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Réveil Communiste

Journées des 29 janvier, 19 mars... 1er mai et 13 juin! De qui se moque-t-on?

15 Juin 2009 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Luttes 2008-2011

 Texte de Jean Lévy sur son blog

La fin ou le commencement ?

 

Quelques heures avant que ne débute le défilé  syndical, à Paris, le 13 juin, Bernard Thibault, au nom du Bureau confédéral, tirait déjà le rideau de la saison revendicative. S'exprimant sur France Inter, le secrétaire-général de la CGT annonçait une manifestation « moins forte, voire beaucoup moins forte que celle du 1er mai dernier ».

Il ne s'est pas trompé : l'échec a été total.

C'est le résultat d'une stratégie mûrement réfléchie de la CGT, visant à empêcher l'affrontement de classe que les salariés espéraient.

En effet, depuis le début de l'année, la mobilisation du monde du travail allait crescendo et, le 19 mars, des millions de manifestants dans toute la France,  étaient descendus dans la rue. En écho à cette colère, les travailleurs, dans de multiples entreprises, passaient à l'action contre leurs patrons. Ce fut l'époque des « Conti », des salariés de Caterpillar, de Molex et de bien d'autres, le temps des hauts cadres « séquestrés », de manif's offensives et violentes.

Le Médef et le pouvoir sarkozyen s'inquiétaient de cette poussée de fièvre, qui enflait au long des jours.

Allait on assister à un nouveau « mai 68 » ?

Mais Bernard Thibault veillait.

Au lieu d'accélérer le mouvement, de proposer des modes d'action répondant à la situation, le secrétaire général de la CGT, soutenu par les instances confédérales,  freinait des quatre fers, remettant à six semaines la prochaine démonstration, la plaçant le 1er mai « pour éviter les grèves », s'en tenant à un programme revendicatif, vide de tout mot d'ordre rassembleur, sans objectifs chiffrés, vague à souhait pour démoraliser les plus actifs des militants. Thibault s'en tenait - et s'en tient toujours - à l'unité au sommet entre les huit organisations syndicales, formule magique à ses yeux, permettant de remettre toujours à plus tard, une véritable mobilisation populaire.

Ce qui devait arriver arriva le 13 juin : des cortèges squelettiques, sans mots d'ordre et sans illusions.

Thibault pouvait ainsi tirer complètement le rideau revendicatif : « rendez-vous après les vacances ». On connaît la musique : réunion des huit centrales, programmée fin septembre,  remise en octobre pour appeler, en novembre, à une nouvelle et grande manifestation, choisie de préférence, un jour de congé (le 11 novembre, par exemple, pour décréter un « armistice social » ?).

La comédie, la tragédie devrait-on dire, va-t-elle durer encore longtemps ?

Le chômage atteint, semaine après semaine, des sommets. Les fins de mois deviennent un casse-tête pour des millions de familles. La violence de l'exploitation patronale explose dans les entreprises. Les patrons font régner la terreur dans l'industrie comme dans les services. Le vent de la  spéculation souffle à nouveau sur toutes les bourses. Le CAC 40 reprend des couleurs. Les profits s'entassent pour une petite minorité de privilégiés. Le fossé s'accroît entre les riches, qui deviennent encore plus riches et les pauvres, de plus en plus pauvres.

 

Serions-nous, sinon « à la fin de tout », du moins à la 'fin de l'histoire' ...sociale ?

Nous ne le croyons pas.

Au contraire, peut-être, nous sommes au commencement d'un affrontement de classe d'une ampleur jusqu'ici, inconnue. Les contradictions n'ont jamais été si vives entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent rien. Certes, l'attitude totalement négative des confédérations syndicales, celles de la CGT et de la FSU, en particulier, compliquent la tâche, contrarie le développement des luttes. Mais celles-ci, non seulement vont se poursuivre, mais, compte tenu du contexte social, vont s'amplifier. Sans les Etats-majors confédéraux, englués dans la collaboration de classe, et contre eux certainement, car leur orientation et leur comportement constituent un obstacle de taille à la bataille de classe qui s'annonce.

La CGT tient son congrès confédéral en décembre prochain.

La FSU réunit le sien début 2010.

C'est l'occasion rêver de rassembler tous les militants pour changer la donne.

