Jean Louis Cailloux, pour la novation du PCF
Pour une novation au sein du PCF
I) A quoi sont confrontés les responsables de section du PCF ?
A la politique, de Sarkozy bien sûr, mais aussi a une grave situation interne du PCF.
La résolution de ces deux questions passe par une novation du Parti.
1) Cerner le danger interne et ses origines.
Concernant leur parti, les militants doivent se souvenir, qu’aucun parti communiste au monde n’a disparu dans la lutte contre le capitalisme, si féroces soit ses adversaires, c’est toujours de l’intérieur que sont venus les renoncements.
Le risque est là en France.
Si l’échec du camp socialiste pèse toujours, renforcé par les auto-dissolutions de nombres de partis en Europe, il en est un autre d’échec qui est patent., celui des lignes poursuivi par le PCF depuis dix ans
Pourtant un grand nombre de ces dirigeants, incapables d’admettre qu’ils avaient tort et de se remettre en cause, s’accrochent à leurs lignes politiques ou au pouvoir, affirment avoir tout essayé et posent comme axiome la disparition, au mieux la dilution, du PC dans une autre formation politique.
Celle-ci serait construite comme pour le calamiteux “ rassemblement antilibéral ” dans des contacts de sommet, et qui aurait pour objectif une future coalition électorale majoritaire dans le cadre institutionnel actuel.
Pour se donner du poids, avec leurs partisans, ces mêmes dirigeants ajoutent que le mot communiste représente pour le peuple le passé, voir l’horreur, et déclarent que la matrice originelle, la révolution d’octobre, voir même Marx, interdisent tout avenir positif du PCF.
En fait, ils renoncent à l’action de révolution et se résolvent à se détacher du souhaitable, pour se consacrer au possible, rejoignant ainsi au mieux les cohortes de la pensée sociale démocrate.
Vous trouverez un aperçu de ces dérives dans le BLOG http://anrpcf.canalblog.com/
Le silence de Marie Georges Buffet jusqu’à une récente interview, fin octobre dans l’HD où elle contredit mais très insuffisamment cette tendance, renforce ce courant.
Fait remarquable : l’Humanité quotidienne favorise la parole aux partisans de cette ligne et laisse une part congrue pour les tenants du PCF.
2) L’enjeu de l’assemblée des représentants des sections en décembre.
Cette direction responsable de l’échec communiste a pris soin de ne pas remettre en cause son existence, (après de tels échecs, cela aurait dû aller de soit) évitant un congrès qui aurait put prendre une telle décision. Elle se limite à une assemblée extraordinaire des représentants de sections. Elle va tout mettre en œuvre pour faire adopter par cette assemblée un mandat qui lui donne les mains libres pour arriver à ses fins de dilution.
C’est un tout autre mandat que les militants et les militantes doivent lui donner, Loin du statut quo, c’est celui de faire vivre le PCF en organisant le débat sur sa novation, dans l’action et pour révolutionner la France et le monde.
Rien n’est acquit dans un sens comme dans l’autre,
II) Comment penser à une novation au sein du PCF
1) Les atouts
a) Parmi les atouts, il y a le fait que le corps militant dans les sections aspire, pour ce que j’en connais, à un renouveau de leur parti auquel ils donnent tant.
b) Il suffit d’analyser le monde, pour constater que jamais l’antagonisme (mis en exergue, parmi d’autres contradictions, par Marx) entre les forces productives et les rapports de production n’a été aussi grand, jusque dans sa dimension environnementale.
Jamais les présupposés du communisme (avancés par Lucien Sève) n’ont été aussi présents au sein du capitalisme.
C’est à partir de cette situation, que le PCF doit opérer une révolution novatrice en son sein et se comporter très différemment par rapport aux périodes antérieures.
Une direction conséquente devrait mettre la question de cette novation en débat, plutôt que de singer, le “ que faire ” de Lénine, en visant la création d’une “ chose ” arévolutonnaire
Il faut se jeter dans le débat.
III) Quelles sont les bases que nous pouvons commencer à formuler pour cette novation.
1) Il est important de tirer les enseignements de l’histoire.
Il y a beaucoup à faire pour encourager de nouvelles recherches sur l’apport des communistes dans le monde.
Dans la confrontation avec les thèses de Furet et de Courtois , l’attitude du PCF a été lamentable, le résultat est connu, cela donne “ les valises lourdes à porter ”.
(Le dernier livre de Bernard Henri Lévy qui s’en prend de manière forte à l’esprit de révolution devrait a mon sens susciter une riposte ferme du PCF et de ses intellectuels).
Il doit opérer une nouvelle analyse des échecs des expériences se réclamant du socialisme ou du communisme.
Les communistes dans le monde cumulent une formidable expérience, avec du bonheur et de la tragédie, ainsi que des aberrations. Il faut assumer.
