Syrie : protestations de militants contre la déclaration syndicale du 5 décembre 2012
lu sur El diablo :
Chers(es) camarades, nous avons reçu votre (?) et nous partageons votre point de vue et votre indignation, car la guerre n'a jamais réglé le problème qu'est l'exploitation des travailleurs ni répondu aux revendications des masses populaires.
Que la France dirigée par les social-traîtres s'engage est une demi surprise tout comme est une demi surprise cette déclaration intersyndicale qui est le reflet de ce qui se passe dans nos syndicats, du moins le rôle joué par leurs dirigeants actuels inféodés à un système impérialiste qu'est l'Europe qui ne peut par essence qu'être guerrière.
Trouvez ci-joint «Bruit de bottes en Syrie »(voir le texte sur EL DIABLO) la brève que nous avons diffusé hier 7 décembre (2012) qui informe des dangereuses manœuvres impérialistes aux abords des frontières syriennes. Il nous faut construire désormais un large mouvement anti-guerre dans cette période difficile où le capital est dans une offensive sans précédent depuis 75 ans... Aussi, il faut expliquer simplement que la Paix vaut mille fois plus que la guerre.
Merci de nous avoir donné cette information que nous allons traiter dans les prochains jours, durant notre réunion hebdomadaire.
La Cellule ouvrière du bassin minier ouest du Pas-de-Calais
Le 8 décembre 2012
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…Comment peut-on soutenir une dictature aussi sanguinaire que celle d'Assad. Bien sûr que les insurgés n'ont pas des objectifs très clairs et que la situation est complexe et qu'il y a de l'autre côté une volonté d'utiliser une révolte, Il y a là matière à débat, mais pas à invective
Je croyais qu'on avait compris les leçons du passé sur les soutiens inconditionnels à des dictatures. Eh ben non!
Arlette
Le 9 décembre 2012
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La question n'est pas de soutenir ou non le régime syrien. La question c'est de savoir si les gouvernements français qui :
1) ont posé le départ de Assad comme préalable à toute médiation, et ont rompu de fait les relations diplomatiques (qui auparavant semblaient aller de soi)
2) fournissent officiellement des crédits et officieusement des armes aux "insurgés",
3) sont à deux doigts de reconnaître un gouvernement insurgé,
4) ont montré en Lybie qu'ils n'hésitaient pas à user de moyens militaires peuvent vraiment agir dans le sens d'une médiation et d'un arrêt des combats.
Comment imaginer une intervention directe de ces gens-là? Le principe de souveraineté des Etats inscrit dans la charte de l'ONU est-il un chiffon de papier. Ou n'est-il valable que quand les pays riches coulent les radeaux des immigrés clandestins? Que vaut l'appel à une "communauté internationale" qui cautionne voire organise des guerres impérialistes un peu partout et ne se soucie guère des situations où on assassine les syndicalistes (titulaire officiel de ce triste record, la Colombie) et où on tire sur les grévistes (en Afrique du Sud récemment et dans combien d'autres "démocraties" amies de la France).
Quant aux syndicats libres à la Irving Brown ou à la Walesa, merci j'ai déjà donné.
De plus, pourquoi cautionner la version télévisuelle des événements (méchante dictature et gentils manifestants désarmés) alors qu'elle est démentie de toute part? Par exemple, si les insurgés disposent d'armes antiaériennes, c'est bien qu'ils les reçoivent d'une puissance intéressée ou qu'ils ont reçu des milliards d'euros de gentils donateurs (par exemple les milliardaires du Golfe).
La CGT (je parle pour mon syndicat) entend ne plus être la courroie de transmission de quiconque. Soit.
Il faut qu'elle se garde de relayer les sirènes bien pensantes.
De plus, les mêmes ont organisé la guerre civile et les massacres ethniques en Côte d'Ivoire et planifient une intervention au Mali. Là, ce n'est plus un lointain ami syrien qui m'est malheureusement inconnu qui est en cause, c'est le collègue de nombreux travailleurs chez Citroën, Nicollin, Derichebourg etc... Qui est directement concerné. Il en pense quoi lui?
Olivier
Le 9 décembre 2012
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Si les cons volaient il y en a qui serait chef d’escadrille. Des prises de positions se fondant sur les infos diffusées par un vendeur de kebab basé à Londres.
