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Réveil Communiste

l'Ukraine orientale en insurrection : deux articles

29 Avril 2014 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ukraine

sur le blog de Danielle Bleitrach :

 

Pourquoi la police de Donetsk ne s’empresse-t-elle pas d’arrêter les protestataires ?

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http://www.lecourrierderussie.com/2014/04/donetsk-la-police-protestataires/

Pourquoi la police de Donetsk ne s’empresse-t-elle pas d’arrêter les protestataires ?

Traduit par : Inna DOULKINA publié Vendredi 11 avril 2014

À Donetsk, la police n’a pas empêché les manifestants pro-russes de prendre le bâtiment de l’administration régionale, le 6 avril dernier. Les agents ne dispersent pas non plus les marches pro-russes qui continuent de se tenir dans la ville. Comment expliquer ce phénomène ? La correspondante de la revue Rousskiï Reporter Olga Timofeeva a interrogé un policier de Donetsk qui observait, souriant, un rassemblement sur la place centrale.

Police donetsk
Police de Donetsk – Crédits : Andreï Boutko, blogueur, Donetsk

Rousskiï Reporter : Vous avez l’air compatissant en regardant les manifestants…

Le policier : Rappelez-vous, quand les habitants de Lviv manifestaient, ils criaient : « La Police est avec le peuple ! ». Ici, c’est exactement la même situation, simplement dans un effet miroir.

R.R. : À Moscou, quand les OMON arrivent sur une manifestation, tout le monde sait qu’ils vont arrêter des gens. Mais ici, j’ai assisté tout récemment à une scène édifiante : un groupe de gens se dirigeait vers le commissariat de police pour exiger la libération des manifestants arrêtés le 13 mars, et les policiers, venus à leur rencontre, se sont contentés de se placer autour du commissariat, calmement. Ils n’ont arrêté absolument personne…

Le policier : Mais ces gens, ce sont les nôtres !, pourquoi voudriez-vous que nous les arrêtions ? Ce groupe dont vous parlez, c’étaient des gens normaux, ils n’avaient pas de mauvaises intentions. Ils n’étaient pas organisés, vous comprenez ? Parce que quand les gens sont organisés, ils agissent autrement. C’est ce qu’on a vu à Lviv, notamment, quand des foules de protestataires ont pris des commissariats et se sont emparés des armes. Là-bas, les policiers n’avaient pas les moyens de leur résister.

R.R. : Qu’en pensez-vous : à Lviv, la police a cédé aux assaillants pour sauver sa peau ou pour éviter toute effusion de sang ?

Le policier : À Lviv, la police a les mêmes convictions que le peuple. C’est leur peuple. Ils sont comme leur peuple. Et nous, nous sommes comme notre peuple à nous. Ici, au Donbass, nous n’avons rien de commun avec Lviv – la seule chose qui nous unisse encore, c’est le pays. C’est bien Vatoutine qui a libéré ma ville, n’est-ce pas ? [général soviétique, combattant de la Seconde Guerre mondiale, ndlr]. Et six mois plus tard, il était assassiné par les soldats de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne. Là-bas, à Lviv, leurs héros, ce sont ces soldats de l’Armée insurrectionnelle ; mais pour moi, c’est Vatoutine, le héros. Cet homme qui commandait l’Armée rouge et qui a libéré ma ville des fascistes. Que voulez-vous que nous ayons en commun avec les gens de Lviv ? Nous avons une histoire et une culture différentes. D’ailleurs, en réalité, le Donbass n’a pas de culture.

R.R. : Que voulez-vous dire par là ?

Le policier : Et comment voudriez-vous que nous ayons une culture ? Les gens qui peuplent cette région sont arrivés après guerre, pour reconstruire le Donbass. C’étaient beaucoup d’anciens prisonniers. Certains sont venus pour l’argent. Chez nous, les codes tacites sont plus importants que les lois.

R.R. : C’est aussi le cas de la police ?

Le policier : Non, dans la police, je suis obligé de respecter la loi, mais les codes sont tout aussi importants.

R.R. : C’est quoi, un « gars de Donetsk » ? Comment décririez-vous l’habitant lambda ?

