assemblée de la C.G.T. METALLURGIE Du NORD et du PAS DE CALAIS rapport introductif présenté par JP Delannoy
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Le 19 janvier 2011, la région métallurgie CGT du Nord/Pas de calais a tenu son assemblée de rentrée avec la participation de 400 métallurgistes. Le FSC était présent en tant qu’invité. Un rapport introductif présenté par JP Delannoy, responsable de la région métallurgie, a ouvert le débat. Nous présentons les principaux extraits de son intervention.
INTERVENTION DE LA REGION C.G.T. METALLURGIE
Du NORD et du PAS DE CALAIS
On s’est beaucoup interrogé sur la tenue de cette Assemblée régionale non pas que l’on se demandait s’il fallait la tenir, c’est-à-dire que cela ne soit pas qu’une simple analyse sur ce qui s’est passé en 2010 (sur le mouvement des retraites), mais surtout pour éviter de nous retrouver dans une situation similaire sur les prochains enjeux que sont les Complémentaires, les salaires, ou l’emploi, notamment sur le rôle que devront jouer les organisations syndicales d’entreprises au sein de la CGT afin d’imposer des changements notoires sur la stratégie de la Confédération, si nous voulons sortir de cette spirale d’échecs. Certains auraient pu croire que les mouvements de masse importants seraient bénéfiques et pourraient recadrer l’orientation confédérale. Malheureusement il n’en est rien, bien au contraire.
Il nous faut bien évidemment revenir sur l’évènement de 2010 qui fut la formidable mobilisation sur les retraites.
Ce que l’on peut dire avec le recul, la colère et la blessure restent aussi importantes et intactes. Avoir des millions de salariés dans la rue (entre 2 et 3,5 millions) lors des manifestations de juin, septembre et octobre, et plus de 10 millions de grévistes les 12 et 19 octobre 2010, sans que l’on puisse généraliser la mobilisation qui nous aurait permis de gagner, je reconnais que cela peut paraître rageant.
D’autant plus que jusqu’en 1995, toutes les mobilisations de masse : 1968, 1979/80, et 1995 pour ne citer que celles-là, nous avions obtenu sinon des succès, du moins des avancées significatives. Or depuis la fin des années 1990 jusqu’à nos jours, nous n’avons plus de succès significatifs. Pourtant durant cette période nous avons eu beaucoup de mobilisations.
2001, déjà sur les complémentaires,
2003, aussi sur les retraites
2008/2009, sur l’emploi et dernièrement, 2010, de nouveau sur les retraites.
Aucun succès qui permette de crédibiliser l’action syndicale au niveau national et qui forcément pèse à la base.
Le seul succès important étant à mettre à l’actif des étudiants et lycéens sur le C.P.E. Cela étant pouvait-il en être autrement ? ? ?
Il faut dire que la coordination des étudiants et lycéens avait appelé à plus de 30 journées de mobilisation sur à peine 2 mois.
Cela peut expliquer le résultat des sondages où le mouvement syndical est bien perçu, mais dans le même temps considéré comme peu efficace. Autre sondage effectué en octobre 2010 où 63 % de la population était convaincue que seule une grève générale ferait reculer le Gouvernement.
Nous le savons depuis trop longtemps que ce ne sont pas les sondages qui peuvent mobiliser. Cela ne donne qu’une opinion, rien de plus.
Néanmoins si j’ai amené ce sujet, c’était au regard des nombreux commentaires de la Confédération au travers de l’utilisation des enquêtes d’opinions qu’elle commande auprès des Instituts de sondage.
Il est évident que les échecs successifs des dix dernières années n’étaient pas pour rassurer et donner confiance. Cela s’est ressenti d’ailleurs durant ce conflit.
Il y a donc ce sentiment partagé, entre avoir participé à une formidable mobilisation et celui de l’échec, de ne pas avoir réussi à supprimer le projet de loi sur les retraites. D’autant plus que pour beaucoup de militants c’était leur première grande mobilisation de cette ampleur. On comprend d’ailleurs pourquoi, que pour beaucoup de jeunes militants, cette formidable mobilisation ne soit pas perçue comme un échec, surtout quand on sait que pour certains d’entre eux c’était leur première expérience de lutte.
