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Réveil Communiste

La conscience de la classe ouvrière et la guerre culturelle bourgeoise

25 Janvier 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #classe ouvrière, #Théorie immédiate, #États-Unis, #Qu'est-ce que la "gauche"

Oliver Anthony la voix des prolos tels que les gauchistes ne les aiment pas

Oliver Anthony la voix des prolos tels que les gauchistes ne les aiment pas

La conscience de la classe ouvrière et la guerre culturelle

La lutte des ouvriers pour le pain et les roses est la source du dynamisme qui pousse l’histoire au dépassement des conditions existantes – y compris au progrès technique, et le marxisme en est la traduction dans le monde des idées, mais cette lutte ne peut pas être conduite par le marxisme s’il devient un argument dans une lutte culturelle interne à la bourgeoisie, entre factions post-modernistes et traditionalistes.

Quand les ouvriers n’ont plus la conscience spontanée d’appartenir à une classe leur lutte économique qui ne cesse jamais se perd dans le sable, et en effet, tout est fait dans le discours politique contemporain pour la leur faire oublier, de l’extrême droite à l'extrême gauche, par la valorisation fantasmatique d'identifications subjectives - race, genre, orientation sexuelle, origine ethnique, etc. - supposément plus importantes que l'appartenance de classe.

Quand l’identité vécue de cette classe se cristallise autour de valeurs conservatrices ou religieuses, cela peut être regretté , mais il faut bien se rendre compte qu’il n’y a aucune échelle réelle qui permette d’évaluer des « valeurs » au sens moral vaseux de ce terme dans l’usage actuel de la langue commune et celui qui est conservateur aujourd’hui peut bien (re)devenir progressiste demain ! A moins bien sûr que l’horizon ultime du progrès ne soit rien d’autre que l’extension illimitée de l’individualisme de masse du consommateur contemporain, tel un mur souillé de tags qui est perpétuellement recouvert de nouveaux tags. Et malheureusement cette idéologie semble être le dénominateur commun des militants des différentes sectes idéologiques rouges, vertes, ou bariolées qui prétendent s’adresser aux « classes populaires » ou à les représenter dans la vie politique des pays occidentaux.

Soyez « populaire » mais ne soyez surtout pas « ouvrier » pourrait être une devise pour nos militants d’extrême-gauche. Quant à la gauche tout court n’en parlons plus, plus rien ne la distingue ici de la droite libérale.

La conscience de classe politisée ne peut revenir dans les masses rendues indifférentes ou hostiles à la politique en soi que par une médiation théorique mais cette médiation proviendra difficilement des jeunes militants radicaux aux tendances narcissiques, qui viennent tout juste de se former dans le système éducatif défectueux destiné aux ambitions intellectuelles limitées de la classe moyenne. Science-Po saupoudrée de « diversité » votera peut-être pour Mélenchon, mais n’en formera pas moins les mêmes politiciens bourgeois qu’auparavant, et bien moins compétents qu’auparavant.

Que voulait dire Lénine dans sa brochure Que Faire par « la conscience vient au prolétariat de l’extérieur » ? Que les ouvriers peuvent s’organiser efficacement pour la lutte économique mais qu’ils ne peuvent pas le faire par leurs propres moyens , ni concevoir une stratégie politique cohérente et durable qui leur permette de prendre le pouvoir, sans l’aide d’intellectuels extérieurs à leur classe et sans un parti révolutionnaire professionnel.

Pour les anticommunistes ces intellectuels traîtres aux classes dirigeantes étaient bien entendu toujours à rechercher parmi les juifs. Et le fait est qu’il y en avait beaucoup dans le mouvement révolutionnaire.

Sans doute les juifs il y a un siècle comme les adeptes des mœurs postmodernes aujourd’hui faisaient-ils face à des préjugés injustifiés. Mais le cas n’est pas le même : on ne naît pas juif par choix, et on peut par contre choisir ou non d’étaler ses « différences », au risque de montrer qu’on est plus intéressé par son parcours individuel que par le contenu social de ses discours.