Le policier : Il y a des gens très différents les uns des autres ici : au centre-ville, on a des routes en bon état, des enfants bien élevés et des parents qui s’en occupent. Alors qu’en périphérie, on n’a pas de routes, je ne peux même pas y aller en voiture, c’est la zone des cités ouvrières. Là-bas, les gens sont… mais je ne veux pas les juger. Ianoukovitch a dit la vérité quand il a déclaré que tant que les mineurs auront du boulot tous les jours et leur paie en fin de mois, ils n’iraient pas manifester. Les idées politiques, cela ne les intéresse pas. Mais si quelque chose se brise dans leur vie… Vous avez remarqué : ici, dans l’Est, les manifestations n’ont lieu que le week-end : parce que la semaine, les gens travaillent. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire comme sur Maïdan – cesser le travail et passer nos journées sur les barricades. Et puis, vous savez, dans ces cités ouvrières, les gens pensent qu’un homme qui n’est pas passé par la case prison n’est homme qu’à moitié. La prison est perçue comme une sorte de baptême.

R.R. : Alors, c’est vrai ce qu’on dit : dans l’Est de l’Ukraine, il n’y a que de la « racaille » ?

Le policier : Non, on n’est pas de la racaille. Nous sommes des gens qui possédons nos propres codes de conduite. Remarquez, peut-être qu’ils ont raison de dire ça, ceux de l’Ouest : mais alors, on peut être de la « racaille » sans pour autant commettre de délits.

R.R. : Des délits ?

Le policier : Oui, le vol, par exemple. Très franchement, à Kiev, ils ne se sont pas comportés mieux que nous. Ils sont comme nous : simplement, eux n’ont pas conscience de ce qu’ils sont. Certains d’entre eux attaquent des banques, d’autres, comme Sachko Bily, participent aux réunions armés de Kalachnikov. Peut-être que leur jugement sur nous est juste – mais eux-mêmes ne valent pas mieux. Ici, nous avons au moins des raisons historiques d’être tels que nous sommes. Comme je vous l’ai dit, dans les années 1950, le Donbass s’est peuplé de gens de toute sorte, et plutôt de la lie.

R.R. : Mais l’eau a coulé sous les ponts, depuis… Les gens ont eu le temps de changer, non ?

 

Le policier : Les ouvriers, ça ne change pas vraiment. Prenez un type qui a étudié au lycée professionnel avant d’aller travailler à la mine. Pourquoi voudriez-vous qu’il soit très différent de son père, qui avait fait pareil avant lui ? Il a du boulot, il a de l’argent pour s’acheter de l’alcool. Et il n’a besoin de rien d’autre.

R.R. : Les gens de Donetsk ont-ils un caractère particulier ?

Le policier : Les gens d’ici ne veulent tout simplement pas qu’on s’en prenne à eux. Ne leur retirez pas ce qui leur appartient, et tout ira bien.

R.R. : Vous voulez dire que les gens ont senti qu’on leur « prenait » quelque chose ?

Le policier : Oui, on nous prend notre langue. C’est surtout à cause de ça que les gens protestent. Quand le nouveau pouvoir a annoncé sa décision [le 23 février 2014, la Rada ukrainienne a voté pour l'abolition de la loi qui accordait au russe un statut de langue régionale, ndlr], les gens ont eu peur. Ici, la plupart ne parlent pas ukrainien.

R.R. : Que diriez-vous sur l’âme des simples gars de Donetsk ?

Le policier : Je me perds dans leur âme. Je ne peux pas la comprendre.

R.R. : Pourtant, vous êtes né ici…

Le policier : Oui, mais je communique très peu avec les ouvriers. Je peux simplement vous dire que la moitié des gars qui se retrouvent au poste n’ont pas fait d’études supérieures.

R.R. : Est-ce que vous comprenez les gens qui manifestent, ici à Donetsk, avec des drapeaux ukrainiens ?

Le policier : À vrai dire, non, je ne les comprends pas. Je ne comprends pas ce qu’ils voient de bon dans cet État. Je pense qu’il n’a strictement rien de bon. Le pays est très beau, c’est vrai. J’aime beaucoup l’Ukraine. Mais je n’aime pas du tout l’État ukrainien.

