Un référendum oublié, 17 mars 1991 : quand les peuples russes et ukrainiens ont voté ensemble à plus de 70% pour garder l’URSS !
21 Mars 2015 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Front historique, #Ukraine, #Russie
lu sur le blog de Danielle Bleitrach
01-ria-novosti-infographic-referendum-on-the-preservation-o.jpg
Les nationalistes des républiques soviétiques qui avaient déjà pris le pouvoir dans les parlements locaux dans les pays Baltes, en Géorgie, en Arménie et en Moldavie, avaient décidé de boycotter ce scrutin.
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Le référendum de Crimée est plein de dangers. Laissons les occidentaux et les Russes à leur sombre partage du gâteau, leurs dénonciations hypocrites. Rappelons plutôt un autre référendum, il y a 23 ans jour pour jour, qui avait uni Russes et Ukrainiens.
L’Union soviétique, renversée par un mouvement populaire irrésistible, une défiance généralisée ou plutôt trahie par ses propres dirigeants déterminés à un changement de régime, de système économique, prompt à assurer leur domination ?
Les résultats du référendum du 17 mars 1991 portant sur le maintien ou non de l’Union des républiques socialistes soviétiques – neuf mois avant la dissolution effective de l’URSS par Gorbatchev – peuvent nous apporter une réponse guère contestable.
Des contradictions dans les clans dirigeants soviétiques
Qu’il fut laissé aux peuples le choix de décider sur cette question critique montre bien les contradictions de l’appareil bureaucratique soviétique : entre une bonne partie acquise à la liquidation de l’URSS, une autre à sa « réforme » la vidant de sa substance, enfin une dernière décidée à préserver l’URSS en tant que régime socialiste.
Les influences réciproques de ces camps « liquidateurs », « rénovateurs », « orthodoxes » se sont plus ou moins annulées lors de ce référendum, en dépit des stratégies locales, aboutissant sur des formulations différentes de la question. C’est ce qui a donné à ce référendum une réelle signification.
La question originelle, formulée par l’équipe de Gorbatchev, révèle bien ce langage retors utilisé par la bureaucratie (post-)stalinienne, l’influence des différents camps neutralisée :
« Considérez-vous nécessaire le maintien d’une Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) en tant que fédération rénovée de républiques égales et souveraines, où les droits et les libertés de chaque nationalité seraient intégralement garantis ? ».
76 % des soviétiques pour maintenir l’URSS !
Même si, dispositions à l’appui, ce référendum a pu être instrumentalisé par certains leaders nationalistes (comme en Ukraine), il ne fait guère de doute que pour les peuples, la question était : « pour » ou « contre » l’URSS, avec son système économique, son union politique.
Le premier enseignement de ce scrutin, ce fut la participation élevée des Soviétiques, mais non caricaturale, avec 80 % de votants, ou 148 millions de suffrages exprimés.
Le second, c’est que 76,4 % des votants ont opté pour le maintien de l’Union soviétique, tandis que 21,7 % ont choisi la rupture avec l’URSS.
Regardons ces résultats en détail.
Une certitude : Russes et Ukrainiens majoritairement pour l’URSS
Que redoutaient-ils du vote populaire ? Peut-être un vote populaire contraire, sans nul doute un électorat divisé, entravant leur processus d’indépendance. Cela aurait mis à mal leur mythe unanimiste, leur « nationalisme communautaire » à base ethnique et anti-russe.
Tant les « réferendums » officieux des nationalistes que ceux des organisations pro-soviétiques doivent être pris avec beaucoup de prudence.
En dressant un tableau impartial, on peut néanmoins déceler une forte majorité favorable à la sécession dans les pays Baltes et en Géorgie. Une majorité, dans des pays divisés, favorable au maintien de l’URSS en Arménie, en Moldavie et certaines régions géorgiennes (Ossétie, Abkhazie)
Dans les Républiques d’Asie centrale – Azerbaidjan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan –, une majorité écrasante avait voté pour le maintien de l’URSS : de 95 à 99 %.
Ces scores excessifs incitent à la prudence. Que ces peuples aient été favorables au maintien de l’URSS, les sondages actuels révélant leur nostalgie du régime soviétique, on peut le penser. Mais ces résultats montrent aussi l’option des dirigeants locaux, connus avant comme après pour leur gestion guère transparente.
Toutefois, le vrai sens du vote peut être dégagé en regardant les scores en Russie, Ukraine, Biélorussie, où on retrouvait 85 % des électeurs, et seules « républiques » où les résultats se révèlent fiables : ces peuples ont largement choisi le maintien de l’URSS, de 71 à 83 %.
