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Réveil Communiste

Une autocritique de la ligne de Réveil Communiste depuis 2010

21 Septembre 2015 Publié dans #GQ, #Réseaux communistes

André Gerin, ou il ne suffit pas de communiquer. En fait il ne l'est vraiment pas assez !

André Gerin, ou il ne suffit pas de communiquer. En fait il ne l'est vraiment pas assez !

Il y a quatre ans j'écrivais :  

 

Je suis le principal animateur du blog et donc mes positions ont forcément une influence sur le résultat. Voici en gros les thèses que je défends, elles ne sont pas très compliquées.

Or certain nombre de ces thèses aujourd'hui me paraissent obsolètes, ou avoir été erronées dès le début . Voici ce qui reste, aujourd'hui (25 mars 2014).

 

1     Il faut adhérer au PCF, ou y réadhérer, ou y rester. C’est la seule plateforme d’union des communistes, le seul parti de masse qui fait référence au communisme. Tout ce qui a été essayé légitimement pour faire mieux ailleurs (depuis la première,  la tentative de reconstruction du parti par les maoïstes du PCMLF avant 1968) a échoué.

2     Il faut lutter pour ne pas être marginalisé : donc travailler et militer avec les camarades du PCF  qui ne sont pas sur ses propres positions. Nulle raison de se réjouir du départ de camarades sur d’autres lignes.

3     Il faut travailler aussi avec tous les communistes non encartés, y compris ceux qui appartiennent à d’autres organisations, sauf si elles sont ouvertement  hostiles à tout ce que le PCF représente ou a représenté dans son histoire, ou si elles ont dégénéré en groupuscule inactif.

4     Je suis pour un parti ouvrier et marxiste, dans le sens le plus extensif de ces termes : un parti qui n’a pas peur de défendre, de représenter et d’organiser le prolétariat, qui entretient des liens internationaux avec des partis frères, et qui s’inspire ouvertement de la théorie de Marx et de Lénine.  J’ai conscience du fait que la majorité des militants actifs du PCF, pour le moment, sont plutôt sceptiques sur cette ligne « orthodoxe », malgré les succès qu’elle a rencontré parfois à l’étranger (Portugal, Grèce, Bohème-Moravie), bien plus nets que ceux des refondations modernistes (Espagne, Italie). Mais je constate aussi depuis trois ans que ce blog existe que les thèmes et les termes du marxisme et de la lutte des classes sont revenus dans le débat, et j’espère y avoir contribué dans la mesure de mes moyens. Il est loin le temps (2005) où l’œuvre de Lénine était introuvable au village du livre à la fête de l’Humanité. 

5     Je suis pour le socialisme, et donc pour la prise du pouvoir politique par le parti ou par un front dont il est l’élément principal. En tenant compte des corrections qu’impose l’expérience historique. Je pense, même si je dois passer pour un réformiste, que le marché ne peut pas être aboli par décret, qu’il devra coexister longtemps avec l’organisation planifiée, et coopératif, de la production. Je ne suis pas pour la dictature d'un parti unique, mais je suis pour un parti guide des masses (mais aussi guidé par elles) et pour l’hégémonie de ce parti. 

6     Je ne suis pas stalinien, mais je suis contre la diabolisation de l’URSS et du personnage historique de Staline. Je considère que l’analyse de Trotsky « état ouvrier dégénéré » aux mains de la bureaucratie est erronée, et que les staliniens historiques ont essayé sincèrement, sans outils théoriques adéquats, de réaliser la dictature du prolétariat. Et rien ne peut effacer la dette éternelle de l’humanité au peuple soviétique, et au parti communiste de l’URSS, pour la victoire sur le nazisme.

7     Je pense que mes camarades gagneraient parfois à  abandonner leur antigauchisme automatique. Un mauvais communiste, ce n’est pas celui qui est aligné sur le mauvais « iste » mais celui qui cause qui cause et qui n’agit pas (ou qui écrit, écrit …) 

8     Après avoir réfléchi et pesé le pour et le contre, je suis décidément contre un parti organisé en tendances. Loin de démocratiser le parti, les tendances aggravent les manifestations de sectarisme, le clientélisme, et les pratiques d’exclusion.

