Quand "Communisme 21" prétend "analyser" les résultats...
Bernard Calabuig (Val d'Oise) :
(extraits)
Pour analyser sérieusement nos résultats et les tendances que dégagent les scrutins des 9 et 16 mars, nous devrons nous efforcer de dépasser le satisfecit d’avoir retrouvé, en rang d’importance, le troisième réseau d’élus. Nous devrons nous attacher à analyser objectivement et partout, quelles que soient les configurations politiques dans lesquelles nous avons travaillé, les raisons de nos résultats. Ce qui a marché, l’efficacité des actes que nous avons produits, et aussi ce que nous n’avons pas fait et que nous aurions dû faire. Nous devrons le faire en essayant de disséquer ce qui relève, tant dans les échecs que dans les victoires, des particularités locales et ce qui est commun à d’autres situations, de façon à cerner les tendances que le scrutin dessine pour en mesurer toutes les conséquences pour l’avenir. Ainsi, pourquoi, alors que la gauche l’emporte largement sur la droite, le Parti communiste ne bénéficie-t-il pas de cette « poussée » ? Le P.S. gagne 164 cantons, le Parti communiste en perd 10, et si nos scores à l’élection cantonale ne sont pas inintéressants nous devons prendre en compte la quasi-absence de l’extrême gauche à cette élection. Concernant les municipales, pourquoi, pour la première fois dans des situations de conquêtes sur la droite, les dynamiques des seconds tours fonctionnent moins bien avec un communiste à la tête d’une liste d’union qu’avec un socialiste ? Certes, on me rétorquera que les situations ne se ressemblent pas, il y a des aspects particuliers, au Havre, à Sète à Corbeil, à Nîmes… Je ne nie pas les particularités locales, d’autant que les campagnes n’ont pas été conduites à l’identique et de surcroît elles se sont déroulées dans des contextes forts différents. Cependant, l’addition d’aspects particuliers débouchant sur une analogie de résultats dégage, qu’on le veuille ou non, des tendances politiques. Car, nous savons, les uns et les autres, qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Il y a quelques années, les rassemblements de deuxième tour s’effectuaient dans d’aussi bonnes conditions avec un candidat communiste qu’avec un candidat socialiste. Force est de constater qu’il n’en va pas ainsi aujourd’hui. De même, les « poussées » de la gauche profitaient, dans une moindre mesure certes, mais quand même aussi, aux communistes. Or, aujourd’hui, ces effets mécaniques ne se traduisent pas dans les scrutins.
Roger Martelli (Val de Marne) :
(extraits)
Les résultats contrastés du PCF
Après le désastre du printemps 2007, l’échéance municipale et cantonale tant redoutée par le PCF s’est terminée par un bilan considéré comme honorable. Dans les villes de plus de 9000 habitants, les communistes retrouvent leur résultat de 2001 légèrement amélioré (90 villes contre 86). C’est la première fois depuis 1977 que le PCF se retrouve à l’arrivée dans une situation globalement plus favorable qu’à la veille de la consultation. Un peu moins d’un an après le cruel 1,93% de sa secrétaire nationale, le parti se trouve dans une situation inespérée, et la reconquête de Dieppe et de Vierzon, comme le gain de quelques villes moyennes, a versé du baume sur les plaies militantes. Le bon résultat d’ensemble ne suffit pourtant pas à effacer les tassements (par exemple dans le Nord et Pas-de-Calais) et les revers, parfois inattendus. Les grandes villes perdues (Le Havre, Nîmes) n’ont pas été reconquises. À Calais, la droite fait mordre la poussière à la liste conduite par le maire sortant ; à Aubervilliers (comme à Pierrefitte), le PS s’empare de la mairie ; à Montreuil, la Verte Dominique Voynet débarque sans coup férir un Jean-Pierre Brard qui s’était permis de balayer d’un revers de main insultant le renfort de Clémentine Autain. Dans un scrutin où l’électorat du premier tour a privilégié la sûreté face à une droite dure, les listes sortantes dirigées par des communistes ont bien résisté à l’assaut de socialistes qui comptaient profiter