyau France Allemagne, et l'Italie (du Nord) c’est bien suffisant. Curieusement les capitalistes hyper-modernes qui nous gouvernent rêvent de reconstituer l’Empire de Charlemagne.
Mais qu’ils se concrétisent prochainement ou non, les projets bellicistes et les tentatives de coup d’État institutionnel fédéraliste, en utilisant le paravent de l’Union sacrée contre la Russie donnent l’occasion au mouvement communiste et au camp de la paix en général de se remobiliser !
GQ, 7 mars 2025
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
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