R.R. : Aimez-vous le peuple ukrainien ?

Le policier : Il n’y a pas de « peuple ukrainien ». Je ne comprends pas ce que c’est que le peuple ukrainien. Vous voulez peut-être dire les « citoyens d’Ukraine » ? Parce que la Transcarpatie, par exemple, est peuplée de Hongrois et de Slovaques. Lviv a toujours fait partie de la Pologne. Puis l’Union soviétique les a conquis et ils sont devenus une partie de l’Ukraine. Alors qu’avant la guerre, la majorité des habitants de Lviv étaient juifs.

R.R. : Mais quelles que soient les ethnies qui la peuplent, l’Ukraine reste l’Ukraine…

Le policier : Oui, c’est bien la seule chose qui existe : le « pays d’Ukraine ». Avant, nous avions la république soviétique d’Ukraine, puis elle est devenue l’Ukraine tout court. Mais le peuple ?, je ne sais pas… Et le peuple russe, c’est qui ?

R.R. : Soutenez-vous l’idée d’une Ukraine unie ?

Le policier : Il n’y a pas d’Ukraine unie. Je ne veux avoir rien de commun avec eux.

R.R. : Mais elle a existé, cette Ukraine unie ! Pourquoi était-ce possible avant et pourquoi ça ne l’est plus, selon vous ?

Le policier : Vous savez, l’« Ukraine unie », ça a toujours été un peu forcé. On a réussi à trouver, à un moment, des forces qui consolidaient le pays, mais elles étaient instables. Puis, on a eu un fou qui est arrivé au pouvoir et qui a mêlé ses affaires à la politique. Il a voulu devenir roi et il s’est fait dans le froc.

R.R. : Revenons-en à la manifestation du 13 mars, à Donetsk : on a vu des gens portant le drapeau russe crier « à genoux », et mettre à genoux d’autres gens, ceux qui étaient venus avec des drapeaux ukrainiens…

Le policier : Je ne soutiens pas les gens avec des drapeaux russes mais je les comprends. Ils voulaient venger ce qui s’était passé à Kiev. Souvenez-vous que dans les régions de Volhynie et de Tchernovtsy, les gens ont mis à genoux leurs Berkout, alors que les agents n’avaient fait qu’exécuter des ordres. Vous comprenez ? Ils ont mis leurs policiers à genoux, ils leur hurlaient des injures, leur crachaient dessus. Et ce qui se passe maintenant, c’est une sorte de réponse qu’on leur donne. Je ne soutiens pas cette façon d’agir, mais si c’est permis aux uns, ça devient automatiquement permis aux autres…

R.R. : Vos collègues ont-ils été missionnés à Kiev ?

Le policier : Oui, ils ne voulaient pas spécialement y aller. Vous voyez, notre État ne défend pas sa police. Quand Maïdan a gagné, ils ont bien dit, à la Rada, qu’il fallait récompenser les activistes, décerner des médailles aux morts du mouvement, donner de l’argent à ceux qui ont souffert. Mais la police ? À la police, ils ont dit de donner ce que la loi prévoit. Et elle ne prévoit rien, la loi ! Nous avons organisé nous-mêmes une collecte pour payer les soins des cinq Berkout de Donetsk blessés à Kiev. Vous trouvez ça normal ?! La centaine céleste [manifestants morts lors du mouvement de contestation à Kiev, ndlr], ce sont des héros. Mais les policiers qui ont péri ? Ce sont des ennemis du peuple ! Mais c’est pourtant pour leur pays qu’ils ont péri, pour avoir défendu le président légitime.

R.R. : Quel est votre sentiment à propos de tout ce qui se passe actuellement ?

Le policier : Nos ennemis ont remporté la victoire, et maintenant, ils veulent nous faire plier. Vous vous rappelez, le samedi où la Chambre haute du parlement russe a autorisé l’envoie de troupes en Ukraine ? Eh bien nous, ici, nous nous sommes dit que nous avions un grand frère prêt à nous défendre. Que nous n’étions plus seuls. Je comprends bien que si la Russie a besoin de nous, c’est aussi pour éviter l’ouverture d’une base de l’OTAN ici. Mais même si ce n’était que pour ça, je m’en fiche.

