Au XXème sur les municipales, voix contre la liste Delanoë au premier tour
Cher L... (Pasquale répond à un camarade du XXème favorable à la liste Delanoë)
Ce qui est dommage dans tout cela, c'est que nous sommes à peu près d'accord sur certaines question de fond ( pas toutes mais celles que tu évoques dans ce message interpellent) mais ni sur l’analyse ni sur la stratégie je ne peux te rejoindre. Nos yeux de « communiste » voient la même réalité mais ne la traduisent pas de la même façon. La Palisse ajouterait « parce que nous sommes différents ». D’accord, mais nous participons à un même but même s’il est nuancé qui, a priori est de changer le monde à partir du dépassement du capitalisme et, tout en essayant à atteindre ce but ambitieux et sur du long terme, changer au quotidien la vie de gens et non seulement des gens mais par là même la notre. Nos expériences de militante-s communistes nous on appris à réfléchir, à agir, à regarder le monde de façon critique et chacun apporte sa pierre à l’édifice. Mais au fait à quel édifice? Le communisme. Comment avec nos différences (qu'elles soient à l'intérieur du parti qu'à l'extérieur) atteindre un but qui soit commun au plus grand nombre ? Qu'est-ce que la révolution au 21siècle? Là est la véritable question. Car je ne crois pas que ce soit dans le sang que nous changerons le monde. Mais ce n'est pas non plus sur les plateaux de télé à sortir de la guimauve de nos jolies bouches que nous y parviendrons ou à dire que la classe ouvrière n'existe plus avant d'avoir essayé de rameuter vers nous les prolétaires qu'ils s'appellent ouvriers ou techniciens ce sont les mêmes.
Si nous sommes dans ce parti qui nous demande un investissement de notre temps, de notre énergie, de nos savoirs faire, de notre argent c'est bien pour changer radicalement la société. La seule façon concrète est de redéfinir la société que nous voulons à partir des théories marxistes sur l’exploitation, le salariat, la notion de lutte de classes. Le capitalisme étant toujours l'ennemi numéro 1. C'est toujours le prolétariat qui produit les richesses de ce monde capitaliste qui ne connait comme seul partage que la redistribution des bénéfices à des actionnaires, et en Bourse la remise en jeu de valeurs générées par le travail .
1 - Tu dis que nos dernières chances d’exister (à Paris plus précisément, je suppose) c’est d’avoir "des élu-e-s en nombre suffisant" ça veut dire quoi au juste? On n'est même pas sûr qu'à l'arrivée les 8 élue-s- « gagné-e-s » à l’arrachée et dans le plus profond mépris de la part du PS, ne seront pas 7 voire 6 puisqu'il y aura les Verts et sans doute un petit nouveau sur les rangs : la LCR qui possède la hargne, qui se fait respecter par ses électeurs et qui donc monte au créneau et dans les sondages grâce à sa stratégie électoraliste et sa communication dynamique et le tout, sans projet concret encore ! Notre projet communiste semble plus concret mais on ne sait pas communiquer, et surtout nous ne parvenons pas à nous visibiliser car c'est le PS qui récolte le travail de nos élu-e-s). D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? A Paris, le PS et ses électeurs sont pour une Europe libérale avec toutes les retombées que l’on connait sur le quotidien et le travail des élu-e-s communistes quand il va au-delà de la gestion des questions municipales. C’est le PS qui récolte les bénéfices du travail de nos élue-s-, sur ce qu’il n’aurait pas fait de lui-même et qui, jusqu’à présent lui a garanti une « aura » sociale. Mais réfléchissons un peu; le PS a fait un grand pas dans le libéralisme, personne ne peut le nier. Que pensez-vous qu’il va se produire avec des élu-e-s communistes ? Ils continueront à gérer le municipal MAIS je mets ma main au feu qu'ils auront pieds et mains liés pour ce qui est d' avancer des idées et actions réellement progressistes. En plus, au niveau national, le PS va avoir quelques problèmes de cohérence avec son cors au pied dans le gouvernement Sarkozy, ça ne va pas être de la tarte.
Alors, nos élu-e-s dans tout cela !!!?
Même dans le 20ème si ce n’est pas avec Charzat que l'on fait l'union alors qu'il a tout de même géré correctement le 20ème et milité pour les sans papiers et le NON à l’Europe libérale, ce sera avec une "oui-ouiste" strausskanienne bien ancrée dans les idées libérales ce qui implique déjà au niveau local de lâcher petit à petit sur les services publics et autres questions sur lesquelles nous avons été plutôt offensifs à certaines périodes.(j’entends par là actions et non des parlottes entre soi dans les préaux ).