Pour beaucoup d’entre nous les dés étaient « pipés ». Le fait que cela était parti du sommet avec le souci d’encadrer et de contrôler les mobilisations en instituant une forme de délégation de pouvoir dans le cadre d’un syndicalisme rassemblé, tout cela ne pouvait faire reculer le Gouvernement et le Patronat. Pourtant nous n’avions pas le choix puisque nous n’étions pas parvenus à modifier la stratégie de lutte de la Confédération comme je le craignais en décembre 2009 lors du 49ème Congrès à Nantes où j’avais proposé à la Direction confédérale et aux congressistes de changer de stratégie de luttes.
On comptabilise une dizaine de journées d’action de mars à novembre 2010. Si cela peut paraître beaucoup, cela reste très dilué dans le temps et ne pourrait en aucun cas peser sur le Gouvernement. Par contre le même nombre de jours de grèves (10 jours) sur 2 semaines, voire sur 1 mois, cela aurait certainement donné un autre résultat. On peut certes épiloguer longtemps mais cela fait quand même déjà longtemps que l’on a pu constater que cette stratégie conduisait à l’échec depuis maintenant plus d’une dizaine d’années.
Mais l’on doit s’interroger pas seulement sur la stratégie de lutte, mais également l’orientation de notre Direction Confédérale et notamment sur le contenu revendicatif. En particulier sur l’emploi industriel.
Selon l’étude de la Direction du trésor, la désindustrialisation s’est accélérée en France. Entre 1980 et 2007, l’emploi dans l’industrie française a diminué de 5,3 millions à 3,4 millions, soit une baisse de 36 % des effectifs employés. Cela est dû à 2 causes :
1ère cause : toujours selon l’étude du Trésor, cette baisse de l’emploi industriel serait artificielle dans la mesure où il y aurait un transfert non pas des salariés mais des emplois vers les services.
Tout simplement les entreprises de services se sont développées alors que les effectifs des industries diminuaient.
2ème cause : ce sont les gains de productivité qui ont conduit à réduire les besoins de main d’œuvre
Autre remarque : la baisse des emplois industriels s’est fortement accélérée depuis 2000 à 2007.
Ces quelques éléments doivent nous interroger sur les questions essentielles :
Doit-on continuer à accepter ces choix stratégiques du Patronat et du Gouvernement ? ? ? Non bien sûr !
Mais la réponse ne suffit pas. Elle doit s’accompagner de mobilisations. La fin 2008 et l’année 2009 auraient dû voir un engagement pour une mobilisation plus importante. C’est ce que nous avons essayé de faire avec les salariés de la Chimie (Continental, Good Year, …), ceux de la métallurgie Faurécia, Renault Sandouville lors des manifs de septembre, octobre et novembre 2009.
Malheureusement il n’y a pas eu suffisamment de prise en compte et d’engagement de la part de nos instances nationales.
Le choix de la part du Gouvernement, de vouloir abandonner les industries dans notre pays, nous le connaissons et nous n’en attendons rien, par contre on peut s’interroger sur le niveau d’engagement de la Confédération.
En préconisant la Sécurité sociale professionnelle sans s’attacher à se battre pour pérenniser les industries de ses sites et de tous ses emplois, c’est prêter le flan à la stratégie du Capital qui restructure en permanence au nom de la réduction du coût pour le seul unique profit. D’ailleurs le Patronat ne propose t-il pas de prendre en compte la revendication d’une Sécurité Sociale professionnelle ?
Cette question de la sauvegarde de nos industries doit être primordiale dans notre combat notamment au moment où l’on apprend que l’automobile, le ferroviaire, la sidérurgie et la 1ère transformation d’acier, qui ont vu leurs effectifs de nouveau diminués, vont se retrouver dès cette année 2011 au centre de nouveaux plans de suppressions d’emplois dans le Nord/Pas de Calais. De grosses inquiétudes planent sur l’avenir de la Sidérurgie, d’Arcelor Mittal, et de Mardyck, d’Isbergues où l’on parle de la suppression de la branche Inox, sans parler des inquiétudes sur l’avenir de certains Hauts Fourneaux sur Arcelor. A peine la 1ère manche du combat pour la défense de nos retraites est-elle terminée, et qu’en même temps s’ouvrent les discussions sur les retraites complémentaires, que le groupe Renault annonce plusieurs milliers de suppressions d’emplois de salariés âgés de 57 ans et plus dans le cadre d’un GPEC géant !
Pire, fin de l’année 2010, la Direction générale de Renault annonce un plan de 5 000 suppressions d’emplois pour les salariés du groupe à partir de 58 ans, et cela à peine la loi du 9 novembre 2010 pour les retraites, qui porte l’âge de la retraite à 62 ans, promulguée.
