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Réveil Communiste

Les lois du mouvement historique.

7 Novembre 2025 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Théorie immédiate, #Front historique, #Russie, #Economie

Lénine en 1917

Lénine en 1917

Pour le capitalisme, dans l’histoire, « le mouvement est tout, le but n’est rien ». Mais l’expérience historique semble bien prouver qu’en l’absence d’un but, tout mouvement progressif cesse, voire même que le char de l’histoire se met à dévaler la pente à reculons.

L’histoire est donc orientée vers un but. Sinon elle n’est que ce « récit plein de bruit et fureur, raconté par un fou, à l’intention des idiots » dénoncé par Shakespeare par la voix de Mac Beth.

Le matérialisme historique trace sa route à travers les siècles de l’histoire humaine et la décrit à grandes enjambées. Marx, dans l’Introduction de 1859 à la Critique de l'Économie Politique, à lire ici : , Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste (1847), Staline, dans Matérialisme Historique et Matérialisme Dialectique (1937), ou Gramsci, dans les Cahiers de Prison, par exemple au cahier N°16 article 26, à chaque fois par le moyen de textes brefs et clairs ; on essaiera ici de faire de même.

L’histoire de l’humanité est très courte et la préhistoire en représente 99% : un ou deux millions d’années depuis les premières ébauches d’outil par un être qui n’est pas encore humain par son apparence, 400 000 ans depuis l’utilisation du feu qui le singularise dans le monde animal et le propulse en haut de la chaine alimentaire, comme prédateur sans prédateur, mais 150 000 ans d’existence au plus pour l’espèce humaine dans sa forme actuelle, l’homo sapiens-sapiens. En analysant l’ADN et l’ARN humains, les généticiens auraient démontré que tous les membres de l’espèce descendent de quatre individus (de sexe féminin - sic!) qui auraient vécu il y a 75 000 ans. Dans sa plus longue extension temporelle, l’humanité n’a existé que pendant 0,05 % de la durée d’une planète de 4,9 milliards d’années et 0.02% de celle d’un univers de 13,5 milliards d’années d’âge.

Mais l’histoire proprement dite est bien plus courte encore : elle se met en place soudainement comme temporalité irréversible avec l’invention de l’agriculture, quand l’espèce humaine sort de la soumission à la nature en devenant apte par l’organisation sociale à produire et à conserver ses aliments, et non simplement de les recueillir dans le milieu ambiant. Cette réserve alimentaire conservée sur l’année, étendue bientôt à d’autres ressources, est aussi l’invention de la richesse, épargnée et cumulée, et le début d’une modification cataclysmale, en termes de vitesse relative, du milieu naturel. Car dix mille ans ne sont à l’échelle du temps géologique qu’un instant.

8000 ans sont passés depuis l’invention de l’agriculture, 5000 depuis l’invention de l’écriture, 2500 ans depuis le commencement grec de la pensée rationnelle qui sépare en Occident la science et l’histoire du mythe - et de celui d'une révolution intellectuelle similaire en Chine, 585 ans depuis le premier livre imprimé, 250 ans au plus depuis le début de la révolution industrielle en Grande Bretagne, 130 ans depuis le vol du premier avion, 80 ans depuis la bombe atomique, 56 ans depuis la mise au point du réseau Internet.

Les choses se précipitent et il y a incontestablement une accélération de l’histoire humaine, et une direction au devenir historique. Le sens de l’histoire, qui est clairement lisible a posteriori, il n’y a aucune raison qu’il commence à s’égarer maintenant, après avoir poursuivi sa tendance de progrès, c'est à dire de libération des contraintes naturelles et de maitrise des sources d'énergie, pendant tant de siècles, et il n’y a donc aucune raison de supposer qu'à partir de maintenant survient la fin de l’histoire, mais ce n’est pas indifférent que cette fin ait été proclamée partout à son de trompe vers le moment de la destruction de l’URSS, il y a 34 ans.

Cette tendance incontestable vers un progrès multiforme de l’humanité est en soi une énigme. La pensée dominante non seulement ne donne pas d’hypothèse sur la solution de cette énigme mais interdit même de la formuler, ou alors seulement sous forme non-scientifique, de sophismes théologiques et de pacotille New Age. Non qu’il soit désagréable de bavarder de métaphysique, mais contrairement aux apparences il s’agit ici d’une question urgente et pratique de toute première importance.