Nous sommes en plein manichéisme, la connerie absolue
-Si on n’est pas Anti Assad c’est que l’on n’est pro Assas
-Si on n’est pas Anti OGM c’est que l’on n’est pro OGM
-Si on n’est pas Anti-nucléaire c’est que l’on n’est pro nucléaire
Mais pour les anti Assad se retrouver aux côtés des derniers vestiges féodaux de la planète n’a pas l’air de leur poser questions. D’ailleurs je ne suis pas sûr qu’ils s’en soient aperçus affublé de leurs œillères
Tous contre Assad avec :
Les régimes féodaux d’Arabie Saoudite – du Qatar – de Bahreïn (siège d’une base militaire française), sans oublier l’OTAN (il y a des fourgons où il ne faut pas monter)
Les Salafistes, les wahabistes, les Takfiristes, Al Qaeda de tous les fous de dieu que compte le Moyen-Orient
Ainsi celui qui discerne dans tous ce beau monde le plus « boucher » alors bon appétit.
En voyage au Venezuela au moment du sommet de la Celac se tenant à Caracas en décembre 2011 Daniel Ortega président du Nicaragua avait bien résumé les enjeux « En Syrie, c’est comme au Nicaragua, les contras sont à l’œuvre »
PCF Bassin
Le 9 décembre 2012
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Question sanguinaire, les « rebelles » sont parfaitement capables de massacrer des civils en posant des bombes en pleine ville, de balancer des employés du haut d’un immeuble de la poste, ou d’égorger des musulmans non sunnites qu’ils considèrent comme des impies, puis de diffuser ces vidéos immondes sur You Tube en hurlant Allah Akbar.
Question objectifs ils sont très clairement ceux de l’assujettissement de la Syrie aux visées de certains voisins comme la Turquie ou le Qatar, mais surtout à celles des impérialismes occidentaux.
Ces derniers ne se contentent pas d’utiliser une révolte, ils l’arment, la financent et font dans les médias une véritable propagandestaffle « humanitaire » pour justifier leurs ingérences et la déstabilisation des états.
Mais comme la « révolte » n’a pas de véritable soutien populaire, se nourrit de mercenaires étrangers et en est réduite à des coups de main et des attentats, les puissances impérialistes ressortent les vieilles scies des gaz toxiques et menacent d’intervenir directement.
Comment peut-on admettre que notre pays reconnaisse un « ambassadeur » de son choix dans un pays souverain ?
Que dirait-on si un pays étranger faisait de même avec Marine Le Pen, Copé ou n’importe quel autre politicien français ? Et pourquoi de telles « reconnaissances » sont-elles toujours l’apanage des pays riches et dominateurs ?
Il est honteux que les dirigeants révisionnistes s’alignent sur les aboiements de BHL, de Fabius et de Hollande, quand on songe à la juste position du PCF contre la guerre du RIF et au sacrifice de communistes pendant la guerre d’Algérie.
A propos de dictature, n’oublions pas que l’expansionnisme nazi est né dans les conditions de la crise de 1929 et de la perte des colonies allemandes en Afrique.
Le bellicisme de la France, des USA et d’une poignée de pays est directement lié à la crise du capitalisme que nous vivons, au déclin de l’empire occidental et à la dispute pour le leadership de l’Europe…
Jean
Le 9 décembre 2012
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Je profite d'être dans cet échange fort intéressant sur la Syrie et la nécessité de la lutte anti-impérialiste pour vous faire part de mon analyse.
Pour pouvoir prendre position sur cette question délicate, il est important d'étudier les forces en présence et le rapport avec la population. En effet, il ne serait pas sérieux dans des situations aussi graves de se référait a priori et systématiquement à un principe, indépendamment de la situation objective que nous rencontrons.
Le contexte international.
La crise généralisée du capitalisme conduit les états impérialistes que sont les États-Unis, l'Europe et Israël à passer à l'offensive pour pouvoir s'assurer :
-un approvisionnement en matières premières (pétrole, gaz, richesses minières,…)
-des coûts extrêmement faibles pour ces matières premières.
-Bloquer l'approvisionnement en matières premières des concurrents directs.
Il est bien évident que ces guerres de rapines ne pourront se faire avec l'assentiment général, si elles ne sont pas dissimulées derrière une « propagande humaniste ». Au XIXe siècle, l'Europe à coloniser l'Afrique et le Moyen-Orient pour apporter la « civilisation ». Au XXIe siècle, les États-Unis, l'Europe et Israël recolonisent l'Afrique et le Moyen-Orient pour apporter la « démocratie ».
Si nous regardons le bilan de ses actions qui visaient à instaurer la « démocratie » en Irak, en Afghanistan et récemment en Libye, on constate que si l'objectif était d'instaurer un quelconque régime des masses démocratiques c'est un échec patent. Par contre s'il s'agissait de désorganiser des états, d'amener la sécession de plusieurs régions de ces états, d'assurer une guerre civile fratricide et tout cela dans le seul but de « sécuriser » ces territoires pour s'en assurer le sous-sol, c'est un succès total.
Le contexte syrien.
