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Réveil Communiste

La France, Giscard, la françafrique, au moment du massacre d'Ustica (attentat raté contre Khadafi en 1980)

12 Septembre 2023 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Afrique, #L'Europe impérialiste et capitaliste, #A gerber !, #Front historique

La France, Giscard, la françafrique, au moment du massacre d'Ustica (attentat raté contre Khadafi en 1980)

La France au moment du massacre de l'Ustica

 

Bulletin Comaguer 531

09 septembre 2023

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LA FRANCE AU MOMENT DU MASSACRE DE L’USTICA

Qu’un gouvernement de notre république ait pu décider d’assassiner un chef d’État : le colonel Kadhafi en faisant tirer un missile sur son avion et que par erreur ce missile ait abattu dans le ciel italien un avion civil italien est une décision politique d’une extrême gravité en temps de paix dans un pays allié.

Cela conduit à revenir sur ce gouvernement en poste en ce mois de Mai 1980.

Valéry Giscard d’Estaing est président depuis 6 ans donc bien installé dans sa fonction. Raymond Barre dirige son troisième gouvernement. Yvon Bourges occupe le poste de Ministre de la Défense depuis le début du septennat. Voilà donc un exécutif stable, maitre de l’appareil d’Etat et une équipe capable d’organiser avec une grande maitrise un complot meurtrier.

Ronald Reagan à la Maison Blanche depuis le début de cette année est certainement d’accord avec l’objectif de liquider Kadhafi. Il acceptera la mise en scène de l’erreur de tir au moment d’opportunes manœuvres de l’OTAN en Méditerranée. Il organisera lui-même un seconde tentative d’assassinat du dirigeant libyen en 1986.

Mais le parcours de Giscard d’Estaing le désigne à l’évidence comme le concepteur du projet.

Il arrive à l’Élysée après avoir évincé le candidat gaulliste et s’affirme aussitôt comme un atlantiste convaincu. Dans le camp atlantique il parle d’autant plus haut que les États-Unis sortent difficilement de leur défaite vietnamien et que Gérald Ford installé à la Maison Blanche cette même année suite à la démission de Richard Nixon ne pèse pas bien lourd. Il ne sera pas élu en 1978 et il demeure le seul président des Etats-Unis à ne pas avoir été élu à ce poste.

Ceci explique pourquoi les affaires du monde occidental sont très largement prises en mains par le couple franco allemand Giscard d’Estaing- Helmut Schmidt.

Ils vont réussir leur premier coup en évitant que les militaires au pouvoir à Lisbonne depuis le 25 Avril 1974 ne décident de sortir le Portugal de l’OTAN dont il est membre fondateur. Ils sélectionnent le général Eanes pour reprendre en mains l’armée et le socialiste Mario Soares pour marginaliser le parti communiste portugais. Certes l’appareil d’État étasunien appuie l’opération qui va atteindre ses objectifs en 1976 mais les maitres d’œuvre sont bien les deux dirigeants européens.

L’autre intervention dont l’importance ne sera pas perçue immédiatement est la création du G7 qui doit constituer le quartier général d’un « Occident » secoué par la défaite au Vietnam et les dernières décolonisations. Giscard d’Estaing invente ainsi l’outil politique de la contre révolution capitaliste néolibérale mondiale qui prendra son essor en 1980 avec l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan et Margaret Thatcher.

A l’origine le G7 n’est pas le G7 puisque il est envisagé au départ de ne pas y inviter l’Italie pour la bonne raison que le Président du Conseil italien un certain Aldo Moro envisage de faire entrer les communistes au gouvernement. Finalement l’Italie est invitée mais Aldo Moro est condamné politiquement en même temps que le projet eurocommuniste qui capote en 1978. Rien ne sera fait pour éviter son assassinat par les Brigades rouges. L’entrée du Canada donnera au G7 la forme qu’il a encore aujourd’hui.

Donc en ce début de 1980 les États-Unis redevenus plus agressifs acceptent volontiers le projet français d’élimination d’un Kadhafi qui se met à menacer fortement les intérêts de la Françafrique en particulier au Tchad au Niger et en République centrafricaine.

La défense de la Françafrique sera d’ailleurs au cœur de l’activité internationale de Valéry Giscard d’Estaing une activité où sont étroitement mêlés coups militaires, attentats, corruption. Bref la France de Giscard s’est beaucoup salie les mains en Afrique. Citons l’intervention militaire au Katanga à la demande de Mobutu, l’affaire des diamants de Bokassa, l’attentat mortel contre l’avion transportant René Journiac le successeur de Jacques Foccart à l’Élysée et membre important du SAC.

Sans oublier pendant le septennat les morts aux circonstances ou aux mobiles non élucidés de trois ministres : Robert Boulin, Jean de Broglie et Joseph Fontanet.

Dans ce panorama très trouble le massacre d’Ustica ne détone pas.

