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Réveil Communiste

L'épouvantail des tendances, par Aurélien Valeau

5 Septembre 2009 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Congrès du PCF depuis 2008

L’épouvantail des tendances

Que les lecteurs se rassurent, ce texte ne va pas militer pour la reconnaissance des tendances au sein du Parti Communiste Français. Nous entendrons par tendance une organisation interne au parti ayant des membres inscrits, et pourquoi pas un financement propre, organisant ses activités parallèles pour ses membres (le stage de Saint-Chinian, ouvert à tout membre du Parti, n’est donc pas assimilable à une activité tendancieuse), et surtout qui défend son intérêt propre, plus que celui du Parti, voire contre l’intérêt du Parti. Par exemple, La Riposte est une tendance, et, pour des raisons que j’expliquerai dans ce texte, leur refus de participer à un changement de direction ou à une opposition unifiée (ou même tout simplement le fait d’avoir proposé un texte alternatif avant même de connaître celui du Conseil National) illustre tout à fait que leurs intérêts ne sont pas ceux du Parti. Les refondateurs, qui participaient à un congrès parallèle en vue de créer leur « Fédération » alors que se tenait le Congrès National, en Décembre 2008, forment une tendance.

J’écris ce texte car, depuis bientôt un an, au fur et à mesure que s’organise l’opposition issue du texte 3, je constate que la crainte –injustifiée- d’apparaître comme étant une tendance risque de paralyser l’organisation de l’opposition.

Certains camarades qui avaient signé le texte 3 ont refusé de participer aux réunions ultérieures, que ce soit à Aubervilliers, Malakoff ou Saint-Chinian (ce qui est leur droit indiscutable), mais dissuadent d’autres camarades de le faire, sous prétexte que le réseau «Faire Vivre et Renforcer le PCF » (FVR-PCF) serait une tendance en formation.

Au sein même du réseau, les objectifs des luttes à mener dans le Parti ne sont pas clairs. Alors que nous savons qu’un nouveau congrès aura lieu d’ici 2011, et qu’il y aura une nouvelle bataille de textes, nous devrions déjà être en train de nous organiser pour présenter aux communistes des idées de changement de la ligne et des pratiques concrètes du Parti, et être prêt à publier un texte unitaire dès les jours qui suivraient la parution du prochain projet de base commune du Conseil National, du moins si celui-ci n’apporte pas les changements nécessaires (ce « du moins …» est une précision théorique, je le réexpliquerai plus bas).

Il faut se rappeler le rapport de forces dans lequel nous sommes : au dernier vote de base commune, seulement 22 000 personnes ont apporté leur soutien au texte du Conseil National, soit 28% à peine des 80 000 cotisants inscrits (dont 55% ne se sont pas exprimés !). Les textes d’opposition en totalisent 13 000. Il suffirait donc d’un renfort d’une dizaine de milliers de personnes pour inverser le rapport de forces. Bien sûr, c’est une arithmétique simpliste, me direz-vous. Il faudra au passage :

-          Trouver le moyen de résoudre la division créée par La Riposte, soit par une alliance (peu probable), soit en l’évinçant, c’est-à-dire en faisant connaître aux camarades sa réalité tendancieuse, et en proposant un texte unitaire qui coupe l’herbe sous le pied aux prétentions internationalistes du groupe trotskyste. Et surtout, en prévenant les camarades pour ne pas qu’ils se trompent de texte lors du vote !

-          A l’inverse, des élus  locaux pourraient changer d’orientation s’ils voient que la majorité change à la base, du moins pour les élus qui ont besoin du soutien de leur base pour continuer leur travail de terrain.

Certains, à la lecture des précédents paragraphes, se demanderont d’où vient mon « obsession » pour les votes au Congrès, si l’important n’est pas plutôt dans les luttes, si nous avons besoin d’un texte alternatif pour gagner un congrès, ou même si nous pouvons gagner un congrès et si cela servirait à quelque chose, etc…

On a besoin de deux jambes pour marcher : les luttes, et la participation à la vie démocratique nationale. La direction actuelle, Huiste puis Buffetiste, nous a offert deux désastres électoraux (2002 et 2007), ainsi que de faux succès (le Front de Gauche), elle s’est arrogé la victoire du Non en 2005, alors que, malgré le rôle joué par l’Humanité, le non communiste ne représente qu’une (très) faible minorité du Non. La conséquence de notre échec de 2007 est visible dans les rangs : 99 000 cotisants en 2006, 79 000 en 2008. Le risque d’une disparition du Parti par un émiettement de la base et par une dépendance financière de plus en plus forte au PS ou à de nouveaux avatars « de gauche » est réel. La direction nationale peut donc détruire le Parti d’en haut, et l’excellence du militantisme de terrain de milliers de camarades ne l’empêchera pas. C’est pour cela que le mot d’ordre « Les luttes et rien d’autre » n’est pas en soi pertinent. Ce dont nous avons aussi besoin, c’est de changer de direction.