2 - Sur la question européenne : nous sommes en dessous de tout..
Mais il faut savoir que nous avons arrêté une stratégie politique très précise qui est notamment de travailler dans le cadre du PGE ce qui ne semble pas porter de fruits très mûrs car je ne vois rien venir comme dirait "ma sœur Anne" qui concrétise quoi que ce soit de ce côté et qui devrait avoir des incidences sur ce que nous défendons au niveau national. Et pourtant il y a des rencontres, des voyages de nos responsables (dans un récent congrès à Prague), mais avons-nous à ce sujet des informations précises, des bilans, des projets d'actions avec les militant-es et les partenaires extérieurs au moins en accord sur une ligne commune vis à vis de cette Europe que l'on ne veut pas? Et c'est aussi là que le bas blesse et que notre incohérence est criante. Le PCF a flirté d'un côté avec les collectifs dits antilibéraux et de l'autre côté il épouse le PS qui est pour l'Europe à concurrence libre et non faussée.
Au niveau local , à Paris, la seule approche concrète concernant l’Europe qui a permis en tant que citoyens et militants de se saisir de cette question dans ses multiples facettes, qui a communiqué sur ses sources, elle a eu lieu dans les collectifs « Pour une autre Europe » qui, hélas pour nous, ont été très tôt noyautés par la LCR (dont c'est le fief) qui a réussi son coup de maitre sur la question de la candidature aux élections présidentielles puisqu'elle en était devenue le chef d’orchestre. Pourtant dans le 20ème par exemple des camarades du PC avaient mis en place un collectif pour préserver les services publics. On (le PCF) a voulu passer pour les plus forts sans voir qui nous avions devant, derrière et à coté de nous des personnes déléguées par une organisation ou se présentant comme une dissidence (réelle ou pas selon) de cette organisation.
3 - Non! Les socialistes ne sont pas "traversés comme nous par les questions économiques qu'ils n’arrivent pas analyser" . Ils ne sont pas plus idiots sur cette question que les communistes. Simplement leur direction est devenue libérale, certains de ses dirigeants ont rejoint le gouvernement de droite sous la bannière du petit empereur Sarkozy : Kouchner a déposé dans un coin son sac de riz : plus besoin de lui il a été suffisamment pris en photo, circulez merci! ". Il a même "à contre coeur" et une pince sur le nez, invité un dictateur à Paris (normal les espagnols en ont fait autant : vive l'Europe sans tabou!).
Le patron des EMAUS, Fadella AMARA de ni putes ni soumises, toutes ces personnes qui portent une idée "d'humanisme" voire pour EMAUS une démarche caritative (la charité pour les pauvres, le pouvoir et l'argent pour les riches mais dieu est bon et grand et les petits auront au ciel les meilleures places) Même cette idée là , "l'humanisme" n’a pas tenue la route devant la ruse sarkosienne, pas même pour ni putes ni soumises qui prônait l’égalité homme/ femme et l’égalité des jeunes filles et des jeunes garçons dans les cités dites sensibles, une Fadella qui va maintenant donner des leçons de morale aux côtés de Sarkosy à ces vilains des banlieues "défavorisées", "fragilisées" (ah oui et grâce à qui et à quoi?). Voyez ce que ces personnalités pleine de "bons sentiments" sont devenu-e-s, combien leurs convictions étaient fragiles, facilement bradables ! Et pourquoi? Parce que l'humanisme et les bons sentiments à eux seuls ne reposaient pas sur un véritable projet pour changer la société. Des pansements sur des plaies toujours ouvertes, ça ne peut pas marcher.
La gauche dans son ensemble porte la responsabilité des résultats électoraux et la vanité humaine a contribué à en rajouter une louche dans la médiocrité idéologique ambiante.
Mais, cher L..., aller jusqu'à dire que « nous n'avons pas travaillé avec le PS "à un fort courant d'union » c’est inverser le rapport de force : le plus gros morceau, celui qui a fait 47% dans le votes des électeurs, c'est le PS qui l'a remporté et pas le PC ! (je n’ouvrirai pas la plaie de notre pourcentage aux élections). Pour ceux et celles au PS dont les dents rayent le parquet des instances du pouvoir, nous , les communistes, ne sommes que fétus de paille et surtout il ne serait pas bon que le PCF réalise enfin son projet progressiste sur lequel il a fait campagne (pas de manière très lisible en tant que PCF je sais) et qui rencontrait de la sympathie (mais pas de la conviction jusqu’à voter pour lui, je sais aussi, car de prendre le déguisement de la gauche populaire et antilibérale ne permet pas d'être reconnu comme parti communiste).