R.R. : Comment voudriez-vous que la situation évolue ?

Le policier : Je voudrais voir arriver les tanks russes en Ukraine. Je comprends que ce n’est pas réaliste. Mais malgré tout, la majorité des policiers du Donbass voudraient que la région soit russe.

Viatcheslav Ponomarev : « Nous nous armerons et nous irons libérer l’Ukraine »

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Viatcheslav Ponomarev. euromaidan2014.com

Voici d une interview du maire de Slaviensk par un journal russe Rousski. Il est considéré comme énigmatique et bien qu’affirmant être novice en politique, il est apparu déterminé et organisateur non seulement dans sa ville mais dans le cadre d’une coordination beaucoup plus large. Les "autorités" de Kiev, en fait leur patron de la CIA et autres dirigeants américains à la manœuvre sont persuadés que ce personnage est l’homme des Russes, lui se pose plus en participant de brigades internationales venues résister à un pouvoir fasciste. La désescalade serait l’unique voie, mais ce n’est pas le choix des Etats-Unis et de leurs marionnettes de Kiev qui jouent l’affrontement et y compris l’assassinat politique comme hier le maire de Kharkov que l’on pouvait considérer comme un modéré… (note de danielle Bleitrach)

Traduit par : Julia BREEN publié Lundi 28 avril 2014

Le journal Rousski reporter s’est entretenu avec le « maire populaire » élu de Slaviansk : le leader de la révolte populaire Viatcheslav Ponomarev.

Viatcheslav Ponomarev. euromaidan2014.com

- Qu’est-ce qui fait que vous êtes si bien organisés ? Que faisaient vos hommes, avant que tout ne commence ?

- Bah, ils vivaient leur vie, simple et paisible. Ils travaillaient, comme on dit, dans divers secteurs de l’économie nationale. Dans les usines, les ateliers – ici, chez nous, on a encore quelques activités qui fonctionnent. Et puis, ils apprenaient – qui dans quoi. Ils tentaient de survivre. Parce que dans notre ville, quasiment toutes les entreprises ont fermé, il n’y a pas réellement de travail. Dans le bâtiment, etc., ce genre de secteurs.

- Comment vous-êtes vous réunis, que s’est-il passé ?

- La première fois, nous nous sommes rassemblés le 21 février. Alors, nous étions environ 70 personnes. Nous avons déterminé les tâches respectives.

- Ici ?

- À Slaviansk, il y a un parc Lénine où se trouve un monument aux soldats libérateurs : c’est là que nous nous sommes tous rassemblés. Et puis, on a commencé de discuter, d’exprimer nos avis – qui pense quoi de ce qui se passe dans notre pays. Nous comprenions que ces bandits de fascistes n’allaient pas s’arrêter à Kiev. Qu’ils marcheraient plus loin, ils l’ont dit d’ailleurs – genre, « on va venir, et vous allez tous voir ». La première de nos missions était de nous organiser. Au bout de deux jours, nous étions déjà 1 100 personnes.

- Sérieusement ?

- Le 26 février, nous étions déjà 1 100 personnes rassemblées. Une bande hétérogène, évidemment, de tout poil, pas tous avec une expérience militaire. Immédiatement, nous avons décrété la prohibition : interdit l’alcool. Nos hommes ne doivent pas boire. L’alcool, ce sera pour après la victoire. Après, nous avons commencé peu à peu de patrouiller les quartiers de la ville avec la milice. Nous avons commencé de communiquer avec nos miliciens, nous sommes parvenus à une certaine entente. Nous les aidions, eux nous aidaient. Vu qu’une partie de nos miliciens étaient restés à Kiev, la ville était pratiquement désarmée. Il n’y avait personne. Quand nos gars sont revenus de Kiev… Ils sont arrivés tout noirs, sales, vous comprenez, ce n’est pas qu’ils étaient en colère – ils avaient de la détresse dans les yeux. C’étaient des regards de gens trompés. Nous avions l’espoir qu’ils donneraient l’ordre de disperser Maïdan, mais pourtant, le camarade Ianoukovitch ne s’est pas montré sous son meilleur jour. Sauf que la vie, elle continue, et nous, il fallait bien qu’on fasse quelque chose. Peu à peu, des miliciens ont commencé à rejoindre nos rangs. À ce moment-là, il s’est trouvé que c’est moi qu’on a choisi comme responsable des brigades. On a tout de suite créé un conseil de coordination par type de grade. Commandant, vice-commandant, chef d’état-major, vice-commissaire. Ensuite, déjà, des chefs de compagnies, de sections, etc.

