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Réveil Communiste

Israël va-t-il être remplacé par la Palestine sur le territoire qui s'étend "entre la rivière et la mer"?

6 Octobre 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Positions, #Asie occidentale, #Impérialisme, #GQ

Israël va-t-il être remplacé par la Palestine sur le territoire qui s'étend "entre la rivière et la mer"?

Le slogan " de la rivière à la mer" exprime la revendication des Palestiniens de récupérer la totalité de leur territoire historique, y compris Israël dans ses frontières de 1967. Il paraissait avant le 7 octobre 2023, totalement irréaliste.

Mais l’État israélien à force de mener des guerres qui l'enfoncent dans une impasse stratégique va-t-il être finalement supprimé, et remplacé par un État palestinien occupant tout l’espace de l’ancien Mandat britannique de Palestine (1919₋ 1948) ? C'est à dire entre le Jourdain et la Mer Méditerranée, sur l'ensemble du territoire tel qu'il avait été découpé dans l'Empire Ottoman et placé sous contrôle colonial britannique de 1919 à 1947 ?

Ce n'est pas tant l'action même menée par le Hamas contre la population israélienne qui a pourtant causé la mort de plusieurs centaines de personnes qui fragilise la position de l'État juif, que ses représailles d'une violence extrême (55 000 victimes à ce jour) et qui montre clairement sa volonté de procéder à une purification ethnique totale du territoire historique de la Palestine .

Israël est reconnu internationalement depuis la résolution de l’ONU de 1947 qui a partagé la Palestine entre deux États étroitement imbriqués, un juif, un arabe, plus un statut international pour la ville de Jérusalem ; mais l’État arabe palestinien a été tué dans l’œuf par l’État juif, la majorité de ses habitants ont été chassés, et on peut donc considérer que la conquête de facto, réalisée complètement en 1967, de tous les territoires du Mandat palestinien concernés par le plan de partage en a annulé les effets juridiques. L'existence d'Israël ne repose plus que sur le rapport de force local, et global, et ce rapport de force ne lui a été favorable jusqu'ici que parce qu'il relève du monde occidental qu'il a su mobiliser en sa faveur - et qui a ses propres objectifs dans l'affaire.

Suivant une règle de bon sens qui vaut pour les Juifs, les Arabes, et tous les autres, le droit naturel d’une population à vivre sur un territoire donné ne peut être déduit que d’une chose : elle y est née, et les générations précédentes encore en vie y sont nées aussi. Les Juifs ont donc selon ce principe le droit de vivre sur le territoire de l’ancien Mandat palestinien « de la rivière à la mer » parce qu’ils y sont installés depuis trois générations ou davantage, pour cette raison et celle-là seulement, et les Palestiniens aussi. La population palestinienne qui en a été expulsée, et ses enfants à la génération suivante ont incontestablement aussi le droit de revenir sur leur territoire d’origine, et ce droit devrait être étendu de la même manière sur deux générations nées en exil.

Aucune autre prétention n’est acceptable. S’il fallait prendre au sérieux les prétentions historiques lointaines, telles qu’elles ont été avancées par les sionistes pour justifier des droits du peuple juif sur la Palestine, la Mongolie - par exemple-  peut alors revendiquer la moitié du monde, l’islam peut revendiquer les Balkans et l’Espagne, et l’Angleterre les États-Unis. Quant aux prétentions métaphysiques, ce n'est même pas la peine d'en parler - sauf pour rappeler qu'elles tendent à devenir funestes pour ceux qui y croient.

Mais le droit évident de rester vivre là où on est né est compromis quand on le retire à autrui.

Sur le territoire du Mandat qui regroupe Israël (sans le Golan syrien occupé), la Cisjordanie, et la Bande de Gaza il faut soit faire la place pour un État palestinien dans les frontières prévues en 1947, soit rebattre toutes les cartes et créer un État unifié judéo-arabe. Ces solutions ne semblent plus guère plausibles psychologiquement si on considère les torrents de haine qui ont coulé de part et d’autre  – souvent non sans bonnes raisons. Mais c'est ou bien ça, ou bien l'un des deux peuples devra abandonner la Palestine définitivement, et au vu de l'évolution du rapport de force entre l'Occident et le reste du monde, il est de plus en plus clair que ce ne sera pas les Palestiniens. Cette coopération est d'autant plus nécessaire que les territoires des deux États avaient été dessinés au moment de leur création par l'ONU sans continuité territoriale et ne sont pas viables s'ils ne s'entendent pas. Et il ne faut pas oublier que le pays entier à la superficie de quatre départements français.