Certes cela est vécu comme une véritable provocation de la part des organisations syndicales et des salariés, mais les enjeux sont tout autres :
une réduction des effectifs qui permettra de diminuer la masse salariale et surtout d’engager progressivement une politique de démantèlement de l’industrie automobile
L’organisation de la GPEC (qui veut dire Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences) n’est qu’une vieille recette remise au goût du jour, soit l’équivalent de la CGPS utilisée à la fin des années 70 et début 80 pour démanteler la Sidérurgie. Quant à l’industrie ferroviaire après la fermeture de Delos, on craint le pire pour Forges de Fresnes et Sofanor dont les capacités de production ont été fortement diminuées. C’est toute la filière industrielle, équipementiers et sous-traitants, qui sont victimes des donneurs d’ordres.
En vidant les entreprises de leurs compétences et de l’expérience, sans remplacer les anciens par les jeunes, on a compris la stratégie du « bal des faux culs » de Carlos Ghosn et de Sarkozy.
Ce qui explique également la réponse de non-recevoir du Préfet du Nord qui considère que l’on s’occupe suffisamment de l’Industrie ferroviaire. Il est vrai, pour ce qui est de la communication, ils savent faire.
Quant à la GPEC, on sait que les salariés ne partiront qu’avec 75 % du salaire brut, ce qui ne fait que 55 % du salaire net à 58 ans, et que pour une bonne partie d’entre eux ils devront attendre une retraite à 62 ans avec une décote, voilà un cadeau de fin d’année avec un sacré arrière-goût pour la classe ouvrière !
Mais au-delà de tout cela, c’est l’avenir même de Renault France, voire de l’industrie automobile et de ses fabrications qui est en jeu !
Or on s’aperçoit, alors que le nombre de voitures fabriquées en Allemagne est en nette augmentation, par contre celles fabriquées en France sur la dernière décennie est en net recul. Pourtant les salaires pratiqués en Allemagne sont supérieurs à ceux pratiqués en France. Il faut croire que les actionnaires français sont plus gourmands et qu’ils ont moins la fibre industrielle.
Pour Renault Douai, des rumeurs non démenties circulent. On parle entre 800 à 1500 suppressions d’emplois dont une bonne partie se ferait dans le cadre du GPEC.
De plus dans le journal L’Expansion de fin novembre 2010, on annonçait 24 groupes du CAC 40 qui croulent sous les profits, voient leurs dividendes par action gonfler de 110 % alors que dans le même temps, entre 2003 et 2010, la masse salariale des employés n’a augmenté que de 8% (c’est-à-dire 1,14 % par année pendant 7 ans !).
Les uns se serrent la ceinture et les autres se livrent à une orgie de coupons. L’occasion nous est donnée une nouvelle fois afin que l’on se saisisse de ces informations pour que rapidement, partout, s’engagent des mobilisations sur les salaires. Il serait intéressant pour alimenter nos arguments que chaque USTM puisse engager des enquêtes salaires pour redéfinir nos revendications et engager ainsi des convergences.
Devant l’agression du Gouvernement aux ordres du Patronat, contre la classe ouvrière et sur la timidité de la réaction des organisations syndicales, allons-nous longtemps continuer à accepter d’être traité de la sorte ? ?
C’est pourquoi je me refuse de me laisser enfermer dans une stratégie d’action sans pouvoir m’exprimer.
Je l’ai dit et je le répète aujourd’hui, et je continuerai à le faire demain, plus que jamais il nous appartient à nous ici les militants, élus, non élus, aux syndiqués, de nous exprimer et d’exiger que l’on sorte de ce cadre qu’est le syndicalisme rassemblé, et que l’on préconise l’unité d’action des salariés sur leurs revendications.
Voilà la leçon principale à tirer du mouvement sur les retraites en 2010. La revendication doit être le ciment de l’unité d’action et non une unité de sommet sur un consensus aussi incompréhensible qu’ambigu.
La majorité des salariés, les différentes consultations et sondages le confirment, n’ont pas gobé les mensonges de Sarkozy, véritable « bouffon » médiatique au service du Grand Capital.
Nul doute que lors des prochaines mobilisations, les salariés sauront s’en souvenir.
J’attire l’attention des militants ici présents sur la perception que la CGT peut avoir du mouvement, et son analyse peut être différente de la perception des salariés.