Cette direction de l'histoire se voit dans les faits les plus évidents : l’humanité est toujours plus nombreuse, plus instruite, échappe toujours davantage à la nature et à ses fléaux. Si l’homme individuel est reconduit après une vie plus longue que celle de ses ancêtres devant le déclin tragique de l’âge et la mort, son espèce échappe à ce cycle (quitte à accumuler des menaces globales à court terme, qui ne sauraient être résolues sans davantage encore de progrès). Le plus misérable des habitants de la terre dispose potentiellement de richesses dont ni Louis XIV ni Napoléon n’auraient pu rêver pour eux-mêmes, et manipule des objets techniques qu’ils n’auraient même pas pu imaginer. La faim, la guerre, la maladie et la souffrance physique reculent, malgré des rechutes cycliques.

L’humanité, envisagée à l’échelle séculaire, est aussi de plus en plus démocratique dans les divers aspects du concept et maitrise des champs de plus en plus divers. Le recours direct à la violence est de plus en plus illégitime. L’esclavage disparait. L’arbitraire recule. l'homicide aussi.

Aucun doute n’est donc possible : le progrès existe. Mais il ne vient pas tout seul : la recherche de nouveaux moyens techniques est animée par l’effort conscient et opiniâtre, bien que parfois exprimé dans un langage métaphysique issu du passé, d’améliorer la condition humaine, c'est à dire la condition des masses, en commençant par sa base matérielle. Et lorsque cet effort conscient cesse les régressions sont brutales et terrifiantes : fascisme, et guerre nucléaire.

Le matérialisme historique a déterminé la succession dans l'histoire de quatre modes de production, chacun étant supérieur au précédent, en quantité et en qualité : communisme primitif (dont le nom n’est plus très pertinent au vu des progrès de l’anthropologie, mais qui montre au moins l’absence de la propriété, de la marchandise et de l'État à ce stade), correspondant à peu près au néolithique. Puis : le mode de production esclavagiste (Antiquité classique), le mode de production féodal (Moyen Âge européen et japonais), et le mode de production capitaliste pour l’époque contemporaine ; l’époque moderne de 1400 à 1750 environ correspond à peu près à une transition progressive entre les deux derniers modes de production ; c’est aussi le moment du décollage européen des techniques simples, de la science rationnelle, de la technologie militaire, et de l’administration d’État qui prépare la révolution technologique et industrielle, qui commence vers 1750 en Angleterre, une révolution continue, et qui continue toujours.

[Note de 2020: Samir Amin propose dans Le monde arabe dans la longue durée (2011) une variante moins centrée sur l'Occident de la succession des modes de productions; et note de 2023 : Paul Cockshott a publié en 2017 un nouvel examen exhaustif et scientifique de l’histoire des modes de production, dans Une histoire mondiale du travail de la préhistoire au XXIème siècle].

Le mode de production capitaliste peut lui-même être subdivisé : capitalisme libéral, impérialiste, monopoliste (avec des anticipations de socialisme), et rechute néo-libérale et néo-impérialiste du capitalisme mondialisé actuel.

Le passage à chaque nouveau mode de production provoque simultanément une amélioration de la production générale, de la production par tête, une extension démographique considérable, mais aussi un renforcement de l’exploitation, c'est à dire le travail gratuit destiné aux possesseurs de moyens de production, et de son corrélat idéologique, moral et mental, l’aliénation. L’exploitation est toujours plus intense, et elle est aussi toujours mieux dissimulée par l'idéologie dominante, au point de devenir invisible à première vue dans les rapports sociaux, l’œil nu, dépourvu de la théorie critique, ne pouvant ou ne voulant plus la voir dans le salariat, rapport d’exploitation maquillé en transaction équitable. Exploitation invisible sans doute à l’intellect, mais durement ressentie par le corps des travailleurs, y compris des travailleurs intellectuels.

Enfin on peut remarquer que des innovations d’un mode de production développent toutes leurs potentialités dans le mode de production suivant : ainsi la monnaie et la marchandise, apparues dans l’Antiquité, le salariat et la société par action, apparus à l’époque féodale, caractérisent le fonctionnement du capitalisme pleinement développé. Il est douteux que ces institutions de la société humaine toujours plus complexe, qui sont aussi des instruments de la production et des échanges disparaissent totalement dans le mode de production suivant. Elles continueront d’exister au sein du mode de production socialiste, avec un rôle différent.

