Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Réveil Communiste

La Russie au conseil de sécurité, 23 février 2022

18 Mars 2022 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Russie, #Ukraine, #Positions

La Russie au conseil de sécurité, 23 février 2022
 
 
ven. 18 mars à 11:31
 
 

Bulletin Comaguer n° 467

18 Mars 2022

***

23 Février 2022 La Russie s’exprime au Conseil de Sécurité

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit le 23 février dans la soirée pour parler de l’Ukraine. Y sont représentés les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité et les 10 non permanents suivants : Albanie, Brésil, Emirats arabes unis, Gabon, Ghana, Inde, Irlande, Kenya, Mexique et Norvège. La présidence (tournante) de la séance a échu à la Russie ce qui va conduire le délégué russe Mr Nebenzia à intervenir successivement dans les deux rôles.

Nous reproduisons ci-après son intervention en tant que délégué de la Russie telle qu’elle a été publiée en version française sur le site de l’ONU. Elle est posée, argumentée et se suffit à elle-même.

Nous avons seulement souligné un passage important sur le plan du droit international. En effet le gouvernement ukrainien post Maidan qui a interdit l’usage de la langue russe sur le territoire a, ce faisant, perdu sa capacité à représenter l’ensemble du peuple.

Nous ne reproduisons pas les interventions du délégué ukrainien et des délégués britanniques, étasuniens et français car leurs positions, celles de leurs gouvernements respectifs, ont depuis le 24 février complètement saturé l’espace médiatique dans lequel nous sommes immergés et il est possible de les lire sur le même procès verbal n° 8974.

Notons qu’en raison du décalage horaire l’opération militaire russe du 24 février annoncée par le Président russe au moment même où se réunit le Conseil de Sécurité (21h35 à New York) est sur le point de commencer.

***

Le Président (parle en russe) : Je vais maintenant faire une déclaration en ma qualité de représentant de la Fédération de Russie.

Nous avons eu une journée intense aujourd'hui, en termes de discussions sur la crise en Ukraine. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit ce matin à l'Assemblée générale (voir A/76/PV.58). Je peux seulement déclarer avec regret que, finalement, nos messages à Kiev sur la nécessité de mettre fin aux provocations contre les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk n'ont pas été entendus.

Il semble que nos collègues ukrainiens, qui ont récemment été armés et encouragés par certains États, sont toujours dans l'illusion, qu'avec la bénédiction de leurs parrains occidentaux, ils peuvent parvenir à une solution militaire au problème du Donbass. Sinon, il est difficile d'expliquer l'intensification des bombardements et des actes de sabotage sur le territoire des Républiques.

Au cours des dernières 24 heures, la Mission spéciale d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a enregistré près de 2 000 violations du cessez-le-feu, dont près de 1500 explosions. Les habitants de Donetsk et de Lougansk sont toujours contraints de chercher refuge dans des sous-sols. L'afflux de réfugiés en Russie se poursuit. Bref, la nature des provocations des forces armées ukrainiennes n'a pas changé. Les membres préfèrent en faire abstraction et répéter les fables ukrainiennes selon lesquelles les habitants de Donetsk se bombardent eux-mêmes.

Il n'est pas surprenant que les souffrances, qui ne cessent d'augmenter, des habitants de la région du Donbass ne semblent pas toucher nos collègues occidentaux. Lors du débat d'aujourd'hui à l'Assemblée générale, ils n'ont eu aucun mot de compassion ou de sympathie pour eux. C'est comme si, pour eux, ces 4 millions de personnes n'existaient pas.

Je voudrais rappeler que le principe de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des États, que l'on nous accuse de violer aujourd'hui en ce qui concerne l'Ukraine, selon la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États, adoptée en 1970, doit être strictement respecté à l'égard de tout État « se conduisant conformément au principe de l'égalité des droits et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes... et doté ainsi d'un gouvernement représentant l'ensemble du peuple appartenant au territoire sans distinction de race, de croyance ou de couleur. »

Cela ne décrit pas le Gouvernement actuel de l'Ukraine. La tragédie en Ukraine a commencé juste après le coup d'État illégal de Maïdan en 2014, lorsqu'au lieu d'engager le dialogue avec la population russophone d'Ukraine, le nouveau Gouvernement a lâché sur elle des armes et l'aviation. Il existe une abondance d'informations et de preuves à cet égard, mais nos collègues occidentaux ont choisi de ne pas en tenir compte.