Sur le territoire du Mandat à l’heure actuelle il y a en additionnant les populations de Gaza, la Cisjordanie et les Arabes israéliens pour la plupart résidents en Galilée, environ neuf millions d'Arabes palestiniens et huit millions de Juifs israéliens. Il est probable que beaucoup d’Israéliens refuseraient de vivre dans un État majoritairement arabe, soit par orgueil colonial, soit simplement par crainte pour leur sécurité, ce qui ferait encore plus pencher la balance démographique de l'autre coté.

Si une défaite politico-militaire obligeait l’État juif de se dissoudre et permettait la refondation d’un État palestinien, il est très probable que la majorité des Juifs qui y vivent actuellement émigreraient en direction de l’Europe ou de l’Amérique du Nord.

La défaite d'Israël est en effet certaine à moyen terme - sauf une recomposition des alliances bien improbable - car les États-Unis et l'OTAN en déclin vont devoir lui retirer leur protection inconditionnelle, à moins d'être entraînés dans la chute de ce qui n'est après tout pour eux qu'un satellite.

La seule solution pour maintenir à long terme une présence juive à Jérusalem et en Palestine est d'aller à Canossa pour négocier une place dans la société du nouvel État - comme l'ont fait les Blancs en Afrique du Sud, et comme n'ont pas su, ou pu, ou voulu faire les Pieds-Noirs en Algérie.

Il serait urgent que ceux qui sont intéressés à la question au premier chef en prennent conscience.

GQ, 6 novembre 2023, relu le 4 octobre 2024

PS avec le recul , on s'aperçoit que les expériences fédérales socialistes (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie) avaient eu le mérite de résoudre des questions nationales complexes et de faire vivre en paix dans des territoires intriqués des nations différentes et précédemment hostiles les unes aux autres.

 

