Patrice Carvalho, député communiste ouvrier, scandalise les cocos "modernes"
22 Juillet 2012 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Positions
Sous le titre un peu grinçant « Patrice Carvalho, "embourgeoisé" mais toujours marxiste », le journal Le Monde a réalisé un court portrait du nouveau député Patrice Carvalho, portrait qui, même s’il émane d’un journal très peu "objectif", reste très intéressant. Certaines des déclarations du député ont fait l’objet de commentaires peu amènes de la part de dirigeants du PCF, ce qui en dit long sur les dérives idéologiques vers des objectifs sociétaux arbitraires refusant toute contradiction et donc tout débat possible (cf. commentaires en fin d’article).
Pascal Brula
Patrice Carvalho n’est pas vraiment un petit nouveau à l’Assemblée nationale. Quinze ans après un premier mandat, cet élu communiste a retrouvé, le 17 juin, son siège dans la 6e circonscription de l’Oise. Cette fois, l’ancien ouvrier mécanicien a remisé au vestiaire le bleu de chauffe qui l’avait fait remarquer lors de ses premiers pas au Palais-Bourbon en 1997. "Je ne regrette rien, dit-il. J’étais le seul ouvrier qui entrait à l’Assemblée nationale".
Patrice Carvalho en bleu de travail en 1997.
Le nouveau député "ne renie pas ses origines", lui qui a grandi à Thourotte (Oise), dont l’histoire est profondément liée à celle de la glacerie Saint-Gobain et de son usine, implantée dans les années 1920. Maire de cette ville de 5 000 habitants depuis 1989, M. Carvalho est issu d’une famille de dix enfants. Il a très vite marché dans les pas de son père, militant communiste et ouvrier à l’usine voisine.
A 15 ans, il rejoint le PCF. Quatre ans plus tard, un CAP de mécanique générale lui permet de débuter, à son tour, chez Saint-Gobain, entreprise que cet ancien syndicaliste CGT, devenu cadre, s’apprête à quitter à 59 ans. "Il s’est embourgeoisé", sourit son éternel adversaire, François-Michel Gonnot (UMP), qu’il a battu le 17 juin.
M. Mélenchon a "un côté donneur de leçons"
A la mairie de Thourotte, on est visiblement dépassé par le nouvel agenda du "patron". Il faut dire que son élection n’était pas gagnée et l’a été à la faveur d’une triangulaire avec l’UMP et le FN. "C’était sa seule chance, alors que, pour moi, c’était un schéma assez meurtrier", soupire M. Gonnot.
Sur ses affiches de campagne, aucune mention du Front de gauche ni du PCF. En revanche, sur fond rose, un slogan désormais bien connu : "Ici aussi, le changement, c’est maintenant !" Son suppléant est d’ailleurs un apparenté socialiste. "Mon adversaire a passé son temps à dire que je suis communiste. C’était suffisant, non ?", plaisante M. Carvalho qui se pose en candidat du "rassemblement à gauche". "Les gens de Thourotte sont carvalhistes et pas autre chose. Ils ont voté pour l’homme que j’incarne", ajoute-t-il.
Le Front de gauche ne semble pas vraiment la tasse de thé de celui qui avait voté André Chassaigne, en 2011, à la primaire interne du PCF pour la présidentielle. M. Carvalho avoue "ne pas trop aimer" Jean-Luc Mélenchon, dont il juge le parcours "chaotique". "Même s’il est brillant, son côté donneur de leçons en meeting ne me plaît pas trop", explique-t-il. Des rumeurs ont situé le député au Mouvement unitaire progressiste (MUP) de Robert Hue, l’ancien numéro un communiste. Il dément catégoriquement, en précisant : "Je reste un marxiste et je suis profondément communiste".
Liberté de parole
La loi actuelle sur le cumul des mandats a obligé M. Carvalho à quitter le conseil général de l’Oise. Le nouveau député veut se consacrer à ses nouvelles fonctions et entend bien garder sa liberté de parole. Comme en 1997, où il ne s’était pas vraiment coulé dans le moule de la "gauche plurielle". Malgré la présence de ministres communistes au gouvernement, il avait voté contre la plupart des lois de finances. Contre les 35 heures aussi. "Ce n’était pas adaptable aussi rapidement", justifie-t-il.
Au PCF, on ne se presse pas pour donner son téléphone. Et on redoute d’avance ses prises de position. "Ce n’est pas le signe de modernité et l’image du Front de gauche que l’on veut donner", dit un de ses collègues du groupe. Car, si M. Carvalho a suivi ses camarades, en s’abstenant comme eux dans le vote de confiance au gouvernement, il n’en sera pas toujours ainsi. Il a promis, par exemple, pendant sa campagne, de combattre le droit de vote des étrangers aux élections municipales si ce texte arrive un jour devant l’Assemblée.
Pour expliquer son choix, il accuse un lobby des "associations musulmanes", avant d’enchaîner sur "les dames qui ont des foulards sur la tête et qui ne parlent pas français". "Ce sont ces gens qu’on veut faire voter ? Pour moi, l’intégration ne se fait pas par le vote, mais en parlant la langue et en participant à la vie collective", soutient-il.
Autre sujet qui risque de s’avérer délicat : le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels. "Avec le pacs, ces gens sont protégés, avance-t-il. Un mariage, c’est entre un homme et une femme." Et pour ceux qui en douteraient encore, Patrice Carvalho enfonce le clou : "Je ne serai pas un député godillot."
Raphaëlle Besse Desmoulières
Le Monde, le 12 juillet 2012.
Réveil Communiste :
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