L'opposition syrienne démocratique au régime de Bachar el-Assad existe bel et bien et elle se bat depuis des années pour obtenir la démocratisation de la Syrie. Par contre, l'opposition syrienne armée n'a que peu avoir avec cette première. Les groupes islamo-fascistes à l'œuvre dans cette opposition syrienne armée n'ont que faire de la démocratie et de la paix civile. Le seul but de ces groupes armés est le pouvoir pour assurer un nettoyage ethnique et confessionnel total. Partout où ils ont pu en Syrie installée leur pouvoir, cela n'a été que massacre des chiites, des Alaouites et des chrétiens.
Il y a quelques mois un sondage a été organisé par le Qatar (le Qatar est loin d'être un allié du régime syrien) avait montré que Bachar el-Assad était encore très populaire et que 55% de la population refusent de le voir démissionner.
Le fait de soutenir des armées islamo-fascistes comme par exemple en Libye n'a produit aucune avancée démocratique, bien au contraire. Nous devons même admettre que la mise pouvoir des islamo-fascistes a provoqué un réel recul démocratique en Libye.
Le bilan
Il n'est donc absolument pas question d'un soutien à Bachar el-Assad, mais bien d'un soutien inconditionnel à l'indépendance nationale de la Syrie. L'indépendance nationale est le socle indispensable à toute démocratie.
Ce qu'il y a de choquant dans la déclaration commune CGT, FSU et Solidaires, c'est bien qu'elle fait corps avec la propagande impérialiste contre l'indépendance de la Syrie. La FSM, fédération syndicale mondiale, quant à elle dénonce l'impérialisme et défend l'indépendance nationale syrienne. Il est vrai que la FSM a rencontré les syndicalistes syriens pour connaître leur position dans cette guerre.
Depuis quand les impérialistes que sont les États-Unis, l'Europe et Israël sont-ils pas à même d'instaurer une quelconque démocratie en Syrie ou ailleurs. L'instauration de la démocratie dans un pays est l'œuvre d'un peuple qui décide de prendre en main lui-même le gouvernement de son état. Quelle est cette posture néocoloniale qui consiste à penser que les pays d'Afrique et du Moyen-Orient n'aurait ni la maturité, ni la force de produire leur propre révolution ? Et qu’ils auraient besoin des grands frères d'Occident pour y arriver.
La Syrie est et doit rester entre les mains des syriens. C'est aussi à eux d'instaurer leur démocratie en proclamant en premier lieu leur indépendance nationale. Une colonie n'est jamais une démocratie.
Il nous faut donc défendre à tout prix l’indépendance nationale syrienne et réclamer la non-intervention dans les affaires intérieures syriennes des impérialistes que sont les États-Unis, l'Europe et Israël.
Dominique
Le 9 décembre 2012
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Quelques réflexions sur nos échanges récents à propos de la Syrie.
Il ne s’agit pas de s’aligner sur le « régime » Assad, comme ils disent, car le choix d’un régime relève de chaque peuple en vertu du « droit des nations à disposer d’elles-mêmes » constamment défendu par Marx et par Lénine, sans parler de Robespierre, de Jaurès ou de Ho Chi Minh. Il s’agit, pour nous Français, qui sommes les citoyens d’un pays dominé par l’impérialisme, de nous souvenir que l’impérialisme n’a pas qualité pour « libérer » des peuples et qu’il est au contraire l’ennemi principal de tous les peuples, y compris du nôtre : car « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre » (Marx). Qui croit sérieusement que Sarkozy ait voulu « libérer » le peuple libyen et non pas saisir l’occasion d’une guerre civile en Libye pour engager la recolonisation de l’Afrique avec les autres prédateurs du capital anglais et américain ? Maintenant c’est carrément l’impérialisme allemand « décomplexé » qui entre dans la danse au Proche-Orient en envoyant ses fusées « Patriot » en Turquie, et cela malgré l’opposition des progressistes allemands.
Au nom de quel « droit » Hollande a-t-il « reconnu » le conseil syrien comme représentant officiel de la Syrie ? Depuis quand, juridiquement parlant, un pays s’arroge-t-il le droit de dire QUI est légitime pour en gouverner un autre ? Il est évident que si ce « droit d’ingérence » cher au belliciste en chef BHL était universalisé, il mettrait aussitôt la planète à feu et à sang ; mais qu’on se rassure, il ne marche que du fort au faible car que dirait-on si le Tchad ou Cuba avait « reconnu » Al Gore et non Bush quand ce dernier a été « élu » dans les conditions frauduleuses que l’on sait ? Tout progressiste doit donc choisir, au niveau des principes, entre le « droit d’ingérence » NECESSAIREMENT IMPERIALISTE DANS LES CONDITIONS ACTUELLES et l’ensemble « droit des nations à disposer d’elles-même » + solidarité internationale DE PEUPLE A PEUPLE, avec les forces d’un autre pays. La ligne rouge c’est que des progressistes de nos pays impérialistes n’en appellent jamais à leurs propres gouvernants (c’est-à-dire à ceux qui mènent la guerre de classe contre nous ici) pour apporter la « paix » dans des pays qui, comme par hasard, firent partie de l’ancien empire colonial français ! Car cela revient à demander au loup d’aller arbitrer un différend entre les moutons d’un même troupeau.
