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Réveil Communiste

Nicolas Marchand et la préparation du congrès

12 Novembre 2007 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Positions

Nicolas MARCHAND


Intervention au débat d'Agen (9/11/07)

Nous sommes à un moment crucial de l'histoire de notre Parti.

Dans un mois, l'Assemblée extraordinaire des délégués de section adoptera un « mandat », fixant à la direction du Parti un cadre pour la préparation du Congrès.

La question en débat ce soir, qui est celle de l'avenir du PCF, question qui est en relation étroite avec l'avenir de la gauche et du combat transformateur face à Sarkozy, cette question est au coeur du contenu de ce mandat.

En effet,

-  soit ce mandat organisera la préparation du Congrès à venir en fonction de l'objectif formulé, avec quelques variantes, par plusieurs dirigeants du Parti, de création d'une « nouvelle force politique », visant à réunir au sein d'un même parti, communistes, socialistes de gauche, trotskistes et d'autres « anti-libéraux », dans un processus impliquant de fait, à court ou moyen terme, la disparition du PCF comme parti politique autonome;

-  soit il ouvrira le chantier des changements, des novations, des transformations dont le Parti communiste a besoin pour continuer et se relancer;

Le mandat ne peut pas être neutre, ni inciter à travailler dans deux directions contradictoires, et il ne serait pas acceptable qu'il consiste, par des subtilités, à donner carte blanche pour ce que certains appellent « un congrès fondateur ».

Par ailleurs est-il concevable que nous traversions l'année qui vient, avec les luttes, avec les élections, en laissant l'existence du Parti communiste en suspens?

Est-ce que nous  pouvons rester paralysés par les hésitations et divisions comme nous le sommes actuellement en permanence à la direction par exemple sur la question de l'intervention politique autonome du Parti (de même que nous l'avons été, gravement, pour l'élection présidentielle)?

Je ne le pense pas, c'est pourquoi je pense qu'il y a urgence à sortir de l'incertitude existentielle. Nous avons subi un grave échec dont il faut analyser les causes, sans esquiver la critique de la politique qui a été suivie jusqu'à cet échec, sous l'impulsion des principaux partisans de la dissolution du Parti.

Ils en rajoutent même sur l'échec, alors qu'il n'y a aucune raison de céder, comme trop de dirigeants, à la panique et au défaitisme, ni à la tentation, illusoire, de la fuite électoraliste.

Nous sommes dans une situation qui est à la fois très grave, dangereuse, et pleine de potentialités, dans laquelle, pour frayer la voie d'un rassemblement transformateur possible, il y a absolument besoin de l'action créatrice du PCF:

 

-  on a un capitalisme dominant, écrasant, dangereux / mais aussi la crise de cette civilisation du capitalisme et du libéralisme, attisée par la révolution informationnelle qui pousse des possibilités sans précédent de partage, de mise en cause radicale des dominations, de communisme.

-  on a Sarkozy, son arrogance de classe, sa révolution conservatrice, la droite refondée et la gauche en crise/ mais aussi le début d'une résistance sociale et populaire.

Cela nous place devant un double défi, face auquel on n'a pas le droit de capituler en renonçant à l'existence du Parti:

-  le défi, comme jamais, d'un dépassement effectif du capitalisme dans une nouvelle société, une nouvelle civilisation meilleure que celle du capitalisme;

-  le défi immédiat de la riposte, d'une riposte de haut niveau, avec la promotion d'idées précises alternatives, transformatrices, articulées à la visée communiste.

C'est au regard de ces défis qu'il faut, tout au contraire d'un processus de dissolution, ouvrir le chantier que je qualifie de « la novation », qui vise un parti communiste, dont je ne pense pas pour ma part qu'il faille changer le nom, ni en créer un nouveau, mais un PCF transformé.

Cette transformation est vitale. Parce que l'immobilisme serait aussi mortel que l'auto-dissolution. Je pense qu'elle concerne quelque chose de l'ampleur d'une révolution culturelle, ce qui est tout autre chose que les conceptions de dissolution comme « tourner la page du congrès de tours » ou « changer de logiciel ».

Et je dis chantier parce que je n'ai pas de  réponse achevée. Il faut travailler. Je ne vois pas ça comme le travail de quelques uns auxquels il s'agirait de se rallier, mais un chantier de tous les communistes, et très ouvert sur la société, en particulier le monde du travail et de la création et la jeunesse. A ce moment vital pour le Parti, comme en 1920, l'apport des syndicalistes révolutionnaires et des jeunes peut être décisif.

QUELQUES ELEMENTS (SOMMAIRES) POUR LE CHANTIER DE LA NOVATION DU PCF

Ce chantier, il faut le concevoir en liaison étroite avec la riposte à Sarkozy, qui devrait constituer, avec des décisions précises, le premier volet du mandat donné à la direction du Parti.

4 points:

 

1)  la promotion/production/mise en pratique d'idées révolutionnaires nouvelles, concernant les luttes et notre visée de dépassement du capitalisme, d'une nouvelle civilisation.
Promotion, parce que nous avons des idées nouvelles (comme sur l'emploi, avec le projet d'un système de Sécurité d'Emploi et de Formation), mais trop confinées, voire refoulées.