On voit donc que la politique identitaire pseudo-progressiste qui flatte les minorités et la guerre culturelle interne à la bourgeoisie importée des États-Unis ont pour effet et sans doute pour finalité de priver les ouvriers de l’aide que leur ont apporté dans le passé les intellectuels non conformistes, et parfois même des militaires issus de groupes défavorisés.

Il faut éviter de plonger dans les faux débats pour revenir à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est d’abord le salaire et ensuite la prise du pouvoir par le parti du prolétariat, et l’expropriation des moyens de production des capitalistes et des rentiers.

GQ, 23 octobre 2023, relu le 25 janvier 2024

 

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L
Bonjour.<br /> <br /> Réponse à Stef.<br /> <br /> Vous posez la question de la prise du pouvoir et vous n’avez pas tort.<br /> <br /> Remarquons tout d’abord que les prises de pouvoir ne se sont jamais réalisées par un PC à la tête du Prolétariat. Mais par des PC à la tête de mouvements essentiellement paysans et presque toujours dans des luttes de libérations nationales. Le dernier cas est la guerre (CF. Europe de l’est).<br /> Donc, historiquement le Prolétariat n’a jamais pris le pouvoir en tant que classe révolutionnaire principale. Sinon le pronostic de Marx sur les lieux où se produirait la révolution aurait été juste.<br /> <br /> Pour ce qui concerne la 4ème Voie, elle n’a pris le pouvoir nulle part. En premier lieu car c’est une orientation très nouvelle. Elle comporte certes des difficultés propres, mais ce n’est pas le lieu d’en discuter.<br /> <br /> En revanche, ce qui constitue des prémisses de la 4ème Voie, ce que j’appelle la 3ème Voie ++, elle a pris, a exercé et exerce encore le pouvoir dans une multitude de pays : Argentine – Perón, France – De Gaulle, Lybie – Kadhafi ; et pour aujourd’hui, Chine – PCC, Russie – Poutine, Venezuela – Maduro.<br /> <br /> Toutefois, une remarque finale, si l’on ne doit discuter que si l’on a déjà pris le pouvoir alors il n’y a plus de débat possible. C’est souvent le point, symétrique du point Godwin, permettant de ne plus débattre pour rester enfermé dans ses certitudes.<br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> Luc Laforets<br /> www.1P6R.org
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L
Bonjour.<br /> <br /> Réponse au message ci-dessous de Réveil Communiste<br /> « Ce n'est pas la conscience de classe en soi qui vient de l'extérieur, mais l'idée que cette classe peut devenir la classe dominante dans la société. »<br /> <br /> Pensez-vous que la Haute Bourgeoisie, ou plus encore la Noblesse, ait besoin d’un « agent extérieur » pour devenir une classe dominante ?<br /> De toute évidence non. Car se sont par essence des classes taillées pour dominer, pour exercer le pouvoir.<br /> <br /> Le Prolétariat n’est pas de celles-là. Elle n’est pas par essence dominante. Comme vous le reconnaissez par le besoin du recours à un « agent extérieur » pour devenir classe dominante. <br /> C’est un problème majeur, car posant une multitude de difficultés. Quel est cet agent extérieur, d’où vient-il (d’une autre planète) ? Est-il sûr que la classe Prolétarienne puisse se transformer en classe dominante ? Durablement ? Cet agent extérieur ne risque-t-il pas de s’autonomiser et d’exercer directement le pouvoir, se servant de la classe comme d’un bélier ?<br /> Toutes ces questions font échos à des situations politiques bien concrètes, et souvent fort délétères (Pol Pot ou la révolution culturelle, pour prendre les pires).<br /> <br /> Ne peut-on pas plutôt respecter et prendre la classe Ouvrière pour ce qu’elle est : Une force de contre-pouvoir. Une classe en proximité immédiate de la Petite Bourgeoisie aussi.<br /> <br /> C’est en tirant ces conclusions que j’en suis venu au modèle de société de la 4ème Voie. Un modèle SANS CLASSE DOMINANTE, mais avec 2 classes en coopération-opposition permanente (Yin-Yang) : Le Prolétariat-Salariat (Yin) et la Petite Bourgeoisie d’autre part (Yang).<br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> Luc Laforets<br /> www.1P6R.org