- Comme dans l’Armée soviétique ?

- Évidemment. Eh, ça sert à quoi que nous inventions le vélo, s’il a déjà été inventé depuis longtemps ? Bon, on a un peu corrigé la structure à la lumière des réalités d’aujourd’hui. Et quand nous avons compris que nous étions prêts à nous battre, nous avons commencé de coordonner nos actions avec les autres villes de la région de Donetsk. Aujourd’hui, des gens nous rejoignent depuis toute la région. Ils arrivent par un, deux, trois – ceux qui ne se sont pas trouvé de fonction dans leurs villes viennent chez nous.

- On dit que vous avez aussi des gens de Crimée, pas seulement de la région…

- Vous savez, ici, chez moi, je n’ai pas seulement des hommes de Crimée. J’en ai et de Vinnytsia, et de Jytomyr, et de la Transcarpatie, et de Dniepropetrovsk, et d’Odessa, de Nikolaïev, de Kharkov (Kharkiv, ndlr).

- Et comment est-ce qu’ils se sont tous trouvés ?

- Premièrement, je suis un ancien soldat, et j’ai de très-très bonnes relations avec mes anciens camarades de rang. Les amis ont des amis – etc., l’information. Et après que nous sommes passés à l’antenne nationale, de vieux amis ont commencé de me reconnaître, ils passent le bonjour, parfois depuis l’étranger – je sais pas, Israël, l’Italie, la France, l’Allemagne, les USA. En Afrique, c’est le Bénin, la Côte d’Ivoire, l’Angola. Dans le Proche Orient, c’est la Syrie, naturellement. Et plus loin – l’Afghanistan, le Pakistan. Je suis heureux, très heureux.

- Quels sont vos rapports, aujourd’hui, avec la république de Donetsk ?

- Des relations remarquables, nous sommes entièrement d’accord avec leurs exigences.

- Il y a une coordination ?

- Bien sûr, quoi qu’il advienne, nous sommes tous de la région de Donetsk, quand même. Évidemment que nous sommes en contact avec eux. Quand on a eu besoin de notre aide à Kramatorsk, nous les avons aidés (à prendre le bâtiment du ministère régional de l’intérieur de Kramatorsk).

- Pendant les fêtes de Pâques, il n’y aura certainement pas d’actions de combat ?

- Nous avons annoncé que du 20 avril à minuit au 21 à minuit, nous cesserons toutes nos opérations de combat. C’est une fête sacrée, quand même. Et après, nous continuerons de chasser la force obscur [Une fusillade meurtrière a finalement eu lieu le 20 avril à 2h du matin sur un barrage routier à proximité de la ville de Slaviansk, faisant des victimes du côté pro-russe, ndlr ]

- Il y a un plan ?

- Réfléchissez – nous sommes des militaires : est-ce que nous avons ou non un plan ?

- Je comprends, je voulais seulement voir une carte avec des petits drapeaux.

- Il y a tout ce qu’il faut.

- Vous avez vu cette vidéo comique, publiée par la sécurité ukrainienne, où vos hommes discutent avec des supposés « agents russes » ?

