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Réveil Communiste

quelques remarques à chaud sur les législatives par danielle Bleitrach

18 Juin 2012 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Élections

by histoireetsociete

Ne boudons pas nos plaisirs face à ces résultats du deuxième tour des législatives. D'abord devant l'écrasante défaite de la droite mais pourquoi le nier au coeur de cette bérézina nous remplit d'aise  l'élimination bien méritée de Nadine Morano . L'échec de Marine Le Pen devant le candidat socialiste, échec redoublé par celui de Valérie Laupies devant Vauzelle dans la région arlésienne. Malgré le désistement en la faveur du FN de l'UMP local. J'ajouterai à ces petits bonheurs la défaite de Maryse Joassain, la mairesse d'Aix-en-Provence qui en matière de vulgarité et d'absence de retenue dans l'appel au Front national, bat tout le monde. Gollnisch battu encore une bonne nouvelle tempérée il est vrai par l'élection de la petite dernière de la portée Le Pen et l'égotiste tonitruant maître Collard, un ingérable...

Une ombre au tableau et elle est de taille, l'abstention record. Cette abstention témoigne d'un aspect préoccupant; le sentiment de ne pas être concerné vécu par un nombre croissant d'électeurs. Il ne s'agit pas d'un effet conjoncturel et il nous alerte sur  la nécessité d'une réforme en profondeur de cette Constitution et de son mode électoral. La volonté de Jospin et de Chirac de situer l'élection legislative dans le prolongement de la présidentielle a encore accru la présidentialisation du système transformant le parlement en annexe du parti présidentiel. Faut-il décaler les deux élections, faut-il introduire une dose de proportionnelle ? Même les bénéficiaires de la vague présidentielle en parlent. Ils sont inquiets devant ce qui de fait devient un isolement et un retrécissement de l'audience du parti présidentiel. Les deux arguments essentiels en faveur du système actuel, à savoir premièrement le bloquage du Front national et l'assurance de stabilité sont en train de se retourner en leur contraire. Le Front National continue à accroître score et implantation nationale, il bénéficie ça et là de reports et comme l'a souligné Marine Le Pen "la digue a sauté" avec le ni-ni de Coppé. Quant à la stabilité d'un tel système, on nous permettra d'en douter, la crise qui déferle sur l'Europe et sur notre pays nécessitait un large rassemblement, le PS ne l'a pas obtenu comme en témoigne à la fois l'abstention massive et le fait qu'il n'a plus que des alliés croupions.

A ce titre le cas du Parti communiste mérite d'être regardé de près. Le diagnostice va bien au-delà de cette péripétie et de ce qui apparaît bien comme une errance tactique, est posée la question de l'utilité de ce parti, quelle perspective est ouverte par le vote en sa faveur ? Jadis ce parti s'était défini une stratégie: le rassemblement du peuple de France dans une alternance d'élections et de luttes pour avancer vers un socialisme démocratique. Qu'en est-il aujourd'hui ?

La campagne présidentielle de Melenchon n'a pas apporté d'éclaircissement, en dehors d'un combat Front contre Front avec l'issue que l'on connaît, ni le but, ni la tactique ne sont  apparus trés évidents. En particulier dans la relation avec le PS, une fois devenu l'adversaire, une autre fois considéré comme le chef d'une majorité à laquelle le Front de gauche appartenait et qu'il s'engageait à ne jamais mettre en minorité. Le plus clair de la dite stratégie était une alliance à gauche au niveau européen dont plus personne ne savait s'il était pour ou contre l'euro et en tout cas ne le remettait pas en cause. Une radicalité de langage qui manquait d'orientations concrètes et dont l'adversaire paraissait à géométrie variable.

La situation , il faut le reconnaître est difficile. Le contexte européen tend vers le bi-partisme et ne laisse d'espace qu'à une droite xénophobe venant en appui des conservateurs et impérialistes bellicistes. Et le contexte est mondialisé, celui d'un système capitaliste qui ne se limite pas à la nocivité des banques. Le bi-partisme qui laisse de plus en plus la place à la xénophobie, aux fanatismes exige désormais une réflexion en profondeur qui ne se limite pas à un affrrontement médiatique sur les valeurs mais doit porter en priorité sur l'utilité du parti communiste pour les victimes de la crise. Face à cela, depuis des années le parti communiste a une stratégie qui a pour unique finalité l'élection d'élus - et le démentélement du parti à la base. S'il s'agit simplement de lier la survie du PCf à ses élus, on peut considérer non sans cynisme que les verts s'en sortent mieux que le Front de gauche. Ils ont joué la gauche plurielle, les accords de postes et ils ont un groupe et peuvent espérer poursuivre une implantation au niveau local.

En revanche pour le PCF et le Front de gauche c'est la débâcle. Toujours sur le plan électoral et je le répète je ne vois pas d'autre stratégie que cette stratégie électorale, en dehors de Dolez qui conserve son implantation de député PS dans le nord, tous les transfuges du PCF devenus Parti de gauche, type Braouzec ou le nauséabond Balme(1) sont battus. Il ne reste plus que des élus PCf qui ne sont pas particulièrement connus pour leur adhésion à la campagne melenchonesque et qui ont mené sur le terrain une toute autre stratégie de rassemblement et non d'affrontement médiatisé. En dehors ce quelques bastions qui ont joué leur propre stratégie et leur bonne implantation c'est une véritable débâcle . Entre des élus parti de gauche (le plus souvent ex-PCF) et des élus socialiste, le vote utile a joué à plein. Comme tous les transfuges de fraîche date, les élus et membres du PG ont pesé de tout leur poids dans une opposition qui est apparue stérile. La direction du PCF en se montrant incapable d'influer sur leur médiatique candidat a fait la preuve de sa capacité de liquidation de sa propre organisation.

Quand il n'y a ni stratégie, ni perspective tous les "coups" politiques tournent mal... C'est la règle...

Durant toute cette invraisemblable campagne, j'ai personnellement choisi de laisser les communistes aller jusqu'au bout de leur choix. Sont-ils encore en situation d'une autocritique ? j'en doute, combien d'entre eux s'accrochent à un choix initial ou comme Pierre Laurent ont-ils l'audace de déclarer que ce ne sont pas les résultats électoraux qui définissent la réussite d'une stratégie alors même qu'il n'existe rien d'autre pour expliquer celle qu'ils ont choisie.

Imaginons que de surcroît l'actuelle direction du PCf décide de participer au gouvernement, ce qui n'est pas exclu, et aurait pu être défendu en d'autres temps mais va encore accroître la perplexité de l'électorat communiste; une telle absence de visibilité risque de ne pas améliorer la descente aux enfers de ce parti après une campagne des présidentielle d'une rare incohérence.

Danielle Bleitrach

(1) sans parler de cette incohérence qui consistait à mobiliser toute la campagne des législatives  du Front de gauche autour d'un affrontement médiatisé et personnalisé contre le Front national, avec un défilé de people et dans le même temps refuser de désavouer un candidat Parti de Gauche négationniste dans le Rhône, René balme.

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