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Réveil Communiste

Jean Lévy témoigne de la force de la grève générale du 24 novembre au Portugal

28 Novembre 2011 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #l'Europe impérialiste et capitaliste

PORTUGAL : 


« canempechepasnicolas » de retour de Lisbonne


par Jean LEVY


Présent au Portugal lors de la « greve geral » du 24 novembre, Jean LEVY tient à faire partager aux lecteurs, ses impressions sur ce grand moment de lutte sociale et politique.


D’abord, des nouvelles fraîches de la grève générale.  Décidée en commun par les deux centrales syndicales, la CGTP et l’UGT, elle a mobilisé le peuple portugais dans ses profondeurs. Les médias ont été contraints de l’avouer : la paralysie du pays a été totale. Le métro fermé, les trains à l’arrêt du nord au sud, pas un bateau sur le Tage, 7 kilomètres de large au niveau de Lisbonne (alors que les navettes fluviales assument la liaison permanente entre les banlieues ouvrières de Barreiro et d’Almada et la capitale), attestent de l’adhésion populaire au mot d’ordre syndical. Mais au-delà des transports, la grève a été aussi massive dans l’aviation civile, l’enseignement, la santé (y compris les médecins…), la justice, la télévision, et bien sûr, dans l’industrie privée. Les syndicats chiffrent à 90% le nombre de grévistes (de 70 à 100%, selon les professions et les régions).

Le gouvernement de droite de Pedro Passos Coelho, confronté au côté spectaculaire de cette « greve geral », effective malgré l’annonce de l’obligation d’un service minimum de 50% dans les transports et l’échec total de cette mesure, a cru bon de prétendre que « les salariés absents n’étaient pas grévistes, mais seulement dans l’incapacité d’aller travailler» !.

Par contre, la manifestation syndicale unitaire à Lisbonne (des dizaines d’autres ont eu lieu en province),  s’est déroulée malgré les relations totalement interrompues par la grève avec la banlieue ouvrière. Pourtant des milliers et des milliers de salariés, de jeunes et de retraités étaient présents dans le cortège qui du célèbre « Rossio » s’est porté jusqu’aux marches de l’Assemblée de la République, où les leaders des centrales syndicales ont pris la parole.

Quelques incidents, après la dislocation entre « incontrôlés » et policiers, ont permis aux médias de mettre l’accent, en premier, sur ces heurts, avant de parler de la grève massivement réussie.

L’an passé, un 24 novembre déjà, une précédente grève générale déclanchée alors contre la politique de rigueur du socialiste José Socrates, avait déjà connue un très grand succès, toutefois dépassé par le dernier mouvement, lui-même précédé par une grève de la fonction publique, avec 190.000 manifestants, le 30octobre, jour choisi également par les militaires (plus de 10.000), pour faire entendre aussi leur voix.

Ces mobilisations, leur ampleur, expriment le degré d’exaspération du peuple portugais, depuis des mois dans le collimateur de l’Union européenne, et soumis par celle-ci à une des pires politiques d’austérité en vogue aujourd’hui dans l’Europe de l’Euro.

Au Portugal, le Smic est à 478 euros. La grande majorité des salaires et des retraites n’excède pas 800 euros. Et les prix, à Lisbonne, atteignent, pour les produits de qualité (sans être de luxe), des chiffres souvent comparables à ceux de Paris. Les habitants de la capitale sont contraints à une frugalité quotidienne (nourriture, vêtements…), aggravée par la récente décision gouvernementale de supprimer les 13 et 14ème mois. Mais « seulement » applicable aux salaires supérieurs à 400 euros…Les « riches », pour le gouvernement, qui se glorifie de cette mesure de « justice sociale » !!!

On serait révolté à moins.

Mais la colère populaire est telle que le PS, encore au pouvoir l’an passé avec José Socrates, et menant alors une politique de rigueur renforcée, met aujourd’hui en avant un programme anticapitaliste, avec, en prime, un impôt nouveau sur le Capital. Et son ancien leader Mario Soares fait de la surenchère « plus rouge que moi tu meurs »…

Il faut ajouter que le Parti communiste portugais s’est naturellement inscrit dans la préparation de la grève générale.

« Todos juntos na greve geral », telle était la ‘Une’ d’Avante, l’hebdomadaire du PCP, daté du 17 novembre. Et son éditorial s’intitulait : « Construir a greve geral », tout un programme, confirmé page 9 par un appel pour « mobilizar e organisar » à « uma semana até à greve geral »  Pas besoin de traduire…

Lisant ces lignes, combien de lecteurs penseront au parallèle à faire avec la CGT et le PCF…

Mais le 24 novembre n’est pas une fin en soi. Déjà une manifestation est prévue par les syndicats CGTP de Lisbonne le 30 novembre, à 9h30, à nouveau devant l’Assemblée de la République.

Et comme scandaient les manifestants du 24 novembre :

"ESTA NA RUA ! A LUTA CONTINUA !"

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