A moins de s’appeler Greg Oxley, il est impossible de croire que Marie-Georges Buffet, Pierre Laurent ou la majorité de la liste Buffet du dernier Congrès vont soudainement se défaire de leurs « conceptions sociales-démocrates » et donc que « ce ne serait pas une affaire de personnes », comme on se l’est souvent entendu dire en Automne dernier.

Premièrement, parce que si nos dirigeants, à commencer par ceux qui ont rédigé le programme, élaboré la stratégie, tenté les alliances (et notamment les « collectifs antilibéraux ») avaient réellement en tête les intérêts du Parti, l’évidence de leurs échecs aurait dû les amener à la conclusion que s’il y a des militants qui savent comment relever le PCF, alors ils ne sont pas ces militants, qu’ils ont utilisé leur chance en tant qu’élus, et qu’ils ont échoué. Et la conclusion immédiate aurait été la démission de leurs responsabilités internes, ou du moins l’absence de renouvellement de leur candidature au prochain congrès

Les camarades ont le droit de se tromper et d’échouer, mais quand ils échouent, ils doivent le reconnaître, et passer la main avant de retenter leur chance plus tard. Du moins, ce devrait être le cas lorsque l’on occupe les plus hautes fonctions dans le Parti.

Nous avons constaté exactement l’inverse, soit, au nom d’un discours de type catho-flagellant (« nous sommes tous coupables de nos échecs, le militant de base autant que la secrétaire nationale »). Il est donc évident que si l’on identifie une tendance comme étant un groupe suivant ses propres intérêts et non ceux du Parti, alors la première tendance qui existe au sein du PCF est celle qui occupe la majorité du CN.

Et cette tendance a ses armes : publier une base commune deux mois avant le vote, en ne laissant que trois semaines aux textes alternatifs ; censurer des électeurs ; filtrer les candidatures aux congrès national. Le seul moyen de vaincre cette tendance est que l’opposition, qui regroupe des camarades aux idées diverses, et œuvre dans l’intérêt du Parti, s’organise, en ayant clairement en tête de remporter la victoire, et pas vaguement d’œuvrer pour faire « évoluer le Parti ». Car pour mener les actions suivantes :

-          Mettre en contact des camarades de tout le pays ;

-          Etre capable de dialoguer pour arriver à un texte unitaire à présenter et diffuser le plus vite possible après celui du CN;

-          Obtenir la majorité des voix ;

-          S’organiser dans chaque fédération pour que le maximum de délégués au Congrès national soient sympathisants du texte en question ;

-          Déposer le plus de demandes d’intervention au Congrès afin d’avoir du temps de parole pour contrer le « détricotage » du texte que tenterait sans doute le CN sortant ;

…il faudra un haut niveau de discipline et une correspondance permanente entre militants. L’accusation de tendance sera donc inévitable, mais à la lumière de ce que j’ai écrit plus haut, nous saurons quoi répondre.

Maintenant, si nous décidons de ne pas mener ce combat, par peur de paraitre tendancieux, quelles alternatives nous reste-t-il ? Et bien il se passerait justement ce que certains ont redouté lors du stage de Saint-Chinian, à savoir que les cellules, sections et fédérations seront –plus qu’aujourd’hui- déchirées entre liquidateurs et anti-liquidateurs, communistes et réformistes, et qu’il sera impossible de devenir secrétaire de section à majorité réformiste / légitimiste si l’on est identifié comme communiste antiliquidation. Je m’explique : si l’on renonce à gagner un congrès, alors la seule voie restante pour les adversaires de la liquidation sera de conquérir le Parti, section par section, fédération par fédération (ce qui, au passage, prendra un temps énorme, pendant lequel le Parti a largement le temps de disparaître). Dès lors que cette entreprise sera connue, les refondateurs et les liquidateurs feront tout pour nous contrer, et la guerre de tranchées sera ouverte dans chaque section ! Je peux très bien m’opposer à la liquidation dans un congrès, et accepter dans ma section un secrétaire légitimiste, si j’estime que c’est un bon militant. Si je renonce à mener une lutte nationale au congrès, il ne me restera plus qu’à affronter mon secrétaire de section, ou alors à tout abandonner.