Il ne suffit pas de dire que le mouvement de 2010 fut un grand moment de mobilisation et d’expression et de déclarer que plus rien ne sera comme avant, il n’empêche que le résultat est dans un 1er temps, un échec.
Des signes nous confirment, et les travailleurs le font savoir à leur manière, que lors des derniers résultats des élections de la RATP, de l’EDF, de la Poste, la CGT est en net recul. Il est indiscutable que l’échec de la mobilisation sur les retraites en est l’une des conséquences. C’est aussi la démonstration que l’on ne peut fonctionner uniquement sur les sondages et enquêtes d’opinions. Les résultats des dernières élections professionnelles le confirment.
Par contre je ne pense pas que cela soit la meilleure façon pour faire sentir sa désapprobation vis-à-vis d’une stratégie de lutte qui n’est certes pas bonne et qui ne correspond pas du tout aux enjeux. Au contraire il fait inciter les syndicats et leurs militants à monter au créneau au sein de son organisation pour imposer de véritables changements tant dans l’orientation que sur la stratégie de luttes puisque les luttes ne suffisent pas. Sinon c’est prendre le risque d’être sanctionné autrement, comme par les élections professionnelles.
A cela s’ajoute la dispersion de la classe ouvrière dans d’autres organisations syndicales qui n’apportent aucune réponse à leur préoccupation : la quête vers d’autres horizons syndicaux est une preuve supplémentaire d’un certain malaise et désarroi dans les rangs de militants syndicaux qu’il ne faut pas sous estimer.
Cela devient indispensable car c’est s’occuper démocratiquement de son organisation, mais c’est aussi prendre le risque, si nous n’intervenons pas, de connaître un nouvel échec dans le cadre des discussions qui se tiennent actuellement sur les retraites complémentaires Les négociations qui viennent de s’engager (ARRCO et AGIRC) concernent donc 29 millions de salariés et de retraités, et cela va entre 30 %et 70 % de la pension totale.
Tout comme les autres régimes, les régimes complémentaires ARRCO et AGIRC sont très sérieusement affectés par l’accroissement du chômage, la précarité, mais aussi par la politique des bas salaires ou la baisse récurrente du pouvoir d’achat qui impactent les régimes de retraites complémentaires.
C’est dire que
- la politique de l’emploi
- la politique des salaires sont étroitement liées au combat pour la défense de nos retraites.
C’est pourquoi les toutes prochaines mobilisations que nous allons engager vont devoir partir de la base, en imposant l’unité syndicale sur nos revendications et non sur un contenu consensuel et ambigu. Il nous faudra surtout sortir du cadre et de la stratégie des appels de sommets. Nous n’avons pas besoin d’être « encadrés et contrôlés ». La retraite pleine et entière à 55 ans pour les métallos et pas seulement pour les travailleurs du bâtiment, de la Chimie, de l’agroalimentaire.
Voilà une revendication précise et ô combien respectueuse de la souffrance des hommes et des femmes au travail.
L’arrêt des licenciements et l’embauche des précaires passe par la défense de nos industries, sans laquelle nous ne pourrons pas bâtir une véritable économie au service du pays et de ses régions.
La revalorisation des salaires de 300 € pour tous.
C’est l’équivalent de notre perte de pouvoir d’achat sur les 20 dernières années avec la refonte des grilles de salaires à partir d’un SMIC à 1 600 € net (après déduction des cotisations de Sécurité sociale).
Bien tirer les leçons pour les actions à venir, c’est le but de notre A/G Régionale aujourd’hui. Lors du 49ème Congrès confédéral à Nantes, j’avais eu l’occasion de dire, à tous ceux qui voulaient l’entendre, qu’il y avait un risque d’essuyer un nouvel échec pour nos retraites en 2010, si nous restions dans la stratégie de lutte engagée depuis plus d’une dizaine d’années et qui s’est soldée systématiquement par des échecs.
Je pense que pour les prochaines batailles, nous n’aurons plus d’excuses vis à vis des salariés si, ici déjà chez nous, nous n’en tirons pas les conséquences pour que nous ne nous laissions pas embarquer une nouvelle fois, car il serait dangereux et illusoire de laisser croire que la Confédération tiendra compte de cet énième échec, comme d’ailleurs elle n’a pas tenu compte de tous les autres auparavant.
