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Réveil Communiste

Crise du communisme, oui, mais crise du "communisme honteux"

26 Novembre 2008 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ce qui ne peut plus durer au PCF

Un camarade du XXème nous envoie ceci, écrit par un de ses amis:


Communisme : référence et identité



Un des refrains récurrents dans les débats précédant notre congrès est celui de la référence au communisme et de la nécessité qu'il y aurait à changer de nom et d'organisation pour pouvoir envisager d'ouvrir de nouvelles perspectives politiques dans notre pays.

Et si la base commune se plie à l'aspiration très majoritairement exprimée en affirmant que « la voie de transformations du PCF nous apparaît plus féconde que celle de la recherche de la constitution d'un autre parti aux contours incertains », elle assortit cette déclaration d'une prétendue contradiction existante entre cette référence et la « crise » qu'elle connaîtrait.

Et pour étayer ce postulat d'une « crise du communisme », elle assène, péremptoire « il ne paraît pas possible de contester les éléments objectifs et subjectifs de cette crise » en le justifiant plus loin par « les difficultés politiques que connaissent aujourd'hui les partis communistes partout dans le monde, et leur grande hétérogénéité. » sans autre forme de procès.

Outre que ces affirmations, que ne vient corroborer aucun élément constituent un crachat sur la mémoire, elles représentent une insulte à la réalité. Mais c'est peut-être ce manque d'arguments qui justifie ce qualificatif « d'incontestable ».

Car s'il est vrai qu'un certain nombre de partis communistes ou d'organisations issues de partis communistes ont connu et connaissent des difficultés, c'est loin d'être une situation uniforme. Avant de nous attarder sur les causes examinons quelques exemples :

Tout d'abord plus près de nous, qu'il s'agisse de la Grèce ou du Portugal, ce sont bien des partis communistes assumant avec fierté leur identité communiste qui ont connu des résultats électoraux en progression significative dans ce même contexte international pourtant défavorable et l'on peut aussi évoquer le cas de Chypre qui élit un Président issu du Parti Communiste. Pour le Portugal par exemple lors de deux scrutins successifs, aux législatives et aux municipales, qui voient le PCP regagner y compris des positions fortement symboliques.

Mais si l'on élargit la mire, il est aisé de trouver d'autres exemples :

Les dernières élections au Brésil ont montré une forte progression des communistes qui, malgré une situation parfois compliquée qui leur a par exemple coûté une victoire envisageable à Rio, ont quadruplé le nombre de villes qu'ils conduisent.

En Asie, que ce soit en Inde, où leurs positions se sont renforcées ces dernières années, il convient d'ajouter le Népal, où après une longue lutte meurtrière ils gagnent la majorité aux élections.

Mais au-delà des élections qui témoignent que l'étiquette de communistes ne constitue pas un stigmate rédhibitoire auprès des peuples malgré la guerre de propagande intense menée par l'impérialisme et l'oligarchie médiatique, il est à souligner que dans bien des pays, le communisme reste une référence estimable aux yeux des mouvements sociaux en cours :

Au Venezuela, en Bolivie, au Brésil, pour citer quelques exemples en Amérique Latine mais aussi en Afrique, comme l'a montré le dernier congrès de l'ANC en Afrique du Sud, avec la réaffirmation du rôle central de la triple alliance dont le SACP dans le processus de démocratisation en cours, défendu par Nelson MANDELA lui-même.

La thèse de la « crise » est donc plus que contestable !

La référence communiste ne constitue manifestement pas le repoussoir universel empêchant tout progrès dans la traduction politique des luttes, comme d'aucuns voudraient nous le faire croire pour nous présenter comme inévitable une fusion du PCF dans des nébuleuses de « gauche » au projet politique restant à définir, quand bien même l'effondrement du bloc soviétique à l'Est de l'Europe ait représenté une défaite majeure qui continue de peser sur les perspectives politiques de changement.

Pour mieux comprendre les causes des diverses fortunes et l'intérêt ou non d'un changement d'appellation ou d'organisation concernant le PCF, quelques comparaisons sont riches d'enseignement.

Par exemple celle entre le Portugal et l'Espagne, où le communisme est inscrit dans l'histoire politique comme une composante essentielle de la résistance au fascisme et comme un acteur majeur du mouvement social, il est à noter que, si du côté du Portugal, avec un Parti Communiste assumant sans complexe son identité, les résultats sont en progrès, en Espagne, dans le cadre d'une alliance aux contours politiques pour le moins mouvants, ne serait-ce que sur les questions européennes, les communistes ont subi un désastre électoral. Même constat en Italie, que l'on compare avec le Portugal ou la Grèce.

Ce sont donc plutôt les représentants d'un communisme « honteux », essayant de se recomposer dans le cadre d'une logique institutionnelle qui boivent la tasse et non pas les autres. Ce constat vaut aussi pour la France où c'est l'écart grandissant entre notre positionnement politique et les valeurs attachées au communisme qui a réduit notre espace politique.

Certains de ceux prônant un changement d'organisation et de nom le font en prenant l'exemple de l'Allemagne et les succès électoraux de Die Linke. Curieux de défendre une reproduction mécanique d'une construction politique sans tenir compte de la spécificité de la situation allemande par rapport à la France, alors que tous s'accordent à dénoncer les dégâts causés par la sacralisation d'un « modèle » en matière de démarche politique.

Car si en France, dans ce qui constitue son histoire et ses traditions politiques, le communisme reste attaché à des moments historiques fondateurs, de la Commune de Paris à la Libération en passant par le Front Populaire, et à de grandes conquêtes sociales, comment peut-on vouloir adopter la même démarche que celle d'un pays qui a d'abord connu une partition douloureuse du fait de guerre froide, où le communisme a été criminalisé pendant des décennies dans la majeure partie de son territoire actuel, dont le périmètre s'est construit sur une annexion aux allures de revanche idéologique où le communisme n'a cessé d'être stigmatisé ?

Ce type de procédés relève à mon avis bien peu d'une analyse marxiste et les incertitudes qui pèsent aujourd'hui, malgré tout sur l'avenir politique de Die Linke, devraient nous inciter à la plus grande prudence.

Le recours en désespoir de cause à un référentiel fondé sur une réalité historique et culturelle bien diverse de la nôtre pourrait s'avérer à terme non pas la bouée de sauvetage espérée par certains mais plutôt un boulet pour nous faire boire la tasse.


Pedro DA NOBREGA

21/11/2008


Note de RC : ce qui figure dans et article est juste pour l'essentiel, mais le débat sur le nom est suscité à intervalles réguliers pour nous embrouiller et détourner notre attention des vraie question, clle du bilan des dirgeants par exemple. "PCF" ou pas nous ne pouvons pas nous contenter d'une coquille vide!

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