- Vous savez comment c’est. Quand on n’a rien à dire ou à montrer, on commence d’inventer des schémas fantastiques. Je voudrais voir cet officier du SBU, qui s’est occupé des écoutes, la personne qui en répond. Alors, peut-être, j’y croirai. Et encore. Sachant toutes les provocations et tout ce qui vient de la junte… J’ai peu de foi dans ces gens. Ils ont vendu leur pays, notre bonne et belle Ukraine, pour les intérêts des étrangers, des américains, des banquiers, des usuriers de l’Europe, qui soi-disant promettent de l’argent, mais cet argent n’arrive jamais jusqu’aux gens simples, ils continuent de rabaisser tout le monde. Ça suffit ! Ça suffit de mentir ! La sécurité ukrainienne ? Quelle sécurité ! Vous voulez rencontrer nos renseignements, d’accord, venez ici. Nous avons notre propre service, qu’est-ce que je ferais d’un autre ? Les reporters nous demandent : et qu’est-ce qu’il en est avec la Russie ? Et quoi, quoi ? Bon, ce sont nos frères, oui, nos amis. Mais nous nous sommes levés pour la défense de notre propre terre. Parce que nous n’allons agresser personne. Nous nous défendons, simplement. Mais eux, ils envoient ici des blindés, des chars, des obusiers, des avions, et des hélicoptères.

- Mais que pensez-vous du fait que certains de vos gars ont d’abord prêté serment à l’armée ukrainienne, et ensuite à vous ?

- Vous savez comment c’est. Il n’en reste rien, de l’armée ukrainienne, pour parler franchement.

- Tous les gars de l’armée ne voulaient quand même pas passer de votre côté, beaucoup ne voulaient simplement pas se battre contre le peuple…

- Mais personne n’a dit de passer de notre côté. Au nom de quoi voulez-vous qu’ils se battent ? L’armée est désorientée, désorganisée, toutes les communications sont détruites. C’est quoi ça, une unité militaire, la 25ème division des gardes aéroportés, qui se retrouve démobilisée par une espèce de ministre, un coq mal dégrossi sorti d’on ne sait où… Mais t’es qui, bestiole sans cerveau ? Tu fais quoi ? Tu as levé la main sur l’élite de l’armée ! Salopard, merde. Avec les fascistes, notre conversation est brève : prisonnier ou mort.

- On comprend ce qui se passera s’ils viennent se battre contre vous. Mais s’ils ne viennent pas ?

- Mais personne ne viendra, et que Dieu soit avec eux. Nous irons, nous. Nous nous rassemblerons, nous formerons l’armée du Donbass, nous nous armerons et nous irons libérer l’Ukraine. Et quoi d’autre ?

- Et vous savez que du côté de Maïdan, il y avait aussi beaucoup d’anciens de l’Afghanistan ?

- Les Afghans sèment la discorde chez les Afghans. Je ne veux offenser personne. Je respecte ces gens. Mais ceux qui ont vendu leur pays et servent les intérêts de puissances étrangères… Les anciens de l’Afghanistan ne sont pas des gens si bêtes, ils comprennent tout de suite qui est derrière qui. Et puis ce n’est pas un secret, qu’en Afghanistan, il y avait des sous-officiers qui vendaient des armes avec lesquelles, ensuite, nos propres gars se faisaient tuer. Ce n’est un secret pour personne qu’il y avait là-bas des arrivistes, qui y servaient simplement pour obtenir de l’ancienneté, une étoile, une médaille et ce genre de choses. Ce sont ces arrivistes qui se retrouvent maintenant dans le camp des mêmes forces de droite. Même s’ils se positionnent fortement comme des types à la mode, libres, mais ce sont des nazis. Ce sont les amis du Secteur droit, ils salissent le nom d’officier.

- Sur Maïdan, il y avait aussi beaucoup de gens simples, qui voulaient renverser Ianoukovitch et pas servir des banquiers étrangers, comme vous dites…

- Mais il se trouve que Maïdan lui-même, c’est un produit des experts américains. Tout a été planifié selon un scénario élaboré. Ces spécialistes, ils ont filé là-bas un tas d’argent. Mais à un moment donné, ils se sont heurtés à une barrière, qu’ils ne pourront jamais franchir. C’est notre « non » strict. Qu’ils aillent mettre de l’ordre chez eux, là-bas ! Parce que s’il faut, nous irons chez eux, nous, et nous discuterons avec leurs Indiens. À ce moment-là, tenez vous bien, les camarades obamas, bushs et rockfellers, et tous ceux de ce genre.

