Riposte ou Révolution? échange au PCF du XXème
J'échafaude des plans d'actions et des théories qui restent dans ma tête aussi je trouve que Philippe a le mérite de se lancer dans un questionnement doté de quelques pistes de réponses que je qualifie de plutôt constructives.
Sur les grandes lignes je ne peux qu'être d'accord car tout va dans le bon sens : faire bouger les camarades et bien au delà du PCF en refusant de rester seulement dans la fameuse "riposte" qui demeure bien en deçà de toute action réellement révolutionnaire et même de toute lutte réellement anti capitaliste car panser les plaies évite de "penser" tout court donc de théoriser et d'agir en conséquence.
Notre parti est dans une période de questionnement quasi métaphysique qui n'aide guère à avancer lorsqu’il y a urgence à agir, mais il a au moins la qualité de son défaut : il permet de dépasser les tabous d'une organisation qui, il n'y a pas encore si longtemps, ne devait surtout pas (se) poser de questions. En tout cas la base n'y était pas invitée. Aujourd'hui c'est même le contraire, la base est très sollicitée à se poser "sans tabou" toutes les questions, en tout cas une Kyrielle de questions quelque peu soufflées par son « sommet » mais qu'importe la pensée reste libre après tout et surtout elle a les moyens de débusquer le vrai du faux si la volonté de construire une autre société résolument différente en est l'enjeu. Maintenant il faut s'accorder sur ce que serait cette société. Dans notre parti il semble que tout les militant-e-s n'aient pas tout à fait les mêmes objectifs. Et surtout les mêmes stratégies. C’est là que le bât blesse, c’est là que se creuse le lit de la source de tous nos maux.
Philippe questionne : « le PCF est-il la bonne organisation pour lutter contre le capitalisme ? Que lui manque-t-il ? Que faudrait-il faire ? »
1- Je pense que le PCF est un parti incontournable ne serait-ce par son histoire, son expérience autant dans ce qu’elle a de négatif que de positif, l’énergie de ses militant-e-s même s’ils sont de moins en moins nombreux.
3- Pourquoi le PCF et pas la LCR par exemple ? La LCR est un parti qui n’a pas la même expérience que ce soit de gouvernance ou de révolution. La LCR à ce jour est plutôt un parti de théoriciens intellectuels avec à sa tête un représentant dont la seule expérience (en plus d’être postier) est d’être passé très souvent à la télévision et d’avoir acquis une certaine aisance devant les médias et d’avoir un discours très bien huilé pour toucher particulièrement une génération de jeunes militant-e-s.
4- Que manque-t-il au PCF pour être une bonne organisation ? Sans hésitation je répondrai : - changer ses pratiques que ce soit internes qu’externes. Je m’explique :
- Eviter de garder ses élu-e-s et ses permanents au-delà de dix ans sinon ils deviennent des professionnels, des carriéristes et ne savent plus rien faire d’autres.
- Eviter de choisir ses permanents (pas toujours des plus compétent-e-s) parce que l’on ne veut pas en mettre d’autres qui ne seraient pas aussi malléables.
- Eviter de mettre en avant des camarades par la flatterie et éviter de les encourager à devenir de petits chefs voire des « chefs d’entreprise ».
- Arrêter de consacrer par le sommet des camarades futu-re-s élu-e-s ou permanent-e-s en verrouillant à d’autres tout autant respectables, compétents, militants, les possibilités d’accéder à ces mêmes postes parce que des dirigeants ne souhaitent pas avoir dans leur réseau des camarades réellement responsables et qu’ils préfèrent manipuler des camarades souvent plus fragiles, plus en demande de reconnaissance.
- Rencontrer tous les communistes des autres pays quels qu’ils soient ne serait-ce pour comprendre ce que l’on ne veut pas « expérimenter » puisqu’il apparait que nous sommes dans une phase d’expérimentation (sic ANE)
- Ne pas jouer les girouettes tantôt on se colle au PS tantôt on se colle à l’extrême gauche et on ne parvient pas à être cohérents et donc crédibles
- Se donner les moyens de reconquérir un électorat populaire, inter générationnel, pluriculturel, féministe : salariés des catégories les plus exploitées : ouvriers, employés, techniciens, intermittents du spectacle, artisans, étudiants …sans oublier les chômeurs.
- Redonner une image positive du communisme en replaçant le communisme au cœur des luttes concrètes et contre l’idéologie dominante capitaliste à l’échelle de la mondialisation.