Il faut que les Centrales syndicales se positionnent clairement en faveur d'un changement de société et qu'elles adoptent une stratégie d'affrontement avec le Capital et les forces politiques qui en sont l'expression.

Cela suppose un changement d'équipe à la tête des Confédérations, de la CGT comme de la FSU.

C'est l'enjeu la bataille interne qui s'ouvre au sein de ces organisations.

« C'est la lute finale qui commence... »

 

PS. Le bureau confédéral de la CGT s'est immergé totalement dans la campagne européenne en préconisant un vote massif des syndiqués et des salariés. On sait ce qu'il en est advenu !

 

« Fenêtre sur cour », mensuel du SNUipp, le syndicat du primaire de la FSU, consacre six pages à la « nécessité d'enseigner l'Europe ». N'est-ce pas l'expression d'un syndicat intégré dans l'idéologie dominante de collaboration de classe ?

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M
Je viens régulièrement sur réveil suivre les débats.<br /> L’article de Jean Lévy a le mérite de lancer un débat même si je ne suis pas d’accord avec lui.<br /> Je ne crois pas à la volonté de Thibaud de freiner des quatre fers et la plate forme revendicative  est l’aboutissement des négociations interconfédérales.<br /> Il faut bien reprendre les objectifs  poursuivis par cette stratégie :<br /> -          syndicalisme rassemblé comme dynamique du mouvement social<br /> -          construire et ancrer la mobilisation dans le temps par des temps forts, le 13 juin n’était pas une fin en soit.<br /> Cependant son relatif échec doit être finement analysé.<br /> Que 76% de français soutenaient cette journée de manifestation et la réalité de la participation doit nous interroger.<br /> La réalité n’est pas facile à affronter, je pense pour ma part que nous sommes dans une impasse syndicalement et politiquement.<br /> Certes la forte mobilisation du 19 mars aurait nécessité une réaction rapide des confédérations, à défaut de celle-ci la CGT aurait du prendre ses responsabilités. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ?<br /> C’était une grande responsabilité, faire exploser l’intersyndicale et la CGT seule aurait-elle pu porter la dynamique du Mouvement ?<br /> J’ai des questionnements mais pas forcément de réponses.<br /> Ces questions sur le syndicalisme rassemblé sont récurrentes, et souvent les débats dans les différentes instances de la CGT sont houleux, mais d’expérience, quand nous partons seul la mobilisation n’est pas au rendez vous, même dans nos rangs, allez comprendre !<br /> Ceci dit, au lendemain de ce 13 juin la leçon essentielle est la limite de cette stratégie, sans pour cela jeter le bébé avec l’eau du bain.<br /> D’autre part il nous faut prendre en compte ce qui se passe dans la tête des salariés aujourd’hui, le rouleau compresseur de sarko et son gouvernement, la crise avec son lot impressionnant de plan de licenciements, son chantage aux emplois, au salaire, la détérioration majeure des conditions de travail renvoient au repli sur soit, au fatalisme très dur à combattre.<br /> Dans un secteur qui est le mien syndicalement, la Santé et l’Action Social, pour avoir travailler toute cette année à la mobilisation contre le projet de loi Santé de Bachelot, je puis vous dire que les mobilisations des hospitaliers n’ont pas été à la hauteur de ce que nous attendions, et pourtant pour l’essentiel la CGT appelait seule !<br /> Donc pas de jugement à l’emporte pièce !<br /> Nous, les militants politiques et syndicaux sommes tous mal en ce moment, résultats des élections européennes, chute de la dynamique du mouvement social, nous avons tous beaucoup œuvré cette année, chacun à la place qui est la sienne, je pense que maintenant, il est nécessaire de faire un bilan, une analyse avec une prise de recul indispensable et cela sans invective, sans cherché un bouc émissaire qui éluderait la nécessité d’une analyse plus complexe que cela.<br /> Marie 
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F
Je suis d'accord avec Jean-Michel.Françoise
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J
Ah ben j'avais pas tout lu. C'est con aussi ce truc de page 2 de commentaires quand le "succès" est au rdv d'un article.
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A
désolé Jean-MIchel j'avais supprimé ton post avec les mienssans rancune j'espère?biz!
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A
A la demande d'un assidu lecteur de Réveil, j'ai cutté les boutades entre diablo et moi, qui c'est vrai n'avaient rien à faire dans le débatpromis je serai sage-euh!
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