Pour finir, on se dira : mais comment gérer un parti dont le Conseil National serait redevenu communiste, tandis que les fédérations seraient restées réformistes, voire liquidatrices ? Comme je l’ai dit plus haut, les élus (internes au Parti ou élus de la République) qui tiennent au soutien de leur base changeront de ligne. Les sections refondatrices, ou les élus qui ne tiennent que par le PS nous quitteront. Mieux vaut cent personnes qui marchent dans une direction que deux cent qui font une mêlée. Mais l’une des étapes primordiales des mois à venir est aussi le recrutement de militants, à condition de les faire entrer dans un but de renouvellement et de renforcement du PCF, et de leur mettre en perspective la possibilité (historique) de changer de direction. Certains camarades trouvent que cette démarche est tendancieuse. J’espère que ce texte leur aura prouvé le contraire.

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Y
Camarade Questaux ! voyons, voyons !....le trotksysme activé par la bourgeoisie (ou et quand ?)....mais ce sont des énormités que tu balance là mon jeune camarade ! quand on regarde l'histoire des directions staliniennes (dont j'ai fait partie à ma place) du PCF on peut dire que oui en 1945 elle a permis la reconstruction de la france capitaliste en s'alliant directement avec la bourgeoisie. Idem en 1981 avec la participation au gouvernement des capitalistes conduit par Mittrand. Et de même en 1997 avec Gayssot le privatiseur et Hue le liquidateur....sans parler des votes des pleins pouvoir à la repression en Algérie en 1956 (erreur rectifié par la suite fort heureusement). Je ne siuis pas d'accord pour stigmatiser nos camarades de la Riposte ! ils ont une ligne qu'ils ont jugé non juxtaposable avec notre ligne...ils ont le droit d'avoir cette position (et non ce n'est pas une secte...je l'ai vu à la Fête de l'Huma et il y avait bcq de monde à leur stande)....mais n'insultons pas l'avenir car face à la direction liquidadrice nous aurons besoin de l'ensemble des véritables communistes
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G
"the proof of the pudding is in the eating" le goût de votre pouding c'est quand même le soutien objectif à la direction au moment décisif et la division des communistes. Ce qui réactive la méfiance historiquement enracinée dans le PCF envers le trotskysme qui a été instrumentalisé dans ce pays par la bourgeoisie pour diviser la classe ouvrière,Sur le fond, le principal reproche théorique qui vous a été fait ici, c'est d'avoir une conception idéologique bornée sur la question nationale qui montre une totale incompréhension de toute l'histoire de France (et du PCF). D'où l'impression que vous donnez d'être une secte anglosaxonne comme il y en a tant qui s'est greffée artificiellement sur le PCF.
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J
Après cette magnifique fête de l'huma, je reviens sur cette histoire de "La Riposte ne s'intéresse pas au parti". Les camarades italiens de La Riposte (qui évidemment sont "d'origine anglaise") militent au PRC. Lors du dernier congrès du PRC, nos camarades italiens ont apporté les 4% de leur texte à Ferrero, l'actuel secrétaire du PRC, afin de renverser le liquidateur Bertinotti. Comme Réveil Communiste l'a souligné, cela a marqué un tournant vers la gauche du PRC. Nos camarades italiens ont donc participé à ce tournant à gauche, concrètement. Cette alliance a été évidemment favorisée par le fonctionnement à la proportionnelle du PRC, mais il n'empêche que l'alliance était claire : vers la gauche, les entreprises, les syndicats, contre la liquidation, contre les alliances avec le Parti Démocrate. Dès lors, comment imaginer que La Ripose veuille autre chose que ça, qu'un tournant à gauche du PCF ? C'est ce que nous voulons, et ce pourquoi nous luttons, dans le parti. Il n'y a pas de proportionnelle au PCF, ce qui change pas mal de choses, dans le cadre d'un congrès. Mais les alliances de congrès ne sont pas l'alpha et l'omega d'une action commune de la gauche du PCF. Il est parfaitement possible et souhaitable que s'ouvre un débat franc, idée contre idée, entre La Riposte et tous les autres courants de la gauche du parti. Et plus ce débat sera public, ouvert, mieux ce sera, car nous n'avons aucun intérêt à cacher aux travailleurs les débats qui animent le parti.A ce propos, l'anecdote