Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Réveil Communiste

Ramener la classe ouvrière au socialisme

13 Avril 2025 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Qu'est-ce que la "gauche", #classe ouvrière, #Economie, #Réseaux communistes, #GQ

Le grévistes de Samsung

Le grévistes de Samsung

"L'œil du peuple voit juste" (Mao Zedong).

L’objectif des réseaux communistes est de réaliser le socialisme en France, et d’autres pays du premier monde anciennement industrialisé et qui furent historiquement bénéficiaires de l’impérialisme.

Pour cela il est nécessaire que la classe ouvrière et les classes populaires en général dans ces pays se tournent à nouveau vers ce projet politique, et y adhèrent à nouveau intellectuellement et émotionnellement. La classe ouvrière est en effet la seule à même de réaliser le socialisme, et le socialisme est prioritairement un projet économique politique et social au service de cette classe.

En partant de ce postulat, il faut tenir compte des idées qui règnent dans ses têtes, non pour les endosser telles-quelles, mais pour les comprendre, éviter les blocages, et trouver un nouveau sens commun.

Pour le moment les prolétaires occidentaux sont neutralisés par l'extrême-droite, ou par le repli dans l’abstention, et pour la partie immigrée, par une gauche radicale à tendance communautariste qui n’a de radical que le nom. En divisant les prolétaires en deux camps idéologiques irréconciliables sur une base ethnico-religieuse, la bourgeoisie a réussi à annihiler leur potentiel politique.

Il faut donc en priorité faire sauter ce verrou et réunifier la classe. Certains politiciens de gauche ou groupuscules radicaux prétendent d’ailleurs réconcilier « les tours et les bourgs » ou « les beaufs et la racaille », sans craindre la caricature, mais ils ne semblent pas avoir des fondements théoriques très solides pour le faire, car il ne s'agit pas pour eux de socialisme mais de redistribution. On dirait plutôt qu’ils ont découvert un filon qu’ils exploitent pour passer à la télévision.

Les Insoumis avec Mélenchon en 2017 avaient réalisé une timide avancée sur le plan purement électoral, en unifiant les populistes de la gauche souverainiste et l'extrême-gauche intersectionaliste. Mais dès 2018, le tribun au langage populaire mais anachronique a vacillé, et brusquement rompu l’alliance en excluant les premiers en bloc, et a choisi de s’enfermer dans une tactique perdante qui associe le vote bourgeois de gauche des quartiers gentrifiés au vote des banlieues ghettoïsées, en rejetant dans les ténèbres extérieures les prolétaires périphériques et ruraux, pourtant les plus nombreux.

Les partis ou les coalitions qui prétendent représenter les prolétaires, par exemple dans le Nouveau Front Populaire en France représentent en réalité d’autres couches sociales, pénétrées par l’idéologie post-moderne, individualiste, et  libérale-libertaire.

Retrouver l’écoute de la classe ouvrière implique qu’il ne faut pas heurter de front ceux qui  y appartiennent, que ce soit en s’attaquant au conservatisme moral qui domine chez elle, des deux cotés de la fracture ethnique, ou en s'affichant comme des militants de l'idéologie individualiste post-moderne de la bourgeoisie mondialiste - qui est d'ailleurs à la peine partout dans le monde.

Les préjugés des classes populaires ne sont pas des tabous, mais ceux des classes moyennes non plus.

Les prolétaires sont remontés à bloc contre l’insécurité, l’immigration et l’assistanat. Ils n’ont pas forcément raison d’être braqués à tel point sur ces questions, mais ils ont des arguments à avancer, qui ne sont pas réductibles à des pulsions haineuses - et si c’était le cas ce ne serait pas une raison de baisser les bras, car sans eux, on ne changera rien à l'ordre du monde.

Leurs arguments ne sont pas toujours cohérents, mais ils sont entendables.

Ils ne sont pas toujours compatibles entre eux non plus : si on refuse l’immigration parce quelle fait pression à la baisse sur les salaires, on ne peut pas en dire autant de l’assistanat : les aides sociales en retirant des demandeurs du marché du travail, font monter les salaires des autres … mais il reste qu’elles sont financées en dernière instance par le surtravail des ouvriers du Sud et de l'Est, ou celui des immigrants dans les métropoles - mais ça, ça ne gêne personne apparemment.

