De la vanité du jeu politique interne au PCF en général, et de ses congrès en particulier (actualisé en novembre 2018)
22 Novembre 2018 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Réseaux communistes, #Congrès du PCF depuis 2008, #CN du PCF, #élection 17
C'est pour les opposants à la ligne capitularde poursuivie depuis Martigues ( en 2000 - et sans doute bien avant !), donner tête baissée dans un piège. Le congrès du printemps 2016 produisit une répétition de la situation de 2013 avec les mêmes groupes oppositionnels marginalisés dans le parti et hostiles entre eux, qui rejouèrent la partie perdue depuis 2003 (dont la mémorable section "historique" du XVème, le groupe trotskyste La Riposte, le groupe plus ou moins marchaisien constitué autour de la section de Vénissieux que j'ai soutenu en 2008 et 2013), qui avaient déjà perdu leurs dirigeants historiques (Grémetz, Gerin, Henri Alleg, etc), et dont la stratégie sembla s'épuiser dans la production de textes dont le contenu était forcément excellent sur le papier, mais sans objet réel. Ces groupes refusaient les tendances au nom du centralisme démocratique, mais constituaient des tendances de fait, parfaitement sclérosées. Le centralisme démocratique devint dans ces conditions un pur fétiche qui servait à justifier les chamailleries, l'inaction et le refus des clarifications et de la prise de risque politique.
Persévérer dans ses idées à contre-courant de l'air du temps pendant de longues années est louable, mais non persévérer à reproduire des tactiques qui ratent à tous les coups ! On pouvait penser que tout ce qui renforcerait un courant révolutionnaire dans le PCF serait bon à prendre, mais si ce révolutionnarisme n'est constitué que de mots creux, lancés pour dévoyer les énergies vers des querelles qui paraitront vues de l'extérieur infantiles et byzantines, ce n'est qu'une nouvelle forme de gauchisme et un opportunisme de gagne-petit.
Ce que devraient faire les communistes dignes de ce nom, c'est un congrès pour fonder un nouveau "parti prolétarien révolutionnaire" (qui ne porterait évidemment pas un tel nom connoté gauchiste si éloigné du langage ordinaire), avec les éléments sains des divers groupes communistes, dont le PCF. Le signifiant "communiste" en tant que tel n'est évidemment pas un critère suffisant pour sélectionner ces éléments. Leur caractère sain ne peut se révéler que par la pratique concrète.
La section de Vénissieux aurait pu engager une dynamique dans cette direction, dans et hors le PCF, mais elle ne l'a pas fait. D'où l'enlisement de tentatives comme le réseau interne "Faire vivre et renforcer le PCF", ou hors parti "les Assises du communisme". Responsabilité partagée il est vrai avec les groupuscules qui ont freiné des quatre fers pour garder un contrôle illusoire sur ce mouvement à peine esquissé.
La fête de l'Huma 2016 a donné un nouvel aperçu de ce vide, où l'on a vu la plupart des militants qui s'expriment dans les médias se laisser tranquillement canaliser vers un vote PS au second tour. Le seul objectif du groupe dirigeant semblait être de chercher à secourir un PS en perdition avec ses maigres forces, tandis que l'opposition s'égosillait à réclamer une "candidature communiste" de confusion, la candidature potentielle Chassaigne, bien plus à droite que celle de Mélenchon, ou même que celle de Marie-George Buffet en 2007.
Lorsque Mélenchon a proposé sa candidature présidentielle avec un accent anti-Otan et anti UE parfaitement audible, les oppositionnels de toujours au PCF qui disaient la même chose que lui, mais qui prêchaient dans le désert depuis le congrès de Martigues (2000) ou depuis plus longtemps encore auraient dû le prendre au mot et dire "banco" comme l'a fait le PRCF, dont ils partagent d'ailleurs presque toutes les positions. Mais l'amour de la vieille maison a été le plus fort et les identitaires du PCF ont concouru tant qu'ils ont pu au sabotage en règle organisé par les deux tendances les plus droitières et opportunistes de la direction : les déçus du "Front de gauche" qui ont fini par trouver Mélenchon affreusement patriotique, carrément fasciste, et les thuriféraires gayssotins sociaux-libéraux de la "gauche plurielle" conservés au frais dans la "cellule "éco" qui le trouvaient affreusement protectionniste, carrément nazi !
