L’audacieux pari du "Capital" de Karl Marx en manga
15 Janvier 2015 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Art et culture révolutionnaires
Sur Actua BD
Signalé par Pascal Bavencove
Adapter l’œuvre majeure de Karl Marx en bande dessinée : voilà une gageure...qui se révèle heureusement à la hauteur de ses ambitions ! Un premier tome concentré sur l’exemple, tandis que le second dissèque le capitalisme sous toutes ses coutures. Un diptyque édifiant en ces temps d’interrogation sur la marche du monde.
Alors que l’Occident supporte encore les conséquences des crises financières liées au capitalisme, la Chine issue du communisme se libéralise petit à petit et devient la première puissance économique mondiale. C’est dans ce contexte particulier qu’une nouvelle lecture de l’œuvre fondamentale de Karl Marx peut apporter des éclairages intéressants. Cette publication intervient d’ailleurs à un moment où la société se prend à relire les grands penseurs de gauche... À la recherche d’une nouvelle solution ?
C’est sous la signature toute anonyme d’un collectif que cette adaptation audacieuse arrive dans nos librairies. Loin d’une série au long cours comme on pouvait s’y attendre (et s’en lasser) en pensant aux trois mille pages de l’œuvre originelle, c’est sous la forme d’un diptyque que cette thématique particulière se valorise de la meilleure façon.
Une mise en situation par l’exemple
Robin, jeune fromager artisanal, a beaucoup de succès sur les petits marchés. Il rencontre ainsi un entrepreneur qui lui propose de se lancer dans la production industrielle de ses fromages. Robin, dont la mère est décédée faute d’argent pour payer ses soins médicaux, souhaite s’enrichir et cède aux avances du capitalisme.
Si Robin devient donc un patron, il doit désormais veiller sur sa rentabilité et sa productivité. Mais la crise guette et il va ainsi prendre conscience du monstre affamé et insatiable qu’est le capitalisme. Ce récit imaginaire s’accompagne des commentaires de Friedrich Engels (auteur des livres 2 et 3 de cette somme, sur la base des brouillons e Marx. NDLR) pour une meilleure compréhension des mécanismes du capitalisme qui, finalement, n’épargnent personne, même pas ceux qui l’ont engendré.
Une adaptation audacieuse
Si Le Capital est l’œuvre la plus connue de Karl Marx, elle demeure sans doute la moins lue, car considérée comme la plus ardue, ou développant des thèses qui ne semblent plus d’actualité.
Cette adaptation en manga prend d’ailleurs les traits d’une gageure : comment imaginer transposer cette vision économique et sociale dans un média aussi populaire et facile d’accès ? Pourtant, ce diptyque y parvient de manière stimulante, servant un discours aussi clair que précis.
Une vision dichotomique
Le premier tome s’attache principalement à l’exemple de ce jeune fromager, décidé à répondre favorablement à l’investisseur qui se propose, mais contraint d’augmenter les cadences pour faire face aux demandes du marché. La caricature est parfois un peu facile, mais on comprend rapidement les dérives du système, qu’il s’impose d’ailleurs à lui-même (s’étendre, grignoter les marges ou faire faillite).
Pour autant, le second tome est nettement plus centré sur la philosophie du système, que Marx enseigna et que Friedrich Engels transposa dans la suite du Capital, après le décès du maître. Le résultat est saisissant d’intérêt ! Se détachant de l’exemple, tout en n’hésitant pas à faire des liens pour asseoir sa théorie, chaque page analyse en profondeur les mécanismes du système dans lequel nous évoluons tous.
Un préfacier d’exception
-
- Le tome 2 clôt le raisonnement.
Pour introduire au mieux cette adaptation, l’éditeur a été choisir Olivier Besancenot, où moment où celui-ci fait état de sa volonté de prendre du champ par rapport à la politique. Le jeune facteur de Neuilly s’est fait remarquer comme candidat du parti d’extrême-gauche, la Ligue Communiste Révolutionnaire, et est actuellement l’un des porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste. Lors des élections présidentielles de 2002 et 2007, cette forte personnalité a su s’imposer malgré la chute du Parti Communiste Français, en totalisant à chaque fois plus de 4% des votes.
Sa position engagée contre le capitalisme et sa notoriété en font donc un excellent intervenant pour introduire ce récit. Cela fait, on est surpris de découvrir en fin de volume... de la publicité pour le livre du nouveau parti de Besancenot ! Ceci est assez inédit. Est-ce à dire que le préfacier a exigé une publicité pour cet ouvrage en échange d’un texte introductif ?« Pas glop ! », disait-on dans un illustré pour la jeunesse à tendance communiste.
Surtout lorsque, de la même façon, on découvre, non sans ironie, que cette publication est le fait de l’éditeur toulonnais Soleil, plutôt réputé pour sa réussite commerciale.
En dehors de ces considérations, la lecture de ce Capital se révèle passionnante, pour sa facilité d’accès et la pertinence actuelle de ses propos, en dépit de l’impasse faite sur la place que le tertiaire a prise dans nos sociétés depuis le 19e siècle, mais cela ne retire en rien l’intérêt de ce diptyque stimulant pour la réflexion.
Du Capital, commander :
le premier tome chez Amazon ou à la FNAC
le deuxième tome chez Amazon ou à la FNAC
(par Charles-Louis Detournay)
Partager cet article
Vous aimerez aussi :
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
Les textes originaux, écrits par l'animateur seul ou en collaboration et dont il endosse pleine et entière responsabilité sont publiés dans la catégorie GQ, accessible directement dans la barre de menu. Ils sont reproductibles, sans modification, à condition d'en mentionner l'origine.
Les commentaires sont publiés après validation, mais ne sont pas censurés, sauf abus (insultes, diffamation, mythomanie, publicité, non-pertinence, ou bêtise manifeste).
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Catégories
- 4022 Impérialisme
- 2701 Ce que dit la presse
- 2306 Economie
- 2050 Journal des luttes
- 1908 Front historique
- 1900 Répression
- 1587 l'Europe impérialiste et capitaliste
- 1421 lutte contre l'impérialisme
- 1322 Initatives et rendez-vous
- 1284 L'Internationale
- 1270 Cuba
- 1254 États-Unis
- 1209 Qu'est-ce que la "gauche"
- 1101 loi travail
- 1089 Syndicalisme en débat
- 1061 A gerber !
- 1033 Théorie immédiate
- 903 Positions
- 884 Réseaux communistes
- 852 Venezuela
- 852 élection 17
- 828 Chine
- 805 Russie
- 788 classe ouvrière
- 728 Ukraine
- 699 Amérique latine
- 587 Publications
- 575 Congrès du PCF depuis 2008
- 519 Asie
- 486 Élections
- 469 Syrie
- 468 Articles les plus lus archivés chaque semaine
- 419 Art et culture révolutionnaires
- 409 Afrique
- 405 Euroboycott
- 391 Europe de l'Est
- 368 Corée
- 350 Luttes 2008-2011
- 340 Grèce
- 294 Royaume-Uni
- 292 la bonne nouvelle du jour
- 273 GQ
- 242 Ce qui ne peut plus durer au PCF
- 236 Brésil
- 217 Colombie
- 213 Bolivie
- 212 Communistes en Italie
- 176 Mexique
- 169 Turquie
- 143 CN du PCF
Commenter cet article
GQ 18/01/2015 06:07
jean-claude delaunay 18/01/2015 03:16
Caroline ANDREANI 15/01/2015 19:46