Relayé de "Vive le Communisme", provocations néonazies en Allemagne
13 Janvier 2008 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #L'Internationale
L’anticommunisme à l’heure allemande

Ci-dessus le défilé annuel en hommage à Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht
Chaque année, une grande manifestation est organisée à Berlin pour rendre hommage à Rosa Luxemburg et à Karl Liebknecht autour du monument qui leur est dédié dans le cimetière de Friedrichsfelde. Elle aura lieu cette année dimanche 13 janvier.
Son écho est toujours considérable nationalement et internationalement. Voilà qui explique sans doute l’odieuse provocation montée cette année. Le même jour, les néo-nazis du NPD et d’autres groupes organisent, à quelques centaines de mètres de la commémoration, une autre manifestation pour honorer la mémoire des assassins sur le mot d’ordre « Contre l’oubli – les Corps-Francs, soldats pour l’Allemagne ».
L’extrême droite allemande se voit pousser des ailes depuis un certain temps. Elle s’attaque sans retenue aux symboles les plus éminents du combat communiste et révolutionnaire allemand. Le dernier épisode en date s’est joué au conseil d’arrondissement de Lichtenberg : le chef de la fraction du NPD proposa de débaptiser une place portant le nom du résistant antinazi berlinois Anton Saefkow au profit d’un officier de cavalerie qui s’était illustré dans la répression anti-spartakiste1. Visiblement, le capitalisme allemand et ses relais politiques ont besoin d’un regain d’anticommunisme pour mieux faire passer leur politique « ultra-libérale ».

Etonnante initiative du Parti « die Linke »
Dans ce contexte, une initiative du parti de « La Gauche » (die Linke)2, un des partis animateurs du Parti de la gauche européenne (PGE) ne peut que susciter étonnement et inquiétude. « Die Linke », en tant que successeur du PDS et du SED (parti socialiste unifié est-allemand) dispose d’une part de légitimité historique dans l’organisation de l’hommage rendu à Luxemburg et Liebknecht.
Les représentants de Die Linke ont décidé de déposer, dans le cadre de la cérémonie, une couronne d’œillets au pied d’une stèle dédiée « aux victimes du stalinisme ». Cette stèle a été inaugurée en 2006 dans le même carré du cimetière de Friedrichsfelde où sont enterrés les deux dirigeants du parti communiste allemand par des élus de « die Linke » et du Parti social-démocrate (parti de Ebert et Noske !).
Elle est sujette à de nombreuses contestations dans les rangs des communistes et au-delà.
Que l’on dénonce les crimes commis au nom du socialisme et que l’on honore des militants communistes éliminés lors des purges ordonnées par Staline : quasiment tous les partis communistes sont les premiers à le faire et cela depuis des décennies.
Mais que peut signifier rendre un hommage aux « victimes du stalinisme » ?
D’abord de qui parle-t-on ? Le texte gravé sur la stèle ne le précise pas, ne porte pas de noms. Certains rangent dans cette catégorie les nombreux nazis morts dans la lutte engagée contre l’URSS dirigée par Staline, d’autres encore les personnes qui s’estiment lésées par l’ex-RDA.
Ensuite, quelle est la définition du « stalinisme » ? Dans les milieux progressistes, parmi les communistes, le concept recouvre des interprétations très diverses et sa pertinence est loin d’être unanimement reconnue. Du côté des capitalistes au contraire, tenants de l’idéologie dominante, tous les moyens sont déployés, en Allemagne encore plus qu’en France, pour établir un parallèle entre « stalinisme » et nazisme et un amalgame entre « stalinisme » et communisme.
Dans l’état du débat public, honorer les « victimes du stalinisme », c’est objectivement apporter de l’eau au moulin de l’anticommunisme sans porter en rien une critique constructive de l’histoire du mouvement ouvrier et communiste du XXème siècle.
Le faire à l’occasion de la commémoration annuelle des fondateurs du Parti communiste allemand, est complètement déplacé et encore plus injustifiable. Die Linke prend la responsabilité d’instaurer la confusion dans les esprits : rendre hommage en même temps aux victimes communistes de groupes qui ont fait le lit du nazisme en Allemagne et à des victimes d’autres communistes (supposés)? C’est une opportunité inespérée pour les anticommunistes de dénaturer une manifestation hautement symbolique. On imagine que les néonazis sont tout prêts à déposer des fleurs sur la stèle.
Il y a d’autres lieux, d’autres occasions et surtout d’autres façons pour faire, sans caricature, son examen de conscience de l’histoire du « socialisme réel ».
A Berlin, die Linke participe activement à la municipalité social-démocrate (social-libérale) qui privatise les logements sociaux ou augmente les impôts des ménages modestes… Au plan national, ce parti multiplie les gages de « respectabilité » pour pouvoir participer à des coalitions gouvernementales. Est-ce la raison pour laquelle die Linke se sent obliger de renier ou de déformer ses racines communistes, de se conformer aux dogmes de l’anti-communisme « officiel » ?
L’initiative de Die Linke participe, qu’elle le veuille ou non, à la campagne de diabolisation de toute organisation communiste, de la perspective révolutionnaire et de la lutte pour le progrès social qu’elle porte.
Les communistes français peuvent d’autant plus partager ces préoccupations que la direction du PCF coopère étroitement et ne cache pas ses affinités avec « die Linke » dans le PGE.
1- Spartakisme : dénomination du mouvement communiste allemand de 1916 à 1919
2- Parti issu de la fusion entre le PDS et une fraction de la social-démocratie.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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