la philosophie politique que révèle la note de Marie George
30 Septembre 2008 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ce qui ne peut plus durer au PCF
On peut lire ici cette note
MG semble très agacée par l'existence d'une opposition dans le CN à laquelle elle impute tous les dysfonctionnements catastrophiques qui ont émaillés ces trois dernières années. Au fond, s'il n'y avait pas de voix discordantes au CN, nous serions beaucoup mieux dirigés et notre ligne serait beaucoup plus claire! Si sa candidature n'a réuni que 1.9% des français, c'est la faute de l'opposition! Bien entendu. Comment ne pas y avoir pensé plus tôt?
MG ne veut pas de dirigeants choisis sur des critères politiques, mais sur des critères administratifs et sociologiques, comme l'étaient autrefois les membres du parlement de la RDA ou ceux du Soviet Suprême. Elle porte un jugement sévère sur la qualité des membres du CN, mais en se défaussant sur eux de son bilan personnel. A quand l'autocritique de Marie George? Un peu de courage camarade !
Mais ce n'est pas le plus important. En lisant cette note, nous comprenons enfin comment nos dirigeants sont choisis et par qui. Au fond, on peut résumer ainsi ce mode de désignation : 90% de cooptation où le groupe dirigeant se choisit lui même en intégrant au passage quelques petits jeunes à l'échine souple, et un passage contrôlé étroitement devant la base, pour légitimer la nouvelle liste, avec quelques concessions à l'opinion des communistes telle qu'elle "remonte".
Ce système se justifiait dans le passé pour plusieurs raisons : d'abord il permettait par un choix attentif de faire monter des dirigeants ouvriers. Ensuite dans un parti qui pouvait être obligé de passer dans la clandestinité du jour au lendemain, il était illusoire de procéder sans cesse à des consultations et à des votes. Les partis communistes ont été structurés autrefois de manière rigide, et c'était normal : ils étaient en guerre, contre le fascisme, puis contre l'impérialisme et le colonialisme. Le parti ne pouvait offrir que peu d'accès à des carrières, et les opportunistes n'y étaient pas légion. Même vingt ans après la Résistance ou la guerre d'Algérie, personne ne se serait permis de traiter "d'intégristes" des camarades attachés au marxisme et à la lutte des classes. Mais de nos jours, notre parti est entré dans les institutions, il bénéficie du financement public, et son activité principale est devenue petit à petit celle de faire réélire ses élus. D'où la grande gêne ce printemps lorsque les socialistes ont flirté avec le Modem. et puis la base sociologique a évolué. Dans ces conditions, ce qui "remonte" de la base n'est pas forcément en parfaite adéquation avec la vocation ouvrière et marxiste de notre parti. On sent un grand intérêt pour les problématiques sociétales de la classe moyenne. Or sans cette double identité il n' y a plus guère de raisons d'être dans le champ politique français, l'espace dévolu à la classe moyenne de "gauche" étant très encombré (PS, Verts, NPA, PT, ATTAC, collectifs, MDC, Indigènes, etc).
Bref, la machine à produire du consensus, de l'unanimité, et de l'unanimisme artificiel quand l'unanimité n'est plus là a perdu sa légitimité. Et aussi son efficacité : car cette machine produisait dans un parti ouvrier et marxiste un groupe dirigeant assez homogène, et efficace, capable de fixer une ligne après une discussion approfondie et de s'y tenir ensuite. Aujourd'hui le groupe dirigeant a éclaté au gré des modes en tendances et en coteries qui ne se rassemblent que pour le bifteck.
Mais il est resté de cette culture politique du "centralisme démocratique" une peur de la dispute qui se manifeste par le refus de l'organisation en tendances. Concrètement, cela signifie quoi? Que les statuts du PCF proscrivent de créer un parti dans le parti avec des cotisations spécifiques et une direction spécifique. Mais ils n'empêchent nullement la proposition d'un texte alternatif, et la pluralité des listes, à tous les niveaux. Ils n'interdisent pas non plus les courants et les sensibilités, bien qu'il est vrai qu'ils fassent tout pour gêner les oppositions et favoriser la direction sortante.
Il faut maintenant accepter le fait qu'un parti comme le nôtre ne puisse pas continuer à donner une telle prime au groupe dirigeant, dont l'échec est flagrant et massif, et dont il profite sans vergogne pour rester en place : gauche plurielle, 2%, 3%, il faudra quoi de plus pour leur demander gentiment de passer la main?
Certes on ne peut pas, comme je l'ai fait, coller des centaines de fois le portrait de Marie George sur tous les murs sans s'y attacher un peu. Mais ce n'est pas une question de personne. C'est la question d'un système de pouvoir dans le parti qui est usé jusqu'à la corde, système qu'au demeurant Marie George incarne à la perfection, y compris son inefficacité croissante, et le manque de conviction dont les porte-parole, elle comprise, font preuve, dès qu'ils sortent de l'ambiance feutrée de Fabien. Pourtant le même système avait produit Georges Marchais! Non, ce n'est pas Marie George qui est nulle, c'est la ligne qu'elle suit avec son groupe qui est nulle, et qui aboutit à notre effacement graduel, la réduction de notre Parti Communiste à une coquille vide, par inféodation au PS au sein d'une "gauche" sans projet et sans principe.
Et dans ces conditions, puisqu'on défend une ligne indéfendable, réapparaît la tentation du recours autoritaire "au coté administratif des choses" comme disait Lénine en parlant de son successeur. GQ le 25 septembre 2008.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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