Sur la crise - et les échecs - du mouvement communiste en Italie
14 Février 2025 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Théorie immédiate, #Communistes en Italie, #Front historique, #L'Europe impérialiste et capitaliste
Envoyé par Axel Moumbaris
La bonne ligne et la bonne pratique sont certainement essentielles, mais il y a fort à parier qu'il faut aussi de la chance et que l'organisation prolétarienne de l'avenir, en Italie et ailleurs surgira par surprise, au terme d'un processus darwinien, en quelque sorte, de "survie du plus apte"... ndgq
LA CRISE DU MOUVEMENT COMMUNISTE EN ITALIE
Dissiper le brouillard
Comprendre la véritable signification des fausses reconstructions
Anciens combattants et aventuriers communistes qui ont mal tourné, ne signifie pas pour nous, le début d'une guerre de religion contre ceux qui persistent dans la l'obstination à se répéter. Cette façon de faire s'inscrit dans une tradition vieille de plus de dix ans; elle a conduit à des divisions et à des scissions sans construire d'alternatives.
Les analyses critiques que nous faisons de la situation actuelle servent plutôt à ramener la discussion sur un terrain qui permet de comprendre comment la question communiste se pose en Italie, par rapport à des événements historiques, tels que l'autoliquidation du PCI et l'effondrement de l'URSS; évènements qui ont produit un épais brouillard sur le que faire ? de ceux qui veulent s'opposer à la défaite.
Nous nous sommes toujours opposés au fait que la dramatisation des événements qui frappaient au cœur le mouvement communiste et les communistes italiens, ait été suivie d'autoproclamations, sans une analyse correcte de ce qui se passait et la manière d'y faire face. Le point central de notre raisonnement a toujours été le suivant : comment une organisation communiste en crise pouvait-elle produire simultanément une alternative immédiate, en l'absence d'une base théorique, politique et de classe solide, sur laquelle elle pourrait se développer ?
Les résultats négatifs des choix effectués se sont manifestés non seulement en termes de développement organisationnel manqué des formations communistes qui ont tenté l'aventure, mais aussi et surtout en ayant changé un mouvement radical varié, dont une partie a utilisé des étiquettes communistes, pour quelque chose qui aurait pu être attribué à un contexte de crise.
Nous sommes convaincus que le développement historique d'un mouvement révolutionnaire communiste, visant à modifier une réalité sociale concrète, ne peut se reproduire sur une base purement idéologique et que ce développement a plutôt besoin d'un processus de reconstruction stratégique fondé sur des bases objectives et non sur la poursuite du des événements au jour le jour..
Autrefois, nous avons défini la situation en prenant l'exemple d'un radeau qui tenterait de remonter le cours impétueux d'une rivière, mais l'illusion produite par l'insistance à ramer ne modifie pas le cours réel des choses et c'est finalement le courant qui l'emporte. C'est la vision que l'on peut tirer de l'expérience des décennies passées, où ont prévalu des cultures qui ont peu à voir avec le matérialisme communiste. Ces cultures ont, au contraire, soulevé un brouillard qui empêche de voir les choses telles qu'elles sont et de permettre aux avant-gardes communistes de développer une action efficace.
N'oublions pas que ce que nous considérons comme la période de reprise a été dominée par une pensée qui était en dehors du courant culturel et théorique de l'histoire des communistes. La Refondation communiste, "Lotta continua", "Potere operaio", le brigatisme, l'autonomie ouvrière, qu'avaient-ils en commun avec les communistes et le communisme historiquement défini? Ce n'est pas un hasard si ces expériences se sont éteintes rapidement et s'il n'en reste aujourd'hui que des ruines, qui ont cependant laissé des traces et continuent d'exercer une influence non pas politique mais culturelle, qui pèse sur les nouvelles générations.
Mais alors, comment aborder cette situation ?
Pour commencer, il faut sortir d'une approche qui fait abstraction de l'histoire du mouvement communiste italien, ce qui s'est produit dans presque tous les cas où l'on a tenté de reconstruire quelque chose qui qui ressemblerait au communisme. C'est cette erreur fatale qui a conduit à la situation actuelle : on est parti de concepts généraux, sans ramener le raisonnement aux contradictions réelles et à la manière de les utiliser dans un projet stratégique. On a jeté le bébé avec l'eau du bain, ce qui a entraîné la destruction d'une mémoire historique qui était et reste la base de toute reconstruction possible.
Qu'y a-t-il d'important dans cette mémoire historique qui puisse donner un sens à une reconstruction qui reposerait sur des bases solides ? Deux choses essentiellement : maintenir un jugement ferme sur la valeur du mouvement communiste en interprétant correctement les passages de Lénine à Staline, jusqu'à la Chine d'aujourd'hui et, deuxièmement, comprendre l'histoire des communistes italiens ; comment ils se sont mesurés à un projet de transformation de la société italienne, et à quel point la situation a changé pour vouloir justifier l'élaboration ex novo de nouvelles voies de transformation.
