source : The Morning Star
traduit de l’anglais par Marc Harpon pour Changement de Société
Le problème avec les FARC- les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie- est qu’elles n’ont pas manqué d’alimenter les attentes d’une légion de naïfs, d’apprentis révolutionnaires romantiques de même que des gauchistes pas très fûtés de par le monde, qui ont projeté leurs fantasmes sur elles avec peu voire pas de compréhension de ce que les FARC sont en fait.
Pour commencer, elles sont uniques dans l’hémisphère occidental. Pourquoi? Élémentaire cher lecteur.
C’est une organisation armée de défense des paysans, par des paysans pour les paysans.
Le coup de la direction venue de la classe-moyenne urbaine et convertie à la défense des indiens après avoir goûté à Lénine, à Prestes ou à Giap n’est pas pour elles.
Et il y a une surprise de plus- qui n’est pas dépourvue d’ironie historique- que Marx aurait adorée.
Contrairement à ses partis frères d’Amérique Latine, le PCC- Parti Communiste de Colombie- n’a pas eu de fixation sur la classe ouvrière urbaine et a fourni de bon cœur, dès les années 1930, une éducation politique à ces paysans insurgés dévoués et cohérents.
Plus encore, il était préparé à apprendre d’eux en invitant les dirigeants des FARC Marulanda et Arenas à rejoindre la direction du PCC.
Un lien inestimable a été forgé tout en permettant aux FARC de conserver le plein contrôle de leurs opérations.
Cette adaptation compétente des principes marxistes à une réalité spécifique, aidée par les travaux de penseurs régionaux du calibre de Carlos Mariategui, a donné aux FARC une crédibilité révolutionnaire inégalée parmi les paysans Sud Américains majoritairement indiens, qui souffrent non seulement de l’exploitation économique aux mains de l’oligarchie terrienne mais aussi d’un mépris aggravé par le racisme dans le contexte national.
L’utilisation par les FARC de toutes les infrastructures d’État sur les 40% du territoire national sous leur contrôle a remporté les applaudissements d’une large gamme d’observateurs.
Un aspect controversé est l’imposition, variant suivant le revenu et la richesse.
L’enlèvement d’associés ou de parents pour arracher le paiement des sommes dues a résolu le stratagème courantde la dissimulation fiscale par les oligarques et les trafiquants de drogue qui faisaient l’acquisition de vastes terrains mais les gardaient en friche.
Ces quinze dernières années, les médias serviles ont repeint les FARC en « narco-guerilla » en dépit d’un rapport officiel par le chef des opérations de la DEA, Donnie Marshall, qui a affirmé catégoriquement « qu’à ce jour il y a peu qui indique que les groupes insurgés eux-mêmes pratiquent le trafic de la cocaïne ».
La vérité n’empêchait pas Bill Clinton de dormir ni beaucoup d’amis intéressés que les FARC ont dans la classe moyenne en Colombie et dans le monde.
Il n’y a rien de glamour dans la lutte de près d’un demi siècle que mènent les FARC- simplement l’engagement le plus dur et le plus sévère du côté du peuple avec lequel elles se fondent en symbiose et avec lequel elle cherchent à construire un monde meilleur.
Les gouvernements successifs ont rejeté son programme de dialogue- réforme agraire, révision des politiques économiques néolibérales et réforme de l’État et de son appareil répressif, police et armée. C’est pourquoi la lutte doit et va continuer.
Garry Leech, qui a été détenu par les FARC, écrit avec la distance d’un doctorant, cédant parfois au « langage impérial », comme quand il décrit la tactique des FARC comme « terroriste » ou quand il suppose qu’elles « bénéficient » du commerce de drogue. N’y prêtez pas attention quand vous lirez ce volume en tout autre point utile.