Personne ne peut oublier ni le rôle des communistes en faveur du mouvement de décolonisation, ni que l’ensemble des progrès sociaux du 20 eme siècle ont eu lieu dans une compétition qui opposait les communistes du monde entier (pour ainsi dire à l’ombre du camps socialiste constituant un aiguillon sans pareil) aux capitalistes.
C’est si vrai qu’une fois le socialisme effondré à l’Est, les sociaux-démocrates renoncent et passent au social libéralisme
Concernant l’histoire proche, iI y a une grande difficulté à reconnaître que notre mutation s’est opérée en réponse et dans des conditions mondiales de reflux de la pensée révolutionnaire dans le monde.
Il faut relever que nous avons quitté à juste titre des références, mais sans les remplacer par des concepts neufs ou remplacées, mais de manière inachevée.
C’est le cas des rapports à l’Etat, de la propriété, des classes, de la contradiction entre les forces productives et les rapports de production.
Il y a des difficultés à considérer la crise structurelle du capitalisme et d’opérer une critique du social libéralisme.
Dans tous ces domaines, nous pourrions discuter d’une grande campagne, sur les valeurs humanistes des communistes de notre époque : pour un dépassement du capitalisme, une visée renouvelée.
2) Au plan des idées et de la théorie :
Un Parti communiste n’est pas un organisme scientifique. Il traite des rapports politiques et sociaux au sein de l’humanité tout entière, qui, l’histoire le révèle, sont pleins d’aléas.
Il doit pour ses théories, s’emparer des travaux venant de tous les horizons, les passer au crible, les confronter à ce qui naît dans ses propres rangs.
Il doit avoir ses propres outils créatifs, dont la qualité essentielle est d’être appuyé sur des organes de proximité, capillaires dans toute la société.
Il faut une rupture avec la situation actuelle d’espace Marx qui est instrumentralisée dans un sens qui ne sert plus l'audience de la pensée communiste.
3) Un Nouveau type de rassemblement
Il faut en finir avec un type de rassemblements qui privilégie les accords de sommet à visée électorale.
C’est le contenu porté par les salariés et la population qui compte.
Le dernier en date “ dit antilibéral ” a été un sommet destructeur.
Au regard de ce qui en cause aujourd’hui, chacun comprend qu’il n’est pas efficace et acceptable que le rassemblement soit la dissolution et la dilution du parti communiste dans une autre organisation politique, incluant seulement une sensibilité communiste et la coiffant avec des non-communistes !
Le rassemblement vraiment efficace, c’est celui qui consiste à travailler et à agir à tous les niveaux avec des non-communistes et d’autres organisations, pour conquérir des hégémonies idéologiques sur une question.
C’est pour y réussir qu’il faut avant tout développer l’originalité du PCF, ses capacités d’apports au mouvement social, à l’ensemble de la gauche, à des transformations sociales, démocratiques.
Le PCF peut beaucoup apporter sur : - les objectifs sociaux de contre-propositions pour l'emploi ; - les pouvoirs ; - les moyens financiers.
4 ) Les formes d’organisations.
Il faut révolutionner le mode de fonctionnement du PCF à tous les niveaux.
Il faut rompre avec la forme de direction actuelle, ou tout est décidé par un petit noyau de dirigeant
Un débat doit avoir lieu sur ce sujet.
Comment donner au comité national le pouvoir réel à l’opposé d’un pouvoir d’un petit groupe et faire en sorte que toutes les questions abordées au CN et que les actes des dirigeants soient débattus par l’ensemble des adhérents ?
Cette question se pose à tous les niveaux.
La composition du CN et de toutes les instances doit être redéfini pour donner la primauté au monde du travail et à ceux qui luttent dans tous les domaines.
Cette question est une exigence de l’heure, le PCF a besoin de se donner à tous les niveaux des directions composées pour une large part de jeunes qui organisent des luttes sur les lieux de travail et dans les autres domaines de la vie sociale et sociétale.
Il faut en finir à tous les niveaux avec des directions où les catégories ouvrières et les couches populaires sont absentes
Il faut réhabiliter la forme d’organisation la plus proche des individus, particulièrement sur les lieux de travail de tous les types. Le recul de la forme cellule est calamiteux alors que le concept qu’il recouvre devrait être l’objet de recherches novatrices
Toute forme d’organisation qui s’éloigne de cette proximité entraîne l’échec pour une organisation qui se prétend de transformation radicale.
Le parti doit apporter à ses adhérents une formation politique et théorique, qui les fondent à penser par eux-mêmes.
5) Au plan des actes :
a) Tous nos actes, même sur des questions immédiates, doivent s’inscrire dans une visée de dépassement du capitalisme.
Cela passe par des actions visant à favoriser des expériences de prise de pouvoir par les citoyens, bien en amont de pas législatifs.
b) Nos positions électorales doivent se consacrer à une politique et une gestion de subversion du capitalisme dans tous domaines.
