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Réveil Communiste

Réveil communiste facho ?

14 Janvier 2025 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Qu'est-ce que la "gauche", #Réseaux communistes

Sans agit-prop non plus, pas de mouvement révolutionnaire

Sans agit-prop non plus, pas de mouvement révolutionnaire

Je ne suis pas un théoricien, mais un agitateur et propagandiste. Pour remplir ce rôle, il faut faire du bruit ; et parfois le bruit qu’on fait prête à confusion.

Beaucoup de lecteurs de mes textes, et souvent quand ils sont reproduits sur d’autres sites m’accusent d’être un loup déguisé en grand mère, un facho qui pose au communiste.

En gros, selon leur interprétation, pointer du doigts les problèmes sociaux liés à l’insécurité, l’immigration, l’assistanat, et considérer que l’émancipation des minorités est faite, et ne peut pas aller plus loin sous peine de porter préjudice à la majorité « sans qualité », c’est fasciste. Sans parler de soutenir la Russie contre l’Ukraine.

Sur d’autres questions qui fâchent, celles qui sont du ressort du courant LGTB, mon opinion n’est pas très populaire non plus : il est clair pour moi qu’elles n’ont aucun rapport avec la lutte des classes. L’émancipation des homosexuels ou des transsexuels, dans la mesure où ils en ont encore besoin, ne porte pas préjudice en soi à la classe ouvrière, mais ne lui apporte non plus strictement rien. A part le rejet des prolétaires qui ne sont pas de culture occidentale.

Bon. Que « je sois » un facho ou un communiste après tout, si c’est une simple question identitaire, c’est moi qui décide. Je suis communiste, et même stalinien, et je pense que la place des fachos est en prison. Mais pour les y mettre, c’est une autre paire de manche. Le militant de la gauche courants habituels veut demander aux flics qui votent RN de mettre le RN en taule. Ouais – Ouais, comme on dit dans les manifs.

Le problème ne se pose même pas si on prend les choses du coté de l’efficacité politique : que faire pour remédier à la droitisation du prolétariat ?

Ma démarche est la suivante : si on veut représenter le prolétariat, il faut d'une part le respecter, même si on n’est pas d’accord avec lui, et le respect minimum c’est de ne pas danser dans la rue quand le vieil épouvantail pour lequel il a bien souvent voté casse sa pipe à 96 ans. D’autre part l’écouter : s’il en veut à l'assistanat, à l’immigration, à l’insécurité, c’est peut être parce qu’il a ses raisons et pas simplement parce qu’il a trop regardé la télé de Bolloré.

Donc il faut partir du principe que dans bien des cas les ouvriers ont raison quand ils prennent des positions qui déplaisent à l’extrême-gauche bourgeoise - dont l’idéal type est plutôt le NPA que LFI. Et même s’ils ont tort, il ne faut pas se décourager pour si peu.

Et de leur coté les militants qui donnent le ton dans les organisations politiques de gauche se retrouvent sur un consensus qui place sur un pavois l’individualisme total, l'interdit d'interdire (sauf évidemment la parole à ceux qu'on aura réussi à cataloguer comme facho, à tort ou à raison) ce qui ne plaît pas du tout aux ouvriers qui ont plutôt envie d’interdire plein de choses (et les ouvriers noirs ou musulmans encore plus que les autres).

Et la principale raison de cette divergence de fond est simple : les inconvénients, les contrariétés, et les atteintes à la qualité de vie qui sont liées à ces questions sont vécues par lui, dans ses quartiers, et non par la petite-bourgeoisie, où les militants de gauche sont largement recrutés. Les questions évoquées sont toutes des questions qui concernent la liberté d’évoluer dans l’espace public et de l’utiliser – y compris en automobile, et les « communs » dont bourgeois grands et moyens peuvent assez facilement se passer, mais pas les ouvriers.

Mais peu importe en fait : la vraie question et qui devrait quasiment être la seule, c’est de comment convaincre à nouveaux les masses, qu’elles soient prolétariennes ou petites-bourgeoises de l’importance et de la nécessité du socialisme ? et de l'urgence de lutter pour la paix, et contre l'impérialisme ? Et s’il faut pour cela mette de l’eau dans son vin idéaliste, et renoncer au narcissisme politique que procurent les discours humanistes, il n’y a pas à hésiter.

Que le capitalisme soit écolo, féministe, gay-friendly, antiraciste, etc, ça n'a strictement aucune importance s'il reste le capitalisme, du point de vue de la classe ouvrière.

