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Réveil Communiste

André Gerin rend hommage à Jo Navarro, ancien élu communiste de Vénissieux

25 Mars 2010 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Front historique

Discours de André Gerin

Lors du décès de Jo Navarro

Gymnase Alain Colas

Jeudi 25 Mars

 

Jo, nous sommes là avec Françoise, ta chère Françoise, celle que tu as connue au « Montage camion à CD1 » en 1957, ta petite Lison, Célestin, Pierre Emmanuel, Florent, Lucie avec Yvette, Gilbert, Chantal, ils sont là aussi et tes 3 frères, François, Jean, Antoine.

Il manque ton fils Alain et ta petite fille Carole.

Nous sommes là, entourés de vos familles, de vos amis, pour te rendre un hommage. C’est comme ça ! Avec tes 79 ans, tu as attendu que Jean Ferrat nous quitte et ça doit te rappeler la porte B lors des quinzaines culturelles où Ferrat venait chanter avec Isabelle Aubrey, Francesca Solleville, c’était le début des années 60.

Pour ceux qui te connaissent, tu es un mec secret, rugueux, un battant, un homme généreux. Quand du t’engageais, tu ne lâchais jamais le morceau. Tu étais un autodidacte avec une volonté farouche mais qui a toujours fait la preuve qu’être un militant ouvrier CGT, communiste, c’est être capable d’engagements, d’autorité, de reconnaissance et de devenir une personnalité publique à la force du poignet, comme ton engagement d’élu, d’adjoint au maire de Vénissieux avec Marcel Houël.

Tu avais aussi le goût de la vie, du bien vivre, la pêche, la pétanque, le jardin, la gym, la musculation chaque jour, le vélo. Ce que nous retenons très fort, c’est tout le travail avec l’OMS, le Hand Ball et les Barjots et la médaille de bronze aux jeux olympiques de Barcelone.

Comme adjoint, avec Marie Cazorlat, Guy Fischer, Robert Sanlaville, André Branchard, Georges Poizat, Thérèse Rochaton, Colette Raffali, Paul Latta et Marc Vallier, on a bien vu que tu n’avais peur de rien. Tu t’occupes du personnel communal, de la formation, du sport, tu es à l’initiative de la première fête de la jeunesse. J’oublie les étangs d’Arandon et de Courtenay, ton souci de l’écologie, de la protection de la faune et de la flore. Tu te révèles à travers le sport et fais de Vénissieux, la Ville sportive par excellence, sport de masse, innovation, audace, une référence au niveau national dans toutes les OMS toujours avec ton ami Camilly et sans oublier Jean Brocard. Tu avais toujours une longueur d’avance.

La Ville a un nombre d’équipements sportifs sans égal, le nombre de gymnases est exceptionnel dans une commune populaire. Et je n’oublie pas non plus ta contribution précieuse pour le jumelage avec la ville de Manissès près de Valence en Espagne. Tout cela c’est toi et sans jamais te départir de tes engagements, syndicaux et politiques. Tu es resté un militant communiste, humble, actif, lucide, présent dans toutes les manifs, combattant inlassable pour le socialisme et le communisme. Tu étais un farouche opposant au capitalisme du désastre, à la voracité du capital qui te faisait horreur, l’injustice t’était insupportable devant l’opulence de ces privilégiés qui font de l’argent en dormant pendant que le peuple trime. Même pendant ton mandat d’élu, tu n’as jamais oublié les « Berliet » avec ta présence régulière et celle de tes potes devant la porte B. C’est toute ta vie et tu savais de quoi tu parlais. A l’âge de 11 ans, tu es ouvrier à la verrerie de Vénissieux. En 1947, tu rentres chez Berliet, l’année du plan Marshall, la fin de la gestion ouvrière, le début de la chasse aux sorcières contre les communistes et les militants de la CGT.

Le soudeur des tubes c’est toi le militant actif de la CGT ! Avec la section d’entreprise du PCF, l’homme qui touche à tout, l’homme de la relève avec Gaston Nadalini. Tu as un engagement intense à la CGT pour t’être impliqué avec l’expérience dans l’action des communistes, toujours à la pointe pour défendre l’industrie française des poids lourds du Car et Bus. Tu es connu comme le loup blanc avec ton mandat d’hygiène sécurité. Un vrai mec, un homme du peuple, un responsable politique, un ouvrier authentique.