A cette suite orientée dont l'existence ne fait aucun doute, il faudrait ajouter un mode de production asiatique, ou hydraulique, ou « impérial » à cause de l’importance essentielle que joue l’administration de l’État, confondue avec la religion officielle, ainsi dès l’Antiquité en Égypte, au Pérou ou en Chine, pour organiser économie et écologie dans le but de protéger et de nourrir une population très abondante pour l’époque. Ce mode de production vient se greffer à divers moments du développement historique comme une branche divergente sur le tronc commun, et souvent comme une impasse et une stabilisation de l’histoire. Il présente parfois des anticipations étranges du socialisme, dans ses moins bons cotés, comme celui de la tendance à la stagnation, ou en tout cas d’un « État providence » avant la lettre.

Le mode de production impérial n’est pas la seule vicissitude rencontrée par le progrès dans sa marche en avant. On constate parfois les régressions d'autres modes de production vers des formes caractéristiques d’un mode de production antérieur (ainsi la réintroduction de l’esclavage dans le mode de production féodal à l’époque moderne, dans les colonies, et celle du servage en Europe de l’Est). Mais le mode de production qui est dit aussi asiatique se caractérise spécialement par une volonté politico-religieuse de stabilisation et de fin de l’histoire qui est comparable à celle qui pointe son nez dans le monde d'aujourd’hui. En cela la dénomination impérial lui convient mieux ; il est lié à la fondation des grands monothéismes, dont les appareils cléricaux ou les bras séculiers ont aussi cette volonté d’arrêter le développement du temps. Et aujourd’hui une grande énergie est investie dans la réactivation de ces monothéismes, en commençant par les plus vigoureux, les plus récents, et les moins amendables.

Le temps n’est cyclique qu’avant l’histoire, mais les empires veulent le « recycler », ou parfois le transformer en temps d’attente de l’apocalypse.

La réaction antisocialiste et antidémocratique de la fin du XIXème siècle, plus radicalement encore, imaginait de renvoyer l’humanité aux origines barbares, au bon vieux temps de la brute blonde venue du Nord. Il en subsiste dans la culture commune le mythe de l’éternel retour nietzschéen qui cherche à escamoter l'histoire et qui passe par profits et pertes l’humanité entière, sacrifiée au nom de l’esthétique.

Mais malgré ces tentatives de la ralentir, de l’égarer, de la perdre, l’humanité progresse inexorablement vers un but, et l’enjeu de la lutte des classes dans la conscience, qui s’exprime par la polémique philosophique, est la détermination de ce but.

Avec un air de sobriété, science et morale sous le capitalisme s’abstiennent d’en parler, et présentent ce renoncement prématuré comme une forme de sagesse et de modestie méthodologique. En fait, elles sont horrifiées par la question du but, et s’en détournent volontairement. La question du but commence alors à encombrer l'inconscient et à produire des symptômes. Le mouvement de l'histoire est devenue l'éléphant dans le couloir ! Mais l'évoquer seulement, ce serait retourner à la métaphysique, et celle-ci est rangée par la culture scolaire et universitaire du coté des forces obscures. Et il faudrait reconnaître alors qu'il y a bien une philosophie contemporaine, et une science qui en parlent, que c’est la philosophie du matérialisme dialectique, et la conception scientifique de l’histoire est celle du matérialisme historique. Si vous voulez entendre parler du but du mouvement historique dans le langage de la science rationnelle, c’est à elles qu’il faut vous adresser, et non aux monothéismes qui ressassent les compromis historiques des empires du passé avec leurs clercs sur le dos de leurs peuples.

Le communisme est le seul but collectif universel réconciliant l’individu avec l’espèce et résolvant la contradiction entre le progrès catastrophique des bâtisseurs de ruines et la stagnation impériale des gestionnaires de tombes, le seul horizon qui soit, où l’humanité elle-même, réunifiée, non plus divisée en classes, non plus asservie au capital, décidera librement de ce qu’elle entreprendra ; elle décidera s’il faut changer, détruire ou conserver, s’il faudra faire du neuf ou garder l'ancien. Elle ne se pliera ni au conservatisme systématique des réactionnaires et des nostalgiques des ordres d’antan, ni au mouvement perpétuel de destruction pseudo-créatrice du capital à la recherche insatiable du profit. Elle décidera rationnellement de ses besoins, de ses effectifs, et entreprendra la longue lutte de l'espèce pour sa survie multimillénaire, en s'engageant sur la voie tracée par Gagarine dans l’expansion dans le Cosmos, consciente de soi, en possession et maîtrise de la nature, mais consciente aussi d’être en danger durable d’être détruite par son propre élan.