En ce qui concerne plus particulièrement les communistes italiens, la planification d'une reprise après la dissolution du PCI ne peut se faire qu'à condition de comprendre le rôle que les communistes ont joué dans la société italienne et de renouer avec le fil rouge qui a caractérisé cette expérience, en analysant aussi la nature et le moment de la crise qui a frappé le parti communiste et surtout quels ont été les éléments réels qui ont déterminé cette dégénérescence et les conséquences qu'elles ont eu sur l'involution politique de classe en Italie.
Il ne fait en effet aucun doute que la fin du PCI a provoqué le basculement vers la droite de toute la situation italienne. La capacité à modifier les nouveaux rapports de force est donc nécessairement liée à la réorganisation. Il ne peut y avoir aucune crédibilité sans ce passage obligé. La question n'est donc pas idéologique, mais concrète et elle concerne le rôle même d'un parti communiste.
Tout cela signifie que les communistes doivent se préparer à cette tâche en définissant une tactique et une stratégie qui correspondent à une capacité réelle de changer l'état actuel des choses, en combinant les luttes et les perspectives politiques. Les deux doivent être maintenues ensemble et c'est précisément là, le rôle des communistes.
Pour ce qui concerne le cas spécifique de l'Italie d'aujourd'hui, qu'est-ce que cela signifie ? Sur le plan stratégique, cela veut dire qu'il faut tenir compte de la manière dont les fondateurs et les dirigeants du PCI, avant le tournant de Berlinguer, ont géré la ligne du parti, tant dans la phase de lutte contre le fascisme qu'avec le tournant de Salerne et enfin avec une guerre de position qui a duré jusqu'à la défaite électorale de la « loi escroquerie » de De Gasperi en 1953 et signifie aussi qu'il faut relier ces expériences fondamentales aux initiatives actuelles de ceux qui veulent reconstruire une organisation communiste.
Ces derniers doivent en outre surmonter une épreuve difficile qui consiste à redonner l'autonomie de classe aux travailleurs écrasés par le corporatisme confédéral, rendre effectifs les droits constitutionnels en matière d'économie et de droits sociaux, créer un front antifasciste et démocratique contre l'avancée de la droite et les hypothèses néo-centristes, faire grandir le mouvement contre la guerre et l'impérialisme occidental dont l'UE fait partie intégrante.
En somme proclamer: le cœur de l'avenir s'enracine dans l'ancien. Et c'est là le point de connexion entre le passé et le présent qui peut donner corps au mot communiste.
pour le Bureau de Correspondance du
Forum Italien des Communistes
Ennio Gori
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
Les textes originaux, écrits par l'animateur seul ou en collaboration et dont il endosse pleine et entière responsabilité sont publiés dans la catégorie GQ, accessible directement dans la barre de menu. Ils sont reproductibles, sans modification, à condition d'en mentionner l'origine.
Les commentaires sont publiés après validation, mais ne sont pas censurés, sauf abus (insultes, diffamation, mythomanie, publicité, non-pertinence, ou bêtise manifeste).
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Catégories
- 6953 Impérialisme
- 4782 Ce que dit la presse
- 4328 Economie
- 3183 lutte contre l'impérialisme
- 3123 Répression
- 2879 Journal des luttes
- 2824 Front historique
- 2663 États-Unis
- 2340 Qu'est-ce que la "gauche"
- 2274 A gerber !
- 2230 Ukraine
- 2127 l'Europe impérialiste et capitaliste
- 2054 classe ouvrière
- 2027 Cuba
- 1975 Russie
- 1863 Positions
- 1830 Syndicalisme en débat
- 1748 Initatives et rendez-vous
- 1694 Théorie immédiate
- 1634 Chine
- 1560 L'Internationale
- 1297 Élections
- 1178 Réseaux communistes
- 1119 Venezuela
- 1100 loi travail
- 1017 Amérique latine
- 956 L'Europe impérialiste et capitaliste
- 931 Asie
- 857 élection 17
- 856 Afrique
- 853 Europe de l'Est
- 842 la bonne nouvelle du jour
- 662 Publications
- 603 Royaume-Uni
- 588 Art et culture révolutionnaires
- 575 Congrès du PCF depuis 2008
- 561 Syrie
- 518 Articles les plus lus archivés chaque semaine
- 490 Asie occidentale
- 468 GQ
- 457 Corée
- 430 Colombie
- 428 Euroboycott
- 372 Grèce
- 350 Luttes 2008-2011
- 335 Brésil
- 332 Communistes en Italie
- 294 Bolivie
- 287 La bonne nouvelle du jour
- 280 Mille raisons de regretter l'URSS