Production, parce qu'il y a besoin de travailler encore et sans cesse

Mise en pratique, parce qu'il ne suffit pas de slogans, (comme avec la SEF, dont on affiche la formule, sans organiser l'expérimentation précise, sans même utiliser nos propres travaux sur une proposition de loi).

 

- l'enjeu d'une transformation profonde des formes politiques, principalement de la construction d'un dépassement des formes politiques délégataires (ça concernerait la démocratie participative et d'intervention, avec des pouvoirs, dans la société et les entreprises, mais aussi la conception de la forme parti); il s'agit aussi d'un primat des luttes sur les débats, forum et autres constructions de sommet

- la mise en cause fondamentale de la domination et de la supériorité du capital sur le travail salarié avec le principe de la sécurité d'emploi et de formation, qui nous arme pour   une bataille précise contre Sarkozy sur un de ses chantiers principaux: celui du contrat de travail

- autre pilier d'une transformation radicale, la promotion d'une conception très nouvelle des services publics et de leur développement, allant bien au delà de leur seule défense, jusqu'à un tout nouveau rôle des usagers

- les enjeux d'une autre gestion des entreprises et de nouvelles entreprises publiques

- les batailles sur des transformations institutionnelles au niveau européen et mondial, jusqu'à des « biens et services communs » (par ex: monnaie, crédit, eau, alimentation, santé, culture...)

 

Ce chantier concerne dès maintenant les batailles concrètes: franchises médicales, retraites, contrat de travail et la flex-sécurité, nouveau traité européen, pour ne pas se limiter à une propagande d'accompagnement des luttes, ni à des rassemblements protestataires vagues sur les alternatives;  pour promouvoir dans toutes ces batailles, des objectifs sociaux très nouveaux, avec les moyens financiers et les pouvoirs conditionnant leur réalisation

 

2)  définir la base sociale d'un rassemblement transformateur

on oscille, selon les moments et les sujets, entre ouvriérisme, misérabilisme/ et « boboïsme »

            alors qu'il faudrait considérer  l'ensemble des rapports sociaux et des potentiels de                            rassemblement:

l   les rapports de classe: le salariat tel qu'il est, avec la forte part des ouvriers et employés (60% des salariés, la forte montée des emplois de services, celle des cadres; les divisions et aussi les éléments unifiants (comme le développement pour tous de la précarisation, le besoin pour tous de formation)

l   mais aussi les dominations de genre et de génération (femmes, jeunes, personnes agées)

l   et les dominations liées à l'origine (les immigrés, les autres peuples)

 

            Ne devons-nous pas chercher à être le parti de l'unité du salariat, et de la jonction de ce qu'on   devrait considérer comme nos 3 bases sociales, ce qui voudrait dire aussi de la      jonction des objectifs et luttes sociales et sociétales, au lieu de leur opposition.

 

3)  des transformations du Parti

 

l   je pense d'abord aux moyens de construire (reconstruire, d'une certaine manière, mais pas à l'identique) le parti, son fonctionnement, sa structuration, pour la promotion/élaboration et l'expérimentation dans l'action d'idées transformatrices, et pas seulement, comme aujourd'hui, principalement pour les élections (il s'agirait notamment de repenser le rapport aux entreprises et au monde du travail, avec aussi jeunes, femmes,immigrés).

l   il s'agit aussi, c'est essentiel, d'une profonde démocratisation: il n'y a plus le centralisme démocratique, mais on a un fonctionnement hyper-centralisé et délégataire ; il faut une dé-présidentialisation; réduire les délégations de pouvoir; établir un va et vient productif pour l'action entre « le haut » et « le bas »...)

l   et, tout aussi important, la formation politique et théorique, besoin crucial lié aux exigences de contenu de la bataille politique et de démocratie


4)  le chantier de la refondation de la gauche

L'enjeu « PCF » n'est pas un enjeu pour soi; c'est un enjeu pour le mouvement populaire et toute la gauche. Novation ou dissolution du PCF, c'est une clé de la refondation de la gauche. On doit pas confondre rassemblement et fusion. On ne peut pas répondre à une social-libéralisation du PS, dans une optique essentiellement électorale, comme c'est le cas avec la conception d'un espace à gauche du gauche du PS, à dominante sociale-démocrate, confinant les communistes.

Par contre on devrait s'occuper beaucoup plus sérieusement, avec une ligne, des divisions du PS (très nouvelles depuis le référendum), sans laisser de champ à l'illusion fusionnelle (comme Olivier Dartigolles se déclarant « enthousiaste à l'idée de dépasser le cadre actuel des partis », devant la proposition d'Emmanueli d' « une formation unique construite à la proportionnelle des sensibilités qui font la gauche »).

On pourrait plutôt, tout en ouvrant le chantier de la novation du PCF, ou comme son volet stratégique, explorer la voie d'un nouveau front politique et d'action.

 

Un mot de conclusion.

Nous sommes à une croisée de chemin historique.

Depuis plusieurs années déjà, il y a un décalage important entre les débats au sommet et à la base, mais souvent, malgré cela, ce sont les décisions de sommet qui ont prévalu.

Cette fois-ci, c'est l'existence même du Parti communiste qui est mise en question, au sein même de sa direction.

Il faut absolument que les militants s'emparent de ce débat et ne le laissent pas se dénouer au sommet ou par délégation. A cette condition, et parce qu'il y a une toute autre voie que celle du renoncement, rien n'est joué. J'en ai la conviction, notre Parti peut rebondir.

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