Karl Marx et la compétitivité
10 Décembre 2012 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Economie
Sur le blog du PTB
Le 4 avril 1865, Karl Marx fulmine : « On ne peut compresser un cours d’économie politique en une heure. Mais nous allons faire de notre mieux. » Solidaire va comprimer encore un peu plus le regard de Marx sur le combat salarial.
Voici plus d’un siècle, à la demande de la Première Internationale, Karl Marx évoquait déjà tout l’enjeu des mesures de Di Rupo : une réduction des charges patronales, un index manipulé et le gel de salaires. Il répond à deux questions. Si on augmente les salaires, le pouvoir d’achat des travailleurs n’est-il pas réduit à néant par les hausses de prix ? Les augmentations salariales arrachées par les syndicats nuisent-elles à la position concurrentielle ?
Marx a montré que la valeur d’échange des marchandises produites est déterminée par la « quantité de travail » nécessaire à leur production et que la valeur ajoutée produite par le travail est toujours supérieure au salaire versé. « Les salaires des ouvriers ne peuvent jamais être plus élevés que la valeur d’échange des marchandises produites. » La différence entre la valeur ajoutée totale et le salaire versé apparaît dans le capitalisme en tant que profit. Cela nous donne une contradiction de classe entre les salariés et les employeurs. « D’une hausse générale du niveau salarial résulte une baisse de la marge bénéficiaire générale, sans pour autant, en général, faire monter le prix des marchandises. »
Ensuite, Marx affirme que les travailleurs ne cueillent pas automatiquement les fruits d’un accroissement de la productivité. Dans ce cas, le salaire reste en retrait de la productivité accrue et les profits augmentent. L’exploitation (relative) s’accroît donc, même sans baisse de salaire. Une situation similaire se produit quand le patron augmente les prix : « Prétendre en pareil cas que l’ouvrier ne doit pas réclamer avec insistance une augmentation proportionnelle des salaires (via une association à l’index, par exemple, NdlR) revient à lui dire qu’il lui faut se contenter de mots en guise de choses (pouvoir d’achat). »
Plus généralement, Marx montre que les travailleurs ne reçoivent qu’une infirme partie de la richesse qu’ils créent et que cette dernière est surtout utilisée en vue de l’accumulation du capital et de la liquidation des emplois. « Dans tout le développement de l’industrie moderne, la balance penche toujours plus en faveur du capitaliste et au désavantage des travailleurs. Dans la production capitaliste, le niveau salarial moyen a tendance à ne pas monter, mais à baisser. » C’est ainsi que nous avons vu systématiquement décroître la part des salaires dans le revenu national et croître celle du profit.
« Si la tendance adopte effectivement ce caractère, la classe ouvrière ne doit-elle pas alors renoncer à résister aux patrons et ne ferait-elle pas mieux de renoncer à la lutte pour améliorer temporairement sa situation ? se demande Marx. Si elle le faisait, elle se dégraderait en une masse égale de pauvres hères ruinés ». C’est ainsi que Marx souligne l’importance du combat salarial. Toutefois, le combat du syndicat ne doit pas se limiter à « une guérilla contre les retombées du système en place », mais il doit « essayer en même temps de changer ce système » en utilisant sa « force organisée » comme « levier pour la libération définitive de la classe ouvrière, c’est-à-dire pour la suppression définitive du système salarial ».
Sources : Karl Marx, Salaire, prix et profit, téléchargeable sur www.communisme-bolchevisme.net • Lettre de K. Marx à F. Engels, 20 mai 1865 • Certaines citations ont été vulgarisées.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
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