SNCM : Frédéric Alpozzo : « Le combat n'est pas terminé »
11 Décembre 2014 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Journal des luttes
Sur PCF Bassin :
SNCM : Frédéric Alpozzo : « Le combat n'est pas terminé »
source: CORSEMATIN.COM
Frédéric Alpozzo, leader de la CGT marins : « En vérité, tout ce beau monde est d'accord pour sauver le low-cost à travers la mise à mort de la SNCM. »
Dans le cadre de la 55e fête de Terre Corse, le leader CGT des marins a débarqué hier matin au port de Bastia. Entre propositions et dénonciations, il évoque l’avenir de la compagnie maritime. Interview
La SNCM est en redressement judiciaire. Depuis le début de cet épisode juridique, quelle est votre position?
Pour l'intersyndicale hormis le STC, il n'y a plus qu'une seule solution : celle de la continuité de la SNCM avec un repreneur qui prenne les parts de Transdev. Et qu'on continue la compagnie sur l'exploitation de la DSP.
La non-transmission de la DSP au repreneur, une annonce prévisible?
Depuis le début, on est certain qu'elle n'est pas transmissible dans le cadre du schéma scandaleux qui a été porté par les actionnaires, le gouvernement et le président de l'exécutif de Corse qui prône qu'il faut faire disparaître la SNCM pour échapper aux contentieux européens déposés par Corsica Ferries.
Dans quel but?
Les armateurs de France, que ce soit les dirigeants de la Méridionale ou d'autres compagnies, réclament le pavillon international sur le modèle de la Corsica Ferries pour pouvoir utiliser des travailleurs sous statut détaché.
Une façon de supprimer les emplois nationaux des marins aussi bien en Corse que sur le Continent. Car la fin du pavillon français premier registre autoriserait l'armateur à utiliser des marins par des sociétés de travail temporaire à l'étranger.
Taper sur la compagnie low-cost, n'est-ce pas trop facile?
Non c'est un constat de fait. Aujourd'hui, on utilise la fiscalité et le droit social inexistant d'un pays où est installé l'employeur du salarié, notamment en Roumanie.
On ne peut pas cautionner ce modèle-là puisqu'on détruit de l'emploi existant. Il n'y a pas eu un marché où naturellement l'entreprise s'est développée. Elle est venue sans respecter les règles qui régissent le modèle de notre société et en plus, elle a été subventionnée pour le faire.
Du coup cela met en difficulté structurellement les compagnies de service public pour lequel le contribuable paie. Est-ce qu'il est normal de financer avec de l'argent public, une compagnie qui ne paie pas ses impôts en France ?
Mais les déficits accumulés sont pourtant là…
Les difficultés sont identifiées depuis dix ans. Avant l'ouverture à la concurrence de Corsica Ferries et avant la mise en œuvre de l'aide sociale, un rapport de la cour des comptes, avait fait état qu'il restait 40 millions d'euros d'excédents dans les caisses de l'office des transports de la Corse. Cela veut dire que la SNCM faisait alors des bénéfices et que la collectivité de Corse aurait pu, non pas financer l'aide sociale aux passagers, mais diminuer le tarif pour les résidents.
L'image écornée de la SNCM, notamment les grèves, a aussi joué en votre défaveur…
C'est une stratégie des actionnaires et responsables politiques de nous avoir poussés dans cette situation.
Face au dépôt de bilan, éprouvez-vous un sentiment d'échec collectif?
D'abord le combat n'est pas terminé. On a été force de propositions dans tous les domaines pour pérenniser et développer la SNCM sur un modèle industriel et développement durable qui a été rejeté par l'assemblée territoriale de Corse. Au niveau national, c'est la même chose.
Nous allons présenter aux administrateurs judiciaires un schéma d'exploitation optimisé avec une flotte à sept navires qui permet une viabilité économique. Et si aujourd'hui la SNCM est menacée de disparaître c'est parce que le pacte républicain a explosé.
Comment les marins traversent-ils la situation?
Comme des salariés qui, en parlant de liquidation, trouveront au pied de leur sapin des lettres de licenciement. S'il n'y a pas d'avenir pour la SNCM, il ne faudra pas s'étonner que les marins arrêtent l'activité jusqu'à ce qu'une autre solution soit trouvée.
Des grèves sont donc à craindre pour les fêtes de fin d'année?
On fera tout pour l'éviter. Si malheureusement nous n'avons pas d'autres solutions, il n'y aura pas besoin de préavis de grève.
Pour éviter le naufrage de la SNCM, les marins ont consenti à des efforts…
On a signé un pacte social qui comprend un plan de départ volontaire d'une centaine de sédentaires et cent départs non remplacés chez le personnel navigant. On a notamment diminué le nombre de jour de congés et augmenté le jour d'embarquement. Lisser les salaires aussi…
Il est souvent dit que ce sont les marins qui ont coulé la compagnie. Cela vous agace?
C'est une légende. Je peux le comprendre mais il faut rétablir la vérité. Si on prend toutes les grèves qui ont eu lieu ces dix dernières années, elles ont eu vocation à défendre l'emploi et le service public. La situation et le gaspillage de l'argent public ce sont les élus, avec nos actionnaires, qui en sont les responsables.
Avez-vous déjà postulé dans une autre compagnie?
Nécessité fait loi. Comme beaucoup de collègues, j'ai commencé à 14 ans et suivi trois ans l'école de Marine. On y est attaché et on n'a pas l'intention de lâcher ce métier. En ce moment, Je ne suis pas dans l'état d'esprit de changer de métier ou de compagnie.
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Réveil Communiste est animé depuis 2010 par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES. Les opinions exprimées dans le blog n'engagent pas ces deux organisations.
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