Nicolas Marchand décode "une nouvelle force à gauche"
Nicolas Marchand nous a fait parvenir ceci. Nous le publions tout en faisant remarquer que le principal danger émanant de cette cohorte discéditée est de nous faire passer le maintien en place du groupe dirigeant actuel pour un moindre mal, alors que MGB et ses amis font tout pour entretenir l'existence de ce courant en maintenant ouverte l'option épouvantail "nouvelle force à gauche".GQ.
Dans les débats actuels en vue du 34ème Congrès, j'ai pensé utile de faire le point sur des initiatives et déclarations récentes en faveur d'une "nouvelle force politique".
Fraternellement,
Nicolas Marchand
Nicolas MARCHAND
« NOUVELLE FORCE POLITIQUE » ET DILUTION DU PCF (Note d'information sur des développements récents - 19 mai 2008)
Ce qui se passe m'amène à apporter quelques compléments à ma note d'information de Novembre 2007 « sur les prises de positions et initiatives concernant une nouvelle force politique à gauche ». Pour l'indispensable débat d'options à gauche et une union transformatrice, pour contrer la bipolarisation, il y a besoin du PCF, de son autonomie, de ses idées et propositions nouvelles (comme sur la crise financière) pour l'action, de sa novation et non de sa dilution.
A l'occasion de l'assemblée extraordinaire de décembre 2007, les communistes ont très majoritairement exprimé leur attachement à l'existence du PCF, avec des exigences de changements. Mais, contrairement aux affirmations selon lesquelles la question de l'existence du PCF ne se poserait plus, des initiatives visant la dilution du PCF dans une « nouvelle force politique » de gauche se poursuivent, et même s'intensifient, avec la participations de dirigeants du Parti.
Dernière initiative en date, l'appel « L'alternative à gauche, organisons-là », dans lequel on lit notamment:
« ...il manque toujours une force incarnant un projet alternatif...Les municipales et les cantonales viennent pourtant de prouver qu'il existe ici un espace comparable à celui révélé par Die Linke en Allemagne ou d'autres expériences similaires en Europe...
Nous en appelons donc à l'affirmation d'une gauche enfin à gauche. Qui n'oublie plus la nécessité de redistribuer les richesses. Qui soit en phase avec les aspirations des salariés, avec ou sans papiers, des quartiers populaires, des jeunes. Qui conjugue urgence sociale, urgence démocratique et urgence écologique. Qui permette au peuple d'exercer sa souveraineté dans tous les domaines. Qui place l'égalité entre hommes et femmes au cœur de son projet. Qui milite pour un nouveau mode de production et de consommation, soutenable et respectueux des équilibres écologiques. Qui promeuve la construction d'une autre Europe et des rapports de codéveloppement avec le Sud. Qui devienne, ce faisant, une véritable force...nous pouvons dès à présent agir de façon coordonnée. Sans préalable sur les engagements des uns et des autres, construisons un cadre permanent qui nous permette, ensemble, nationalement et localement, de réfléchir aux moyens d'une vraie réponse politique aux attaques de la droite et du Medef et d'aborder les grands rendez-vous qui s'annoncent. »
(parmi les signataires communistes Patrick Braouezec, Bernard Calabuig, Jean-Claude Gayssot, Dominique Grador, Roger Martelli, Marie-Pierre Vieu[1])
Dans cet appel, on remarque
- la référence, par deux fois, à « une force », qu'il s'agit d'organiser, à laquelle il s'agit de « construire » dès maintenant un « cadre permanent ».
- la référence à Die Linke, omniprésente chez les partisans de la « nouvelle force »
- des éléments de base programmatique très vague, d'inspiration sociale-démocrate (la promesse de redistibution des richesses ... sans la mise en cause des pouvoirs sur l'argent et le dépassement du système)
- l'idée d'une étape à franchir à l'occasion des prochains rendez-vous électoraux (européennes?)
Dans la même veine, on avait pu lire ces dernières semaines des propos de...
Jean-Claude Gayssot (propos rapportés dans Le Monde du 20 avril 2008)
« Pour le vice-président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, "il faut rompre avec la conception qui a prévalu à la création du PCF". Il plaide pour la création d'une nouvelle force "indépendante du PS mais unitaire et constructive". Pas une aile gauche du PS ni une LCR bis mais un parti "pour la transformation sociale", avec les militants du PS "refusant l'alliance avec le MoDem", "l'extrême gauche unitaire", les altermondialistes, les écologistes de gauche... "C'est le PCF qui doit prendre l'initiative, débattre de cette hypothèse au congrès. Qu'il dise qu'il veut participer à la création de cette force sans que l'étiquette PCF soit un préalable", martèle M. Gayssot, qui voit dans les élections européennes de 2009 une première étape. »
Marie-Pierre Vieu (L'Huma du 19 avril 2008 - débat avec Benoit Hamon)
« Ce qui s'est passé en Allemagne avec la création de Die Linke par des communistes et des socio-démocrates de l'Est et de l'Ouest m'intéresse. Tout en étant convaincue que ce n'est pas une solution pour la France. ... Les partis vont devoir évoluer.