de Gilles Questiaux au sujet de son entretien avec "le chef à plume" Greg Oxley, de La Riposte, est simplement ridicule. Il y brandit la preuve que La Riposte la joue solo, alors que nous pourrions donner des douzaines d'anectodes semblables, dans l'autre sens. Est-ce vraiment la peine ? Est-ce qu'on doit re-raconter ici l'ambiance sibérienne qui a accueilli nos tentatives de discuter avec Emmanuel Dang Tran, du PCF 15e ? Le fait est que La Riposte est ouverte à la discussions avec tous les représentants du réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF, que nous avons proposé de telles discussions à plusieurs reprises - et qu'on nous envoie systématiquement dans les choux en marmonant quelque chose au sujet de Léon Trotsky, la Grande-Bretagne et Dieu sait quoi.
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G
Sur Staline, le livre de Losurdo, commenté sur ce blog est intéressant, pour "tordre le baton dans l'autre sens"<br /> Dossier : Losurdo écrit sur Staline
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Y
Et bien à me repetter mon camarade...je pense que tu ne peux pas écrire cela ! Tu te trompe lourdement et on ne peut pas dissocier Staline du Stalinisme. C'est impossible et c'est ce condamner à ne pas extirper cette "syphilis" du mouvement communiste. C'est tout de même ce "dirigeant génial" qui a massacré tout le BP du parti Bolchévique (Zinoviev, Kamenev, Trotksy, Boukharine...) et qui a considérablement affaibli l'armée rouge avant 40. Sans parler de sa politique en Espagne qui fortement ébranlé des brigadistes comme Marty, Tito,....Et encore une fois : non Trotsky et les bolchéviques léninistes ne sont pas un courant hors du mouvement ouvrier ou social-démocrates (les destinés des uns et des autres c'est autre chose....et à ce propos le procureur Vichensky était un menchévique fort à droite et anti révolutionnaire en 17....tout comme pas mal de bureaucrates soviètiques des différentes promotions Lénine). Trotsky a fait LA REVOLUTION AVEC LENINE...c'est même le 2e personnage de la Revolution de 17.L'effondrement de l'URSS n'est que la conséquence sur le long terme de son isolement et de la politique stalinienne de Staline et de ces successeurs...Ne pas comprendre cela c'est essayer de jouer avec l'histoire. Comment explique tu les trahisons succesives de la direction stalinienne en Grèce (1945-48), la lutte contre Tito, la mise au pas des camarades en Hongrie entre 1950 et 1956 (ceux qui avaient été des militants de 1e rang dans les brigades internationales et dans la résistance anti-nazi) la mise en quarantaine de la Chine...etc et sans parler du complot des blouses blanches.Maintenant ce qui est certain c'est une l'URSS en dépit du stalinisme et de sa bureaucratisation extrême reprèsente un sacré progrès sur tous les domaines. et l'existence même de l'Union (avec le souvenir vivace de 17 que Staline n'a pas extirpé par ces purges succesive) a été un sacré point d'appui pour les classes ouvrières du monde entier.Tout ça pour dire que nous ne pouvons pas reproduire à l'identique le PCF que nous avons toi et moi connu (et ou nous avons milité). Il nous faut à tout prix structurer une tendance beaucoup plus forte que celle qui a commencé à se constituer autour de Gérin. Il va nous falloir reprendre le parti aux liquidateurs et mutants. Et dans ce contexte "les trotskystes" de la Riposte ne sont pas un problème pour moi mais une force d'appoint marxiste avec laquelle on se doit d'aller le plus loin possible. Nos adversaires ce sont les dirigeants mutants de ce parti qui ont osé invité Woerth et Mitterrant à la Fête.....Et l'ensemble de ces dirigeants, peu ou prou sont tous sortis de la matrice "stalinienne" du parti......et pour moi ils ne valent pas mieux que ces dirigeants prétentument trotskystes qui ont rejoints les sociaux démocrates (Jospin, Cambadélis)....Donc je suis d'accord avec toi pour dire que je m'en fou des étiquettes (trotskystes, staliniens)....ce qui importe c'est d'être des communistes du coté de la révolution en continuité du marxisme et du léninisme....c'est pour moi le discrimiment qui permet à des trotskystes et des luxemburgistes de la Gauche Communiste (mon camarade Karman) d'être dans la même tendance que Gérin (que politiquement je situerais du coté de thorez et de marchais)
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