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Réveil Communiste

Discussion : la critique de l'immigration est-elle raciste?

15 Août 2018 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Réseaux communistes, #Théorie immédiate, #GQ, #élection 17

Faut-il soutenir politiquement les sans-papiers?

Commentaire très critique de "D" placé sous le texte en lien ci-dessus (c'est apparemment un sympathisant du KKE, le parti communiste grec).

"Ce texte manque de rigueur à mon sens.
Il dit un certain nombre de choses vraies sur qui sont les défenseurs des migrants, mais il mélange tout et a tendance à dériver dangereusement.
Au passage, je dis un mot sur un des commentaires. L'Armée de réserve, avant Marchais, c'est de Marx, et ça désigne les chômeurs : On les renvoie où ?
Les travailleurs sans papiers pour lesquels il y a des combats depuis des années ne sont, pour la plupart ni syriens ni liés au conflit en Syrie, pour les plus récents, probablement plus à la guerre en Libye, puisque ils viennent parce que l'Etat libyen ne les nourrit plus. Ils ont probablement un rêve plus individuel que de classe, mais en quoi sont-ils différent des autres salariés aujourd'hui à ce sujet ? La conscience de classe est-elle au top chez les travailleurs non immigrés ? Quand à l'affirmation comme quoi le prolétariat réel rejetterait la régularisation des sans papiers, c'est du pipi de chat de l'idéologie dominante, il n'y a qu' a voir les mobilisations à Paris en particulier...
Reste la question des Syriens, qui est différente parce que, justement, il ne s'agit plus seulement d'une immigration seulement économique comme d'habitude, mais il y a des gens qui ne sont probablement pas bien sympathiques politiquement parlant. Alors, pouvons-nous faire le tri ? Ou plutôt, ne pouvons-nous pas aider ces gens là à devenir des travailleurs comme les autres ?
Oui, l'immigration organisée par le patronat est un moyen de diviser le prolétariat. Mais, le meilleur, c'est le racisme, curieusement absent de cet texte. Oui c'est un moyen d'une exploitation accrue, mais les licenciements massifs et la casse du code du travail aussi.
Il n'y a donc là rien de convainquant. On va au bout, on les renvoie ? On ferme les frontières ? On les met dans des camps ?
S'il faut faire des goulags, pourquoi pas ? Mais il faudra y mettre les capitalistes, les parasites à leur service, publicitaires, journalistes, hauts fonctionnaires, DRH, etc, ; pas des travailleurs à qui l'on peut faire prendre conscience qu'ils appartiennent à la classe opprimée".
 

Réponses de GQ

Il ne s'agit pas dans mon texte de ce qui serait souhaitable, qui serait que chacun puisse vivre où il veut, mais de l'état actuel de la situation où l'on voit que la critique de l'immigration par l'extrême droite a de l'impact dans le prolétariat (il faudrait d'ailleurs une enquête scientifique pour mesurer exactement à quel point), et de voir que faire contre cette influence, sachant que les discours moralisateurs et les amalgames ça ne marche pas. Il s'agit de voir quel programme politique concret permettrait de diminuer l'influence des discours racistes dans les masses.

Dans l'état actuel de mon information sur la question, je pense qu'il n'y a pas de risque d'alimenter le racisme en proposant de diminuer le courant d'immigration, tout au contraire, on tarirait une de ses sources, en le faisant on relâcherait la pression sur les plus précarisés de la société, dont ironie cruelle, beaucoup sont justement des immigrés de la vague précédente ou leurs enfants.

Qu'il soit clair une fois pour toute que le signifiant "immigré" n'est pas ici une autre manière de dire "noir", "arabe", ou "musulman".

Mélenchon [aurait gagné] l'élection présidentielle s'il avait eu, au-delà de quelques signaux vite démentis, le courage politique et l'habilité pratique de rompre sur cette question avec les certitudes autosatisfaites de la gauche bourgeoise (dont le type achevé est le NPA) qui ouvre en grand le pays sur la main d'œuvre du monde entier pour laisser ensuite les prolétaires se débrouiller entre eux..

La bourgeoisie, le patronat et les pouvoir libéraux mondialisés passent leur temps à condamner le racisme et tout ce qui de près ou de loin pourrait lui être assimilé; l'antiracisme est leur discours officiel et il est souvent sincère au niveau des individus même s'il est superficiel. On ne peut donc pas imputer le racisme à la bourgeoisie, contrairement à la situation des années 1930. Le racisme est devenu un stigmate populaire. La bourgeoisie crée volontairement les conditions du racisme en favorisant l'immigration en période de crise mais se garde bien d'approuver, et d'éprouver le racisme, elle. La bourgeoisie partage avec les militants d'extrême gauche une moralité irréprochable.
 
Le racisme (et l'intégrisme religieux) sont des pièges dans lesquels le prolétariat est tombé. Un moyen possible de désamorcer ces pièges est de manœuvrer en repli et de proposer l'arrêt de l'immigration nette, tant que le plein emploi n'est pas rétabli, de proposer qu'il n'y ait pas plus d'arrivées que de départs, et nul besoin d'ouvrir des camps de rétention pour ça; il suffit de réprimer de manière exemplaire quelques employeurs. On serait d'ailleurs assez surpris si on le faisait de constater qu'il y en a qui profitent de l'exploitation des travailleurs sans papiers, sur tout un spectre politique qui va du FN jusqu'au NPA.
 
GQ, 17 novembre 2016 - relu le 8 juillet 2018
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