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Réveil Communiste

Impérialisme : les ennemis de mes ennemis sont mes amis !

1 Mai 2023 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Impérialisme, #Théorie immédiate, #GQ, #Chine, #Russie, #États-Unis, #Syrie, #Asie, #Cuba, #Venezuela, #Europe de l'Est, #Mille raisons de regretter l'URSS

Le Shandong, deuxième porte-avion chinois

Le Shandong, deuxième porte-avion chinois

Écrit en février, 2021, donc un an avant l’intervention militaire de la Russie en Ukraine, le 24 février 2022. L'opération russe est analysée ici :

Confrontée à une menace existentielle, la Russie a renversé la table

Mais il est bien clair que se sont les ambitions de l'OTAN et sa stratégie à long terme contre la Russie qui sont les causes de la guerre actuelle qui ravage ce pays - et accessoirement la trop grande modération de la Russie en 2014. Et aujourd'hui, à l'aide des aveugles, des sourds, et des muets, les États-Unis préparent ouvertement une autre guerre encore plus cataclysmique contre la Chine. Et pourtant la tentative d'isoler la Russie dans le conflit ukrainien s'est retournée contre l'Occident qui se retrouve lui-même isolé - et d'autant plus dangereux (note du 25 avril 2023).

Faut-il soutenir la Chine, la Russie, l’Iran, la Syrie, la RPD de Corée ?

Ces pays ont mauvaise réputation, et s’aligner sur leurs positions dans les conflits internationaux a un coût politique, même lorsqu'ils sont dans leur droit ce est qui manifestement le cas dans la plupart des conflits qui les opposent aux pays occidentaux (qui se cachent le plus souvent derrière la soi-disant "communauté internationale").

Beaucoup à gauche et à l’extrême gauche (la néo-trotskyste, la néo-orwellienne et la libérale-sans- le-savoir) ne sont pas prêts à le faire, pour ne pas payer ce prix, ou le plus souvent parce qu’ils adhèrent purement et simplement aux récits de la puissante propagande développée contre ces pays. Mais se tenir à l’écart des combats principaux de notre époque a un prix bien plus élevé (dans la mesure où l’on veut réellement changer le monde).

Dans notre monde, il y a un Empire, et un seul : c’est la structure emboîtée formée par les États-Unis d’Amérique, les pays anglo-saxons dont les services de renseignement et les forces armées sont étroitement associés à ce pays (Royaume-Uni, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, dont les trois premiers ont constitué dernièrement l’alliance nucléaire AUKUS, contre la Chine), l’Union Européenne qui fait du zèle mais qui peine à suivre, et quelques satellites : Japon, Israël, pétro-monarchies du Golfe (jusqu'à ce qu'elles changent de camp à la surprise générale), etc. Autant que les systèmes d’alliance intégrés comme l’OTAN, c’est le tissu conjonctif des grandes firmes multinationales, de leurs médias, et leur milieu humain qui lui donne sa cohérence, et qui oriente sa politique. Cet empire entretient un millier de bases militaires dans le monde et distribue à tout va au moindre prétexte des sanctions afin de ruiner l’économie de pays récalcitrants et d’intimider leurs dirigeants. Depuis le 11 septembre 2001 il s’arroge le droit officiel de mener des opérations militaires partout dans le monde, sans l’accord des pays concernés, et considère que ses tribunaux ont compétence partout - et depuis le 24 février 2022 il est en guerre ouverte de facto avec la Russie en Ukraine.

Soutenir les luttes dans le monde, et les pays attaqués par l’impérialisme est une nécessité. Encore pour le comprendre faut-il avoir dans l’esprit le concept de l’impérialisme. Comme ce fut le cas de celui  du capitalisme pendant quelques années, le concept de l’impérialisme a été en quelque sorte mis hors-la-loi dans les médias et dans l’université, « en dehors du cercle de la raison ». Il ne laisse pas d’exister, et de plus en plus clairement aux yeux de tous.

L’opinion publique mondiale est un des champs principaux de la lutte des « faibles » contre les « forts » et les derniers ne doivent pas utiliser trop brutalement leur force pour ne pas coaliser contre eux à long terme une plus grande force constituée de tous ceux que cette démonstration de puissance a effrayé. C’est manifestement l’hubris occidentale d’après 1989 qui a poussé Russes et Chinois au rapprochement puis à l’alliance, rejoints par les Iraniens. Elle est même sans doute à l’origine du renouveau de l’idéologie socialiste en Chine et du triomphe de la nostalgie du passé soviétique en Russie.