des déboires nationaux de leur ex-alliés de la « gauche plurielle ». Mais le deuxième tour, où quelques socialistes devancés ont décidé de se maintenir, a été plus redoutable pour un PCF qui a failli connaître au Blanc-Mesnil le sort tissé à Aubervilliers. Manifestement, les candidats socialistes « rebelles » n’ont pas été sanctionnés dans les urnes. Pour la première fois depuis 1977, ces élections dites « intermédiaires » avaient lieu alors que la droite disposait nationalement de tous les leviers du pouvoir. Les communistes ont cette fois bénéficié de la bonne mobilisation générale de la gauche et des effets positifs, en termes électoraux, d’une dynamique unitaire confortée par les difficultés de la droite au pouvoir. Mais les mésaventures d’Aubervilliers et de Montreuil sont un signe menaçant, aussi vif que l’avaient été, en 1989, la perte de fiefs « identitaires » comme Bègles et Alès, où une conjoncture locale, sur fond de mobilisation civique incertaine, avait rendu possible la conjonction de forces hostiles aux équipes municipales en place depuis souvent plusieurs décennies. Même si la perte du conseil général s’est jouée sur une poignée de voix à l’Ile-Saint-Denis et à Montreuil, elle s’ajoute à la moisson municipale d’un PS qui n’a pas obtenu, loin de là, tout ce qu’il espérait, mais qui s’installe dans un rôle – un peu plus légitimé – de substitut réaliste de la gestion communiste de la « petite couronne ». Le PCF devrait y prendre d’autant plus garde que, plus encore que les municipales, les cantonales sont apparues en demi-teinte. Dans des élections où le PCF présentait quelque 400 candidats de moins qu’en 2001, les communistes ont certes amélioré légèrement leur score (0,3%) dans les cantons où ils étaient présents à la fois en 2001 et en 2008. Mais cette progression, qui dissimule au demeurant d’énormes inégalités, n’empêche pas le score communiste de chuter une nouvelle fois, en pourcentage national (-1,1% avec 8,8%) et en nombre d’élus (118 élus, soit une perte de 10). La satisfaction communiste devrait donc être tempérée, d’autant plus que les contre-performances dans quelques vieux bastions s’ajoutent à deux autres évolutions, perceptibles sur ses flancs.
Les bons scores de l’extrême gauche
À la différence du PCF, les municipales ne sont pas la terre de prédilection de l’extrême gauche. Globalement, le total des listes qu’elle présentait au premier tour ne recueille que 1,8%. Mais c’est nettement plus qu’en 2001 (0,1%) et, surtout, elle réalise des scores parfois spectaculaires dans les communes peuplées, dépassant les 10% de suffrages exprimés dans 34 communes de plus de 30 000 habitants. Clamecy (19,5%), Sotteville-les-Rouen (19,2%), Vitry (14,4%) ou Clermont-Ferrand (13,8%) sont quelques exemples de cette tendance. La LCR se réjouit de cette situation, d’autant plus que, cette fois, LO avait fait le choix fréquent de rallier les listes unitaires de l’ensemble de la gauche. Si les amis d’Olivier Besancenot peuvent être satisfaits, il n’en reste pas moins qu’ils n’ont que faiblement réuni sur leurs propres listes. Sur 145 communes de plus de 3 500 habitants où les listes classées « extrême gauche » ont obtenu plus de 5%, les listes estampillées LCR ne franchissent cette barre que dans 30 cas. Ce sont souvent des configurations d’alliance large qui affichent des résultats significatifs, parfois même en alliance avec le PCF, comme à Fleury-les-Aubrais (21,1%) ou Lanester (24,2%). Les résultats cantonaux n’infirment pas le propos. Là encore, globalement, l’extrême gauche enregistre un résultat modeste (0,4%), accumulé dans un nombre réduit de cantons (105 contre 190 en 2001). Mais là où elle se présente, l’extrême gauche recueille en moyenne 6,5% des suffrages exprimés, contre 5,3% à la précédente consultation, dépassant la barre des 5% dans 69 cas. L’extrême gauche, plus encore que le PCF marqué par ses alliances, a ainsi bénéficié de l’insatisfaction d’une part non négligeable de l’électorat devant la gauche telle qu’elle est aujourd’hui.