Quoi qu’il en soit, les prolétaires de toute origine sont fortement attachés à la morale du travail et ne peuvent être ni représentés ni organisés adéquatement par des militants qui eux n’y croient plus - puisqu'ils rêvent d'un revenu universel.

Ceux qui représentent la dilution conformiste au bout de deux générations du mot d’ordre soixante-huitard « ne travaillez jamais » ne peuvent pas représenter le monde du travail.

Les idéologues radicaux à la mode américaine non plus : ils pourront être les antiracistes les plus sourcilleux, ils ne représenteront jamais correctement les travailleurs musulmans, arabes, noirs ... Elles pourront être les féministes les plus intransigeantes, elles ne représenteront pas mieux les intérêts des ouvrières.

Enfin, aucune politique digne de ce nom qu’elle soit ouvrière ou non ne peut être menée dans des États non-souverains, c’est à dire en acceptant les cadres contraignants de l’euro, de l’UE et de l’OTAN. Et force est de constater que les actuels militants de gauche après un séjour normatif à l'université et un éventuel stage "Erasmus" se sentent dans ce cadre occidental globalisé comme des poissons dans l'eau, et en épousent tous les préjugés et tout l'aveuglement géopolitique.

Un milieu militant représentatif de la classe ouvrière et un parti, au sens large, doit donc être reformé à nouveaux frais dans l'esprit du socialisme et du travail, du travail pour le socialisme.

Le RN, viscéralement opposé au socialisme et à toutes les mesures sociales concrètes, et qui travaille activement à diviser la classe ouvrière n'est évidemment pas ce parti, bien qu'il obtienne en ce moment la majorité des suffrages des ouvriers. Si on recherche le vote ouvrier perdu, voter RN  "avec les ouvriers" comme le voulait une influenceuse souvent mieux inspirée est plutôt étrange, puisque c'est aussi voter contre eux. Mais il faut analyser rationnellement les raisons de son succès et en tirer des conclusions pratiques.

Et éviter de confondre sa voix pour avoir l'air "politiquement correct" avec le discours officiel du capitalisme dans les médias et dans les institutions, aussi progressiste ou humaniste puisse-t-il affecter d'être devenu.

