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Réveil Communiste

Syrie, la guerre médiatique

30 Juillet 2012 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ce que dit la presse

lu sur le petit blanquiste

 

Roland Hureaux.PNGRoland Hureaux, chroniqueur associé à l’hebdomadaire Marianne, s'est livré à une analyse du conflit qui déchire la Syrie et de la manière dont les journalistes occidentaux en rendent compte. [1]

NOMBRE REEL DE VICTIMES ?

Comme il advient dans toutes les tragédies de ce genre, le nombre total de victimes est très incertain : 10.000 ? 20.000 ? A partir de là, « bienheureux est l’observateur ou l’historien qui peut déjà avoir une idée exacte du nombre de zéros ».

QUI EST RESPONSABLE ?

La responsabilité des tueries est partagée, sans doute inégalement, mais partagée quand même. D'autant que certains adversaires d’Assad se réclament d’Al-Qaida, laquelle « ne passe pas pour une organisation humanitaire ».

Mais les médias occidentaux (sauf internet) sont quasi-unanimes à en imputer la responsabilité au seul régime.

« Tel fut le cas de la récente tuerie de Houla (108 morts dont 49 enfants, dit-on) ».

Qui a lancé ces chiffres si précis ? Qui peut les certifier ? Ces incertitudes n'ont pas empêché nos médias d'accuser  immédiatement les forces du régime d’Assad « alors même que cette ville était, semble-t-il, contrôlée par l’opposition ».

Nombre de pays occidentaux (dont la France) et arabes ont pris prétexte du traitement médiatique de ce massacre pour renvoyer aussitôt leurs ambassadeurs syriens.

« Or les informations reçues depuis renforcent l’hypothèse que la responsabilité de ce massacre pourrait  plutôt  revenir aux opposants « si tant est que tous les cadavres exposés aient été récoltés sur le champ de bataille et non sortis de la morgue comme ce fut le cas à Timisoara ».

« Les mêmes doutes existent pour la plupart des incidents les plus médiatisés de ces dernières semaines ».

UN CURIEUX OBSERVATOIRE

La principale source d'information à laquelle se réfèrent les organes de presse occidentaux est « le prétendu Observatoire syrien des droits de l'homme ».

syrieOr, celui-ci se résume à un seul homme, Rami Abdulrahman. C’est un opposant syrien exilé depuis longtemps en Grande-Bretagne et résidant à Coventry.

Quand nos médias annoncent, sans autre précaution, que, début juin, il y a eu 55 morts à Al Koubeir, 87 morts à Hama, c'est lui qui est l’unique origine de cette information.

MANIPULATION DE L'OPINION

Formuler ces observations n'est pas innocenter le régime d’Assad ni nier sa part de responsabilité dans certains massacres.

Mais lui en imputer systématiquement la responsabilité exclusive est peu vraisemblable.

« D’autant que les vingt-cinq dernières années ont vu se multiplier, sur le thème humanitaire, des opérations de manipulation de l’opinion internationale de grande ampleur », que ce soit le faux charnier de Timisoara en Roumanie, le faux massacre de Racak au Kosovo ou les prétendues armes de destruction massive de l’Irak.

JOURNALISTES ET "JUSTICIERS"

syrieLes journalistes en poste à l'étranger, qui vivent dans les mêmes hôtels, travaillent avec les mêmes services de presse et assistent aux mêmes conférences de presse, partagent généralement la même vision des évènements qu'ils sont chargés de couvrir.

Et cette opinion commune a choisi son camp.
 
Cette approche partisane leur permet de comprendre vite (ou d’avoir l’impression de comprendre) une situation compliquée.

Elle a également l'avantage de rendre l’enquête de terrain à peine nécessaire. Si un massacre a été commis, il est imputé quasi-automatiquement au  camp réputé mauvais sans qu'il soit nécessaire d’investiguer.

Outre qu’elle déforme la vérité, une telle attitude est potentiellement criminelle. Dans le cas de la Syrie, les adversaires armés du gouvernement syrien ont intérêt à perpétrer le maximum d’atrocités, puisque celles-ci seront mises sans examen sur le compte de leur adversaire.

LES PROTEGES DES ETATS-UNIS

syrie

L'armée saoudienne envahit le Bahrein pour réprimer les manifestations

Ce mécanisme médiatique de déformation ne marche pas dans n’importe quel sens.  « Il joue toujours contre l’Etat, le régime ou la faction opposés aux États-Unis ».

L’Arabie saoudite et les émirats du Golfe sont des Etats criminels : des femmes y sont lapidées régulièrement et les tentatives de révolte y sont réprimées dans le sang.

Mais, quand des faits de ce genre s'y produisent, les médias n'en rendent que peu compte ou les présentent plus comme  des accidents de parcours que pour l’expression de régimes condamnables.

Car ces pays sont des alliés des États-Unis...

"CHIENS DE GARDE" ET VOIX DE SON MAÎTRE

syrie« L’information est devenue une arme de guerre ».

Elle fait appel aux techniques les plus sophistiquées et se trouve manipulée par des gens qui en possèdent tous les ressorts et jouent « sur la naïveté et l’idéalisme de jeunes journalistes ».

Ces derniers arrivent ainsi à se comporter de manière à peu près systématique comme les fantassins des guerres médiatiques conduites par les États-Unis.

« Quand tel ou tel régime est présenté comme le plus odieux de la terre, on n’est certain que d’une chose : il déplaît à la puissance dominante ».

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[1] http://www.marianne2.fr/Syrie-certitudes-et-incertitudes-de-la-guerre-mediatique_a220108.html

Jean-Pierre Dubois - blanqui.29@orange.fr

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