L'autoroute vers l’enfer passe par l'Ukraine (à jour)
8 Août 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Théorie immédiate, #GQ, #États-Unis, #Royaume-Uni, #L'Europe impérialiste et capitaliste, #Ukraine, #A gerber !
La guerre en Ukraine risque d'autant plus d'escalader que les opérations sont plus longues. Comme les belligérants connaissent tous les mouvements de leurs adversaires, la situation stratégique des défenseurs est très favorisée. Pour minimiser leurs pertes, les Russes évitent les concentrations de troupes et les offensives de grande ampleur pour miser sur l'attrition progressive de l'ennemi, qui aboutira forcément à l'effondrement ukrainien. Mais en attendant cette issue inévitable, les Occidentaux s'imaginent tenir les Russes en échec, et sont encouragés à investir toujours plus dans le "projet ukrainien", et à fermer les portes à toute issue autre que la victoire totale aboutissant au démembrement de la Russie - totalement impossible, ou la défaite totale, totalement inacceptable pour eux. Sont-ils prêts dans ces conditions à aller jusqu'à la guerre nucléaire? Le pouvoir ukrainiens en s'attaquent à la centrale nucléaire de Zaporojie de manière répétée a prouvé pour sa part qu'il y était déterminé.
Autoroute vers l’enfer
Un moment de pessimisme de la raison ...
La guerre en Ukraine sauf péripéties imprévues encore possibles et grandement souhaitables ne peut malheureusement qu’escalader toujours et risque de plus en plus de déboucher sur une confrontation mondiale où l’usage des armes nucléaires est de moins en moins exclu … et même probable. La volonté américaine, britannique et européenne de repousser la Russie dans ses derniers retranchements semble se nourrir de ses propres échecs - et s'étendre maintenant à la Chine.
Ceux qui tentent d’avertir l’opinion en Occident et d’arrêter la marche du train fou analysent le comportement frénétique de dirigeants qui les conduit à travers les outrances verbales les plus irresponsables à une escalade perpétuelle et toujours prévisible, comme une manifestation psychologique, une sorte de maladie identitaire qui affligerait les élites occidentales, à commencer par les britanniques : l’homme blanc occidental postmoderne ne pourrait pas admettre qu’il cesse de dominer le monde entier et que son esthétique et que ses valeurs ne soient plus la référence universelle.
Et ils voient parfois dans l’impérialisme une sorte de complot pour miner partout dans le monde les valeurs traditionnelles, la famille, la religion, l’identité de genre, etc. qui sont effectivement remises en cause par le nouvel âge du capitalisme post 1968.
Il y a du vrai dans ces constats, il semble que l’Occident soit en croisade continue au nom de ses valeurs métaphysiques contre le mal incarné par l’autre et l’étranger depuis plus de neuf siècles, et que la dernière version de cette croisade soit d’imposer partout le libéralisme moral.
Mais ces observateurs, qui en général sont issus de la droite politique conservatrice ne comprennent pas la véritable logique de l’impérialisme. La guerre et l’hégémonie ne sont pas le résultat d’un aveuglement collectif ou d'un tropisme culturel inconscient, elles sont une nécessité structurelle, économique et liée à la lutte des classes, et les traits psychologiques délirants chez les dirigeants et les intellectuels qui les rendent possibles et qui s’expriment dans une propagande de guerre qui s’étale partout dérivent de cette nécessité, au lieu d'en être la cause.
Le premier impérialisme moderne, celui de la Grande-Bretagne à partir du milieu de XIXème siècle s’expliquait par la nécessité de résoudre les contradictions du capitalisme industriel, et notamment par la nécessité de hausser le niveau de consommation de la classe ouvrière pour en désamorcer le potentiel révolutionnaire, ce qui fut mené avec succès à l'époque de la Reine Victoria (1838-1901). Mais ce partage parcimonieux des richesses avec les ouvriers ne pouvait pas être celui de la plus-value obtenue aux dépens de ces mêmes ouvriers, il fallait donc systématiser la rente coloniale mondiale, prélevée sur les peuples qui n’avaient pas encore accédé au stade industriel, et les empêcher d’accéder à ce stade.
Le second impérialisme qui prend la relève en plusieurs étapes de longue durée, après 1917, 1945, et 1989, est plus politique encore car il est structuré par l’anticommunisme et l'anti-soviétisme, mais il évolue peu à peu pour se définir comme un impérialisme financier post-industriel. Dès les années 1960, il ne suffisait plus d’acheter la classe ouvrière domestique, devenue trop rétive à l’exploitation en usine, il fallait la faire disparaître.
Les métropoles impérialistes vivent donc depuis longtemps en consommant la production réelle qui provient du monde périphérique, qui doit se contenter de rattraper petit à petit son retard économique, sans parvenir à en maîtriser le développement, et à en diriger le progrès technique dans un sens favorable à ses propres intérêts.
L’Empire occidental (Amérique du Nord, Royaume-Uni, Union européenne, Océanie, Israël ... ) dans sa volonté de perdurer indéfiniment repose donc sur la capacité qu'il a de se procurer ces biens manufacturés et ces matières premières produites ailleurs en échange de biens immatériels qui ne coûtent rien à produire en terme de valeur – ils ne font que recycler de la plus-value dans la pléthorique classe moyenne métropolitaine, et qui ne sont acceptés dans le monde sous la forme de droits pécuniaires que par déférence politique et culturelle, et surtout de monnaie, de titres financiers et créances dont la valeur n’est plus adossée à une richesse matérielle, métaux précieux ou autres. C’est le cas depuis la non-convertibilité du dollar, décrétée par Nixon, en 1971.
Cette monnaie sans valeur réelle ne reste acceptée partout, en dernière analyse que comme le signe de la puissance impériale, de son aura culturelle, de son influence diplomatique, et à la base de tout de sa force militaire.
Prouver régulièrement la capacité militaire de l’Empire est une nécessité ultime pour qu’il ne s’écroule pas comme une pyramide de Ponzi. Il lui est nécessaire aussi d'empêcher par tous les moyens l’émergence de toute autre puissance souveraine indépendante et de contenir, d'affaiblir, et de disloquer au bout de la route les deux seules qui existent actuellement, la Chine et la Russie. Le moment où l'Empire s'est imposé en prouvant sa détermination à exterminer impitoyablement tous ses adversaires est celui d’Hiroshima et de Nagasaki.
La guerre contre la Russie et la Chine est dans ces conditions inévitable et il est presque inévitable qu’elle monte aux dernières extrémités, d’autant plus que l’Empire n’a pas de chef stratégique lucide, cohérent et responsable de ses actes, conscient de ces objectifs ultimes. Il serait dirigé par le clown de Stefen King, dont Zelensky est une sorte d’incarnation qu’il n’agirait pas autrement.
La seule politique rationnelle à mener est donc de s’en tenir bien à l’écart.
La guerre perpétuelle à outrance est une nécessité de survie pour l'Occident impérialiste, et nous nous trouvons avec l’OTAN et l‘UE, aux premières loges, au beau milieu du champ de tir.
GQ, 6 juin 2024, relu le 11 juillet
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
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