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Réveil Communiste

Flicaille contre racaille, où le débat rase le bitume

3 Août 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ce que dit la presse, #GQ, #Répression, #Théorie immédiate, #lutte contre l'impérialisme, #Front historique, #Qu'est-ce que la "gauche", #classe ouvrière

C'était mal parti

C'était mal parti

Une réaction à un meurtre policier suivi d"émeutes, qui défraya la chronique l'été dernier :

La guerre civile, la révolution, tout ça, c’est déjà fini ? On brûle trois bus, trois écoles, trois poubelles et on retourne à sa console de jeux ?

Il n’a pas encore coulé beaucoup de sang mais déjà l’encre coule à flot et les postillons volent partout sur les réseaux sociaux, et on voit bien qu’on est en France aux crétineries des propositions judiciaires et législatives qui prolifèrent comme des champignons de part et d’autre (mettre en prison les parents, dissoudre la police !).

La France a encore joué à son jeu favori depuis 1968 : faire semblant de faire la révolution. A ce niveau les enfants d’immigrés montrent leur paradoxale mais parfaite intégration.

On rejoue aussi le soulèvement des ghettos états-uniens dans l’espoir de parvenir à une sorte de considération de la part des bonnes âmes de la gauche divine qui font l’opinion autorisée. Mais n’est pas Martin Luther King qui veut et surtout il n’y a pas le moindre droit civique à décrocher – seulement des subventions pour les porte-paroles et quelques emplois d’animateurs socio-culs.

Tout ça au bout du compte c’est pour faire du spectacle à deux balles et l’indignation n’a rien à voir là-dedans, on veut montrer que dans son quartier on a les plus grosses.

Macron s’en moque complètement et il a mieux à faire pendant ce temps là, à engager la France dans le bourbier ukrainien quand personne ne regarde dans cette direction. Il est pathétique d'ailleurs de voir comment les commentateurs étrangers tous aussi anti-impérialistes les uns que les autres qui se croient perspicaces se laissent berner par les images de voitures en feu.

Si ces images étaient mauvaises pour Macron en particulier et pour l’impérialisme en général, et bien on ne les diffuserait pas.

Mais la police n’a pas à abattre des gens, jeunes ou non, maghrébins ou non, sans autre forme de procès, parce qu’ils conduisent sans permis une BMW sans respecter le code de la route. Moi non plus je n’aime pas du tout les BMW si on va par là mais je ne tuerais pas ceux qui les conduisent même si j’avais comme elle la possibilité de le faire et de m’en tirer avec impunité. C’est cette police-là assez bien rémunérée d’ailleurs qui réprime les manifestations de plus en plus brutalement depuis dix ans, et qui n’est pas pour autant devenue républicaine parce que les suspects habituels de communautarisme profitent de la situation pour diffuser un discours anti-flic sommaire au profit des dealers. Le contraire d’une erreur, en général, c’en est une autre.

Et les jeunes - et aussi les gardiens de murs moins jeunes -  qui vivent dans les quartier chauds, même s’ils se sentent visés spécifiquement par le harcèlement et les violences policières, à tort ou à raison, et souvent à raison, ne sont pas dotés pour autant d’une sorte de licence de tout piller en réaction et de détruire leur propre cadre de vie tout en offrant à ceux qui les haïssent l’image qu’ils attendent pour confirmation de leurs préjugés.

Signalons au passage à ceux qui voient dans l’émeute à l’américaine la dernière carte du désespoir que l’incidence des meurtres policiers en France est environ dix fois moindre qu’aux États-Unis et que dans ce pays les pauvres n’ont pas de sécu.

Au passage n'oublions pas aussi les bons Français qui ironisent sur les allocations familiales perçues par les familles immigrées : ils n’ont qu’à faire des enfants aussi s’ils veulent en profiter.

Le pillage est en fait moins lié au besoin et à la pauvreté, même si les juges, qui valent bien les flics mais sont loin d’être autant détestés, on se demande pourquoi, s’acharnent sur les voleurs de pommes qu’ils ont pu identifier sur les réseaux sociaux, qu’aux théories anarchistes de la reprise individuelle qui ont fait leur chemin dans les ghettos via la petite bourgeoisie d’extrême-gauche qui les fréquente et qui les parasite, que ce soit pour y tenter un encadrement démagogique ou pour se procurer de la drogue.

C’est la loi du désir à l’œuvre partout dans la publicité qui trouve ici son accomplissement. Volez des produits de marque, c’est aussi consacrer leur notoriété.

Finalement ce ne sont que les gangsters et les mafieux qui tireront profit de la situation, de la marginalisation accrue et de la tiers-mondisation des quartiers où les immigrés récents et les descendants des moins récents sont concentrés.

Cela dit dans peu de temps si on n’y veille pas, ce sont justement les jeunes hommes en mal de prouver leur masculinité sur Instagram en cassant des abribus, en renversant des camions (« elle est où la police , elle est pas là, la, la, la! ») que des CRS, des BAC et des gendarmes armés jusqu’aux dents et massivement sympathisants du RN se font ensuite un plaisir de tabasser, qui vont se retrouver alignés contre les Russes dans le Donbass, comme chair à canon.

Réveillez-vous.

GQ 7 juillet 2023, relu le 2 août 2024

 

 

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