Tu fais partie des espèces rares. Rappelle-toi les grands moments de lutte des « Berliet » avec, où tu habites aujourd’hui, la réalisation des cités du Charréard avec des financements de l’usine. La grande grève de 1957 où des militants furent licenciés grâce à la bagarre des cocos et de la CGT, ils seront réintégrés 18 mois après en 1959. Rappelle-toi l’occupation du service international, en février 1967, virés manu militari par les CRS à 1 heure du matin, le député Marcel Houël venu nous soutenir, est expédié comme un malpropre ! Je me souviens ton omniprésence pour l’occupation de mai et juin 1968 où nous réunissions le comité de section dans le bureau de Paul Berliet sans parler de la grève des OS au niveau national, Berliet, Renault, Peugeot, Citroën, Simca en 1970 – 1971, les OS voulaient briser leurs chaînes de montage, et être reconnus sur un pied d’égalité à part entière. On se rappelle la grande bataille pour la prime de vacances en 1971 avec un énorme succès de la CGT et une forte implication des militants communistes. Une chose peu connue, le combat contre le syndicat facho, CFT que la direction de Berliet voulait mettre en place. Ce combat avec Albert Rivat, tu le mènes contre le directeur de Berliet monsieur Brégeon, membre imminent du patronat français au CNPF et on a contribué à démasquer et à démanteler ce syndicat. Ton image de marque est plus forte encore sur les questions de la solidarité internationale. Tu participes à tous les combats anti-coloniaux, y compris les actions qu’on mène pour faire libérer Henri Martin de prison, l’officier qui refuse de faire la guerre d’Indochine contre le Vietnam. Tu participes aux manifs, au consulat des Etats-Unis contre la guerre du Vietnam. Les militants sont même fichés par le chef des gardes où tous les numéros de voitures sont relevés. Rappelle-toi l’action formidable que le Parti a menée pour envoyer un bateau pour le Vietnam en 1967.

Il y a aussi cette violence, cet anticommunisme, ces fascistes devant la porte B en juin 1966 lors de la guerre des 6 jours dans le Sinaï dans le Moyen-Orient. Nous avons participé à des moments fous à l’intérieur de l’usine avec la venue du président soviétique Kossyguine en 1967 et du président polonais de l’époque. Et je sais aussi, il est bien de le rappeler aujourd’hui, que peut-être les communistes avaient raison avant l’heure, tu étais de ceux qui avaient dit « NON » au marché commun. Il faut le dire aussi, tu as pris de grands risques lorsque tu as hébergé des réfugiés espagnols chez toi, je pense en particulier à notre regretté Estève. Tu t’es même rendu clandestinement en Espagne alors qu’il y avait encore la nuit noire de Franco. Tu as même aidé des dirigeants du FLN dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Tout ce que je te dis aujourd’hui et que je te rappelle, ça ne te plait pas forcément, mais ça ne fait rien, je le dis quand même ! Car beaucoup de gens ont besoin de savoir que le personnage, le militant que tu es, tu as tant donné sans rien demandé à personne. Avec ta complicité et celle de l’équipe qui animait l’action des communistes dans l’usine, Montadert, Casaburi, Laplace, Nadalini, les conditions de l’action politique n’étaient pas toujours aisées. Quand on faisait des réunions, il fallait aller à la fédération place des Jacobins où dans la journée, discrètement, au bistrot chez Juju près de la porte L. Et puis, tu te rappelles nos rendez-vous à 3h – 3h30 du matin, pour préparer un tract et le distribuer aux équipes qui arrivaient à 5h du mat. On buvait un café ou un verre de blanc à la buvette préférée sur ce marché quotidien devant l’usine entre la porte B et C.

Et les campagnes électorales pour les présidentielles de 1965 et surtout de 1969 avec Jacques Duclos, moments féeriques, quel bonheur de voir la place et le rôle du PCF ! J’en ai dit peut-être un peu trop à ton goût… et pourtant, pourtant malgré les aléas, les blessures de la vie, la perte de ton fils et de ta petite fille, tu as gardé jusqu’au bout de ta vie, la fraîcheur, la lucidité, ton engagement communiste chevillé au corps avec les mots de Jean Ferrat « C’est beau la vie » et la chanson « Ma France ».

Tu es resté un père, un grand-père, un arrière-grand-père plein d’attentions de chaleur et de tendresse. Tu fais partie des mecs bien. Nous sommes fiers de t’avoir connu, accompagné, participé à tes côtés à de multiples combats.

Merci Jo pour ton exemplarité, ta gentillesse, ta générosité. Ton départ ne nous laisse pas indifférent. Il nous crée une obligation : continuer pour les valeurs et les idéaux du communisme, une société avec plus de fraternité, de solidarité, de justice. Pour retrouver demain, avec la jeunesse d’aujourd’hui, des hommes de ta trempe, pétris d’humanité, solides dans ses convictions, en étant à l’écoute de la classe ouvrière, du monde du travail, de la France profonde.

On aurait aimé que tu puisses dire un dernier mot, pour Françoise, pour ta famille, ton fils, tes belles-filles, tes frères, tes petits-enfants, ta petite Lison. Ils sont meurtris. Aujourd’hui, on a voulu, autour de toi, les entourer d’affection car ils veulent te rendre le grand amour que tu leur portais. Tu pars en silence sans bruit, c’est fini.

Jo, Guiseppe, tu es notre frère de combat, d’espérance. Ton départ va laisser un vide mais je crois surtout que ton exemple peut être une source d’inspiration pour tous ceux qui veulent rendre la vie plus belle, plus chaleureuse, plus humaine.

 

Je t’embrasse.

 

Salut Jo

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