L’impérialisme, comme le diable, cherche à faire croire qu’il n’existe pas, et il a bien du mal à continuer à le feindre lorsqu’il bombarde des pays, même lorsque ces bombardements sont rebaptisés « frappes » par le système médiatique mondial ultra-dominant qui est un de ses agents principaux. Encore faut-il que l’honnête homme occidental ait le minimum de courage qu’il faut pour ne pas regarder ailleurs.

La dénonciation des crimes et des forfaits de l’impérialisme contrairement aux apparences est une action très efficace. Contester les éléments de langage et les falsifications qui cherchent à délégitimer et à isoler les adversaires de l’impérialisme permet de faire reculer le risque de guerre car la guerre hybride moderne a besoin d’un consensus provisoire mais presque complet au moment stratégique. Même quelques petites voix discordantes peuvent rompre le charme.

Faire circuler en 2019 sur les réseaux sociaux, preuves à l’appui, que le vrai enfer pour les droits de l’homme n’était  pas le Venezuela, mais la Colombie voisine contribuait à gêner considérablement les projets agressif contre le pays d’Hugo Chavez !

Quoiqu’on ait pensé d’un Saddam Hussein, la guerre américaine contre lui a été une chose pire que tous les crimes qu’on pouvait lui attribuer. Les sanctions, la guerre et l’occupation ont causé la mort d’un enfant irakien sur dix, pendant vingt ans, soit un à deux millions.

Je n’ai pas a regretter d’avoir manifesté en février 1991 contre l’imminente Guerre du Golfe, même en compagnie de patibulaires barbus ou fachos ; faute d’autre slogan, avec quelques autres nous avons crié NON ! Non ! Non ! Nous étions des millions à défiler dans les rues ce jour là dans le monde entier, mais en vain. Et de nouveau en 2003.

Et voilà que vingt ans plus tard l’impérialisme remet le couvert, en Syrie, en 2011, et là, personne ou presque dans la rue, les hérauts fatigués de l’altermondialisme (alter-impérialisme?) se sont rangés des voitures, et au contraire toute la gauche divine surenchérit sur les appels à l’invasion, au premier chef le mégaphone du NPA et les postcommunistes du PCF. Personne dans la rue, mais quelques voix bien isolées et en compagnie douteuse qui vont traverser le désert pendant des années en martelant la vérité : il n’y a pas de révolution syrienne, il n’y a là qu’une agression internationale hybride et particulièrement cruelle qui vise à rien moins que démanteler le pays. Et, à l’arrivée, l’impérialisme, hésite, recule, et lâche l’affaire .. ; tout en attendant une meilleure occasion .

Admettons-le ! Ce sont les Russes et les Chinois qui l’ont fait reculer, et pas seulement « Réveil Communiste » et ses quelques équivalents qui ne sont pas nombreux dans la cybersphère francophone. Mais un blog à son échelle, un site d’investigation, un particulier sur les réseaux sociaux, une chaîne internet, « en dessous des radars » peut faire beaucoup plus d’agitation qu’on imagine.

Pour ce qui est du Venezuela et Cuba, la question de les soutenir ou non ne se pose même pas, puisque face à toutes les difficultés du monde, et à la malveillance opiniâtre de ses maîtres, les gouvernements et les peuples de ces pays tentent de faire vivre concrètement un projet socialiste, qui est aussi le nôtre.

Revenons à la Chine, l’Iran, la Russie, et la RPD de Corée.

Or on constatera au passage et avant de commencer que les pays en question soutiennent Cuba et le Venezuela.

Dans le cas du Viet Nam, au système politique et social à parti unique et à demi socialiste fort semblable à celui de la Chine, et qui d’ailleurs soutient aussi Cuba et le Venezuela, on constate avec surprise une forme d’indulgence des médias et des ONG : il faut sans doute ménager le lieu actuel de repli des investissements occidentaux en Chine, et l’espoir illusoire des grandes têtes molles du Département d’État américain d’en faire un allié contre son grand voisin. Les campagnes droit-de-l'hommistes ne sont donc lancées contre ce pays que pour la forme, à l’intention des naïfs, et ne font pas écho. Mais, nous n’en doutons pas, les Vietnamiens vont les berner et à l’arrivée la déception, le dépit et la rage seront grands.