Changer de matrice, de nature, voire d'enveloppe... »[rappel de déclarations précédentes:
Tribune de l'Huma du 14 mai 2007: « Je me pose une question et je n'y ai pas pour l'heure apporté de réponse : le parti que nous allons construire dès demain sera-t-il encore un parti communiste ou bien un parti de l'alternative à gauche ? Cette réflexion me paraît d'autant moins incongrue qu'elle croise celle de nos voisins européens. L'expérience allemande du Links Partei qui arrive à faire converger dans ses rangs, des anciens communistes de RFA et RDA ainsi que des socialistes tel Oscar Lafontaine est bien sûr à mes yeux celle qui revêt le plus d'intérêt car tentant de trouver une voie socialiste d'aujourd'hui. »
Tribune de l'Huma du 1/9/07: « il nous faut être lucides sur le fait qu'il va nous falloir évoluer, que le PCF pour une large partie de l'opinion est lié à un modèle vécu aujourd'hui négativement...restons attentifs et ouverts aux réflexions et expériences en cours de refondation de la gauche; j'ai en tête plus particulièrement l'Allemagne et l'Italie... »]
Olivier Dartigolles (Le Monde du 28-2-08)
«..." Un nouvel espace s'est libéré que Die Linke vient occuper en apportant la démonstration qu'une gauche très sociale peut exister ", affirme Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. " Les oeillades appuyées, adressées par certains socialistes au MoDem, suggèrent que la question de la nécessité de combler un tel vide à gauche peut aussi se poser en France ", glisse-t-il. »
Constatant que « les communistes ne sont pas à la veille de sacrifier leur parti sur l'autel de la création d'une formation susceptible d'aiguillonner des socialistes timorés. », le Monde poursuivait: « Refusant de " formuler dès maintenant une réponse organisationnelle ", M. Dartigolles se dit néanmoins favorable à la mise en place de " fronts électoraux ". Il évoque la constitution d'une liste pour les élections européennes de 2009 rassemblant le PCF, mais aussi " les amis de Jean-Luc Mélenchon et, pourquoi pas, une partie de la LCR ". »
[rappel:
Fête de l'Huma 2007: à la question: « est-ce qu'il faut une nouvelle force politique à gauche? » O.Dartigolles répondait: « ....il faut un nouvel acteur politique, la forme on ne peut pas la décréter aujourd'hui, ce serait un atterrissage un peu sec; certains veulent un front, des fronts, nouveau parti, nouvelle organisation, que sais-je...Je crois qu'il faut porter un projet qui puisse s'asseoir sur l'idée de la transformation sociale...La gauche doit se doter d'espaces pour enclencher ce processus fondateur qui va demander du courage et des ruptures culturelles...Il faudra de fait très certainement un nouvel acteur politique »
Selon « Le Monde » du 14/9/07, qui le citait, « il est persuadé qu'il faut « une nouvelle organisation politique » dans laquelle existerait « une sensibilité communiste organisée ».]
[1] Les premiers signataires de l'appel: Paul Ariès, Ariane Ascaride, François Asensi, Clémentine Autain, Christophe Barbillat, Francine Bavay, Hamida Bensadia, Pierre Bergougnoux, Jacques Bidet, Martine Billard, Jean-Jacques Boislaroussie, Patrick Braouezec, Bernard Calabuig, Yves Contassot, Eric Coquerel, Emmanuelle Cosse, Thomas Coutrot, Claude Debons, Bernard Defaix, Marc Dolez, Annie Ernaux, Jean-Claude Gayssot, Jacques Généreux, Susan George, Dominique Grador, Robert Guediguian, Michel Husson, Raoul-Marc Jennar, François Labroille, Frédéric Lebaron, Jacques Lerichomme, Philippe Mangeot, Roger Martelli, François Maspero, Gérard Mauger, Marion Mazauric, Daniel Mermet, Mohammed Mechmache, Philippe Meyrieu, Claude Michel, Yann Moulier-Boutang, Dominique Noguères, Michel Onfray, Christian Picquet, Christophe Ramaux, Yves Salesse, Denis Sieffert, Patrick Silberstein, Evelyne Sire-Marin, Emmanuel Terray, Rémy Toulouse, Marcel Trillat, Christophe Ventura, Marie-Pierre Vieu, Claire Villiers.
GQ ajoute :Toute la bande du collectif national est réunie à nouveau, il ne manque pas un Coquerel. on y trouve aussi l'engeance pédagogique au grand complet, les liquidateurs de l'éducation nationale recouvrant largement les liquidateurs du PCF. et les ineffables bobos héritiers du PCF Ascaride Guédigian, qui n'aiment que le communisme embaumé.