La situation en Syrie et la déclaration intersyndicale CGT-FSU-Solidaires « L’ennemi principal est dans ton propre pays » (Karl Liebknecht, août 1914)
10 Décembre 2012 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Impérialisme
sur lepcf.fr
par Georges Gastaud

La déclaration de la CGT de FSU et de Solidaires en soutien aux rebelles Syriens provoque de nombreuses réactions vives qui parfois réduisent le débat au choix entre le soutien au régime Assad, ou le soutien à la "révolution" avec les djihadistes financés par le Qatar et les forces de l’OTAN...
Il n’est qu’une réponse pour les militants communistes, revenir à l’analyse de classe des situations historiques et se dégager des discours médiatiques dominants. Le texte de Georges Gastaud en réponse aux échanges sur cette déclaration syndicale est donc très utile.
Il ne s’agit pas de s’aligner sur le « régime » Assad, comme ils disent, car le choix d’un régime relève de chaque peuple en vertu du « droit des nations à disposer d’elles-mêmes » constamment défendu par Marx et par Lénine, sans parler de Robespierre, de Jaurès ou de Ho Chi Minh. Il s’agit, pour nous Français, qui sommes les citoyens d’un pays dominé par l’impérialisme, de nous souvenir que l’impérialisme n’a pas qualité pour « libérer » des peuples et qu’il est au contraire l’ennemi principal de tous les peuples, y compris du nôtre : car « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre » (Marx). Qui croit sérieusement que Sarkozy ait voulu « libérer » le peuple libyen et non pas saisir l’occasion d’une guerre civile en Libye pour engager la recolonisation de l’Afrique avec les autres prédateurs du capital anglais et américain ? Maintenant c’est carrément l’impérialisme allemand « décomplexé » qui entre dans la danse au Proche-Orient en envoyant ses fusées « Patriot » en Turquie, et cela malgré l’opposition des progressistes allemands.
Au nom de quel « droit » Hollande a-t-il « reconnu » le conseil syrien comme représentant officiel de la Syrie ? Depuis quand, juridiquement parlant, un pays s’arroge-t-il le droit de dire QUI est légitime pour en gouverner un autre ? Il est évident que si ce « droit d’ingérence » cher au belliciste en chef BHL était universalisé, il mettrait aussitôt la planète à feu et à sang ; mais qu’on se rassure, il ne marche que du fort au faible car que dirait-on si le Tchad ou Cuba avait « reconnu » Al Gore et non Bush quand ce dernier a été « élu » dans les conditions frauduleuses que l’on sait ? Tout progressiste doit donc choisir, au niveau des principes, entre le « droit d’ingérence » NÉCESSAIREMENT IMPÉRIALISTE DANS LES CONDITIONS ACTUELLES et l’ensemble « droit des nations à disposer d’elles-même » + solidarité internationale DE PEUPLE A PEUPLE, avec les forces d’un autre pays. La ligne rouge c’est que des progressistes de nos pays impérialistes n’en appellent jamais à leurs propres gouvernants (c’est-à-dire à ceux qui mènent la guerre de classe contre nous ici) pour apporter la « paix » dans des pays qui, comme par hasard, firent partie de l’ancien empire colonial français ! Car cela revient à demander au loup d’aller arbitrer un différend entre les moutons d’un même troupeau.
Demain ce sera au tour de l’Iran, puis à terme des « BRIC », Russie et Chine, qui sont DÉJÀ dans le collimateur des re-colonisateurs occidentaux de la planète : il suffit de regarder une carte pour voir comment la tenaille de l’OTAN se resserre autour de la Russie, des pays Baltes à l’Asie centrale en passant par la Turquie, le Japon et la Corée du nord fermant le ban à l’est. Et là encore, la question n’est pas « pour ou contre Poutine » - tout communiste ne peut que combattre son régime contre-révolutionnaire – mais pour ou contre le repartage du monde par les impérialistes. Quant au peuple russe, l’histoire a montré qu’il est capable de s’émanciper par lui-même d’une dictature capitaliste.
Il est grave que des syndicalistes – non pas parce qu’ils sont bêtes ou méchants, mais parce que des décennies d’attaque contre le marxisme ont remplacé les critères de classe par des critères pseudo-humanitaires (forcément à géométrie variable : qui tient les médias définit le bon et le méchant tout à loisir…) – se portent à la tête de cette croisade, alors même que le pouvoir qu’ils appellent à intervenir à Damas démolit ICI ET MAINTENANT nos salaires, nos pensions, nos statuts, notre souveraineté nationale et notre industrie, en un mot notre pays qu’il est absurde de confondre avec son oligarchie destructrice. Le meilleur service à rendre aux opprimés du Sud, ce n’est pas de leur envoyer des « forces Licorne », c’est encore et toujours de renverser ICI nos propres capitalistes fauteurs de guerre.
Car la guerre est la politique (nationale), donc la lutte des classes INTERNES, continuée par d’autres moyens, et il est SUICIDAIRE pour des progressistes de demander aux loups qui nous dévorent ICI d’aller délivrer la veuve et l’orphelin AILLEURS. Quand ils se seront gavés là-bas, ils reviendront encore plus forts nous dévorer vivants ici !
Alors que se profile un nouveau cycle de guerres impérialistes qui, crise mondiale du capitalisme et faillite de la zone euro aidant, pourraient aisément dégénérer en conflits mondiaux, les communistes, les syndicalistes de lutte et les vrais patriotes républicains, doivent se souvenir du mot d’ordre de Karl Liebknecht en août 1914 : « l’ennemi principal est dans ton propre pays ».
Fraternel salut, et dialoguons dans le respect des personnes et des arguments.
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
Les textes originaux, écrits par l'animateur seul ou en collaboration et dont il endosse pleine et entière responsabilité sont publiés dans la catégorie GQ, accessible directement dans la barre de menu. Ils sont reproductibles, sans modification, à condition d'en mentionner l'origine.
Les commentaires sont publiés après validation, mais ne sont pas censurés, sauf abus (insultes, diffamation, mythomanie, publicité, non-pertinence, ou bêtise manifeste).
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Catégories
- 4094 Impérialisme
- 2767 Ce que dit la presse
- 2410 Economie
- 2096 Journal des luttes
- 1944 Répression
- 1929 Front historique
- 1630 l'Europe impérialiste et capitaliste
- 1450 lutte contre l'impérialisme
- 1330 Initatives et rendez-vous
- 1306 Cuba
- 1292 L'Internationale
- 1283 États-Unis
- 1233 Qu'est-ce que la "gauche"
- 1120 Syndicalisme en débat
- 1106 A gerber !
- 1101 loi travail
- 1051 Théorie immédiate
- 924 Positions
- 886 Réseaux communistes
- 868 Venezuela
- 852 élection 17
- 849 Chine
- 839 classe ouvrière
- 833 Russie
- 729 Ukraine
- 719 Amérique latine
- 589 Publications
- 575 Congrès du PCF depuis 2008
- 553 Asie
- 503 Élections
- 470 Syrie
- 469 Articles les plus lus archivés chaque semaine
- 428 Art et culture révolutionnaires
- 419 Afrique
- 405 Euroboycott
- 402 Europe de l'Est
- 368 Corée
- 350 Luttes 2008-2011
- 340 Grèce
- 340 la bonne nouvelle du jour
- 301 Royaume-Uni
- 276 GQ
- 242 Ce qui ne peut plus durer au PCF
- 240 Brésil
- 225 Colombie
- 219 Bolivie
- 218 Communistes en Italie
- 176 Mexique
- 171 Turquie
- 165 Mille raisons de regretter l'URSS