Message envoyé le 16 novembre 2016 sur un réseau de discussion comportant des sympathisants du réseau FVR-PCF, en défense de la candidature Mélenchon qui leur déplait fortement pour des raisons qui ne me paraissent pas rationnelles. Complété et actualisé le 24 novembre. GQ.
Je suis d'accord avec la position du PRCF, malgré mes quelques démêlés avec lui. Ce groupement manifeste ainsi plus de sens politique que d'habitude.
Il y a deux choses que je ne comprends pas du tout : en quoi Mélenchon pourrait-il être un danger pour le PCF? Et pour quel autre candidat réel (hors les figurants) des communistes pourraient-ils voter pour éviter la victoire de Fiillon, ou de Marine Le Pen?
Comme vous savez sans doute, je ne crois pas à la "candidature communiste" qui selon moi ne peut pas être "communiste" vu la ligne du PCF, si les mots ont un sens. Un candidat "PCF" était justifié en 2007 pour tenter de relancer le parti, mais je pense qu'il est maintenant trop tard (et avec le recul qu'il était alors déjà trop tard). Quoiqu'il en soit de mes erreurs pour cette raison j'ai soutenu à l'époque André Chassaigne qui pouvait faire un bon résultat en l'absence d'autre dynamique. Mais aujourd'hui, je ne comprends pas la passion que beaucoup au PCF mettent dans ce projet de candidature sachant qu'elle ne peut dans l'état actuel des choses qu'augmenter la division des forces progressistes, d'autant qu'elle peut être retirée au dernier moment au profit d'un Montebourg.
Mélenchon n'est nullement un communiste et son programme est très inégal, mais bien meilleur il faut bien le dire que celui du PCF sur l'Europe, au grand dam de la commission éco qui crie au fasciste mais qui s'est illustrée en son temps en théorisant les privatisations de la gauche plurielle (France Télécom, Air France).
Mais il ne s'agit pas de cela : Mélenchon est manifestement le seul candidat de la gauche non libérale qui peut faire un bon résultat à ces élections présidentielles et mordre sur l'électorat populaire, l'abstention et Le Pen. Je pense que les aspects négatifs de son programme, "règle verte", etc. sont compensés par son positionnement sur l'OTAN et dans une moindre mesure sur l'UE, c'est ce qui ressemble le plus dans l'offre politique réelle (hors les témoignages) à une candidature anti-impérialiste.
Par ailleurs son langage "populiste" loin d'être un handicap ou une tare morale est indispensable pour combler la fracture entre le "peuple militant" qui a une forte propension à s'adresser à lui même, et les masses. Je rappelle que la section de Vénissieux et indirectement le réseau FVR PCF ont été dirigés par André Gerin qui avait une tendance bien plus marquée que Mélenchon à mettre les pieds dans le plat du consensus angélique militant sur la sécurité et sur l'immigration.
Mais l'essentiel est ceci : Mélenchon peut maintenant gagner, vu son niveau de base dans les enquêtes, et vu le discrédit total du PS. Il lui suffirait d'un résultat de l'ordre de 17 % pour accéder au second tour , qui est tout à fait à sa portée, et encore plus avec la candidature Macron qui va prendre des voix et au PS et à la droite. Par ailleurs le choc Trump rend possible la victoire de Marine Le Pen au second tour, d'autant plus qu'elle peut être opposée à une droite qui claironne ses intentions d'ordre moral néo-pétainiste et de casse sociale généralisée.
Bien entendu un Mélenchon gagnant ne serait pas forcément respectueux de ses engagements, ni des espoirs que l'on peut fonder sur ses discours, mais il est certain que n'importe quel autre candidat élu serait mauvais de notre point de vue. Mélenchon peut au moins abolir la loi Khomry, sortir le vote du budget français de la tutelle de l'UE et sortir de l'OTAN ce qui suffirait sans doute à empêcher les projets belliqueux de cette organisation, pas plus mais pas moins.
Dans ces conditions, chers camarades je crois qu'il faut penser moins à "la vieille maison" PCF qu'à la colère populaire qui si elle ne s'exprime pas en votant Mélenchon s'exprimera en votant Le Pen. Et oui.
Deux précisions :
- L'allusion à la position du PRCF s'explique parce que ce texte est extrait d'une discussion où elle était fortement condamnée.
- La candidature Mélenchon ne s'oppose pas à la constitution d'un nouveau parti communiste, elle se joue sur un autre plan, et si c'était encore possible elle ne s'opposerait pas non plus à une reconquête interne du PCF par ses adhérents fidèles à l'idéal communiste. Elle ne s'oppose en rien notamment à la stratégie qui consisterait à reconstituer le parti à partir du mouvement social (ligne de la revue "Unir les communistes"). Je considère pour ma part que ces espoirs de réanimation sont caducs, mais c'est une autre affaire.
Par contre mettre en selle un candidat PCF qui porterait un projet objectivement plus à droite que celui de Mélenchon accélérerait la décomposition du parti tel qu'il est en le discréditant et le ridiculisant dans les masses, sans aucunement poser de jalon pour la reconstruction communiste. La défense bec et ongle d'un candidat issu du PCF (alors qu'on trouve de tout au PCF vu le niveau de décomposition idéologique) est dans le meilleur des cas une manifestation de sentimentalisme.
Par ailleurs la lecture du bulletin de vote devrait ouvrir les yeux à tous : il s'agit de choisir entre Mélenchon, ou un hypothétique candidat communiste qui pourrait se retirer en faveur d'un autre candidat sans plus de précision donc d'un chèque en blanc pour le vote PS aux deux tours. Candidat qui dans un cas ou dans l'autre ferait de la figuration et contribuerait à un second tour droite- Le Pen.
Il faut prendre ses responsabilités. Mélenchon avec ses qualités de tribun populaire et ses nombreux défauts d'idéologue petit-bourgeois représente la seule chance d'élection d'un président de gauche en 2017. Je pense même qu'il représente la meilleure opportunité de changement social dans ce pays depuis 1945. Le comparer à Mitterrand n'a pas de sens, car Mitterrand avait face à lui un grand PCF ouvrier en panne de stratégie qui s'est fourvoyé dans cette alliance, tandis que le PCF aujourd'hui n'a vraiment plus rien à perdre après la "gauche plurielle", le congrès de Martigues et quinze ans de dérive sociétale. L'Union de la Gauche a conduit malheureusement à une satéllisation du PCF par le PS. La candidature Mélenchon est la voie de la rupture stratégique et victorieuse avec le PS, même si le candidat en est un ancien dirigeant. Les temps changent et les gens bougent.
La candidature probable de Fillon à droite, moins discrédité et plus dangereux que les deux autres larrons, avec son programme néo-thatchérien, rendent d'autant plus nécessaire l'union autour du seul candidat de gauche qui peut figurer au second tour et battre la droite et l'extrême droite, si c'est bien ça qu'on veut faire évidemment.
Quant à l'accuser de "trotskysme", ça ne manque pas de sel quant toute la "trotssphère" Krivine en tête est vent debout contre lui depuis qu'il a dénoncé l'infiltration de la CIA au journal "Le Monde"!
A la consultation interne du PCF je voterai donc sans état d'âme pour l'option 1.