Les deux documents cités l’un sur le G7 l’autre sur les affaires africaines ne peuvent pas être estampillés comme des travaux d’historiens de métier. Ils sont l’œuvre de simples journalistes sont écrits quarante ans après les faits, n’ont pas suscité de polémique et n’ont pas été contestés au moment de leur publication. Par contre ils attestent qu’il y avait bien quelque chose de pourri dans cette monarchie républicaine et peuvent conduire à se poser aujourd’hui la question de la permanence de cette monarchie et de ses méthodes.

En 1980 D’Amato lui était déjà membre du gouvernement italien et a pu se faire une opinion sur la France de Giscard et sur la France coloniale en général même s’il a précisé que Craxi le Président du Conseil ne lui avait pas dit à l’époque qu’il avait sauvé Kadhafi du missile français qui lui était destiné.

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Novembre 1975 : comment VGE a fondé le G7

LE PARISIEN WEEK-END. Au moment où commence le sommet du G7, les 8 et 9 juin au Canada, retour sur la première réunion des pays les plus riches du monde, qui eut lieu à Rambouillet, à l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing, président de la République française.

Par Jean-Louis Gombeaud 

Le 8 juin 2018 à 10h22

 

Ce sommet sera-t-il un coup d'épée dans l'eau ? Pour la première fois, les 15, 16 et 17 novembre 1975, des chefs d'État et de gouvernement des six pays les plus puissants se réunissent. Durant ce long week-end, ce groupe qu'on appelle le G6 – France, Italie, Royaume-Uni, États-Unis, Japon, Allemagne – n'a qu'un sujet de conversation : l'économie mondiale.

La France est en panne de croissance, l'Allemagne s'inquiète et les États-Unis, en pleine forme, ne semblent pas prendre conscience de leurs responsabilités.

C'est le président français qui a initié la rencontre. Valéry Giscard d'Estaing (surnommé VGE), élu en 1974 à 48 ans, et le chancelier allemand Helmut Schmidt ont déjà une histoire commune.

Les trois années précédentes, lors des réunions du Fonds monétaire international (FMI), ils étaient ministres des Finances et se réunissaient discrètement avec leurs homologues britannique, japonais et américain dans la bibliothèque (Library, en anglais) de la Maison-Blanche. On parlait du Library Group. Ils y causaient monnaie et taux d'intérêt.

Dessiner des terrains d'entente

A quelques jours d'intervalle, en mai 1974, l'Allemand et le Français sont devenus respectivement chancelier et président. Le 31 juillet 1975, tous deux participent à une rencontre internationale en Finlande. Giscard souffle au président américain cette idée de sommet. Gerald Ford est partant. Le projet peut démarrer.

Il faut d'abord choisir un lieu. L'Élysée est vite écarté, il donnerait le sentiment que la France veut tirer la couverture à elle. Versailles serait encore moins approprié. Trop cérémonieux pour favoriser des débats ouverts, mettre sur la table les divergences et dessiner des terrains d'entente. Trop somptueux aussi, cette fois-ci vis-à-vis de l'opinion, pour un VGE soucieux de soigner son image au début de son septennat.

Les Français n'ont pas oublié que, douze ans plus tôt, Giscard, alors ministre des Finances, avait mis en œuvre une politique de rigueur qui, à en croire le général de Gaulle, aurait été l'une des causes de Mai 68 !

Dans une réunion est avancée l'hypothèse du château de Rambouillet, situé dans les Yvelines, un lieu ni trop fastueux ni trop modeste. Il accueille les « chasses présidentielles » créées cent ans plus tôt par le président Mac Mahon. Grand chasseur, Giscard est séduit.

Réprobation venue de l'extérieur

Après le choix du lieu, vient celui des invités. Seront conviés les six pays membres de l'ONU les plus « riches », ceux qui ont le plus gros produit intérieur brut (PIB). Les 138 autres estiment avoir droit à la parole, mais il est impossible de donner suite. Même au château de Versailles, doté de 2 300 pièces, il n'y aurait pas eu de place pour tous !

Surtout, à 144, on risquerait d'entendre une cacophonie plutôt qu'un « concert des Nations », pour reprendre la formule de Henry Kissinger, le secrétaire d'État américain. Il n'empêche, ce G6 apparaît déjà comme un club élitiste.

L'Italien Aldo Moro, Premier ministre d'une Italie considérée comme la malade de l'Europe, ne devait même pas en être. Il est convié à la dernière minute. Devant son insistance, et vu qu'il a pris en juillet la présidence tournante des Communautés européennes, il était difficile de le mettre hors jeu.

Quand il y en a pour cinq, il y en a pour six. Mais après un G6, pourquoi pas un G7, un G8 ou, tant qu'on y est, un G20 ? Si tel était le cas (c'est alors inimaginable), on n'y discuterait pas à bâtons rompus, on y croiserait le fer.

Pour l'heure, face à la réprobation venue de l'extérieur, les organisateurs limitent la portée médiatique de l'événement. Ils relèguent la salle de presse dans un bâtiment du Quai d'Orsay, à Paris, à 60 kilomètres de Rambouillet. Les journalistes s'y rendront par l'autoroute. Le G6 par l'A10 !