GQ, 13 juillet 2024, relu le 13 avril 2025

PS L'influenceuse est Tatiana Ventôse qui prétendait que voter RN est une manière de montrer sa solidarité de classe avec les ouvriers ! Ce raisonnement absurde est plus répandu qu'on croit.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Bonjour.<br /> Je ne reviendrais pas une énième fois sur l’illusion d’un retour au socialisme-communisme. <br /> <br /> Je pointerais juste un problème de langage. L’usage inapproprié du terme "extrême-droite", alors que le plus souvent le terme juste serait "droite nationale". Cela permettrait de mieux comprendre les événements, et notamment l’adhésion des travailleurs au RN, mais aussi l’opposition que rencontre ce courant de la part de la bourgeoisie mondialisée.<br /> Mal nommer les choses…<br /> <br /> Cordialement.<br /> Luc Laforets.<br /> www.1P6R.org
Répondre
D
Merci de cet article.<br /> Le non dit du revenu universel est le capital culturel qu'il est nécessaire d'avoir accumulé pour pouvoir en jouir pleinement. Pour le petit bourgeois a tendance marginale, la perception d'un revenu universel peut être, consommation de drogues douces aidant, la possibilité de "temps libre" nécessaire à la jouissance de son capital culturel (lecture, musique, arts...) acquis depuis l'enfance dans le cadre d'une structure familiale bourgeoise.<br /> Pour le prolo, la mise au revenu universel abrupte après 20 ans d'usine ou de chantier c'est trés vraisemblablement la misère, la solitude et la dépression.<br /> Tous les sujets "sociétaux" sont biaisés car ils sont systématiquement perçus à travers les yeux du petit.e bourgeois.e de gauche.
Répondre
L
La notion de classe ouvrière n'est pas un concept. Marx ne l'utilise que de façon polémique et comme il écrit au XIXe siècle, en allemand, anglais, farnçais; en teuton du XIXe Arbeiter Klass concerne les seuls travailleurs manuels, en anglais working class c'est la classe des tarvailleurs en toute généralité, en français ce n'est pas défini. Pour Marx et Engels le concept scientifique, forgé par Marx imself, c'est prolétariat (voir son exemple sur la cantatrice). Nous aurions tout intérêt à travailler sur la liaison théorico/pratique entre Salariat et prolétariat !
Répondre
R
J' ai travaillé pendant 43 ans à la sécurité sociale d' abord comme employé puis comme cadre supérieur et je me suis toujours considéré comme appartenant à la classe ouvrière ou plutôt comme le dit GQ au prolétariat , car nous étions exploités comme les ouvriers des usines et des chantiers, notamment à cause d' une politique de très bas salaire et des objectifs inatteignables qui provoquaient du stress et des burrn out en grand nombre, des compressions d' effectifs continues, en 1966 ma caisse comptait 1200 agents et actuellement 650, et l' informatisation n' explique pas tout, car elle aurait dû permettre en conservant les effectifs d' améliorer le service en direction des assurés. <br /> Notre force de travail consiste à rendre des services aux travailleurs afin qu ils puissent quelque soit les aléas de la vie utiliser leur propre force de travail pour produire des matières premières, ce lien dans la chaîne de production nous fait appartenir à la même classe.
R
"Classe ouvrière" est une expression que j'emploie pour dire "prolétariat" parce qu'elle est moins connotée "jargon théorique". Si les ouvriers sont chassés des statistiques de la sociologie, et si les travailleurs manuels tendent à diminuer, la classe ouvrière est bien plus large que cela, et contient de nombreux néo-travailleurs indépendants, des cadres, de professions intermédiaires. depuis elle est majoritairement employée dans les services. De plus ouvriers et employés doivent être compris comme appartenant à la même classe - et concrètement appartiennent aux mêmes familles. Efin le socialisme est le système où l'État planifie et gère l'économie et contrôle les moyens de production. Du point de vue de la classe ouvrière, c'est le système du droit au travail pour tous - et non du revenu pour tous..
D
Je ne dirai pas « ramener la classe ouvrière au socialisme », mais plutôt « convaincre la classe ouvrière et ses alliés » d’une issue favorable à ses intérêts !<br /> <br /> Avez vous remarquer que tous les candidats aux législatives sont pour l’UE, pour l’OTAN (et donc contre la Russie) ne rediscute pas l’euro et ne disent pas un mot sur la dette ? Ah si, il y en a quelqu’uns, mais ils n’ont aucune couverture médiatique, et il faut être un spécialiste de la chose pour pouvoir citer un nom ou deux !<br /> On peut conclure que tous les candidats de tous les partis sont dominés par la bourgeoisie. Ce n’est pas avec eux que la classe ouvrière et ses alliés verront leurs conditions de vie s’améliorer !