Qu'on appelle ça des complots, ou autrement, il est indubitable que les services secrets, les ONG qu'ils ont infiltré, et les réseaux des fondations du capital travaillent sans relâche contre ces quatre pays. Aucune information les concernant n’arrive à nous par hasard. C’est particulièrement visible dans le cas de la Corée où les élucubrations morbides et invraisemblables de la CIA sud-coréenne sont reprises et diffusées sans traitement critique par les médias mondiaux (et non les démentis apportés par les faits).

Leur stratégie est de tenter de faire paraître le résultat de ce travail de sape permanent, bien organisé, bien financé et bien rémunéré, comme une génération spontanée des oppositions internes.

Il y a des oppositions dans ces pays, comme dans tous les autres, et il peut aussi y avoir des contradictions internes et des luttes d’alliances, de lignes, des retournements, comme le va-et-vient stratégique qui eu lieu en Chine entre la Russie et les États-Unis de 1960 à 1996. Mais quel sera le traitement d’une contradiction interne d’un pays désigné comme adversaire « de la communauté internationale » et diabolisé dans les médias occidentaux ? Elle ne servira que comme un argument pour prêcher le réalignement sur l’Occident, contrairement à l’intérêt national, ou pour conseiller des mesures qui peuvent conduire à ce but, et uniquement comme terrain pour le recrutement de chevaux de Troie corrompus qui travailleront dans l’intérêt des ingérences occidentales, et pour l'agenda du pillage supervisé par le FMI.

Les gens de gauche devraient apprendre à être moins facilement les dupes du système où ils vivent et dont certains bénéficient directement (universitaires, gens de médias, intellectuels reconnus, permanents politiques et syndicaux subventionnés par l'UE, etc.).

Beaucoup d'entre-nous dans la "gauche" n’avons-nous pas cru de bonne foi qu’une partie de la dissidence historique dans les pays socialistes d’Europe de l’Est n’en voulaient pas au socialisme lui-même mais à certains abus ? C’était confondre les aspirations réelles de la population avec l’agenda bien précis et rédigé en Occident des groupes politiques de l’opposition, en Pologne, en RDA, en Tchécoslovaquie, en Ukraine, etc.

Mais ce que vous devez comprendre, c’est que ces opposants dont on nous fait la publicité sont sélectionnés de l’extérieur, aidés et financés, et que les médias qui nous apprennent leur existence sont justement le terrain où ils sont lancés ! Ce qui leur retire a priori toute légitimité. Ce ne sera pas, par exemple, le défenseur de la nature ou l’écolo le plus convaincu, le plus sincère dont le portrait sera sélectionné pour paraître simultanément sur tous les médias du monde pour stigmatiser son propre pays ; mais celui qui s’alignera sans vergogne sur les positions de l’Empire. Et rien que pour cela on peut se dire qu’il n’est pas honnête, ni compétent, en tant qu’écologiste en tout cas.

Vers la fin des années 1980, on diffusait à la Librairie Parallèle rue Saint-Honoré à Paris, dans le bac des brochures situationnistes ou émanant de libertaires qui se croyaient communistes une revue de bonne qualité éditoriale, nommée « Iztok », qui se prétendait l’expression des anarchistes de derrière le Mur de Berlin, et même de Cuba. Inutile de dire que cette fiction a disparu instantanément, faute de Mécène, avec la chute du fameux « Mur ».

Yaku Perez, candidat malheureux à la présidence en Équateur en 2021, qui a largement contribué à la défaite de la gauche anti-impérialiste au second tour, est un représentant typique de cette gauche de carton-pâte : voilà un politicien étiqueté écolo comme pouvait l’être Ingrid Betancour et un porte-parole amérindien sélectionné et porté en avant par les médias au lectorat "bobo" pour ses bonnes positions impériales-compatibles. Sa seule fonction était de barrer la route et si possible de se substituer au candidat social-démocrate, bien modéré d’ailleurs, qui avait le mauvais goût de vouloir affranchir son petit pays au dessous du volcan de la tutelle de l’Empire.

Alors, devront nous soutenir , par exemple - en passant en revue l'actualité, en courant 2020 :

Le gazoduc North Stream 2 ?

L’indépendance énergétique de l’Europe vis à vis de son protecteur américain est une excellente chose, car elle rend une guerre mondiale plus improbable en rendant les vassaux moins manipulables, et le projet permet de contourner les sanctions économiques qui sont payées par le peuple russe en son entier, depuis la récupération tout à fait légitime de la Crimée en 2014.