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D
Sur ce sujet, j'avais écrit il y a assez longtemps déjà cet article : <br /> <br /> https://academiedegeopolitiquedeparis.com/palestine-historique-inventer-deux-citoyennetes-sur-un-meme-territoire-comme-etape-vers-une-citoyennete-commune-2/
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D
*Israël rend son dernier souffle ...*<br /> <br /> *Sous ce titre, le journal hébreu "Haaretz" a publié un article du célèbre écrivain sioniste (Ari Shabit), dans lequel il dit : Il semble que nous soyons confrontés au peuple le plus courageux de l'histoire, et il n'y a pas de solution avec eux, sauf reconnaître leurs droits et mettre fin à l’occupation. "Shbit" a commencé son article en disant : Il semble que nous ayons dépassé le point de non-retour, et il est possible qu' "Israël" ne puisse plus mettre fin à l'occupation, arrêter les colonies et parvenir à la paix, et il semble que ce ne soit plus le cas possible de réformer le sionisme, de sauver la démocratie et de diviser le peuple de ce pays. Il a ajouté que si tel est le cas, il n'y a plus d'espoir pour vivre dans ce pays, il n'y a pas d'espoir pour écrire dans "Haaretz", et il n'y a pas d'espoir pour lire "Haaretz". Nous devrions faire ce que Rogel Alpher a suggéré il y a deux ans, c'est-à-dire quitter le pays. Si « israélien » et le judaïsme ne sont pas des facteur vitaux d’identité, et si chaque citoyen « israélien » possède un passeport étranger, non seulement au sens technique, mais aussi au sens psychologique, alors l’affaire est réglée. Il faut dire au revoir à ses amis et déménager à San Francisco, Berlin ou Paris. De là, depuis le pays du nouvel ultranationalisme allemand, ou depuis le pays du nouvel ultranationalisme américain, il faut regarder tranquillement « l’État d’Israël » rendre son dernier souffle. Nous devons faire trois pas en arrière et regarder l’État juif démocratique sombrer. Il se peut que le problème ne soit pas encore établi. Nous n’avons peut-être pas encore dépassé le point de non-retour. Il est peut-être encore possible de mettre fin à l’occupation, d’arrêter les colonies, de réformer le sionisme, de sauver la démocratie et de partage le pays. Et l’écrivain a poursuivi : « J’ai mis le doigt dans les yeux de Netanyahou, de Lieberman et des néo-nazis, pour les réveiller de leur illusion sioniste, selon laquelle Trump, Kushner, Biden, Barack Obama et Hillary Clinton ne sont pas ceux qui mettront fin à la guerre. Ce ne sont pas les Nations Unies et l’Union européenne qui arrêteront les colonies. La seule puissance au monde capable de sauver « Israël » de lui-même, ce sont les « Israéliens » eux-mêmes, en concevant un nouveau langage politique qui reconnaît la réalité et le fait que les Palestiniens sont enracinés dans cette terre. Je vous exhorte à trouver la troisième voie afin de survivre ici et de ne pas mourir. L'écrivain affirme dans le journal Haaretz : que les "Israéliens", depuis qu'ils sont arrivés en Palestine, se rendent compte progressivement qu'ils sont le produit d'un mythe inventé par le mouvement sioniste, au cours duquel ils ont utilisé toute la ruse de la personnalité juive à travers l'histoire. En exploitant et en exagérant ce qu’Hitler appelait l’Holocauste, le mouvement a réussi à convaincre le monde que la Palestine est la « Terre promise » et que le prétendu temple est situé sous la mosquée Al-Aqsa. Un monstre nucléaire. L’écrivain a sollicité l’aide d’archéologues occidentaux et juifs, dont le plus célèbre est Israel Flinstein de l’Université de Tel Aviv, qui a confirmé que « le Temple est aussi un mensonge et un conte de fées qui n’existe pas, et toutes les fouilles ont prouvé qu’il disparu complètement il y a des milliers d’années, et cela a été explicitement indiqué dans un grand nombre de références juives. Et de nombreux archéologues occidentaux l'ont confirmés... Le dernier d'entre eux était en 1968 l'archéologue britannique Dr. Catelyn Kapinos, alors qu'elle était directrice des fouilles à l'École britannique d'archéologie de Jérusalem. Elle a effectuée des fouilles à Jérusalem et a été expulsée de Palestine pour avoir dénoncé les mythes « israéliens » sur la présence de traces du Temple de Salomon au pied de la mosquée Al-Aqsa. Où j'ai constatée qu'il n'y avait jamais eu aucunes traces du Temple de Salomon, et j'ai découvert que ce que les Israélites appellent « les écuries de Salomon » n'a rien à voir avec Salomon ou les écuries du tout. Il s’agit plutôt d’un modèle architectural d’un palais qui est couramment construit dans plusieurs régions de Palestine, et ce malgré le fait que « Kathleen Kenyon » est venue de la Palestine Exploration Fund Society, dans le but de clarifier ce qui a été déclaré dans la Bible compte, car elle a montré une grande activité en Grande-Bretagne au milieu du XIXe siècle sur l'histoire du « Proche-Orient ». Il a souligné que c'est la malédiction du mensonge qui poursuit les "Israéliens", et jour après jour, elle les frappe au visage sous la forme d'un couteau dans les mains des habitants de Jérusalem, Khalili et Nabulsi, ou avec une pierre ou un chauffeur de bus de Jaffa, Haïfa et Acre. Les « Israéliens » se rendent compte qu'ils n'ont pas d'avenir en Palestine, car ce n'est pas une terre sans peuple, comme ils l'ont déclarés. Voici un autre écrivain qui reconnaît, non pas l'existence du peuple palestinien, mais sa supériorité sur les « Israéliens » c'est (Gideon Levy), le sioniste de gauche, comme il le dit : Il semble que les Palestiniens soient différents du reste de l'humanité. Nous avons occupé leurs terres et appelé leurs jeunes prostituées, et drogués, et nous avons dit que quelques années passeraient, et ils oublieraient leur patrie et leur terre, et leurs jeunes générations faisait exploser l'Intifada dès 87. Nous les avons mis en prison et a dit que nous les élèverions en prison. Des années plus tard, et après avoir pensé qu'ils avaient retenu la leçon, s'ils revenaient vers nous avec un soulèvement armé en 2000, nous avons dit que nous démolirions leurs maisons et les assiégerions pendant de nombreuses années, et s'ils parvenaient à extraire des missiles impossibles à utiliser pour nous frapper, malgré le siège et la destruction, nous avons alors commencer à les planifier avec des murs et des barbelés. Et s'ils sont venus vers nous depuis le sous-sol et dans les tunnels, jusqu'à ce qu'ils nous tuent lors de la dernière guerre, nous les avons combattus sans cervelle, alors ils ont pris le contrôle du satellite « israélien » (Amos) ? Et ils terrorisent chaque foyer en Israël en répandant des menaces, comme cela s’est produit lorsque leurs jeunes ont réussi à s’emparer de la deuxième chaîne israélienne. En résumé, il semble que nous soyons confrontés aux peuples les plus résilients de l’histoire, et qu’il n’y a pas d’autres solutions avec eux que la reconnaissance de leurs droits et la fin de l’occupation.*
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R
Vu ce que le peuple palestinien endure depuis 75 ans il est peu probable qu' ils abandonnent la Palestine sauf à les exterminer jusqu' au dernier ce qui est heureusement encore plus improbable.<br /> Ce qui me semble le plus réaliste au sens géopolitique c' est qu' Israël devra tôt ou tard se résoudre à accepter la solution à deux états, solution qui ne devrait être que transitoire pour faire la place à un seul état ou les israéliens et les palestiniens qui souhaiteraient rester dans ce nouveau pays, y cohabiteraient en paix.<br /> Merci à GQ pour sa contribution.