Position des jeunes communistes du Nord
8 Décembre 2007 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Positions
La forme « parti » est dépassée, entend-on ici et là. Pendant longtemps, de discours a été celui des « gauchistes » (culte aussi ridicule inefficace du « spontanéisme révolutionnaire », selon lequel les travailleurs n'ont pas besoin d'organisation pour s'émanciper). Le problème est que ces dernières années, certains milieux « communistes » ont adopté un discours très « alternatif » eux-aussi : la forme « parti » est dépassée, il faut passer à autre chose, à une sorte de mouvementialisme plus flou, censé être plus rassembleur. Ce discours trouve sa légitimité dans la chute vertigineuse du nombre d'adhérents du PCF et des organisations syndicales. Les français voudraient rompre avec le système des partis. Entre autre, la stratégie des collectifs antilibéraux s'est appuyée sur cette idée (dépasser les partis, etc...).
Mais qu'en est-il dans les faits? Même dans le milieu étudiant, où le gauchisme est pourtant très implanté du fait d'une immaturité inhérente à l'âge des intéressés, aucun mouvement social n'a été victorieux sans soutien matériel, financier, humain et moral des grandes organisations traditionnelles, à commencer par l'UNEF, la CGT, et bien sûr le PCF. Il en est ainsi pour le mouvement CPE : la Fédération du Nord du PCF a financé le mouvement, imprimé ses tracts (ainsi que la CGT), etc, etc... Ce sont le plus souvent les militants communistes et syndicaux qui, sur le terrain, lancent un mouvement vite récupéré par les anarchistes ou autres gauchistes qui en font n'importe quoi. Sans le travail militant des syndicats et de l'UEC (ou du Parti), les étudiants, comme le reste de la population, peuvent à la rigueur comprendre le sens d'une attaque gouvernementale (et encore, bien difficilement), mais en aucune manière ils ne sont capables de se rendre compte du sens global de l'offensive patronale et de la nécessité du renversement du capitalisme.
Pour les salariés, la conscience ce classe n'a jamais été spontanée non plus, sauf pour quelques éléments particulièrement avancés. Ces éléments avancés se sont dotés de syndicats et de partis ouvriers (le PS et le PCF en France) pour s'émanciper, et tenter d'inculquer une conscience de classe au reste du salariat.
Cet objectif est-il suranné? Non, plus que jamais, le salariat doit être conscientisé et rassemblé. Plus que jamais, le salariat a besoin d'un parti structuré, discipliné, pour préparer une société nouvelle.
Par ailleurs, les dernières élections sont un triomphe pour la forme « parti ». Les français, bien loin de désavouer cette forme d'organisation, ont renvoyé aux oubliettes Bové, qui voulait dépasser les partis, et malheureusement, Marie George Buffet, qui n'était pas la candidate d'un parti, mais d'un mouvement (la GPA, pour rappel). Par contre, l'UMP a pleinement fait une campagne de parti (une campagne de classe d'ailleurs). Personne ne trouve rien à en redire. Soyons donc l'UMP du salariat. La chute des adhérents de notre parti n'est pas à chercher dans une quelconque déception envers la forme « parti », mais dans nos renoncements successifs dont nous sommes coupables face à notre base sociale.
Mais alors pourquoi un Parti Communiste? Parce qu'il y a toujours, parmi le mouvement ouvrier, deux grands courants : l'un est révolutionnaire, l'autre est réformiste. Il ne s'agit pas de jeter la pierre à nos camarades réformistes. Être membre du PS, voter pour le PS, c'est déjà un acte politique fort contre la classe dominante, même si nous devons éclairer l'électorat socialiste contre les illusions du réformisme.