En Biélorussie, une région où le Parti communiste était historiquement fort, le vote « Pour » a mobilisé 83 % des électeurs.
En Russie, où étaient concentrés la majorité des électeurs, le vote « Pour » a concentré 73 % des électeurs, soit 56 millions d’entre eux, contre tout de même 27 % de votes défavorables, donc 21 millions de russes souhaitant la fin de l’URSS.
C’est en Ukraine où les résultats sont les plus intéressants pour comprendre les événements actuels. Les Ukrainiens ont voté « Pour » le maintien de l’URSS à 71,5 %, tandis que 28,5 % de la population avait voté « Contre ».
Toutefois, cela suppose de prendre en compte le mouvement de boycott lancé par les nationalistes d’Ukraine de l’ouest, ce qui peut nuancer les résultats, mais révèle aussi la faiblesse du mouvement nationaliste alors.
La formulation particulière choisie en Ukraine tendait également à favoriser une compréhension axée sur l’indépendance de l’Ukraine au sein d’une URSS refondée.
Les résultats de ce référendum étaient une preuve de l’attachement des Russes, des Ukrainiens et de l’immense majorité des peuples soviétiques à l’URSS, son histoire, son système économique, son originalité politique.
La trahison des Gorbatchev, Eltsine, Kravtchouk et autrs Tchevernadze n’en est que plus manifeste : contre l’avis de leurs peuples, ils ont lancé l’URSS sur la voie de la décomposition, des fureurs nationalistes, du capitalisme sauvage, de la corruption mafieuse.
Gorbatchev et Eltsine restent les dirigeants les plus impopulaires du siècle dernier, selon les sondages publiés récemment en Russie, tandis que Brejnev, Lénine et Staline sont ceux qui obtiennent le plus de suffrages du peuple russe.
Il est temps de rappeler les dates oubliées dans nos manuels d’histoire : le 17 mars 1991, quand les peuples russes et ukrainiens, unis, ont défendu l’URSS !
Réveil Communiste :
Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
Le blog reproduit des documents pertinents, cela ne signifie pas forcément une approbation de leur contenu.
Le blog est communiste, non-repenti, et orthodoxe (comme ils disent). Il défend l'honneur du mouvement ouvrier et communiste issu de la Révolution d'Octobre, historiquement lié à l'URSS quand elle était gouvernée par Lénine et par Staline, mais sans fétichisme ni sectarisme. Sa ligne politique est de travailler à la création et à l'unité du parti du prolétariat moderne, et de lutter contre l'impérialisme (contre le seul qui importe, l'impérialisme occidental, dirigé par les États-Unis).
Les textes originaux, écrits par l'animateur seul ou en collaboration et dont il endosse pleine et entière responsabilité sont publiés dans la catégorie GQ, accessible directement dans la barre de menu. Ils sont reproductibles, sans modification, à condition d'en mentionner l'origine.
Les commentaires sont publiés après validation, mais ne sont pas censurés, sauf abus (insultes, diffamation, mythomanie, publicité, non-pertinence, ou bêtise manifeste).
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Catégories
- 5890 Impérialisme
- 4316 Ce que dit la presse
- 3832 Economie
- 2778 Répression
- 2733 Journal des luttes
- 2562 lutte contre l'impérialisme
- 2525 Front historique
- 2195 États-Unis
- 2119 l'Europe impérialiste et capitaliste
- 1993 Qu'est-ce que la "gauche"
- 1915 A gerber !
- 1900 Ukraine
- 1867 Cuba
- 1718 classe ouvrière
- 1659 Russie
- 1621 Initatives et rendez-vous
- 1620 Syndicalisme en débat
- 1531 Positions
- 1491 L'Internationale
- 1447 Théorie immédiate
- 1441 Chine
- 1101 loi travail
- 1069 Élections
- 1068 Venezuela
- 1025 Réseaux communistes
- 976 Amérique latine
- 900 Asie
- 857 élection 17
- 841 la bonne nouvelle du jour
- 740 Afrique
- 689 Europe de l'Est
- 639 Publications
- 575 Congrès du PCF depuis 2008
- 543 Art et culture révolutionnaires
- 519 Syrie
- 508 Royaume-Uni
- 500 Articles les plus lus archivés chaque semaine
- 417 Corée
- 411 Colombie
- 410 Euroboycott
- 403 L'Europe impérialiste et capitaliste
- 402 GQ
- 363 Grèce
- 350 Luttes 2008-2011
- 313 Brésil
- 293 Communistes en Italie
- 280 Bolivie
- 262 Mille raisons de regretter l'URSS
- 248 Pérou
- 245 Ce qui ne peut plus durer au PCF