Demain ce sera au tour de l’Iran, puis à terme des « BRIC », Russie et Chine, qui sont DEJA dans le collimateur des re-colonisateurs occidentaux de la planète : il suffit de regarder une carte pour voir comment la tenaille de l’OTAN se resserre autour de la Russie des pays baltes à l’Asie centrale en passant par la Turquie, le Japon et la Corée du sur fermant le ban à l’est. Et là encore, la question n’est pas « pour ou contre Poutine » - tout communiste ne peut que combattre son régime contre-révolutionnaire – mais pour ou contre le repartage du monde par les impérialistes. Quant au peuple russe, l’histoire a montré qu’il est capable de s’émanciper par lui-même d’une dictature capitaliste.
Il est grave que des syndicalistes – non pas parce qu’ils sont bêtes ou méchants, mais parce que des décennies d’attaque contre le marxisme ont remplacé les critères de classe par des critères pseudo-humanitaires (forcément à géométrie variable : qui tient les médias définit le bon et le méchant tout à loisir…) – se portent à la tête de cette croisade, alors même que le pouvoir qu’ils appellent à intervenir à Damas démolit ICI ET MAINTENANT nos salaires, nos pensions, nos statuts, notre souveraineté nationale et notre industrie, en un mot notre pays qu’il est absurde de confondre avec son oligarchie destructrice. Le meilleur service à rendre aux opprimés du Sud, ce n’est pas de leur envoyer des « forces Licorne », c’est encore et toujours de renverser ICI nos propres capitalistes fauteurs de guerre.
Car la guerre est la politique (nationale), donc la lutte des classes INTERNES, continuée par d’autres moyens, et il est SUICIDAIRE pour des progressistes de demander aux loups qui nous dévorent ICI d’aller délivrer la veuve et l’orphelin AILLEURS. Quand ils se seront gavés là-bas, ils reviendront encore plus forts nous dévorer vivants ici !
Alors que se profile un nouveau cycle de guerres impérialistes qui, crise mondiale du capitalisme et faillite de la zone euro aidant, pourraient aisément dégénérer en conflits mondiaux, les communistes, les syndicalistes de lutte et les vrais patriotes républicains, doivent se souvenir du mot d’ordre de Karl Liebknecht en août 1914 : « l’ennemi principal est dans ton propre pays ».
Fraternel salut, et dialoguons dans le respect des personnes et des arguments.
Georges Gastaud
Lens le 9 décembre 2012
(réactions reçues sur la messagerie d’El Diablo)
RAPPEL :
Les syndicats français aux côtés du peuple syrien
Déclaration commune CGT, FSU et Solidaires
Les organisations syndicales françaises CGT, FSU et Solidaires condamnent avec force la guerre menée par le régime Assad contre le peuple syrien.
Elles dénoncent ce régime sanguinaire qui a causé depuis vingt et un mois plus de 40 000 morts, contraint plus de 440 000 Syriens à se réfugier dans les pays limitrophes et qui a enfoncé le pays dans une logique de guerre.
Elles appellent la communauté internationale à redoubler d’efforts et de détermination pour que soient enfin respectés les droits humains et que cesse cette barbarie.
Face à cette tragédie, les Syriens ont besoin d’une aide humanitaire internationale. Les trois organisations françaises demandent aux gouvernements et aux instances internationales de mettre en œuvre des plans d’actions afin d’aider les populations de façon directe, sans intervention militaire étrangère et hors de tout contrôle de l’actuel régime syrien et de ses alliés.
Les syndicats français réaffirment leur solidarité avec le peuple syrien qui aspire à un régime démocratique, au respect des droits et des libertés publiques.
Ils saluent son courage et demandent que les responsables de crime contre l’humanité commis en Syrie répondent de leurs actes devant la justice internationale.
Ils se déclarent déterminés à agir pour une meilleure information sur la situation en Syrie et solidaires des Syriens en lutte contre la dictature et pour la démocratie.
Ils s’engagent enfin à soutenir les mouvements syndicaux indépendants qui émergent en Syrie.
Montreuil, le 5 décembre 2012