<br /> Cela montre qu’accepter de participer aux élections est d’abord une soumission à la bourgeoisie, c’est accepter son modèle ! Ceux qui ne l’acceptent pas sont invisible dans la presse milliardaire ou, quand l’invisibilité n’est pas possible, condamné avec la plus grande vigueur. C’est le cas de ce pauvre Mélenchon, que la bourgeoisie soupçonne de dissidence, alors il sera anti-sémite, communautarisme, ou islamo-gauchiste : l’horreur quoi. Et la charge est si forte que quelques esprits faibles de son entourage préférent s’en éloigner de peur d’être maltraité par cette bourgeoisie détenant la presse milliardaire !<br /> Pour atteindre l’objectif défini il est donc nécessaire de dénoncer la « démocratie bourgeoise » qui, par les élections qu’elle organise, demande à la population de désigner les dirigeants de la bourgeoisie qui seront aux affaires ! Sans prendre garde à ceux qui refuse de participer !<br /> Cela induit de prendre ses distances avec l’UE, qui est une sorte d’instrument capitaliste de type mafieux qui dicte les volontés du capital aux dirigeants des pays membres. Le « pouvoir » des gouvernements est ainsi un produit faisandé, marginal, sans objet. Il faudra donc quitter l’UE pour contrecarrer le pouvoir du capital<br /> Cela induit, bien sûr, de créer une monnaie national pour avoir une maitrise de sa propre économie, c’est à dire abandonner l’Euro.<br /> Il est nécessaire enfin de prendre ses distances avec l’OTAN, qui assure l’emprise de la domination étasunienne sur l’UE. Immédiatement, ça veut dire soutenir la Russie qui fait face à l’agression de l’OTAN et dénoncer Israël qui fait un nettoyage ethnique en Palestine.<br /> Ceux qui sont capables de se positionner de cette manière pourraient être capables de défendre les intérêts de la classe ouvrière et de ses alliés, intérêts contraires à ceux du capital.<br /> Il reste d’autres sujets à éclaircir. Au moins deux : qu’est-ce que l’extrême droite et qu’est-ce que l’immigration ?<br /> L’extrême droite n’est pas une classification de la bourgeoisie qui en fait usage quand elle est aux aboi. Cela arrive quand la bourgeoise n’arrive plus à rien avec sa méthode « soft » de « démocratie débonnaire », parce que la population n’y croit plus. Alors elle choisit la force brutale. L’extrême droite est donc un mode de domination du capital. Le RN n’a pas vraiment l’appui du capital. On voit bien les efforts du capital pour s’en servir de repoussoir sans lui donner la moindre chance d’aller aux affaires. Par contre Macron a un lien clair et constant avec le capital et choisit la brutalité pour se maintenir. C’est là où il faut aller chercher l’extrême droite, pas dans les divagations du RN.<br /> L’immigration est un autre thème clé. La position « je suis contre l’immigration et je suis raciste » s’opposant à « je ne suis pas raciste et je suis pour l’immigration » est sans consistance. L’immigration est un acte du capital, pour obtenir des bas salaires et une division au sein de la classe ouvrière. Les « métiers en tension » où les patrons rêvent d’employer des immigrés, en est une illustration. Des métiers sont « en tension » juste parce que les conditions de travail sont mauvaises et les salaires trop bas. Il faut donc distinguer l’immigration, acte du capital, et les immigrés sur notre sol, parti entière de la classe ouvrière.<br /> Un exemple : lorsque après la première guerre mondiale sont apparus dans le Pas de Calais, des mineurs polonais, qui les a appelé ? Les mineurs ou les houillères ? Poser la question, c’est y répondre ! Pour ces polonais, salaires bas, pas de statut du mineur, encadrement par des prêtres polonais. Bref, une population docile et pas chère, et l’hostilité des mineurs du Pas de Calais. Le problème, c’est que ça n’a pas durer, puisque ces polonais ont finis par se disperser dans la population française, essentiellement par le mariage et sont devenus des mineurs à part entière. D’où la distinction entre immigration et immigrés. Devant cet échec les houillères ont appelé des mineurs marocains, pour un résultat semblable (en France nous sommes les champions du mariage mixte !)<br /> Bref, il y a du chemin à faire ! Alors commençons maintenant !
Répondre
R
Sortir de l' UE, de l' Euro et de l' Otan semble une évidence pour aller vers le socialisme mais pour sortir du capitalisme il est impératif de le priver de la main mise sur l' économie par l' appropriation sociale et collective des moyens de production, de la finance et de l' énergie, or plus aucun partie de gauche qui se présente aux élections ne fait un préalable de cette mesure, ils se contentent donc d' être les gestionnaires du système... Alors le socialisme....
D
J'ignore à peu près tout des positions du PTB. Le PRCF est en effet favorable à la sortie de l'UE, de l'Euro et de l'OTAN, mais on pourrait aussi citer François Asselineau, Florian Philippot et Xavier Moreau (au moins). Mais je ne connais pas leurs positions sur l'extrême droite et l'immigration. Selon moi, il faut faire attention aux caractérisations à l'emporte pièce qui interdise toute nuance, toute connaissance.
R
Quelque chose comme le PTB avec un peu de PRCF !