Au lieu de cela, le PCF actuel sème lui même des illusions en proposant un programme inapplicable. Pourquoi ce programme est inapplicable? Parce que si nous le mettions en oeuvre, le patronat retirait ses fonds et délocaliserait ce qu'il reste de l'économie française en quelques mois. Jamais il n'accepterait ce que nous proposons. Nous devons donc l'imposer. Et nous ne pouvons l'imposer que par la manière forte : socialisation des moyens de production, des banques, des compagnies d'assurance, des circuits de distribution, etc, réquisition des entreprises qui ferment. Pour imposer toutes les réformes que notre programme actuel propose, nous ne pouvons passer que par la révolution. Or notre programme n'est pas crédible justement parce qu'il n'est pas révolutionnaire, en d'autres mots, pas communiste. Cherchez le mot « nationalisation » (mis à part « renationalisation d'EDF-GDF ») dans le programme du Parti, euh, excusez moi, de la Gauche Populaire et Antilibérale, eh bien, vous ne le trouverez pas.
Ainsi chaque mot du sigle PCF a un sens. Ce que nous devons entreprendre, c'est de respecter vraiment dans notre parti le sens de ces mots. Le PCF doit être à nouveau un parti avec un programme communiste, et doit avoir un discours de classe, afin de redevenir la boussole du salariat. Aujourd'hui, le Parti est devenu un vague machin réformiste à dérive gauchisante, dans lequel le salariat peine à se reconnaître. Redevenons l'outil de la classe ouvrière pour son émancipation.
Mais me direz vous, pourquoi garder le PCF puisqu'il a autant été discrédité (stalinisme, mais plus encore par les vagues de privatisations, de contre-réformes, voire de soutien à des guerres impérialistes que nous avons cautionné)? Parce que le PCF est la mémoire de la classe ouvrière française. Avec lui, elle a écrit les plus belles pages de son histoire. Dans la conscience des travailleurs, même si le PCF est assimilée au PS dans la politique de pillage économique que celui-ci a mené entre 1997 et 2002, notre parti est encore « le parti des ouvriers », « le parti de la révolution ». L'immense capital social que notre nom peut encore générer doit être mis à profit, plutôt que caché à la moindre occasion comme nous avons coutume de le faire.
Cependant, nous comprenons que certains camarades ne peuvent plus se sentir en phase avec le communisme. Changer la société, c'est une tâche difficile, cela demande un effort intellectuel et militant immense, c'est aussi encourir le risque pour certains élus de ne plus être élu... Mais le PCF n'a pas besoin des gens qui ne croient pas en l'avenir du communisme. Il est temps de faire la clarté : que les communistes gardent et réarment théoriquement le PCF, que les gauchistes et réformistes fondent un nouveau parti. De la même manière que Kouchner et Bockel ont enfin montré au monde qu'ils étaient de droite, nous appelons ceux qui ne sont plus communistes au PCF à faire tomber les masques. Mais attention, camarades liquidateurs : la base du Parti est toujours aussi attaché au nom, aux structures, aux symboles du Parti Communiste Français, ce parti né de l'espoir suscité par la Révolution d'Octobre que vous ne commémorez même pas, le Parti de Juin 36, de la Commune, et de la Résistance. La base, les éléments les plus conscients et les plus militants de notre parti, les jeunes communistes, ne vous suivront pas.
Xavier Dubois, Membre du Conseil Départemental du MJCF Nord, Membre du Conseil Départemental du PCF Nord, Ancien membre du Collectif National de l'Union des Etudiants Communistes. Benjamin Vandekerckhove, Membre du Conseil Départemental du MJCF Nord, Responsable fédéral à la communication du MJCF Nord, Secrétaire de l'union de villes MJCF de l'ouest du pévèle et du mélantois. Yvan Coppin, Membre du Conseil Départemental du MJCF Nord, Membre du Conseil Départemental du PCF62, Ancien membre du Collectif National de l'Union des Etudiants Communistes. Quentin Le Matt responsable du réseau lycén du MJCF Nord, Membre du Conseil Départemental du MJCF Nord. Julien Defontaine, Trésorier de l'Union des Etudiants Communistes de Lille, Membre du Conseil Départemental du MJCF Nord.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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