Le socialisme est bel et bien le mode de production appelé à succéder au capitalisme, à la suite d’une longue période de transition. Mais on pourrait aussi bien l’appeler le mode de production de la conscience pratique, de la praxis, qui doit réunir les conditions du communisme. Et il ne s’agit pas pour le socialisme d’organiser la distribution à une population passive de biens aliénants inventés auparavant sous le capitalisme, et recopiés ensuite pour des siècles pour en jouir dans un paradis vite périmé. Seul le communisme qui décide de la création et de la production des biens peut permettre à l’humanité de réaliser ses buts, de prendre conscience de là où elle va de toute manière, mais où elle ne parviendra pas sans retard si elle n’en prend pas conscience. Ou bien, elle n'y parviendra pas si le capitalisme pourrissant la détruit avant.

Et la conscience actuelle de la direction déterminée du mouvement historique est une arme puissante pour rassembler les exploités vers le renversement de l’ordre social, et vers le passage de la préhistoire déterminée par l’économie à l’histoire consciente qui est son dépassement rationnel. La certitude d’aller vers le mode de production socialiste, et le communisme, compris comme société politique intégralement démocratique, est la certitude de la victoire finale qui se répand peu à peu dans les masses, et qui est une des conditions qui détermine cette victoire. Le futur n’est pas écrit dans un texte sacré, il est écrit dans les aspirations millénaires des peuples à la liberté, à l’abolition des classes, à la maîtrise du progrès technique mis à son service et non plus au service du profit et de la guerre, et à l’abondance matérielle consciemment produite et gérée dans toutes ses conséquences. Et si ces aspirations ne sont pas comblées, il n’y aura tout simplement de futur pour personne.

Socialisme ou barbarie, disait Rosa Luxembourg ?

Non, socialisme ou anéantissement à brève échéance.

 

Gilles Questiaux, première version le 23 mai 2014, relu le 7 novembre 2025 - 108 ans après la Révolution d'Octobre

 

 