- Encourager toutes les ressources des camarades. Ne pas se satisfaire qu’ils aient rempli des petites fiches sur lesquelles ils auront exprimés leurs vœux et leurs compétences qui resteront au fond d’un tiroir ou sur un logiciel à cet effet dans un bel ordinateur d’un gentil permanent camarade responsable de la vie du parti (par exemple)
- Eviter les services de boites extérieures alors que des camarades compétents peuvent rendre les mêmes services le plus souvent bénévolement et de façon militante (ce que n’est pas forcément la boite en question grassement payée et qui n’a rien de communiste)
- Donner plus d’initiatives à « la base » qu’au sommet notamment lorsque le sommet est une hydre à 5 têtes qui ne peut suivre aucune ligne claire puisqu’elle veut suivre en même temps plusieurs chemins ou stratégies. Du coup elle fait du sur place.
Pourquoi chercher à créer une autre organisation, au lieu de s’appuyer sur nos acquis, sur notre expérience bonne et moins bonne mais au moins qui a le mérite d’exister, pourquoi vouloir répéter les mêmes erreurs ? Le PCF appartient à ses militant-e-s et c’est à nous de faire vivre le communisme en son sein.
- Choisissons notre rythme et notre terrain, prenons l'initiative.
- Inscrivons-nous dans la durée, indépendamment du calendrier électoral.
- Gardons toujours une perspective réellement révolutionnaire : notre objectif est de bouleverser en profondeur la société, pas de jouer les dames patronnesses.
- La révolution dans les têtes : la fraternité contre la peur.
- La révolution dans les villes : les coopératives contre la plus-value capitaliste.
- La révolution dans les campagnes : l'agriculture naturelle contre la malbouffe.
- D'abord en la nommant, en la montrant du doigt. Ce qui suppose des campagnes de communication frappantes, imaginatives et décalées. Ca ne coûte pas cher mais ça suppose d'accepter de prendre des risques.
- Ensuite en affirmant que la peur n'est pas une fatalité, car les solutions existent. Ainsi, c'est pour ne plus avoir peur des conséquences sociales de la maladie que les travailleurs se sont dotés de la sécurité sociale à la Libération. Et si le patronat s'est appliqué depuis à la démolir petit à petit, en espérant en venir à bout définitivement ("refermer la parenthèse du Conseil National de la Résistance"), c'est bien sûr pour reprendre en main ce secteur économique, mais c'est aussi pour raviver cette peur et casser cette solidarité.
- Enfin, en mettant en place très concrètement des actions de rencontre et de solidarité, pas pour "faire du social" mais pour apprendre à se connaître et restaurer le sentiment de fraternité entre les travailleurs, le meilleur antidote de la peur. Quelques exemples : la marche pour l'emploi organisée par les communistes du Nord – Pas-de-Calais, l'Appel aux Sans Voix (http://www.appelauxsansvoix.org), des permanences d'écrivain public, etc. A l'opposé du caritatif, c'est la dignité de lutter ensemble qu'il faut restaurer.
- Créer un site Web de promotion des SCOP, avec une notation et un label décerné aux plus "révolutionnaires", une rubrique emploi, une bourse aux projets, des témoignages, le calendrier des fêtes (voir ci-dessous), etc.
- Constituer un réseau de soutien juridique et de formation : aide à la reprise d'une entreprise par les salariés, aide à la création.
- Organiser des fêtes ! Chaque salarié qui abandonne le secteur capitaliste pour rejoindre le secteur coopératif est une victoire : cette victoire doit être fêtée. On peut même imaginer une cérémonie à la manière des baptêmes républicains, pour souligner la portée subversive et révolutionnaire de chacun de ces petits événements. Ces fêtes seraient une réponse (parmi d'autres) à la perte du lien social et aux ravages qu'engendre l'absence de rites de passage dans notre société (mais ça c'est un autre débat !).
- D'un côté, mener des campagnes pour dénoncer les méfaits de l'agriculture industrielle, mais en mettant en évidence leur dimension politique et leurs conséquences sur la société.
- De l'autre, promouvoir des démarches comme celles de Fukuoka, susciter ou appuyer des expérimentations, pour montrer là aussi qu'une alternative est possible.
- Doit-on ou peut-on les lancer dans le cadre du PCF ?
- Faut-il créer une autre organisation pour mettre en œuvre cette stratégie ?
- Ou plutôt constituer un réseau ouvert, axé sur chaque action, en invitant les militants du PCF (et d'ailleurs) à s'investir dans les actions opérationnelles qui seront imaginées ensemble ?