Le PC mange dans la main du PS pour avoir des miettes aux municipales. Rien qui puisse remettre en question le partenaire hégémonique qu'il est devenu et surtout pas son analyse de la question économique.
Ne nous racontons pas d'histoires, on a assez avalé de couleuvres comme ça.
Si nous voulons être constructifs portons nos idées haut et fort, agissons localement avec des idées communistes, travaillons avec les anti capitalistes quels qu'ils soient car le monde a changé et les pratiques aussi.
D'ailleurs sur les pratiques, la mutation du PCF a bousculé les idées (ce qui en soi est une bonne chose) et aussi quelques tabous : chacun a le droit de s'exprimer librement mais le pouvoir interne n'a guère changé et chacun, jeune ou moins jeune, tient serré entre ses doigts crispés son bout de couverture jusqu' à ce qu'elle se déchire en lambeaux de tous les côtés
Si c'est ça que l'on veut c'est bien "parti "en effet.
Oui, ne nous racontons pas d'histoire sinon la gueule de bois va finir par s'installer définitivement : on restera au lit avec une bouillotte sur la tête recroquevillé dans une pièce aux rideaux fermés. Et le monde continuera à tourner autour de sa propre queue derrière ses chimères sans espoir de les rattraper et de dépasser ce qui fait son malheur.
Pasquale Noizet
Envoyé : mardi 8 janvier 2008 17:57
Objet : Re : Absent ce soir, mais je vote contre !
Je vote CONTRE aussi, et je remarque que dans le bulletin envoyé par la poste que j'ai reçu aujourd'hui (!) il est proposé de choisir pour ou contre "la liste d'union de la gauche", or sur le bulletin électronique il était écrit que le choix se faisait pour ou contre "la liste d'union de la gauche dès le premier tour". J'avais déjà constaté que la presentation des deux options proposées au vote était déséquilibrée et partiale, mais avec la disparition de cette précision les camarades qui n'ont pas suivis tous les débats peuvent penser que les partisans d'une liste autonome au premier tout sont hostile à l'union de la gauche au second tour. Ce n'était pourtant pas compliqué de présenter les choses de manière exacte.
Comme quoi il faut toujours vérifier sa monnaie.
(Ps à la publication: le secrétaire de section du XXème a endossé la resposabilité de cette erreur et s'en est excusé à l'AG)
De : Philippe Lelong
Envoyé le : Mardi, 8 Janvier 2008, 17h11mn 56s
Objet : Absent ce soir, mais je vote contre !
Je transmettrai néanmoins mon vote CONTRE la proposition de listes communes PS/PCF au 1er tour, qui n'a rien à voir avec une "union de la gauche", d'abord parce qu'il n'y a que nous, ensuite parce qu'il faudrait bien savoir ce que c'est que "la gôche". Je suis par contre POUR des listes autonomes conduites par les communistes au 1er tour.
... ce PS là, le Parti Communiste a-t-il tant de choses en commun avec lui qu'il soit si évident et nécessaire de faire alliance avec lui dès le 1er tour ??? N'avons-nous pas un projet radicalement différent à porter devant les électeurs ?
... n'est-ce pas un déni de la démocratie, car après tout, quand il y a deux tours, le 1er sert justement à défendre et présenter son projet spécifique, le second à faire des alliances sur la base des rapports de force obtenus dans les urnes ?!
... et cette stratégie de non-différentiation, d'assimilation à un courant de gauche du PS, cette stratégie nous flingue petit à petit depuis 20 ans. C'est comme une drogue : ça nous tue, on le sait, mais on ne sait pas s'arrêter...
S'il faut à tous prix, je dis bien à tous prix, "faire barrage à la droite" et "faire gagner la gauche" alors prenons tous notre carte au PS et allons diner avec Mélenchon !
Cette stratégie suicidaire qui se poursuit pour ces Municipales va encore se solder par une gamelle électorale : que les liquidateurs de tous poils se gardent bien alors d'affirmer que ce sont "les valises de plomb du communisme" qui nous tuent, alors que c'est exactement le contraire. Ce qui nous tue, c'est cette stratégie électorale imposée par notre appareil, stratégie qui a constitué le véritable tabou de cette incroyable Assemblée Nationale Extraordinaires que nous venons de vivre : trois mois avant les Municipales, la question de cette stratégie ne figurait même pas à l'ordre du jour de cette AG. Seul la nécessité de "l'union de la gauche partout au 1er tour" était rappelée dans les documents préparatoires et introductifs, dans une langue de bois toujours aussi ravissante.