Le vaccin spoutnik V ?

La campagne contre ce vaccin, outre qu’elle nuit directement à la santé de millions de patients, participe de la guerre économique contre la Russie. La guerre économique préfigure la guerre tout-court.

La campagne anticorruption en Chine ?

La Chine est critiquée à la fois pour la corruption et pour la lutte anti-corruption, mais le véritable but de ces campagnes de presse incohérentes, au-delà de la volonté d’affaiblir un pays qui est de plus en plus envisagé par les capitalistes occidentaux comme une menace systémique ET idéologique, est de faire passer à l’as la corruption ici, où elle est institutionnalisée par les pratiques du lobbying et du pantouflage.

La politique chinoise au Xinjiang, au Tibet ?

Largement voire exclusivement fondées sur des montages et des mensonges, ces campagnes sont une insulte pour l’intelligence et la dignité de leurs cibles, les personnes ordinaires du public occidental.

Et à Hong Kong ?

Parmi les Gilets Jaunes beaucoup se sont laissé prendre à l’analogie des images, mais les manifestants de Hong Kong financés à bout de bras par les services occidentaux manifestent non pour la démocratie, mais pour le capitalisme, et pour conserver des privilèges économiques (comme bien d’autres mouvements séparatistes ailleurs dans le monde).

L’insurrection des Houti au Yémen, soutenue par l’Iran ?

Sur les buts politiques cette insurrection, il n’y a pas lieu de se prononcer , faute d’une information suffisante, mais il est très clair que les méthodes de l’Arabie Saoudite qui utilise la guerre totale pour tenter de soumettre les révoltés, et le Yémen tout entier avec eux, cette stratégie nazie qui vise délibérément la population civile, devraient susciter l’indignation d’une médiasphère largement aux abonnés absents. Et pourtant nul adversaire des Saoud, maîtres d’œuvre du terrorisme international prétendument islamique, ne peut être mauvais - à noter (avril 2023) que depuis la volte-face géopolitique du golfe à l'occasion du conflit ukrainien, le conflit yéménite semble en voie de solution, comme par hasard!

Les Talibans afghans?

S'il sont revenus au pouvoir, c'est par une réaction patriotique à plus de quarante ans d'ingérences perverses et meurtrières de l'Occident dans leur pays, lequel est soumis maintenant à un blocus financier qui peut s'avérer meurtrier, et participer aux intempestives campagnes qui le justifient et qui prolongent la guerre au prétexte des droits de l'homme ou de la femme ce n'est ni plus ni moins que tuer encore plus d'Afghans - et d'Afghanes.

Et, horreur, malheur, fallait-il soutenir DONALD TRUMP !?

On remarquera que celui-là ne passe pas le test du soutien à Cuba ! Mais ce n’est pas ce qu’on lui reproche dans les médias qui sont unanimes contre lui. Il y a d’abord l’invraisemblable théorie du complot qui veut attribuer sa victoire aux élections de 2016 à l’ingérence russe, ce qui ne manque pas d’ironie dans un pays qui s’ingère de manière permanente dans toutes les élections importantes partout, qui ne s’en cache nullement, et qui a même avec la CIA une agence unique au monde dont l’unique objectif est de déstabiliser les pays étrangers! (les agents de la CIA, bien incapable de réunir de l’information objective sur la réalité, ne sont pas des espions, mais des terroristes dont le but est de modifier la situation réelle dans les pays étrangers ou au moins sa perception).

Cette théorie du complot a été lancée dans la panique par la « gauche » de l’establishment américain, pour désamorcer le scandale de la triche à grande échelle dans le Parti démocrate au profit de Hillary Clinton qui fit barrage à la candidature de Bernie Sanders en 2016. Ainsi, l’indignation du public a été détournée et ne se porte pas sur la fraude, mais sur la dénonciation de la fraude par Wikileaks, attribuée arbitrairement à la Russie.

Mais lorsque Trump est banni des réseaux sociaux, qui ne comprend pas l’importance du précédent ? Ce qui est en jeu, ce n’est ni plus ni moins que la privatisation de la totalité de l’espace public, et la ruine totale du principe de la démocratie (du principe, car en réalité il n’y en a déjà pas beaucoup en Occident).

