« La machine à produire de l’austérité, c’est-à-dire du chômage et de la misère, se mettra en route à partir de 2011 ou de 2012, » avertit Jacques Sapir, qui dénonce le mécanisme actuel du mode de financement de la dette d’Etat, avec des banques qui peuvent emprunter à 1% auprès de la BCE des fonds qui sont ensuite réinvestis dans des bons du Trésor rapportant 3%… Au-delà d’une nécessaire suppression des privilèges fiscaux, la question centrale, juge-t-il, reste celle d’une redistribution plus juste des fruits du travail, dont les revenus stagnent depuis les années 1980 par rapport aux gains de productivité, et que l’Europe ne protège pas, au contraire, puisqu’elle a souvent devancé les normes de l’OMC en imposant sans contrepartie l’ouverture à la concurrence internationale. Jacques Sapir réclame la mise en oeuvre d’une « nouvelle politique économique et sociale en mesure de sortir la France de son marasme », consistant en une « autre politique fiscale, » accompagnée par un contrôle des mouvements de capitaux, la réalisation de grands travaux d’infrastructure et de rénovation du tissu urbain, financés d’une part grâce à l’instauration d’un droit de douane, la « taxe sociale et écologique aux frontières », et d’autre part par un concours de la Banque de France, qui devrait dans les circonstances dramatiques et exceptionnelles actuelles retrouver l’autonomie et les marges de manœuvres abandonnées par les traités. « Il n’est pas d’autre choix possible que d’avancer, pour un temps, seul. Mais, l’ébranlement que provoqueraient des actions unilatérales de la France aurait comme effet immédiat d’ouvrir un immense débat en Europe. Si nous aurons à prendre nos premières décisions seuls, gageons que nous ne le resterons pas longtemps, » affirme-t-il. Contreinfo
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