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L
Bonjour.<br /> <br /> Vous dites : "Cette tendance incontestable vers un progrès multiforme de l’humanité est en soi une énigme." Ce n’est plus une énigme si l’on introduit le concept de néguentropie.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous poursuivez ainsi : "Cette direction de l'histoire se voit dans les faits les plus évidents : l’humanité est toujours plus nombreuse, plus instruite, échappe toujours davantage à la nature et à ses fléaux." Ce n’est plus le cas. La population mondiale va décroitre pour la première fois depuis des lustres. En fait, depuis la courte période succédant à la chute de l’Empire romain, mais cette fois-ci de manière bien plus conséquente.<br /> <br /> C’est ce que je nomme "Un tournant historique majeur" que j’ai décrit dans cette émission : Mercredis de l'Espoir du 1er septembre 2021 : Un Tournant Historique Majeur (cf. https://1p6r.org/1p6r/les-mercredis-de-lespoir/mercredis-de-lespoir-20210901/).<br /> <br /> <br /> <br /> Vous poursuivez encore en disant : "l’humanité progresse inexorablement vers un but, et l’enjeu de la lutte des classes dans la conscience, qui s’exprime par la polémique philosophique, est la détermination de ce but." puis "Le communisme est le seul but collectif universel réconciliant l’individu avec l’espèce et résolvant la contradiction entre le progrès catastrophique des bâtisseurs de ruines et la stagnation impériale des gestionnaires de tombes". <br /> <br /> À votre but arbitraire et abstrait d’une hypothétique société sans classes, d’un monde stationnaire synonyme de mort, j’oppose le matérialisme de la néguentropie, dont le matérialisme historique n’est qu’une déclinaison pour les sociétés humaines. Une néguentropie qui est la tendance à la maximisation de la production d’entropie. Une autre de ses manifestations est la Vie. Pour le dire autrement, je l’ai exprimé ainsi dans le titre de mon roman : "La But c’est la Vie". Voilà le seul et unique but. Bien concret celui-là.<br /> <br /> Matérialiste, oui, mais aussi cosmique, universel et intemporel. Un But qui pointe l’inconnaissable, débouche (par matérialisme) sur le métaphysique. C’est-à-dire à une véritable réconciliation de l’homme avec toutes ses dimensions, y compris le spirituel et le sentimental.<br /> <br /> <br /> <br /> La seule perspective matérialiste en accord avec les principes de la thermodynamique, c’est celle où des forces et des milieux distincts se confrontent et se conjuguent. Une société étale, sans classe, est synonyme, je le répète, de mort du système au sens thermodynamique du terme. C’est-à-dire où aucune réaction chimique, mécanique ou autre ne peut plus intervenir.<br /> <br /> Oui, la société future devra être dirigée politiquement, devra piloter consciemment l’économie, mais cela ne sera possible qu’au travers d’un système oscillant autour d’un état d’équilibre. Et cela, comme pour tout système régulé, n’existe que lorsque deux forces antagonistes de même ordre de grandeur interagissent.<br /> <br /> La 4ème Voie c’est tout simplement cela.<br /> <br /> C’est la seule voie s’écartant des illusions du passé permettant d’échapper à la Barbarie.<br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> Luc Laforets<br /> <br /> www.Via4.net
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S
Quand on parle des rapports de production, pourquoi nous oublions toujours le 5ème ???<br /> Donc il y en a 5 et non 4.<br /> Je vous laisse dire quel est ce 5ème mode de production. <br /> On le voit en lisant matérialisme historique et matérialisme dialectique.
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D
Le monothéisme ne vise pas à arrêter l’histoire, au contraire, il prépare au progressisme puisqu’en annonçant l’arrivée du messie (religion mosaïque) ou son retour (christianisme et islam), après la défaite de « l’antéchrist », il annonce l’arrivée d’un temps où régnera la justice et la paix, le rôle des humains de chaque génération étant de préparer cette arrivée en s’améliorant individuellement et collectivement, et donc en ...progressant. Relu sous un mode laïc, ce messianisme annonce l’arrivée d’une société idéale, le communisme en quelque sorte. Sans cette préparation « idéologique » faite au cours des âges par le monothéisme (et retardée par ceux qui s’en sont emparé pour essayer de lui faire dire le contraire de ce qu’annonçaient les prophètes ou par exemple un Jan Hus), la compréhension du processus de progrès et son objectif auraient sans doute été retardée. Le messianisme idéaliste a donc déblayé le terrain au progressisme laïc. Autre point, dans l’Irak des Abbassides, les hôpitaux étaient gratuits pour tous, esclaves compris, et un mois de convalescence était financé par l’Etat après un long séjour à l’hôpital pour ne pas avoir à reprendre immédiatement le travail. Cette forme de pré-socialisme ne peut pas être considérée comme le plus mauvais aspect du socialisme mais le meilleur. Il faut effectivement apprendre à ne plus lire l’histoire avec des lunettes eurocentrées. Même la philosophie grecque, elle même fille de pensées égyptiennes (Platon a d’abord été initié en Egypte), n’est plus tout à fait la seule à connaître la raison si l’on compare avec les réflexions philosophiques non seulement des Arabes, certes issus plus directement que les Européens des Grecs, mais aussi d’autres civilisations plus lointaines qui ne les ont pas connus, Indes, Chine, etc.