Le discrédit dans le quel tombe la mascarade pseudo-démocratique qui sert de paravent à la dictature du capital est en soi une bonne chose. Mais les militants qui choisissent de ne pas s’y opposer s’exposent à subir dans leur chair dans les années à venir la dictature directe.

Et faut-il ne pas soutenir les démocrates ou soi-disant tels en Birmanie, en Thaïlande ?

Ces deux pays qui se trouvent stratégiquement impliqués dans le projet gigantesque de « ceinture et route de la soie » lancé par la Chine pour rompre son encerclement, comme par hasard sont agités de manifestations « pro-démocratie », tout comme le sont aussi périodiquement l'Asie centrale et le Caucase. Les intentions des foules attirées dans la rue sont souvent louables, et dans le cas de la Birmanie, elles font l’objet d'une répression féroce, mais leurs mouvements sans autre but concret que de placer au pouvoir des politiciens dociles à l’Empire comparables aux nôtres, des singes, des bouffons et des menteurs stipendiés par l’impérialisme, risque de les conduire à une situation bien pire que celle d'origine, comme le montre l'évolution de l'Ukraine postérieurement au coup d'État du Maidan en 2014! Ou au degré au dessus, le destin de ces pays est-il de devenir un nouvel Afghanistan ? Quand l'Empire ne peut pas contrôler des marges lointaines il se bornera à y semer le chaos et la guerre permanente, comme au Moyen Orient, comme en Syrie où ses interventions prolongent la guerre bien qu'il ait perdu la partie depuis 2013, pour en faire un exemple du sort qu'il est capable d'infliger aux pays rebelles.

Et la R2P ? La soi-disant « responsabilité de protéger » qui a servi de justification à la guerre contre la Yougoslavie en 1999 ?

La R2P est un recyclage de la propagande coloniale du XIXème et de la première moitié du XXème siècle qui s’est presque toujours présentée comme une opération pacifique de rétablissement de la paix, de civilisation, de lutte contre l’esclavage, contre le cannibalisme …

La Guerre de Yougoslavie de 1999 a montré clairement que la R2P ne protège rien ni personne : soi-disant entreprise pour empêcher un génocide qu’on disait imminent, elle a consisté à bombarder de 10 000 mètres d’altitude les trains, les ponts et les édifices publics serbes, en tuant des milliers de civils, sans envoyer un seul soldat sur le terrain pour « protéger » qui que ce soit. Si les Serbes avaient nourri les mauvaises intentions qu’on leur prêtait rien ne les aurait empêchés d’exterminer tous les Kosovars. En fait, la campagne de bombardement était précisément un encouragement dans ce sens, pour justifier ultérieurement la mise sous tutelle du pays.

En 2011, l’argument de la R2P a servi de justification pour l'opération impérialiste conjointe de destruction de la Libye, et au lynchage de son dirigeant, qui a déstabilisé en causant d'innombrables souffrance la moitié de l’Afrique, et elle a servi aussi a justifier l'ignoble guerre terroriste menée contre la souveraineté de la Syrie.

La question du soutien à un pays en lutte n’est pas une question émotionnelle, et ce ne sont pas les images, si facile à trafiquer, qui doivent le motiver, d’autant qu’on a toutes les chances d’ignorer en grande partie la situation réelle sur le terrain. Mais on possède aussi un recul qui permet de voir la situation d’ensemble, et toute situation locale dans le moindre territoire de la Planète est à comprendre maintenant dans le contexte des opérations subversives de l’Empire qui revendique une domination totale mais qui joue sa survie face à la montée de la Chine et d’autres puissances du Sud qui sont encore, provisoirement, sous contrôle.

Il est de la plus haute importance pour la classe ouvrière en France, et pour le pays en son ensemble, de se dissocier à temps de ces opérations erratiques et agressives, pour empêcher leurs guerres "de nouvelle génération" qui ne causeront pas moins de souffrance que les précédentes, ou pour au moins éviter d'y participer !

Non seulement on doit soutenir les anti-impérialistes, et non les autres, mais c’est le critère même de toute alliance politique envisageable, c’est le critère qui a rendu possible pour nous la candidature Mélenchon en 2017 qui s’affirmait anti-UE et anti-OTAN (malgré son inquiétante et prémonitoire défaillance dans l'affaire libyenne).

