Indignation morale ou lutte contre l'impérialisme ?
25 Septembre 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Impérialisme, #lutte contre l'impérialisme, #Ce que dit la presse, #Théorie immédiate
Des faits terribles, scandaleux et horribles se produisent dans le monde, et les images les plus atroces et les plus cruelles en circulent librement. Alors indignez-vous ? Comme disait cette bonne âme de Stéphane Hessel ? Mais pour faire quoi de cette indignation ?
Qui a commencé ? Qui est le plus ignoble? Qui a tué le plus d’innocents ? Prendre parti dans les guerres des autres c’est bien souvent montrer une bêtise de cours de récré. Il faut mener sa propre guerre en utilisant sa raison, et non pas s’enflammer pour les autres guerres en spectateur.
Lorsque notre indignation est provoquée par des spectacles horribles, elle est surtout nourrie de notre sentiment d’impuissance : on nous demande de compatir ou de protester mais surtout en fin de compte de nous écraser. Ou bien de répondre à une provocation stratégique qui a été délibérément déposée devant nos yeux, et dans ce cas il vaut mieux garder son sang froid. Par exemple, pourquoi massacrer des civils à Moscou, à la manière du Bataclan à Paris ? Pour provoquer une réaction russe émotionnelle et mal calculée. Le genre de piège dans lequel le grossier gouvernement d’extrême-droite israélien est tombé après le 7 octobre.
Il faut faire certainement de la propagande émotionnelle quand on est en guerre, pour ne pas laisser la propagande adverse s’étaler et sidérer le public, mais il ne faut pas en être dupe. A la fin on en revient toujours à ceci : ma cause vaut mieux que la tienne, mes martyrs ont plus de sainteté que les tiens. Et ça , c’est des postulats indémontrables, et surtout pas par l’effusion de la douleur, de la compassion, ou de l’indignation - à sens unique.
Mais Spinoza a écrit dans l'Éthique que nous avons une idée vraie, et que nous savons qu’elle est vraie.
Ce qui signifie qu’on ne va pas renvoyer dos à dos les adversaires. On va choisir de soutenir sans réserve de soutenir un des deux camps , et voici pourquoi, et comment.
Je suis de parti-pris, autant qu’un journaliste du Monde – journal choisi comme exemple parce qu’il prend pratiquement toujours sans avoir l'air d'y toucher les partis contraires aux miens. Il y a très longtemps à l’échelle d’une vie d’homme (plus de cinquante ans) j’ai pris le parti des ouvriers et du socialisme, parce que je crois que c’est le parti le meilleur et le plus rationnel. Mais à la différence de ce journaliste je ne ferai pas semblant d'être objectif et de trouver tous les jours comme par hasard dans l’actualité des faits qui justifieraient mes choix idéologiques antérieurs. Je ne ferai pas semblant non plus d’avoir toujours été parfaitement cohérent toute ma vie avec ce parti-pris comme font ceux qui ne font rien.
Alors ici on expliquera sans difficulté pourquoi la Russie et Gaza, au-delà des images du spectacle pervers de l’actualité, sont des participants à notre guerre, des camarades ou des alliés de la classe ouvrière dans sa lutte la plus banale et la plus essentielle qui soit pour une meilleure vie.
La raison principale en est simple : le verrou principal de l’ordre social capitaliste se trouve aux États-Unis, et pour le faire sauter il faut utiliser les contradictions de l’ordre capitaliste mondial, et elles se manifestent en ce moment comme jamais, précisément à Gaza, et en Russie. Les guerres impérialistes sont la contradiction la plus aiguë de cet ordre. Si les États-Unis ont le dessous, c’est bon pour le prolétariat mondial, s’ils l’emportent, comme d’habitude, c’est mauvais pour lui, et les affaires continuent, comme d’habitude.
Si l’OTAN mord la poussière, si les États-Unis sont déclassés ou recyclés – et l’Europe avec, la conquête du pouvoir par la classe ouvrière redevient de l’ordre du possible dans de nombreux pays, à commencer par eux, et les contradictions du capitalisme vont se déplacer au sein de ce fameux monde multipolaire dont la seule cohérence est d’avoir un adversaire extérieur brutal et aveugle, l’impérialisme néocolonial suprématiste européen et nord-américain, pour la seconde fois en réelle difficulté, en face de lui. La première fois, c’était aussi en Russie, en octobre 1917.
A ce titre les Houthis du Yémen sont vraiment les héros de la lutte anti-impérialiste ! Comme dit Norman Finkelstein, grâce à eux il n’y aura plus de business as usual, et ils paralyseront une bonne partie du commerce mondial qui passe par la Mer Rouge, tant que Gaza sera écrasé sous les bombes.
La fonction de la Palestine dans le spectacle mondial a été depuis 75 ans de faire la démonstration répétée que la révolte contre l’ordre impérialiste est vouée à l'échec. Or quelque chose ne fonctionne plus dans ce dispositif. Il se pourrait après tout qu'Israël ne soit plus la casemate la mieux fortifiée du front de la lutte des classes dans le monde, on le voit bien à la fébrilité de ses soutiens politiques.
Et ce qui a tout changé, c’est l’opération russe en Ukraine, commencée le 24 février 2022 qui pour la première fois depuis longtemps a placé l’Occident devant un défi existentiel.
Les Biden, les Macron, et les autres fondés de pouvoir du capital ont mille fois raison de faire la guerre à la Russie, si on se met à leur place : si elle gagne, ils sont foutus, et plus important encore le sont leurs donneurs d’ordre de l’oligarchie mondiale et mondialiste et des monopoles énergétiques, technologiques, et culturels.
GQ, 24 mars 2024, relu le 12 juillet
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
Les textes originaux, écrits par l'animateur seul ou en collaboration et dont il endosse pleine et entière responsabilité sont publiés dans la catégorie GQ, accessible directement dans la barre de menu. Ils sont reproductibles, sans modification, à condition d'en mentionner l'origine.
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