Pour prendre deux exemples dans les communes et à proximité des élections :
La démocratie participative doit être développé dans le sens du décisionnel et de la décentralisation des gestions.
La démocratie à l’initiative municipale doit déborder la citoyenneté de résidence et s’étendre aux salariés des entreprises, pour aborder le devenir de celles-ci.
Dans les villes que nous gérons ou auxquelles nous participons, nous devons faire en sorte que des débuts d’actions concrètes aient lieu pour expérimenter la Sécurité d’emploi et formation dans toutes ses dimensions. Il y a donc un travail précis à faire pour décliner la SEF a ce niveau.
6) Concernant les institutions
Il n’y a pas d’issue électorale révolutionnaire dans le cadre des institutions actuelles.
Le présidentialisme est un obstacle majeur pour le peuple et hélas notre positionnement d’abstention lors du passage au quinquennat nous a décrédibilisé.
Une lutte pour le changement des institutions doit être porté à un tout autre niveau, mais il faut aussi porter une ligne de subversion, en tentant de constituer des luttes portant sur des exigences de prise de pouvoir, dans tous les domaines et surtout a l’entreprise.
7) Au plan international
La question du communisme se pose à cette échelle, il convient donc de sortir du cadre étroit de la France et l’Europe (avec un PGE bien insuffisant) et s’affranchir d’un isolement dédaigneux vis-à-vis des forces progressistes et communistes du monde.
Des débats sérieux emprunts d’écoute et aussi de fermeté doivent voir le jour à ce niveau pour tenter des actions à l’échelle du monde.
La question des guerres impérialistes n’est pas la dernière des questions à traiter.
La lutte pour la paix et le désarmement nucléaire doit trouver une nouvelle vigueur.
Il convient donc d’étoffer l’activité internationale.
8) Le PCF doit travailler pour retrouver une base sociale.
Dans les salons parisiens, il est de bon ton de parler d’effacement de la notion de classe et de s’interroger sur le fait que la contradiction capital travail demeure centrale ou non.
Dans une France où 95 % de la population active est salariée et où la fragmentation des statuts est de règle, la notion même de classe ouvrière deviendrait caduque ?
Quel aveuglement chez ces gens qui ne se posent même pas la question de qui a fabriqué la tasse contenant leur thé.
En France au sein du salariat généralisé il existe des statuts bien différents et des gens qui sont des gestionnaires conscients du capitalisme.
Chez Dassault Saint Cloud ou à la Défense, nous pouvons avoir le sentiment que tout se passe sans ouvriers, sans usines.
Le personnel de Dassault Saint Cloud (3000 ingénieurs concentrés) peut lui-même penser participer à la gestion du monde et intégrer les concepts capitalistes.
La région parisienne est un concentré de ce type.
Mais il n’en est pas ainsi dans toute la France.
Jamais le nombre d’ouvriers n’a été aussi important dans le monde.
En France, même leur nombre est loin d’être négligeable.
Le 18 octobre, les ouvriers ont manifesté en grands nombre.
Au cœur de la production des richesses il y a la conjonction de collectifs de travail dans les entreprises et le travail du secteur financier.
C’est dans ces milieux qui concentrent la connaissance ouvrière, technique et scientifique que se situe la force capable de disputer en premier lieu le pouvoir aux capitalistes
C’est dans cette population de salariés que le PCF doit trouver sa base sociale première et qu’il doit rechercher ses cadres politiques.
C’est là qu’il doit s’organiser.
Le PCF doit assurer à ces catégories une représentation politique, qui leur permette de s’affranchir de l’exploitation et de l’aliénation et de s’extraire du fractionnement provoqué par les nouvelles formes d’actions du capitalisme .
La démocratie
Dans le milieu des années 70, la bourgeoisie mondiale et ses hommes politiques avaient organisé la conférence trilatérale. Cette assemblée détermina la démocratie comme thème de lutte contre le communisme.
Nous pouvons dire que la bourgeoisie avait vu juste, puisque les régimes “ communistes ” ont chuté pour l’essentiel sur cette question.
Mais n’oublions pas non plus que cette “ trilatérale ” a posé un second principe : celui d’une démocratie à périmètre limité sous contrôle. (Raymond Barre fut celui qui formula le mieux ce que cela sous-tendait).
Nous pouvons dire aujourd’hui que cette démocratie limitée est en place.
Avec le perfectionnement de la présidentialisation, un suffrage universel tronqué, une Europe politique sans démocratie réelle et sous contrôle et des entreprises internationales dont les destinées sont hors de portée citoyenne.
Le PCF doit donc faire de la démocratie un axe de bataille idéologique essentiel, du plan international au local.
Cette question de la démocratie doit être portée dans les entreprises industrielles et financières et dans la sphère des services publics qui doit être élargie pour faire grandir le “ hors marché ”.
Le concept d’appropriation sociale doit être développé
Il articule droit et pouvoirs des salariés, question de propriété et critères de gestion.