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Réveil Communiste

Le socialisme théoriquement doit supprimer la guerre, oui mais …

30 Août 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Théorie immédiate, #GQ, #Front historique, #Mille raisons de regretter l'URSS, #Economie, #lutte contre l'impérialisme

 Le socialisme théoriquement doit supprimer la guerre, oui mais …

Les pays socialistes doivent-ils entretenir une puissante armée ?

Le socialisme théoriquement doit supprimer la guerre, oui mais …

Malheureusement, une part importante du surplus de richesse généré par les travailleurs dans les pays d’économie socialiste doit être réservée à la préparation de la guerre contre les puissances non-socialistes.

Historiquement tous les États vraiment socialistes, c’est à dire ceux qui ont socialisé les moyens de production, se sont construits dans la guerre : soit en réaction révolutionnaire à la guerre impérialiste ou coloniale, comme en Russie, en Corée, en Yougoslavie, soit à la suite de la libération du fascisme par un autre pays socialiste, comme en Europe de l’Est, soit plus rarement à l’issue d’une guerre révolutionnaire délibérément entreprise comme au Viet Nam et à Cuba, ou d’une combinaison des trois cas comme en Chine. En général le camp révolutionnaire n’a pas pris l’initiative de la guerre. Mais il ne parvient à son but politique qu’en relevant le défi de la guerre qui lui est soumis tôt ou tard. Et il s’est avéré à la surprise et au désarroi de ses ennemis particulièrement efficace pour relever ce défi et pour faire « monter à cheval » les prolétaires pour affronter et vaincre leurs oppresseurs domestiques ou étranger, anciens ou nouveaux, y compris dans leurs avatars les plus redoutables et les plus pervers.

On peut aussi penser que l’une des raisons des inhibitions qui pèsent sur les politiciens bien intentionnés qui agissent dans l’opposition dans les démocraties bourgeoises, et qui se proclament peu ou prou socialiste – nombreux par exemple dans l’histoire de la gauche travailliste britannique, c’est la peur de provoquer cette guerre civile ou internationale dont les effets apocalyptiques emplissent tous les manuels scolaires de la planète. Suivant une inversion accusatoire classique on finit par imputer bien tranquillement aux révolutionnaires les crimes innombrables dont ils furent d’abord les victimes.

Pourtant les guerres ne sont pas une anomalie, un dysfonctionnement des sociétés de classes, et dans le mode de production capitaliste elles sont au contraire une situation transitoire normale qui apparaît à son heure dans les cycles économiques de moyenne et longue durée. Elles détruisent du capital fixe pour rétablir le taux de profit, et elles « produisent » leur plus value extra par la guerre et par le pillage de leur périphérie, de ses ressources naturelles et de sa main d’œuvre – au nom de leur civilisation. Tant que ce mode de production règnera sur la plus grande partie du globe, les guerres continueront. A ce propos, le gel de la guerre mondiale et la fausse sécurité procurée par la dissuasion nucléaire ne sont que les effets d’un palier technologique, voué à être dépassé, comme tous les paliers successifs de la technologie militaire au cours de l’histoire.

Les sociétés socialistes à économie planifiée dans ce monde agonistique sont une des manifestations de la lutte des classes mondiale et doivent amasser pour se défendre une énorme quantité d'armements, y compris des armes de dissuasion massive, et entretenir une armée conventionnelle moderne, activités improductives s’il en est, ce qui ralentit leur développement et crée des tensions sociales internes. Les États bourgeois et les empires colonialistes ne leur laissent pas l’option de la paix.

Elles doivent aussi passer maître dans l’art diplomatique, qui consiste à diviser ses adversaires et à se procurer des alliances, ce qui implique d’entretenir de bonnes relations avec une partie au moins des capitalistes mondiaux, ou avec certaines factions centrales de ce capitalisme, et jouer tantôt les financiers contre les industriels ou réciproquement. C’est bien pour cette raison qu’elles ne peuvent pas prêcher la révolution permanente, ou en tout cas pas en permanence. Et le leur reprocher d'un point de vue puriste révolutionnaire n’est qu’hypocrisie.

C’est aussi pour cette raison qu’elles ne peuvent pas théoriser la politique des représentants du capital dans les différents pays comme l’organisation d’un complot global. Même si c’était le cas, même quand c’est effectivement le cas, il lui faudra quand même travailler sur leurs contradictions pour les neutraliser.

Cette contrainte de la diplomatie n’a pas empêché d’ailleurs certains États socialistes (URSS, RDA, Yougoslavie, Cuba ...) de pratiquer l’internationalisme dans les conditions de la Guerre froide où soutenir les partisans du socialisme dans les pays capitalistes et leurs colonies convergeait pour une part avec leurs exigences stratégiques ou ne les contredisait pas trop.

Depuis 1945 et la démonstration de sa cruelle détermination à Hiroshima et Nagasaki, l’Occident voulait être passivement accepté, surtout à l'intérieur, comme l’Empire du moindre mal, et depuis le début de la guerre en Ukraine, il se revendique maintenant comme l’Empire du Bien, le « jardin » opposé à « la jungle », le monde « fondé sur des règles » opposé à la barbarie, qui va se transformer inéluctablement en Empire du Mal. Les atrocités génocidaires ne se produisent que lorsque des sociétés ont été complètement mises en condition psychotique par leurs médias de masse, et la diabolisation actuelle de la Russie et de la Chine aura la même fonction préparatrice à la possibilité de l'extermination que l’antisémitisme en Europe continentale avant 1939. Il ne faudra être désarmé ni philosophiquement ni matériellement pour l’affronter victorieusement.

GQ, 1er mai 2023, relu le 1er août 2024

 

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