Quant à la RTT, de nouveau remis à l’ordre du jour subitement, ce n’est qu’une nouvelle « VALLS » hypocrite d’un égocentrique dont l’objectif était bien évidemment de s’attirer l’ensemble des médias. Malheureusement à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler !
Il nous faut bien mesurer les conséquences de ce que fut la RTT, du moins d’une manière générale, puisqu’il y a pu avoir ici et là des accords d’entreprises plus ou moins intéressants.
Tout d’abord, en acceptant que cela ne puisse se discuter que par entreprise, et non au niveau national, que cela soit au niveau interprofessionnel ou au niveau des branches, on a forcément livré les salariés et les organisations syndicales d’entreprises à eux-mêmes (lorsqu’il y avait des syndicats d’entreprises)
Ensuite la RTT s’est traduite par une perte du pouvoir d’achat. Pour le Patronat (qui reste d’ailleurs assez discret sur ce sujet) il fut gagnant sur 3 tableaux :
une masse salariale bloquée et donc accompagnée par une baisse du pouvoir d’achat.
Une rentabilité accrue puisque le nombre d’heures de travail restant presque identique avec des cadences de travail en augmentation et des salaires bloqués et des exonérations de cotisations Sécurité Sociale. 22 milliards sur une année pour les entreprises.
Dans ces conditions on comprend la discrétion du Patronat mais on mesure mieux le degré d’irresponsabilité d’un égocentrique du Parti socialiste, à moins que celui-ci soit un émissaire dont le donneur d’ordre serait à la tête du FMI. Par contre la RTT devait créer des emplois mais à quel prix !
Cela s’est fait encore sur le dos des salariés. L’objectif était de permettre également de soulager la souffrance des travailleurs en diminuant le temps de travail journalier, ou à la rigueur à la semaine. Malheureusement en annualisant le temps de travail (avec des journées de congés), c’est le risque d’être une proie facile à terme pour le Patronat et le Gouvernement. Or si la RTT avait été effectuée à la journée ou à la semaine, c’était bien plus compliqué pour la remettre en cause. Ce qui ne veut pas dire que les salariés sont prêts à accepter ! Mais la diversité des accords par entreprise est telle, qu’on risque de rendre difficile les convergences.
Encore une fois et en résumé, C’EST DONC A NOUS, ORGANISATIONS SYNDICALES, DE PRENDRE NOS AFFAIRES EN MAINS. C’est pourquoi, après réflexion, la Région Métallurgie en accord avec ses USTM, a décidé de réinvestir la Direction fédérale. D’ailleurs des propositions vous seront faites avant la fin de l’Assemblée sur les 4 noms des camarades qui seraient chargés de nous représenter.
Nous avons également décidé que la Région Métallurgie « réinvestisse » dans les Collectifs d’industries régionaux interprofessionnels comme l’Automobile, les constructeurs, les Equipementiers et sous-traitants. La Sidérurgie et les équipementiers, sous-traitants et fonderies. Le Ferroviaire, les équipementiers et sous-traitants, les constructeurs.
Il serait en effet incompréhensible que sur l’ensemble des revendications et sur la façon de mener nos actions, que les organisations syndicales ne puissent pas s’exprimer sur les enjeux et surtout après un tel mouvement comme nous l’avons connu en 2010.
Il devient urgent, face à cette situation, devant :
-les échecs successifs depuis plus de 10 ans
-le désarroi et le malaise grandissant à la Base devant ce que certains appellent « les échecs cuisants dans les toutes dernières élections professionnelles : La Poste, l’EDF, …. qui sont les premières répercussions suite à la bataille sur les retraites en 2010
- la dispersion des militants avec des syndiqués qui se tournent vers d’autres horizons syndicaux
- sans oublier qu’en 2005, le CCN (le Parlement CGT) poussé par la Base, obligea la Direction confédérale à rejeter le projet de Constitution européenne ….
Autant d’éléments concrets et alarmants qui devraient interpeller le CCN Nous sommes donc bien, que l’on veuille ou non, face à une crise du syndicalisme en Europe occidentale.
L’abandon par la Direction confédérale de son identité de classe qui était la particularité dans le syndicalisme et qui a fait ce qu’est aujourd’hui la CGT, cet abandon donc est sans aucun doute la cause essentielle de l’absence de l’efficacité de la CGT ces douze dernières années.