Aujourd'hui et hier, et le jour avant cela, nous nous sommes efforcés d'expliquer aux membres la logique qui sous-tendait les décisions prises par les dirigeants russes concernant la reconnaissance de la République populaire de Lougansk et de la République populaire de Donetsk, et avons mis en exergue la nécessité d'assurer la paix et la sécurité dans ces territoires. Mais ils n'ont pas voulu nous écouter et ils ne le veulent toujours pas. Pour nos collègues occidentaux, les personnes vivant dans le Donbass ne sont rien d'autre qu'une monnaie d'échange dans un jeu géopolitique visant à affaiblir la Russie et à rapprocher le bloc de l'OTAN de ses frontières. Alors que pour nous, ce sont des femmes, des enfants, des personnes âgées qui se cachent des bombardements et des provocations de l'Ukraine depuis huit ans. Pour nous, ce sont des Ukrainiens qui souffrent sous le joug de l'oppression du Gouvernement de Maïdan.

Voilà en quoi diffèrent nos approches. À moins de changer de perspective géopolitique, on ne pourra jamais nous comprendre. Mais celles et ceux pour qui ces décisions ont été prises et qui au cours des huit dernières années ont été oubliés et méprises par certains et qualifiés de séparatistes prorusses et de terroristes nous en seront éternellement reconnaissants. Voilà ce qui compte vraiment important pour nous.

Je tiens à réaffirmer que la crise actuelle autour de l’Ukraine trouve son origine dans les agissements de l’Ukraine elle-même qui sabote depuis des années ses engagements directs au titre de l’ensemble des mesures en vue de l'application des Accords de Minsk. La semaine dernière encore, nous espérions que Kiev reviendrait à la raison et mettrait enfin en œuvre les engagements pris en 2015. Pour cela, il fallait avant tout engager un dialogue direct avec Donetsk et Louhansk. Mais nous avons à nouveau eu confirmation que l'Ukraine n'était pas disposée à nouer un tel dialogue ni à prendre les mesures nécessaires pour accorder au Donbass le statut spécial prévu dans les Accords de Minsk, une position appuyée par ses parrains occidentaux. Tout cela a fini par nous convaincre que nous n'avions tout simplement pas le droit de laisser les habitants du Donbass souffrir plus longtemps.

Je l'ai déjà dit, les provocations ukrainiennes contre la population du Donbass n'ont pas cessé, elles se sont même intensifiées. C'est pourquoi les dirigeants des Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk se sont tournés vers nous pour nous demander une aide militaire conformément aux accords bilatéraux de coopération qui ont été signés au moment de la reconnaissance de ces deux républiques. C'est une étape logique qui découle des agissements du régime ukrainien.

Simultanément à la présente séance, le Président russe Vladimir Poutine a prononcé un discours dans lequel il a déclaré avoir décidé de lancer une opération militaire spéciale dans le Donbass. Nous n'en connaissons pas encore tous les détails, mais je voudrais livrer brièvement au Conseil son raisonnement. Il ressort clairement de son message que l'occupation de l'Ukraine ne fait pas partie de nos plans. L'objectif de cette opération spéciale est de protéger les personnes qui ont été soumises à des abus et à un génocide par le régime de Kiev pendant huit ans. À cette fin, nous œuvrerons à la démilitarisation et à la dénazification de l'Ukraine et traduirons en justice les auteurs de nombreux crimes sanglants contre des civils, y compris des citoyens de la Fédération de Russie.

Cette décision a été prise conformément à l'Article 51 de la Charte des Nations Unies et autorisée par le Conseil de la Fédération de Russie en application du Traité d'amitié et d'assistance mutuelle signé avec les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Nous recevons beaucoup d'informations à ce sujet, qui doivent encore être analysées. Nous tiendrons le Conseil informé.

Je reprends à présent mes fonctions de Président du Conseil.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article