Ce que mes critiques ne veulent pas voir, c’est que je ne préconise pas une inflexion réactionnaire dans la politique ou dans le discours des partis ouvriers, mais une relégation dans la vie privée des thématiques qui divisent et qui éloignent les militants de ceux qu’ils voudraient représenter - si c’est vraiment le cas qu'ils le veulent, pour remettre au milieu la question ouvrière basique, l’exploitation du travail et l’objectif du socialisme.

Au niveau du discours, c’est encore celui de LO qui conviendrait le mieux, à part son étymologique et trotskyste incroyable incompréhension de la question nationale et des migrations. Mais à cette organisation a toujours manqué toute stratégie politique, justement parce qu’elle est identitaire et ouvriériste, et non une avant-garde politique.

Quant au ton volontiers haineux à mon encontre qu’on trouve dans certains commentaires, j’avoue l’avoir un peu cherché : j’ai gardé de mon passage dans le courant situationniste une certaine tendance à la provocation, et à la critique ad hominem, à toucher où ça fait mal ; les gens à l’extrême-gauche qui me détestent, c’est parce que je les démasque pour ce qu’ils sont : des idéologues bourgeois, qui représentent au fond très bien leurs intérêts de classe en mettant au centre de leurs engagements les caprices de l’individu post-moderne. Ou tout simplement des suivistes qui ont absorbé sans critique les conventions idéologiques scolaires et médiatiques du moment.

Pour eux, tout est affaire d’identité, et rien de stratégie politique – y compris être « de gauche ». Et pour la bourgeoise c’est très bien comme ça.

GQ, 9 janvier 2025


 

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L
C'est pourtant cette petite bourgeoisie qui couve un fascisme. Elle se radicalise au fur et à mesure qu'elle est elle même touchée par la crise.<br /> La question étant de savoir si il faut considérer franchement cette gauche petite bourgeoise comme une ennemie de classe.
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J
Pour ce que ça vaut, je suis ouvrier à la chaine, communiste et ma compagne est une femme trans...<br /> Je suis en accord avec toi et ceux qui te traitent de fasciste sont des abrutis.<br /> tu es courageux de prendre position sur ces sujet!
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C
J'espere que vos détracteurs seront convaincus par la justesse de votre mise au point.<br /> Le milieu universitaire où je travaille (comme agent administratif) se mobilise sur des combats sociétaux sans adversaires concrets qui flattent son narcissisme et nourrissent son arrogance de diplômés supérieurs. <br /> De mon côté je suis persuadé qu'on ne parviendra pas à renverser le capitalisme sans réhabiliter Staline. <br /> Puisque jusqu'à présent la seule alternative au modèle économique et social capitaliste reste le communisme, il faut donc défendre la politique menée par Staline en rétablissant la vérité historique de son époque.<br /> C'est une entreprise difficilement entendable dans mon milieu professionnel, pour le moment. Alors je m'efforce de le faire auprès des miens, trentenaires diplômés progressistes de gauche mais scolairement et idéologiquement formatés par l'anti totalitarisme anti-communiste.
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R
Une réflexion pleine de bon sens ; cela rassure, il y a encore quelques esprits ayant échappé au lavage de cerveau du capital polymorphe mais bel et bien despotique. Pour moi, il y a longtemps que la "gauche" a trahi, depuis 1914... Plus rien ne m'étonne de sa part ; elle a toujours été là pour sauver le capitalisme. Il faut toujours mettre en avant la perspective communiste et défendre l'expérience soviétique (jusqu'à Staline). Cela n'empêche pas de théoriser la réalité actuelle du capitalisme.
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L
Bonjour et meilleurs voeux pour 2025 (nous en aurons besoin).<br /> Très bon papier où il ne manque que la notion de "prison mentale" dans laquelle s'est enfermée cette pseudo-gauche, d'où le recours aux étiquettes permettant d'esquiver tout débat.<br /> Un seul bémol : Vous vous collez vous-même une étiquette de stalinien. Cela vous ressemble si peu de vous enfermer ainsi.<br /> Cordialement.<br /> Luc Laforets<br /> www.Via4.net
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J
Une résidence secondaire plutôt qu'une prison comme dit GQ...<br /> La formule est drôle et vrai beaucoup d'intersectionnel ne croient pas réellement à leur conneries.<br /> <br /> sinon la revendication de stalinisme n'est pas qu'une bête provocation,beaucoup d'articles sur ce blog explique pourquoi.
R
plutôt qu'un prison mentale l’idéologie d la gauche post-moderne est une résidence secondaire ...