L'opposition de gauche au PCF ne se bat en fin de compte que pour maintenir le PCF en vie, tel qu'il est, et par sa force d'inertie contribue à la culture de l'échec qui le caractérise.
En octobre 2018, un texte alternatif soutenu par une bonne partie de cette opposition est arrivé en tête; mais il a fallu s'aligner pour cela sur les droitiers nostalgiques de la gauche plurielle et tous ceux qui ont montré leur véritable inclination politique en travaillant pour le ralliement à Hamon au printemps 2017.
Il est significatif que le premier secrétaire du parti à être mis en minorité par la base du PCF soit aussi le premier à pouvoir lui montrer des succès depuis très longtemps. Mélenchon a été lancé par l'appareil du PCF en 2012, et quoiqu'on pense de lui, en terme électoral, il a rempli son contrat. Le PCF de la base au sommet aime le confort de la lutte sans enjeu et la défaite sans combat. Une teinte de nostalgie pour l'URSS n'y changerait pas grand chose.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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Les militants du PCF étant absorbés par la préparation de leur congrès, une mise en garde et un rappel s'impose à ceux qui prendraient au sérieux ces enfantillages.
Les militants du PCF ont voté pour un texte de base de discussion de leur 38ème congrès, alternatif à celui présenté par leur direction, à 42% contre 38%, ce qui impressionne favorablement la presse ce week-end. Si on en croit ses articles, les "identitaires" du PCF conduits par André Chassaigne menacent le poste de Pierre Laurent. Cette péripétie ne change pas grand chose aux observations ci-dessous. En effet, Chassaigne n'a absolument rien d'un révolutionnaire, et la coalition de tendances qui l’utilise comme porte-voix et qui unit sociaux-libéraux et bolcheviks de papier n'est soudée que par le rejet intempestif de Mélenchon, largement semé dans le parti par les dirigeants eux-mêmes. (note de GQ, 7 octobre 2018).
Le compromis qui porte Fabien Roussel à la tête du parti sous la surveillance de l'appareil ne modifie en rien la situation générale (22 novembre).
Rappel de la décision du 15/12/2014 :
"Réveil Communiste" ne publiera plus à l'avenir de compte rendu d'intervention au CN du PCF, car il est contreproductif de faire croire que ce lieu est un réel forum de discussion et d'expression démocratique. Les membres du CN représentant l'opposition y sont neutralisés et finissent par servir de faire valoir pseudo-démocratique, tandis que leurs interventions ne sont jamais rapportées ni commentées dans les médias liés au parti.
Commentaire :
Le PCF dans la mesure où il existe encore est maintenant très majoritairement animé par des cadres qui ont été formés à l'image des idées du groupe dirigeant postcommuniste, et dont l'idéologie se situe quelque part dans ce qu'on appelait autrefois le marais, ou le "centre-gauche", avec un vernis bariolé postmoderne et il ne va pas changer de sitôt, s'il change jamais. Le PCF actuel est beaucoup plus à droite que ne l'était la plateforme de Mélenchon pour les présidentielles. Il peut survivre dans cet état encore cent ans, en appoint à qui voudra bien de son soutien opportuniste en échange de places et d'élus, et même survivre au PS, comme l'a fait le Parti radical de Clemenceau qui existe encore.
Comme on dit, on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif. Mais on peut aussi décider de cesser de servir de caution. En 2014, certains militants oppositionnels du PCF auraient bien voulu boycotter les européennes, mais ils ne l'ont pas osé pour préserver leur chances d'intervention dans ce cénacle, notamment à l'occasion de la conférence nationale du 8 novembre 2014 que l'Univers attendait avec impatience. On a vu le résultat. C'est à dire que comme d'habitude on n'a rien vu.
Les congrès du PCF sont des impasses politiques. Après plus de dix ans d'expérience de la question, j'en suis venu à penser que la participation aux congrès du PCF aboutit quelque soit le contenu du débat à renforcer la légitimité identitaire d'un groupe dirigeant inamovible, qui est en pratique ultra-droitier, quoi qu'il dise, tout en s'éloignant du débat public pour plonger dans un entre-soi militant où l'on se sent en sécurité à l'abri du regard du prolétariat.