C’est l’efficacité du syndicalisme et par conséquent sa crédibilité aux yeux des travailleurs, qui nous est posée. Il ne sert à rien de gesticuler ou de donner des signes rassurants aux salariés, comme le refus de participer aux vœux du Président de la République. Ce « petit coup médiatique » en réalité a du mal à masquer le dernier et ènième échec de la bataille sur les retraites.
Mais il est évident que si l’on ne retient pas toutes les leçons de la bataille des retraites menée en 2010, nous risquons d’aboutir en 2011 à un résultat semblable.
Je voudrais néanmoins venir sur l’ingérence de la CES dans la CGT. Aujourd’hui personne ne peut ignorer le rôle que joue la CES (Confédération Européenne des Syndicats) au sein de notre organisation.
Il faut se souvenir qu’en 2003, alors que l’on se battait déjà sur les retraites et pas seulement en France, le Congrès de la CES était occupé à valider le traité de la Constitution européenne présenté par Giscard d’Estaing en personne.
Ce n’était que la suite, toujours concernant les retraites, de l’accord de Barcelone signé en 2002 pour la France par Chirac et Jospin, et soutenu par la CES. Et comme l’a expliqué crûment le secrétaire général de la CES, John Monks, « on peut reculer l’âge de départ à la retraite, et il est capital de faire reculer l’âge de départ des séniors ».
Tout cela nous confirme que la CES n’est rien d’autre que le versant syndical de l’Union Européenne pour accompagner la régression sociale au cœur de la construction européenne, et surtout pour évacuer toute idée de lutte de classe.
Les salariés avec les citoyens avaient d’ailleurs très bien compris la stratégie du Pouvoir économique et les Etats à leur solde, en refusant majoritairement en 2005, y compris contre l’avis de la Direction confédérale et son secrétaire général, de soutenir le Traité de Constitution européenne. C’est cette Europe du Capital sous la direction des transnationales et de la BCE (Banque Centrale Européenne) dont les objectifs sont les profits, les spéculations et les dividendes, qui, avec le FMI, étrangle les peuples. Après la Grèce, l’Irlande, c’est maintenant le Portugal, l’Espagne qui sont au bord de la faillite. Et comme pour étrangler encore plus les peuples, le FMI prête aux banques de ces pays à 2 % d’intérêts, pour que ces mêmes banques dans le pays prêtent l’argent à l’Etat à 9%.
La note salée, ce sont les travailleurs qui la paient. Les retraites, les Conventions collectives, les acquis, le pouvoir d’achat : tout est remis en cause !
Ceux qui pouvaient encore s’interroger sur le pourquoi la CGT avait quitté la FSM (Fédération Syndicale Mondiale), organisation syndicale mondiale de classe, ont en grande partie la réponse. Quant aux naïfs (croyez-moi il y en a) qui pensaient que l’adhésion CGT à la CES ferait bouger la CES, les réveils vont être douloureux !
Cela étant, heureusement que rien n’est inéluctable. Tout est possible. Rien n’est gravé dans le marbre. C’est le combat de classe qui fera reculer les prétentions du Capital et ses fidèles serviteurs aussi zélés qu’ils soient.
C’est pourquoi la Région Métallurgie, ainsi que certaines Fédérations et des syndicats d’entreprises, ont décidé de se rapprocher de la FSM en y adhérant.
La classe ouvrière doit se réapproprier le terrain politique par la revendication. Obliger le Politique à se positionner sur nos revendications. Non pas sur du flou du genre « une retraite digne », « un salaire décent » ou encore sur « une sécurité sociale professionnelle » synonyme d’accompagnement des restructurations et suppressions d’emplois, mais sur des revendications précises et chiffrées comme celles que j’ai précédemment amenées dans cette introduction, et comme savait si bien le faire, auparavant, la Confédération.
En conclusion la CGT doit renouer avec ses conceptions de classe en combattant le système capitaliste pour la revendication pour la construction d’un changement de société. C’est sur ce point-là qu’il y a une profonde différence entre la CGT et la CES. Comment pourrait-on croire que parce que la CGT avait adhéré à la CES, cela pouvait faire bouger la CES ? Au contraire, c’est la Direction confédérale et particulièrement sa Direction qui a bougé sous l’influence de la CES.
Les discussions sur les retraites complémentaires se sont engagées, il devient URGENT que nous interpellions les salariés sur cette question et que nous faisions remonter nos revendications.
Idem pour l’emploi et les salaires. N’attendons pas encore le sommet, imposons l’unité d’action à toutes les organisations syndicales sur nos revendications afin de rester maître de notre action.