9     Je pense que les élus sont importants, (et donc qu’il faut des alliances avec la social-démocratie) parce qu’ils sont une garantie contre la fuite en dehors du réel qui menace les groupes dont l’idéologie pure est le ciment, mais qu’ils ne doivent pas, sous prétexte qu’ils sont élus du peuple, en faire à leur tête, et devenir les propagandistes de l’union à n’importe quel prix avec les sociaux démocrates, ou sociaux libéraux.

10    La gauche n’est pas la référence principale du PCF. Il est d’abord le parti des classes exploitées, ensuite le parti de la résistance patriotique, et enfin le parti de gauche héritier de la SFIO de Jaurès et de la tradition politique de la Révolution, des sans-culottes et des jacobins. Un front populaire du XXIème siècle oui, mais à condition que la composante principale de 1936 ne soit pas oubliée : l’intervention directe des travailleurs, sans laquelle les socialistes de 36 n’auraient pas fait mieux que ceux de 81, et avec laquelle les communistes de 81 auraient pu faire aussi bien que ceux de 36. Si on veut une « gauche de gauche », il faut un « parti communiste communiste ».

11    Je suis pour renouer avec la symbolique historique : les « outils », ne serait-ce que pour être visible. Notre société fonctionne par une réduction du désir au symbolisme, d’où le règne de la marque. Abandonner aux gauchistes sectaires la « marque » du communisme est une erreur non seulement de communication, mais stratégique. Loin d’être un handicap, la mauvaise réputation historique du communisme dans la culture bourgeoise fait notre publicité dans les classes populaires et unifie autour des communistes les rebelles sans cause de la petite bourgeoisie qui sont produits en masse puis normalisés par le capitalisme consumériste. Ce n’est pas pour rien que les fascistes et les révisionnistes européens veulent faire interdire le communisme et ses symboles : ce sont des atouts et non des  « valises de plomb ».

12    Pour conclure je pense que la crise d’identité du mouvement communiste est en train de s’achever, et qu’il faut maintenant s’atteler à la tâche qu’ont su mener à bien Lénine, puis Mao, celle de rendre au prolétariat sa conscience (non pas « la » mais « sa ») parce que le prolétariat sans encadrement politique s’effondre et disparaît dans l’anomie parcellaire et précaire, dans la misère ou /et la consommation. Même si nous ne réussissons pas de notre vivant à construire le socialisme en France, nous pouvons réarmer la prolétariat comme force et améliorer ainsi énormément son bien être physique et psychologique en lui offrant la possibilité de se structurer dans une pratique et un discours, et de relever la tête face à la dictature, non seulement économique, mais aussi symbolique, qui l’écrase depuis trente ans.

 

Gilles Questiaux 27 mars 2010

 

Éléments d'autocritique. Elles visent particulièrement mes illusions fétichistes sur le parti.

Thèse 1 : Tout ce qui a été fait pour organiser le prolétariat en dehors du PCF depuis les années 60 a échoué, tandis que le PCF a continué à le faire dans une certaine mesure. Mais le PCF actuel ne se reconnait plus dans ce rôle.  

Thèses 1 à 3, le PCF ne me paraît plus, de la base au sommet, porteur d'une quelconque légitimité communiste ou prolétarienne. Et il ne l'était déjà plus depuis longtemps lorsque je l'ai rejoint en 2005. Le critère de cet éloignement définitif est la position sur l'Union européenne. Du coup les thèses 7, 8 et 9 deviennent sans objet.

Thèse 4 : les "orthodoxes" ont échoué aussi à maintenir le parti, et à relancer les partis dont ils ont conservé le contrôle.

Thèse 5 : la forme pluraliste ou non du pouvoir socialiste ne peut pas être décidée d'avance, elle est imposée par les circonstances, ce qui s'étend aussi aux formes d'organisation internes au parti (thèse 8).

Thèse 6 : Les critiques du socialisme réel émanant de ses adversaires ou d'ignorants de bonne foi doivent être rejetées en bloc, point barre.

Thèse 9 : aucune alliance quelqu'elle soit n'est plus possible avec la Social Démocratie et les Verts.

Thèse 10 : la gauche n'existe plus.

Thèse 11 : les symboles du communisme n'ont qu'une importance très limitée, par rapport à la nécessité d'atteindre une analyse juste pour organiser le prolétariat.

La thèse 12 témoigne d'un volontarisme verbal complètement naïf. En un mot, c'est du baratin.

 

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