Jean-Claude Lefort (Val de Marne) :
(extraits)
Pour les municipales les résultats obtenus par notre parti sont finalement, tous comptes faits, les suivants : en 2001 nous étions à la tête de 183 villes et communes de plus de 3.500 habitants. Entre pertes et gains, nous ne le sommes plus, en 2008, que dans 176. Au total nous perdons donc 7 communes.
Pour les cantonales les choses se présentent ainsi pour le parti : nous perdons 10 conseillers généraux et un Conseil général particulièrement emblématique, celui de la Seine-saint-Denis, et nous gagnons la présidence de l’Allier.
Globalement nous perdons nationalement 1% par rapport à 2001 sur l’ensemble des cantons soumis à renouvellement.
Tels sont les résultats : moins sept communes, moins 10 cantons, moins 1%.
Ce n’est certes pas la Bérézina. Mais allons un peu plus loin dans l’examen des résultats. S’agissant des cantonales, qui mesurent le plus clairement notre influence, nous progressons dans 30 départements et nous reculons dans 65. Nous sommes au dessus de 10% dans 32 départements et en dessous dans 63.
Mon commentaire :
Si effectivement, le triomphalisme de la direction du Parti était quelque peu exagéré au regard des résultats, le défaitisme de Communisme 21 ne l'est pas moins. Surtout que, au regard des expérimentations lamentables auxquelles notre Parti a participé (Gauche plurielle, collectifs antilibéraux), encensées en leur temps par les un ou les autres, les résultats auraient pu être largement pires. Les camarades de Communisme 21 prétendent "interpréter" les résultats comme, j'en mettrai ma main au feu, le signe du "déclin structurel du communisme". Mais à aucun moment ils ne cherchent d'autres causes que cette prétendue loi naturelle ; de même que, dogmatiques par le passé, ils voyaient l'histoire se dérouler sans embages vers l'effondrement du capitalisme (comme si ça allait de soi), maintenant, les grands prêtres des lois naturelles voient dans le vol des hirondelles le déclin structurel du communisme. Ô fatalité, c'est le destin qui commande, et pas les hommes ! Quelle bande de nazes... ça ne leur viendrait pas à l'idée que l'afadissement du parti, son obsession des accords d'appareil, son éloignement des masses populaires au motif de "l'union de la gauche" (antilibérale, innovante, et tutti quanti) est en partie la causes des résultats connus par notre parti depuis 30 ans ? Vous remarquerez d'ailleurs que les uns et les autres insistent chacun sur les "bons" résultats de l'allié vers lequel ils voudraient faire aller le PCF : le PS ou la LCR. Eux ne peuvent pas s'en rendre compte, car ils vivent dans la bulle de Fabien, mais combien de fois je rencontre des gens qui, autrefois militants actifs, permanents, élus, ont fini par quitter le parti dégoûtés de l'irruption de l'opportunisme comme mode de fonctionnement quotidien, dégoûtés de la versatilité des convictions, du manque de courage politique des dirigeants du PCF, et leur absence symptomatique de remise en cause couplée à leur refus de quitter les responsabilités (je dis ça parce que, on peut très bien refuser de remettre en cause ses actes, mais constater que l'on n'est plus dans le mouvement, et se retirer ; nos dirigeants, eux, changent constamment d'idée et d'opinion [ça ne les a pas embêtés de passer du "pas d'alliance avec le social-libéralisme" à l'union inconditionnelle avec le PS aux municipales...] , en le niant la main sur le coeur d'ailleurs, ce qui les empêche toute remise en question, et de quitter leur poste de permanent politique du PCF).
Ce dont on a besoin, c'est d'un rafraichissement du PCF. Les vieux croûtons qui sont en place depuis 30 ou 35 ans doivent céder la place, avec leurs idées flasques, aux jeunes, aux syndicalistes, aux acteurs de la vraie vie, à ceux qui ne se sentent pas coupables de ne pas être ou des gauchistes ou des socialistes, mais bien des communistes, oui des communistes !