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R
Lénine a mit fin il y a cent ans à beaucoup de ces questionnements par la pratique !
G
"La lutte des ouvriers pour le pain et les roses" ... <br /> Je suis une ouvrière et je ne veux pas du pain et des roses ! Je veux une voiture pour aller au boulot, un toit pour dormir, un salaire décent<br /> MERCI de ne pas dénaturer la lutte des PROLETAIRES!!!!!!
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R
L'expression est un peu vieillotte certes mais je ne vois pas en quoi elle dénature la lutte des prolétaires ...
L
Bonjour.<br /> <br /> La question de la conscience de classe est importante. Pour le prolétariat (au sens large), celle-ci a reculé depuis une quarantaine d’années. Beaucoup se prennent maintenant pour des bourgeois, alors que pour beaucoup ils ne sont qu’à peine de petits bourgeois.<br /> <br /> Cette question est importante si l’on envisage une prise du pouvoir par le prolétariat seul. Or ceci n’est jamais arrivé dans l’histoire. Et compte tenu de ce qui a été dit ci-avant il est plus douteux aujourd’hui qu’hier qu’un tel événement se produise.<br /> Les Russie, Chine ou Vietnam mêlant prolétariat marginal avec paysannerie et petite bourgeoisie exsangues (notamment physiquement par la guerre) et mouvements de libération nationale.<br /> <br /> La prise du pouvoir par le prolétariat est par conséquent plus improbable que jamais. Comme vous le savez déjà, ceci n’est pas un problème pour moi. Ce n’est un problème que pour l’aristocratie qui souhaite piloter les ouvriers. Ceux pensant que la conscience de classe vient de l’extérieur. Celle-ci, malgré la propagande, est vivace croyez-moi, car justement elle vient de l’intérieur. Pas de l’extérieur, contrairement à ce que les futurs bureaucrates affirment, car la leur est artificielle, donc fausse, n’en déplaise à Marx et alter. <br /> C’est là une des raisons pour lesquelles le communisme où le socialisme ne pourront pas renaitre.<br /> <br /> Une autre raison provient du fait que bien des prolétaires, dont moi-même ou Paul Cockshott par exemple, sont désormais éduqués et n’ont plus besoin de ces « conseillés ». Plus besoin de ces guides dogmatiques pour lesquels la théorie livresque prévaut sur la réalité. Ils nous ont coutés trop cher. C’est là une des causes de la désaffection pour le politique.<br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> Luc Laforets<br /> www.1P6R.org
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R
Ce n'est pas la conscience de classe en soi qui vient de l'extérieur, mais l'idée que cette classe peut devenir la classe dominante dans la société.
S
Je ne vois pas en quoi dire que la conscience de classe vient de l'extérieur soit dépassé. Marx lui même disait que c'était l'environnement qui crée la conscience et non l'inverse. Mais cela ne veut pas dire que cette conscience sera révolutionnaire et capable de préparer la révolution. Bien sûr, à cette époque, les élites étaient instruites, le prolétariat illettré, donc heureusement que des bourgeois sont passés à gauche (tous les grands noms du communisme, Marx, Lenine, Mao, Castro etc...) sinon nous serions encore de doux rêveurs et il n’y aurait jamais eu de parti communiste nulle part dans le monde. <br /> Pour en revenir à l'époque actuelle, oui il y a plus d'informations et moins de personnes illettrés, mais combien de personnes savent faire le tri entre les informations que la bourgeoisie leur donne pour les manipuler ? Je ne veux pas démarrer une polémique par messages interposé mais j'ai pris l'habitude de dire que je préfère toujours me fier au personnes qui ont été au pouvoir et qui ont laissé des écrits pour les générations futures plutôt que d'écouter des gens qui plus le temps passe, plus ils n'y arriverons jamais. J'avais vu un documentaire ou un membre du PCF s'était fait remettre à sa place dans les années de l'eurocommunisme par M. Souslov qui était au bureau politique du PCUS. Il leur avait dit que le jour ou ils prendraient le pouvoir, à ce moment là ils pourront donner des leçons ! Cest toujours vrai en 2023....