- Mes amis de Kiev ont une image totalement différente, ils disent que c’est la Russie qui tente de grignoter des morceaux de l’Ukraine.

- Mais que vient faire la Russie là-dedans ? La Russie, elle est à 250 kilomètres de nous. Et la Russie, elle a assez de ses propres affaires. Des problèmes, ils en ont un million. Oui, nous considérons que les citoyens de Russie sont notre peuple frère, les Biélorusses, les Moldaves, les Ossètes, les Géorgiens, etc. Le Kazakhstan, les Ouzbeks, mais ce sont nos gens, nous avons servi ensemble ! Avec leurs grands-pères, ensemble, les nôtres ont répandu le sang ! Ils ont emporté la victoire pour nous ! Et quoi, maintenant, il faudrait que nous rendions tout ça bêtement ? Ah non, les gars, attendez ! Nous avons les forces pour nous battre, elles sont là. Et nous allons nous battre tant que nous n’aurons pas chassé cette saloperie fasciste de notre terre.

- Vous conseilleriez à Poutine d’envoyer des troupes, aujourd’hui ?

- Je ne suis pas en droit de donner des conseils à Vladimir Vladimirovitch. Quand nous avons adressé notre demande, je pense qu’il l’a entendue. Dans la mesure des possibilités… S’ils peuvent nous apporter de l’aide – Dieu merci, sinon – nous nous battrons nous-mêmes.

- Vous ne pensez pas que si des troupes russes entrent sur votre demande, ça conduira à un vaste bain de sang ? Parce qu’alors, l’armée ukrainienne passera sûrement au combat. Ils ne veulent pas combattre le peuple, mais avec une autre armée régulière étatique, peut-être qu’ils le feront.

- Mais ils combattent déjà contre le peuple, comme ils peuvent. Il y avait leur camion sur la route, là, des parachutistes. Un hélico est arrivé, et sur-le-champ, ils se sont mis à tirer. Quelqu’un a été blessé, parfaitement pacifique : une gardienne, qui a pris une balle dans le cou. Mais c’est une direction stupide ! Non mais comment peuvent commander des gens qui ne savent même pas qu’à cet endroit-là, se trouvent leurs propres troupes ! Bêtement, ils se sont mis à tirer sur les leurs. À quoi bon ? Comment c’est possible ? Qui va répondre pour ça ? Tourtchinov ? Tourtchinov, quand est-ce que tu vas répondre, chien ?

- Selon vous, est-ce qu’il reste le moindre professionnel dans la direction de l’armée ?

- Des généraux pillards et des commissaires ivrognes.

- Et du côté de Secteur droit, il y a des professionnels ?

- Évidemment que oui, ils ont quand même été entraînés dans des camps en Lituanie, en Ukraine, en Pologne. D’ailleurs, pourquoi personne ne demande aux Polonais de fournir des bases pour l’organisation des groupes terroristes ? Faites gaffe, nous les gars de Donetsk, on va venir vous en demander à vous aussi.

- On voit des tentatives d’entamer des négociations avec les représentants de la République de Donetsk : Akhmetov est venu, Timochenko aussi. Ça vaut le coup de négocier ?

- Et avec qui ? Nous ne menons pas de négociations avec les arrivistes, les oligarques, les nazis, les fascistes et les fiottes. On ne négocie pas !

- Qu’en pensez-vous : vos noms sont-ils déjà connus à Kiev ?

- Oui, bien sûr. Depuis l’assaut du SBU, je me promène à découvert, tout le monde me connaît. Pourquoi est-ce que je me cacherais. Je défends une cause juste. De qui je devrais avoir peur ? Celui qui cache son visage, c’est qu’il ne veut pas être reconnu au tribunal. Mais moi, je pense que je n’ai aucune raison d’être jugé. Je ne trahis pas mon peuple. Au contraire, je me lève pour le peuple ! Donc, tout est en ordre.

Source : Vitaliï Leïbin, Rousski reporter

 

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