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R
Je croyais que les monothéismes comprenaient l'histoire comme un compte à rebours pour la fin des temps; Et après la fin des temps, l'histoire, il n'y en a plus. Mais il est clair que les croyants actuels des différents monothéismes ont mis de l'eau dans leur vin - si je puis dire. <br /> <br /> Toutes les grandes civilisations impériales (Rome, Chine, Islam, etc) ont connu au cours de leur histoire des aspects et des moments qu'on pourrait qualifier au risque de l'anachronisme de "sociaux", ou "progressistes" mais sur la longue durée la stagnation, la répression, et le conservatisme l'emportent largement (sauf dans l'empire Inca, mais qui n'a pas duré très longtemps, justement).<br /> <br /> Sur la question de l'européo-centrisme, pendant cinq siècles de Christophe Colomb à Xi Jinping, l'histoire est objectivement européo-centrée, Le développement des forces productives se fait principalement si ce n'est exclusivement en Europe et dans ses colonies de peuplement durant cette période. C'est justement aujourd'hui que ça change, nous avons le privilège de vivre un changement d'ère, et d'en avoir conscience.<br /> <br /> Ce n'est pas rendre service aux ex-colonisés de l'Occident que de leur épargner la prise de conscience du fait que la modernité, dans ses aspects positifs et négatifs y est apparue et s'y est développée, au détriment du reste du monde, surtout au moment même où cette situation est en voie de dépassement accéléré. Pas plus que c'est dans l'intérêt des femmes de leur faire croire qu'elles ont eu une histoire autonome avant 1848 !
R
GQ : « Et la conscience actuelle de la direction déterminée du mouvement historique est une arme puissante pour rassembler les exploités vers le renversement de l’ordre social, et vers le passage de la préhistoire déterminée par l’économie à l’histoire consciente qui est son dépassement rationnel. <br /> PR : Mais en quoi l’économie relève-t-elle de la « préhistoire » opposée à l’histoire consciente : cette dernière ne suppose-t-elle pas la conscience des déterminismes économiques ? Ceux-ci sont-ils appelés à disparaître dans une société communiste ?<br /> La certitude d’aller vers le mode de production socialiste, et le communisme, compris comme société politique intégralement démocratique, est la certitude de la victoire finale qui se répand peu à peu dans les masses, et qui est une des conditions qui détermine cette victoire. Le futur n’est pas écrit dans un texte sacré, il est écrit dans les aspirations millénaires des peuples à la liberté, à l’abolition des classes, à la maîtrise du progrès technique mis à son service et non plus au service du profit et de la guerre, et à l’abondance matérielle consciemment produite et gérée dans toutes ses conséquences. Et si ces aspirations ne sont pas comblées, il n’y aura tout simplement de futur pour personne. <br /> Socialisme ou barbarie, disait Rosa Luxembourg ?<br /> Non, socialisme ou anéantissement à brève échéance. »<br /> PR : Que le passage au socialisme soit une condition nécessaire pour débarrasser l’humanité des aspects de barbarie inhérents (consubstantiels) à la société capitaliste (cf. par exemple le récent bombardement de la Libye) est une chose, mais cela signifie-t-il pour autant que les contradictions de cette société conduiraient inéluctablement, sauf passage révolutionnaire au socialisme, à l’anéantissement de l’humanité ? Même s’il est indéniable que le capitalisme du 21ème siècle fait peser une telle menace sur l’existence même de l’espèce humaine, rien ne permet à Gilles Questiaux de nier qu’au sein même de la société capitaliste, et y compris dans les milieux dirigeants du grand capitalisme mondial, existent des forces susceptibles au contraire de s’opposer à une telle éventualité, même si toutes ces forces ne sont pas prêtes à soutenir le passage révolutionnaire au socialisme. La vaste alliance à construire contre les fauteurs de guerre atomique mondiale est-elle susceptible de l’emporter ? L’histoire n’est pas écrite d’avance. <br /> D’autre-part, peut-on se rallier en l’aggravant à l’affirmation unilatérale (et qui s’est révélée jusqu’ici erronée) de Marx pour qui (KM, I, XV, p. 360-361) : « La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant (en détruisant) en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : La terre et le travailleur. » ?
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R
Sur la question écologique, il me semble qu'il y a une contradiction fondamentale entre la recherche de la maximisation du profit et l'avenir d'une planète habitable, à l'échelle d'un petit nombre de siècles. Peut on s'allier avec des écologistes qui veulent aménager le capitalisme? La question ainsi posée est trop générale. Dans les faits, le mouvement mélenchoniste est déjà une telle alliance. Jusqu'à quand? Enfin, en supposant que de grands capitalistes se mobilisent pour la planète, ce serait dans des modalités où ils nous demanderaient de leur confier les clefs de la politique, ce qui risque d'être assez contreproductif, et extrêmement dangereux pour la liberté.
P
Sur le matérialisme historique : http://www.proletaire.altervista.org/marxisme/textes/materialisme_historique.php<br /> <br /> Et sur la transition du capitalisme au communisme : http://www.proletaire.altervista.org/marxisme/textes/division-du-travail.php
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