En comptant les ministres et les conseillers qui accompagnent les chefs d'État, 18 convives se retrouvent à table pour les repas officiels. Ils sont servis par le personnel de l'Élysée. Au moment d'attribuer les chambres du château, chacun fait connaître sa préférence.

Style Louis XVI avec tenture bleue pour le Japonais Takeo Miki, style Empire pour l'Italien Aldo Moro, meubles en acajou pour l'Anglais Harold Wilson, style Directoire pour l'Allemand Helmut Schmidt. Gerald Ford, lui, a demandé une télé couleur et une liaison directe avec Washington « pour suivre les résultats des matchs de foot américain », un désir satisfait séance tenante.

Dans sa chambre, chacun révise ses notes sur le sujet qui lui a été affecté. VGE doit préparer son intervention sur son thème favori, la monnaie.

Paris anticipe une croissance zéro

La France tient particulièrement au thème qui a été attribué à l'Allemagne : la reprise économique. Pour l'année en cours, Paris anticipe une croissance zéro. Deux mois plus tôt, Giscard a arrêté un vaste plan de relance. Il attend beaucoup des Américains, qui bénéficient d'une forte reprise : 13 % en rythme annuel depuis l'automne ! Mais Gerald Ford écoute d'une oreille distraite les doléances de son homologue français, lequel a son idée sur la conjoncture.

Selon lui, « la crise actuelle n'est pas celle du capitalisme, mais celle de la monnaie », et la situation est due à la dévaluation du billet vert. L'ex président américain Richard Nixon, en désindexant, en août 1971, le cours du dollar de celui de l'or auquel il était jusqu'ici lié, a fait perdre à sa monnaie 20 % de sa valeur. Une décision qui explique, selon Giscard, la pagaille sur les marchés.

Il a toujours en mémoire cette rencontre du 18 décembre 1971, à Washington, à laquelle il participait comme ministre des Finances sous Georges Pompidou. John Connally, alors secrétaire américain au Trésor, avait osé déclarer : « Le dollar est notre monnaie, et c'est votre problème. » Cynique, mais parfaitement exact. Celui qui occupe ce poste quatre ans plus tard, William Simon, n'a guère changé de ligne.

Durant les deux jours de discussions à Rambouillet, une autre question préoccupe Valéry Giscard d'Estaing : l'énergie. Le choc pétrolier, survenu en octobre 1973, a fait augmenter le baril de brut de 3 à 10 dollars.

Juste avant le G6, Henry Kissinger, le chef de la diplomatie américaine, se montre agressif vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en déclarant : « Au sommet de Rambouillet, nous recommanderons de poursuivre plus énergiquement notre objectif fondamental, qui est d'empêcher le cartel pétrolier de fixer unilatéralement les prix. »

Pendant le sommet, les « six » tentent de calmer le jeu, se contentant de prôner la lutte contre la « dépendance énergétique ».

Le G6 devient G7, puis G8...

Lorsqu'ils se séparent, le 17 novembre, la lecture de leur déclaration commune de trois feuillets laisse une étrange impression : cette réunion a favorisé les discussions entre maîtres du monde, mais sans déboucher sur des décisions.

Le plus important est sans doute ailleurs. Le sommet aura fait naître un duo formé par Helmut Schmidt, le social-démocrate, et Valéry Giscard d'Estaing, le libéral de droite. Mais Rambouillet aura-t-il une suite ?

La veille, Kissinger avait déconseillé au chef de la Maison-Blanche de s'y rendre. Avec cet argument : « Ils veulent nous persuader que leurs problèmes pourraient être résolus grâce aux efforts de l'Amérique. » Et voilà que le 17 novembre, il évoque une « institutionnalisation » de ce type de rendez- vous. Il ajoute même que Gerald Ford a confirmé « le principe d'interdépendance » entre les grandes économies mondiales.

Si William Simon nuance ce propos (« on a tendance à abuser de ce terme »), le rendez- vous s'est bel et bien installé. Le G6 devient G7 en 1976, avec l'intégration du Canada, puis G8 en 1997, avec l'arrivée de la Russie. Il redevient G7 en 2014, après la crise de Crimée et l'exclusion des Russes.

La prochaine réunion se déroule les 8 et 9 juin au Québec (Canada). Il y sera notamment question du réchauffement climatique. Outre ses six partenaires habituels, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a convié les leaders de certains pays (Kenya, communauté caribéenne...) susceptibles d'en être victimes, voire de disparaître.

Les puissants veulent montrer qu'ils s'intéressent aussi aux plus fragiles.

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https://www.facebook.com/VraieHistoireAfrique/posts/2498603546931562/

Note Comaguer : ce texte paru sur un compte facebook n’a jamais été retiré et reste accessible en ligne. Il diffère peu, mis à part l’épisode « sentimental », de la biographie Wikipedia de René Journiac sur les mêmes évènements.

Par CF 17 Octobre 2019 227400

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