Si Mélenchon persistait a envoyer ces signaux, on pourrait voter pour lui, sans trop d’illusions sur sa capacité ou sur sa volonté de tenir ces engagements, car il vaut mieux voter pour un candidat qui affirme qu’il faut quitter l’OTAN, que pour un autre qui arbore le drapeau américain dans le bureau présidentiel.

Mais encore faudrait-il qu’il échappe à l’emprise de l’extrême-gauche impérialiste (dont Clémentine Autain est l'idéal-type) qui calque son mode de pensée post-moderne sur les produits intellectuels avariés des campus américains, qui participe activement aux campagnes contre la Chine, la Russie, l’Iran, la Syrie, le Venezuela, et Cuba. Cette extrême gauche qui est en réalité un extrémisme libéral qui s'ignore (et encore pas toujours) se jette avec un enthousiasme boosté à la moraline dans le soutien aux migrations illégales. Ce faisant elle participe aveuglément à l’un de principaux crimes de l’impérialisme, qui est la vampirisation des ressources humaines de la terre entière au service du capitalisme finissant du premier monde, au prix de dizaines de milliers de morts chaque année sur les routes des nouveaux négriers.

Aucune puissance temporelle n’est exempte de la pratique de la violence, de la « voie de fait » en langage juridique, et toutes utilisent la propagande. Celui qui prétend « parler vrai » n’est qu’un menteur au carré. Et dans le fond, le public (c’est à dire la petite bourgeoisie désinformée du monde entier) le sait, mais il préfère s'en accommoder. La tolérance du joug impérial est fondée sur la croyance illusoire que « celui-là » est un Empire humain et civilisé et donc l'"Empire du moindre mal" si bien nommé par Michéa.

L'histoire réécrite de la seconde guerre mondiale de manière à invisibiliser le rôle de la bourgeoisie dans la montée du fascisme et celui décisif de l'URSS dans la victoire contre lui est là pour faire passer cette contre-vérité dans les têtes des jeunes générations.

L’utopie impériale, au moins depuis la fondation de l’Empire iranien achéménide vers 600 avant JC prêche que la sujétion sous un même sceptre assure la paix en échange de la liberté politique. Outre que c’est manifestement faux, une telle utopie d’esclavage dans la tranquillité dans un monde postérieur aux Lumières et aux grandes révolutions française et russe est indigne de l’humanité !

GQ 20 février 2021, relu le 25 avril 2023

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J
Je suis d'accord avec ce que vous dites dans cet article. J'apprécie tout spécialement la série d'interrogations introduite par "Alors, devrons nous soutenir , par exemple" car vous faites là une étude de cas pratiques dérangeants. <br /> Dérangeants parce qu'ils reflètent les 'véritables' réalités du monde: celles qui ne sont ni blanches ni noires et où se manifestent les surprises et tournants de l'Histoire. Une gauche digne de ce nom, sa boussole anti-impérialiste à la main, devrait s'emparer de façon dynamique de chacun de ces événements pour faire avancer son influence et initier les rassemblements nécessaires. Hélas la gauche radicale que je vois aujourd'hui s'est enlisée dans une sorte de réalité virtuelle ancrée dans des dogmes confortables, protégée par des dénis stupéfiants et bornée par les gadgets bienpensants que lui a vendus le capitalisme mondialisé.<br /> <br /> Votre article étant consacré à l'impérialisme, vos interrogations se bornent à la politique étrangère. Peut-être aurait-il fallu en ajouter quelques unes de politique intérieure, elle aussi modelée par l'impérialisme.<br /> Je me contenterai d'en suggérer une seule portant sur un sujet tabou à gauche mais qui constitue le principal recul démocratique de ce pays depuis 1940 et qui est intimement lié à l'agenda impérialiste/mondialiste:<br /> Faut-il soutenir Perrone, Raoult, Fouché et les autres? <br /> Ces gens sont les seuls à s'opposer à la dictature totale qui emprisonne la France depuis un an: confinements start and stop, couvre-feux, ausweis, interdiction des loisirs, de la vie, de la culture, enfermement les week-ends, propagande continue, censure, interdiction faite aux médecins généralistes de prescrire et bientôt étoile jaune aux non vaccinés. <br /> Depuis mars 2020, nous avons eu maintes preuves qu'il ne s'agit pas d'une question technique sanitaire ou scientifique mais bel et bien d'un séisme politique dont l'enjeu est rien moins que notre asservissement. La boussole dont je parle plus haut ne nous invite-t-elle pas à sortir du mutisme complice?
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